vendredi 21 février 2020

L’histoire de… Clint Eastwood (Gorillaz, 2001)


Morale de l’histoire : quand on te demande de parler d’un titre dont on ne retrouve rien dans les lignes de texte, tu finis avec tout (et rien ?) dans un texte. Du cinéma, du Canal Plus, de la Britpop et beaucoup BEAUCOUP de dessins animés…

Dans les questions du jour d’Entrez Sans Frapper, on avait « Quelle est la plus belle chanson dont le titre n’est pas prononcé dans les paroles » ? Fèrdèk, va falloir un peu se creuser la tête, là…

Les Beatles ? Les Stones ? Ah ! Y a Faint des Linkin Park ! Nan, pas encore prête à parler des LP de suite. Our Lawyers Made Us Change The Name Of This Song So We Wouldn’t Get Sued des Fall Out Boy? Pas grand-chose à dire, cela dit… Oh! Les Stereophonics avec Dakota! Mmouais mais j’ai déjà parlé d’eux il y a quelques semaines… OH ! Je sais ! Hein ? NAN ! Même si je reste fan de leur The Scientist et qu’il s’agit probablement du groupe avec le plus grand nombre de chansons au titre ‘orphelin’ (Arabesque, Viva la Vida, Adventure of a Lifetime, Hymn for the Weekend, Amsterdam), on ne parlera pas des Coldplay !

Aujourd’hui, nous allons parler de… Gorillaz ! Avec son Clint Eastwood. Parce que jamais le nom de l’illustre acteur/réalisateur/compositeur n’est cité dans la chanson du groupe British. Bon, la chanson ne parle non plus de lui, en fait…

Alors pourquoi un titre pareil si c’est pour ne pas parler du sujet ? Tout simplement parce que tout repose sur une partie de la mélodie. En effet, le leader de Gorillaz, après création de cette dernière, lui trouvait un air du thème du film The Good, The Bad and The Ugly, composé par Ennio Morricone. Et c’est vrai qu’à se pencher plus près sur les notes, on ne peut pas nier ce petit « air de »…



Mais qui se cache donc derrière Gorillaz ? Aux débuts du groupe, cela est un peu resté un mystère et pour le public, il s’agissait juste d’un groupe de 4 individus (2-D, Murdoc, Noodle, Russel) représentés par les personnages de dessins animés de leurs clips Mais les fans de Britpop ne sont pas dupes : ils ont vite reconnu la voix de Damon Albarn, le chanteur de Blur. Et de fait, c'est bien lui! Mais pas tout à fait seul. Gorillaz, ce n'est pas quatre personnes mais... deux : Damon Albarn et Jamie Hewlett, dessinateur qui a donné vie à ces personnages. Si le trait de dessins vous semble familier, c'est peut-être parce que vous auriez déjà eu entre les mains la bande dessinée Tank Girl, dont il est l'un des deux papas. En parlant de « papa », la beau-papa de Hewlett n'est pas non plus un illustre inconnu. Paul Persavon a composé les génériques des dessins animés X-Or, Clémentine, Lady Oscar ou encore Cobra. Mais c'est aussi et surtout un nom d'emprunt. Celui de… Antoine De Caunes. 




Albarn et Hewlett ont cogité sur le concept de Gorillaz alors qu’ils étaient colocataires, fin des années 90. A l’époque, ils se connaissent déjà depuis presque 10 ans : Graham Coxon, le guitariste de Blur, était un admirateur du boulot de Hewlett et lui avait proposé une interview du groupe pour le magazine Deadline, magazine dans lequel était publié Tank Girl. Une rencontre pleine de ressources insoupçonnées qui se révéleront avec Gorillaz.

Bien entendu, si le duo est capitaine de son bateau virtuel, l’oreille avisée entendra, dès l’écoute de plusieurs morceaux de Gorillaz, d’autres voix. La force de Gorillaz, c’est justement aussi tous les featuring d’artistes provenant parfois d’univers musicaux très différents : pour Clint Eastwood, il s’agit du rappeur américain Del the Funky Homosapien ; pour Feel Good Inc, le groupe de hip hop De La Soul ; pour Kids with Guns, on retrouve Neneh Cherry et ils s’offrent même le luxe d’une collaboration avec Lou Reed sur Some Kind of Nature. Plus récemment, Gorillaz s'est offert les services de Rag'n'Bone Man sur le morceau The Apprentice et de Snoop Dogg sur Hollywood. Noel Gallagher vient également faire une petit coucou en 2017 sur le morceau We Got The Power. Quand on sait que Gallagher et Albarn appartenaient chacun partie de groupes britpop (Oasis et Blur) qui se faisaient régulièrement la guerre des hit-parades dans les 90's, c'est gag!



A l’aide de ses 4 bonhommes animés et de son clip Clint Eastwood, Gorillaz a popularisé en 2001 le concept de virtual band : un groupe dont on ne connait pas le visage et qui vit au travers de personnage(s) animé(s). Ils ne peuvent cependant pas proclamer avoir lancé le genre puisque le premier virtual band est né en… 1958. Ce groupe s’appelle… Alvin et les Chipmunks. Vous savez, les ptits rongeurs qui chantent comme s’ils avaient avalé de l’hélium ?
Cela dit, je parie que bon nombre d’entre vous connaissent au moins un, voire deux virtual band… L’un d’entre eux a littéralement bercé mon enfance et donné le gout du chant, c’est dire ! Il m’a aussi permis d’appliquer en pratique la phonétique, en essayant de prouver au monde entier qu’à 9 ans, j’étais tout à fait capable de chanter en anglais. Personne n’y a cru.
Bref… Qui se souvient du dessin animé Jem & les Hologrammes ?  



Un autre virtual band associe carrément deux genres artistiques : la bande dessinée ET la télévision. En 1941 sort le premier comic book racontant les aventures d’Archie Andrews et de ses amis (dont Josie et les Pussycats, qui donneront naissance à un film), aventures qui existent encore aujourd’hui, presque 80 ans après l’apparition du rouquin de Riverdale. Le succès du comic book est tel qu’un dessin animé voit le jour en 1968, où Archie, Betty, Jughead et le reste de la bande sont… un groupe musical. Une nouvelle série – avec des êtres humains cette fois, dont le défunt Luke « Beverly Hills 90210 » Perry faisait partie – a vu le jour en 2017 et intègre un épisode musical dans sa saison 3. Si les chansons de cet épisode ne sont pas marquantes, un titre du dessin animé de 1969 a, lui, connu nettement plus de succès…



Le truc de dingue avec Gorillaz et tout particulièrement cette chanson qui les a lancés, c’est qu’à priori, elle avait tout pour me taper sur les nerfs. Ce côté nonchalant du chanteur, c’est le même genre de truc qui fait que la Alors On Danse de Stromae me donne envie de casser la radio dès qu’elle passait. C’est d’ailleurs toujours le cas, en fait. Et pourtant… et pourtant, dès la première écoute, j’avais adoré. J’ai tout autant aimé les morceaux Dare, On Melancholy Hill ou Dirty Harry. Et oui, cette dernière est également une référence à l’acteur et un de ses plus grands rôles et se veut une sorte de suite de Clint Eastwood. Et, oui, dans ce morceau-là aussi, les paroles ne comportent pas non plus le titre…



Bref, Gorillaz, ça passe bien chez moi ! Leurs vidéos sont de chouettes petits bijoux animés et leurs chansons sont assez cool à écouter quand on écrit une chronique…

Début de cette année, le groupe s’est lancé dans un nouveau projet, Song Machine, qui laisse présager de bonnes choses pour 2020. Cette fois, Gorillaz montre son vrai visage et l’on voit Damon Albarn travailler avec slowthai & Slaves sur un morceau (pour un futur album ?). Et nos 4 personnages alors ? Rassurez-vous… ils ne sont jamais bien loin. ;)



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