mardi 5 novembre 2013

Editors - Sportpaleis (02/11/2013) FRENCH


Retour au Sportpaleis à peine un mois après l'excellente performance de Fleetwood Mac dans cette même salle. On n'est pas dans le même monde, cela dit... Vraiment pas...

Départ de Liège, dans les bouchons. Pour changer (ironie). Arrivée au Sportpaleis avec deux bonnes heures d'avance sur le début du show. Occasion de prendre des forces avant le début du concert.

Mon amie Virginie et moi rentrons dans la salle pouvant accueillir 18.000 personnes. Pour l'instant, il fait encore désert et on ne peut que mieux en observer la grandeur. Le Sportpaleis n'est pas ma tasse de thé, en raison de sa grande capacité. Si je ne rechigne pas à me rendre à des festivals où l'aspect « grande surface » se fait en plein air, j'apprécie bien mieux des infrastructures plus modestes du type Ancienne Belgique et Botanique quand on parle de salles fermées...

On approche de l'heure de début du show... mais celui-ci démarre avec 10 minutes d'avance. Je me retrouve donc pour la troisième fois en face de Balthazar, groupe belge, en l'espace de 4 mois. Mon expérience avec eux lors des festivals Les Ardentes et TW Classic ne s'était pas soldée par une franche histoire d'amour, mais qui sait, peut-être allais-je réviser mon jugement ce soir ?

Eeeeet... et ben non. Disons tout de même que si j'apprécie les débuts de leurs chansons, au niveau musical du moins, je finis toujours par « décrocher » à un moment de la chanson et mon esprit vagabonde vers une autre destination. Je ne suis toujours pas fan de la voix des chanteurs, ce qui n'aide bien évidemment pas non plus.
Le public du Sportpaleis semble cependant accrocher un peu plus que moi et répond volontiers en tapant dans les mains...

Sortie des Balthazar... On prépare la scène et dispose les instruments des Editors. Entretemps, la salle s'est bien remplie... C'est sold-out, ce soir ! En même temps, entre les Editors et la Belgique, c'est une belle histoire d'amour... Preuve en sont leurs cinq participations au festival Rock Werchter (2006, 2008, 2010, 2012 et 2013), le concert-surprise du 28 mai 2010 organisé à Liège par les Ardentes pour à peine 700 personnes ou le petit clin d’œil à la salle Vooruit de Gand dans leur vidéo « Bones ». Qui sait si nous n'aurons pas droit ce soir à un nouveau 'cadeau du coeur' de la part des cinq musiciens?


Place au groupe... Nous sommes plongés dans l'obscurité, seules des lumières bleutées illuminent la scène tandis que l'on entend, en musique de fond « The Weight ».
Le groupe arrive, sous les acclamations du public. Tom Smith, le chanteur du groupe, salue déjà la foule du Sportpaleis avant même d'avoir ouvert la bouche. L'ouverture, c'est Edward Lay qui la fait en tapant sur sa batterie, démarrant ainsi « Sugar », excellent morceau pour entamer les « hostilités ». Extrait de leur nouvel album, le premier depuis le départ de Chris Urbanowicz et marquant l'arrivée dans le groupe de Justin Lockey (guitare) et de Elliott Williams (clavier et guitare), elle met tout le monde dans l'ambiance. Démarrage doux... Après que Tom lâche « It breaks my heart to love you », un bon gros riff de guitare nous signale qu'on ne va pas forcément faire dans la dentelle toute la soirée. Vraiment pas. Après le second « break my heart », nous nous ramassons un coup de chaud... Des colonnes de feu viennent de surgir dans le fond de la scène. Nous voilà prévenus... Savent recevoir les Editors.


Ils enchaînent sur « Someone Says » pour laquelle Tom prend sa superbe Gibson ES (Apparemment, se sont tous donnés le mot pour sortir mes trois guitares favorites, cette semaine, les artistes. Voir chronique sur le concert de Miles Kane. Et je n'étais pas encore au bout de mes surprises, niveau guitare). Noire. Comme ses fringues. J'ai rarement vu un chanteur aussi expressif avec les mains... Pendant la grande majorité du concert, s'il ne les pose pas sur sa guitare ou sur le piano, ses mains restent rarement au repos.

Avant d'entamer « Smokers Outside The Hospital Doors », Tom Smith demande au public de l'aide pour... taper dans les mains et chanter avec lui. Bien évidemment, le public du Sportpaleis ne se le fait pas dire deux fois et la salle entière résonne au son de mains qui donnent le rythme. Encore une fois, nos yeux en prennent plein... la vue : deux feux d'artifice rouges, brefs, mais superbes, viennent illuminer la scène. Smith encourage le public à s'éclater avec eux. Pour joindre le geste à la parole, Justin Lockey attrape sa Fender et tape avec sa main sur l'arrière de celle-ci... tout comme le reste de la salle. Sans la guitare. Évidemment.

Riff de guitare reconnaissable de l'intro de « Bones », la scène est illuminée, par l'arrière, d'une lumière blanche éclatante, faisant ressortir un instant nos cinq musiciens en ombres chinoises... Ed Lay envoie un max sur sa batterie ; à chaque début de refrain, Tom tiraille les cordes de sa Gibson, mais elle tient bon...
Ce morceau offre un beau moment montrant à quel point Editors est, malgré son changement de line-up, un groupe constitué d'excellents musiciens : Russell Leetch, le bassiste, s'est dirigé vers Ed Lay... Les deux musiciens entament un « petit écart » musical, appuyé par Justin Lockey. Chouette moment donnant un cachet d'autant plus appétissant à « Bones ».
Pour la première fois depuis le début du concert, je remarque les spots qui sont sur scène: en forme de fleur. Qui, de loin, n'est pas sans rappeler la fleur qui illustre « The Weight of Your Love », le dernier opus du groupe, sorti en juin 2013.

« Eat Raw Meat = Blood Drool » est un morceau plus difficile à encaisser en version studio. À dire vrai, l'entièreté de « In This Light And On This Evening » m'avait semblé, à la première écoute, bien plus difficile à gérer que les deux premiers albums du groupe originaire de Birmingham. Du coup, je me demandais quel résultat les chansons de cet album pouvaient donner une fois jouée en « live ». Et bien... c'est une surprise des plus agréables. Le son électronique reste présent, mais ne prend pas toute la place lors de la version scénique. Lors du morceau, Tom Smith arpente la scène en balançant les bras de gauche à droite, montrant à son public la marche à suivre, avant de rejoindre le piano situé à gauche de la batterie et d'en jouer. Il finit la chanson un pied sur le banc et l'autre sur le dessus du piano, micro relevé suffisamment haut que pour pouvoir finir la chanson.

Avant d'entamer « Two Hearted Spider », Smith attrape une guitare acoustique et remercie le public de son accueil. Je me retourne vers mon amie et mentionne ce regard de chien battu qu'il peut avoir. Et quand on joue une chanson pareille, avec un regard pareil, c'est tout de même difficile de ne pas être touchée... L'apport – discret, mais efficace - de la guitare et des claviers sur le morceau montre bien à quel point il n'en faut parfois pas de trop pour faire une belle chanson. « Two Hearted Spider » finit cependant par un appui plus costaud des musiciens et du chanteur. Comme plusieurs chansons d'Editors, elle monte crescendo pour finir en vous laissant un peu – voire beaucoup – ému... c'est exactement le genre de morceau qui me fait vibrer, quel que soit l'artiste...

Retour à une chanson de « In This Light... » et encore une fois, c'est une belle surprise en live, une mélodie qui rentre aisément dans la tête et qui y reste... Je me fais alors la réflexion que si je sais que la musique du groupe a tout de suite parlé à mes oreilles, je ne sais toujours pas comment j'ai pu apprécier la voix de Tom Smith. Chers fans, avant de hurler au scandale, laissez-moi m'expliquer : d'habitude, j'ai plutôt tendance à me diriger vers des chanteurs qui ont une voix moins grave et caverneuse. Je vais plus vite apprécier, souvent dès les premières secondes, des voix telle celle de Tom Chaplin de Keane ou de Brandon Flowers des Killers parce que de tessitures plus hautes. Et là, étrangement, la voix de Tom Smith a un quelque chose qui est un complément indéniable du son des Editors, un ptit quelque chose d'envoûtant... Mais je reviendrai plus tard sur sa voix, car elle m'a surprise sur un autre morceau...


Il prend la parole, demande si nous allons bien et explique que pour une sortie de samedi soir, le Sportpaleis est un endroit pas mal... Trois tapes de baguettes et ils démarrent ensuite, parfaitement synchros, « All Sparks » et j'apprécie au plus haut point chaque note qui sort de la guitare de Justin Lockey. Pour l'occasion, Elliott Williams est lui aussi à la guitare. Du coup, nous avons trois guitaristes qui grattent les cordes sur ce morceau et cette complémentarité de guitares apporte une énergie terrible qui se ressent partout dans la salle... Tom Smith profite d'un moment pour présenter Russell, le bassiste des Editors, qui s'avance brièvement vers le centre de la scène avant de rejoindre son côté.

Ils enchaînent sur « Formaldehyde », second extrait de leur dernier album, dont la couverture du single est tout bonnement superbe. Le clip de la chanson a été réalisé par Ben Wheatley, réalisateur polyvalent qui apportera son savoir-faire en 2014 sur deux épisodes de la série « Doctor Who ». Sa vidéo de « Formaldehyde » représente une première puisqu'il n'avait jamais réalisé de vidéo musicale.


Sur scène, la chanson donne la pêche et fait la part belle à la batterie de Mister Lay. Même si – vous l'avez certainement déjà compris – les Editors ont su me convaincre ce soir, Edward Lay reste celui des cinq qui m'a le plus bluffée. J'aime les guitares (et bien souvent leurs propriétaires qui me font vibrer), mais la batterie a aussi une place spéciale dans mon cœur et j'ai donc souvent tendance à garder un œil sur le musicien qu'on met souvent dans le « fond de la classe »... Mon amie Virginie soulignait – à propos de Tom Smith et à juste titre – ne pas savoir comment une voix aussi basse, profonde et puissante pouvait sortir d'un corps aussi frêle en apparence. Je me suis fait le même type de réflexion concernant Lay : le batteur semble faire – à la grosse louche - un bon 20 centimètres en moins que Leetch et Smith qui atteignent le mètre nonante, n'a pas les biscoteaux de Shannon Leto des Thirty Seconds To Mars ou d'Abraham Laboriel Jr, batteur de Sir McCartney, mais bon sang, qu'est-ce qu'il envoie ! La musique d'Editors comporte de nombreux morceaux qui demandent un appui vigoureux de la batterie : il suffit déjà d'écouter les trois premiers morceaux de « The Back Room », premier album du groupe pour se rendre compte que Editors est un groupe qui a toujours pu difficilement faire sans son batteur... C'est aussi probablement pour cette raison que j'apprécie leur musique et que « Bird of Prey » est le morceau que je préfère sur leur dernier album. Bref... vous l'aurez compris, Ed Lay, j'l'aime bien. Mais alors là, VRAIMENT bien !

Ed Lay, batteur "magique"...

Morceau suivant... du pur bonheur ! « A Ton Of Love », le morceau qui avait marqué leur retour en juin dernier, après trois ans et demi d' « absence discographique ». Morceau énergique à souhait qui m'avait, lorsque je l'avais découvert, fait danser dans mon salon plus que de raison en levant les bras au ciel genre « ah didju que c'est bon » et en chantant le refrain comme une malade. Et ben... c'était pareil ici ! Sauf que je me suis sentie moins seule que dans mon salon.
Avant de démarrer la chanson, le groupe respire un coup... Tom Smith s'avance sur le devant de la scène et lève les bras. Ed Lay tape les baguettes et.. vlan, le riff de guitare qui permet à tous de reconnaître instantanément le morceau. Toute la fosse du Sportpaleis lève les bras... Russell Leetch invite les gradins à faire de même avant de remettre les mains sur ses quatre cordes.
Smith se dirige vers le côté droit de la scène pour y prendre la température lors du premier couplet... Bien évidemment, quand le mot « Desire » arrive, c'est la salle tout entière qui le clame avec lui. Même chose pour le refrain où, d'où je suis (pleine fosse), je savoure le moment tout autant que le public. Pendant ce temps-là, Smith a rejoint le milieu de la scène et envoie le refrain avec passion. Il se tourne un moment vers le fond de la scène et lève les bras : c'est un signal ! À chaque mouvement de ses bras, les spots de la scène virent au blanc éclatant, nous en mettant plein la vue ! Sur le second couplet, le chanteur arpente la scène du côté gauche...
Là, à ce moment-là, c'est véritablement un beau moment de communion entre un groupe et son public : Tom Smith chante, mais le groupe se voit renvoyer ses paroles plein pot dans la figure par la foule en face d'eux. Smith agrippe son T-shirt et le secoue un bon coup avant de lever les bras et de s'agenouiller devant son micro et d'entamer le refrain une dernière fois pour finir la chanson en apothéose, pile-poil comme sur l'album. Une fois « A Ton Of Love » terminé, je vois Russell Leetch applaudir son public... Smith revient vers le micro en adressant un « God bless you » à la foule...

« Like Treasure » démontre encore une fois l'importance de la batterie qui, combinée ici avec la guitare, donne un résultat tout bonnement gé-ni-al ! Morceau délicieusement envoûtant où les claviers viennent ajouter encore plus de charme...
Je note, sur l'écran géant, la présence d'une écharpe identique à celle que l'on trouve au stand merchandising... Une écharpe style supporter de football, noire et blanche, tout simplement marquée du nom du groupe... Un élément marketing qui n'est pas vraiment surprenant quand on sait que plusieurs membres du groupe sont des supporters de foot... mais pas forcément du même club. Ça peut être... sportif de regarder un match avec les Editors, à mon avis.

« An End Has A Start » est aussi une des favorites du public qui se déchaîne devant moi... Quoique. Je songe alors, chose que je n'avais pas encore faite avant, car j'avais les yeux rivés sur le spectacle, à regarder autour de moi et checker l'ambiance dans les gradins. Mmmouais... quelques rangs sont bien debout, mais ce n’est pas un grand engouement. On peut mettre cela sur la peur de la personne assise de déranger ceux qui sont juste derrière elle qui n'auront d'autre alternative que de se lever également s'ils veulent continuer à profiter du spectacle... Mais que l'on se rassure, les gradins finiront par se lever. Et bien !

Retour au premier album avec « Bullets » où batterie, basse et guitare rythmique font tout bonnement des merveilles une fois combinées. Pas besoin également de préciser à quel point la voix de Tom Smith est épatante dans ce morceau...

Ambiance violette et lumière stroboscopique rouge orangée... Les cinq musiciens apparaissent à nouveau en mode ombres chinoises si ce n'est que lorsque Smith entame la chanson, la lumière change et le met bien en évidence. Force est de constater que niveaux éclairages, Editors a su s'encadrer d'une super équipe : la scène est admirablement bien éclairée sur chaque morceau, en faisant même partie intégrante puisque par moments, les lumières « vivent » au même rythme que les notes de musique. Superbe boulot de cette équipe. Le morceau se termine d'ailleurs sur Smith qui appelle tout Antwerp de sa voix puissante et douce à la fois sous de nouveaux effets pyrotechniques.

Ed Lay, Russell Leetch et Elliott Williams quittent la scène, laissant le soin à Smith et Lockey de détendre l'atmosphère avec une version acoustique de « The Phone Book »... Smith démarre la chanson à la guitare acoustique, avec pour seul autre instrument sa voix. Une voix qui traverse tout le Sportpaleis et touche droit dans le cœur. Comme cette chanson... « What's that over my shoulder? Fear of getting older... Stay with me ». Y a rien à faire, il y a des paroles de chansons qui font vibrer les cordes les plus sensibles. J'ai le nœud dans la gorge, là... Une larme au bord des yeux. Oooh elle ne tombera pas. Mais le sourire est là aussi. Parce qu'on sait profondément qu'on ne voudrait pas se priver de moments pareils. Et ça, c'est à eux qu'on les doit. À ces artistes qui font de la magie, qui créent des moments incroyables quand ils sont là, devant nous.
Smith compte un « two, three, four » qui donne le signal à Lockey de le rejoindre... Le chanteur en profite pour le présenter au public. Malgré le départ d'Urbanowicz en avril 2012, Editors a su trouver en Lockey et Williams deux musiciens qui maintiennent sans problème le niveau musical des Editors et Lockey en fait une parfaite démonstration sur ce morceau.

Justin Lockey et sa Fender

La foule est elle aussi, à ce moment, un membre à part entière du groupe, appuyant la voix du chanteur... l'amenant même à lever le pouce, histoire de signaler au public qu'il a assuré comme un pro.

Je vous le disais plus haut, entre Editors et la Belgique, il existe une belle relation de confiance qui dure depuis de nombreuses années. Ce fut encore une réalité ce soir puisque le groupe a spécialement ajouté le morceau « No Sound But The wind », extrait de la BO de l'un des films de la saga « Twilight », à sa setlist. À elle seule, la chanson est tout un symbole : elle a en effet fait l'objet d'une sortie single, une version live qui enregistrée chez nous, en 2010, lors du Festival Rock Werchter. Le single a eu un franc succès en Belgique, permettant au groupe d'obtenir un disque d'or la même année. À noter également que « No Sound But The wind » a continué son petit bout de chemin et que cette année, le single a obtenu le statut de « single de platine », ce qui représente une vente de pas moins de 30.000 exemplaires. Malgré ce franc succès, le groupe n'a jamais sorti le single en Angleterre, son propre pays, maintenant ainsi cette relation particulière avec notre plat pays...
Et on la prend plein pot dans la figure, cette relation spéciale : Tom Smith est peut-être seul sur scène avec sa guitare acoustique quand il entame le morceau, mais... il n'est pas vraiment seul finalement. Pas loin de 18.000 personnes sont avec lui, tout près, et chantent « Help me to carry the fire. We will keep it alight together. Help me to carry the fire. It will light our way forever ». Et quand on lit ces paroles, on se dit que ça fait finalement mouche, que oui, un public, au seul signal d'un homme, peut entretenir le feu d'une tendresse pour un artiste. Smith, à la fin de la chanson, fait signe à ce public et reprend une dernière fois le refrain... Je me suis demandé ce qu'on peut bien penser à ce moment, en tant qu'artiste, quand on vit des moments pareils. Les vivre en tant que spectateur, c'est une chose, mais quand il s'agit de notes et de phrases que l'on a soi-même écrites... waw.

Ses quatre compagnons de scène le rejoignent tandis qu'il troque la guitare acoustique pour sa six cordes électrique pour un retour vers un morceau plus énergique, « Munich ». C'est l'occasion d'encore constater à quel point on a affaire à des pros : pas de fausses notes, pas d'hésitation... tout est nickel ! Une mécanique bien huilée...

Ils enchaînent avec « The Racing Rats », morceau bien rythmé, pour lequel Smith a pris place derrière le piano, laissant à Williams le soin d'assurer la partie guitare. Une que je connais bien, le même modèle que Moran, le guitariste de Miles Kane, avait en main il y a pile une semaine à l'AB : une Gibson SG... à la différence près que celle de Williams est entièrement noire, une version que l'on voit moins souvent que sa soeur, la version rouge « Cherry ». Aaah le son qui sort de cette Gibson est magique...
Lors de ce morceau, des étincelles émergent du sommet de la scène, ajoutant un cachet des plus lumineux à ce moment.


« Honesty », c'est... difficile à décrire. Un moment spécial. Un truc qu'on prend de plein fouet. Je la trouvais déjà, comme pas mal de chansons de l'album « The Weight of your Love », des plus abouties. Lors de ma première écoute de l'album, la chose qui m'avait le plus touchée était que j'arrivais, rien qu'à écouter les morceaux, à « m'évader » et à partir loin de tout dans un ptit monde bien à moi, y compris dans un bus bondé d'étudiants qui partent au cours... Je m'étais aussi fait la réflexion que plusieurs titres auraient leur place dans une série ou un film, par exemple. Et que cette force qu'elles contenaient devait être du plus bel effet sur scène. Le rendu en live de « Honesty » est au-delà de ce que j'avais espéré : musicalement, elle est juste parfaite. Vocalement, l'appui des autres musiciens sur les chœurs donne le frisson déjà ressenti chez soi, si ce n'est qu'il est décuplé.
Quand Smith s'approche du devant de la scène, tendant le bras vers la foule, le mal est déjà fait... Oui, oui, je sais, j'ai dit plus haut que la larme ne tomberait pas, mais... si, c'est arrivé. Juste comme ça. Une seule. Juste après une belle petite décharge électrique qui te parcourt toute l'échine, celle qu'on reçoit parfois quand une note de musique, un riff de guitare ou une phrase te touche au plus profond de tes tripes... « Does the honesty deceive? ». Nan, jamais, je crois...
Ed Lay tape sa batterie, Lockey gratte la guitare... Ils sont accompagnés de Smith et du public qui tape dans les mains. Leetch se joint d'ailleurs au public et se met lui aussi à taper dans ses mains...
J'avais remarqué, plus tôt dans la soirée et près de la régie-son installée en plein centre de la fosse, un objet plutôt inhabituel dans ce type d'installation et avait plus ou moins pressenti l'usage que l'on allait en faire. Et pourtant, à ce moment-là, j'en avais complètement oublié l'existence jusqu'à ce que des milliers de papiers en émergent tandis que le groupe finit sa chanson. Dans des moments ainsi, on est content d'être dans la fosse parce qu'on est finalement en plein « dedans ».
En fin de chanson, Smith crie « Antweeeeerp » avant de, comme il l'a fait à de nombreuses reprises lors de la soirée, remercier les fans... Ils quittent la scène, nous laissant un peu de temps pour nous remettre de ces émotions...

Lorsqu'ils reviennent pour le rappel, le chanteur britannique explique qu'ils ne sont finalement pas habitués à des salles mais surtout à un accueil pareils et remercie les 18.000 personnes qui sont devant lui. Il nomme les membres du groupe avant de se présenter, moment où le public réagit avec un peu plus de vigueur et de force.

Editors démarre alors « Bricks And Mortar »... Smith s'approche du public front stage et tape dans les mains de quelques fans qui sont amassés devant la barrière... Leetch quitte son poste pour rejoindre Lockey et les deux guitaristes se partagent un instant le côté gauche de la scène. En fin de chanson, Smith nous balance un « I hope life is good for you... Belgium ! », référence directe aux paroles de la chanson. Et... oui, je trouve que la vie est pas mal du tout, moi, ce soir, en Belgique !
Encore une fois, ce morceau, issu de l'album le plus « électro » du groupe, donne bien en concert... La performance vocale de Smith est du plus bel effet et je remarque que, s'il est connu pour cette voix profonde, il n'en reste pas moins capable de monter sur des notes plus aiguës par moments. Remarquez qu'il suffit d'écouter « What Is This Thing Called Love » pour vite s'en rendre compte. D'ailleurs, si je devais formuler un point qui m'a déçu, c'est probablement de ne pas avoir trouvé cette dernière, ainsi que « Bird of Prey » dans la setlist : ces deux morceaux sont deux des plus beaux sur leur dernier opus et j'étais donc fort étonnée (et déçue!) de n'en trouver aucune des deux. La setlist de ce soir était des plus représentatives de l’œuvre musicale du groupe et n'en reste cependant pas moins efficace...

Smith prend place devant le piano et commence à chanter « Nothing », dénudée de toutes les parties cordes présentes sur la version album. Une lumière diffuse émane de l'arrière de la scène, laissant les musiciens dans l'ombre. Seul un spot éclaire le chanteur... La lumière s'éteint. Et la musique reprend, plus rythmée : Smith est maintenant debout devant son micro, en plein milieu de la scène ; Leetch a rejoint Williams qui, pour ce morceau, a une guitare entre les mains. Ce morceau fait encore la part belle à la batterie, dont le rythme, soutenu, impressionne... Le morceau est complètement envoûtant, j'ai les yeux grands ouverts et j'en prends plein la figure ! Encore plus quand, de nouveau, les étincelles tombent du plafond. À ce moment-là, Tom est debout sur son piano et lève le bras vers le ciel tout en continuant à chanter : il envoie un max, le tout sans jamais en faire de trop. Comme chacun d'entre eux ce soir. Tout ce que j'aime.

Le chanteur remercie encore le public belge avant de démarrer la dernière chanson du set, la plus connue, « Papillon ». Dès les premières notes, l'entièreté du Sportpaleis danse et bouge. Car oui, finalement, les gens dans les gradins ont fini par se lever... Certains sont même descendus de leur place, trop haut à leur goût, pour venir se mettre derrière la barrière qui marque la frontière entre gradins et fosse. Pendant près de neuf (!) minutes, le Sportpaleis se transforme en véritable salle de danse au son de la batterie de Lay, du synthé de Williams ainsi que des guitare et basse de Lockey et Leetch. Également sous la houlette de Smith qui clame qu'il n'entend pas le public, public qui lui répond avec toute la force de ses poumons quand il lui demande « Are you there Antwerp ? ». Les éclairages, encore une fois, reflètent encore à merveille ce moment plein d'énergie... Smith, probablement emporté par cette même énergie, s'attaque encore une fois à son Tshirt, le relevant momentanément sur son visage, provoquant les cris de... allez savoir... vu l'ambiance qu'il règne à ce moment dans la salle, on dirait que ce type fait de l'effet à toute personne présente.
Dans cette folle énergie, le tempo se calme soudainement, laissant Smith balancer un « Raise your hands right now ». Comme un seul homme, le public lève alors les mains et tape, tape...
Les musiciens montrent de quoi ils sont capables, le temps pour Tom Smith d'aller chercher sa Gibson... Le groupe transforme sa chanson phare en une version longue qui monte crescendo, pour finir à nouveau en apothéose avec ce qui sera probablement désormais la marque de fabrique du groupe, à savoir, des projections de flammes émanant, cette fois, du devant de la scène. De là où je me tenais, j'ai ressenti à chaque fois la chaleur de ces effets pyrotechniques, mais avoue m'être demandé à ce moment si la copine qui était au premier rang n'a pas ressenti un sacré coup de chaud à ce moment-là !:D
Lockey s'est alors approché du clavier de Williams et de la batterie de Lay et joue face au batteur... Il tape dans la main de Williams, on sent la fin arriver... Smith rejoint le trio tandis que Lay tape les notes finales... Le groupe dépose les armes et vient saluer son armée deux fois, l'applaudir aussi de ce soutien incroyable qu'elle lui a apporté pendant un peu plus de deux heures...


Vous l'aurez compris, j'ai été complètement séduite par Editors en version « live »... Les cinq musiciens ont beaucoup donné ce soir et n'ont pas ménagé leurs efforts pour séduire le public belge.
J'ai expliqué plus haut que je ne suis pas une aficionado du Sportpaleis. Mon angle de vue n'a certes pas été le meilleur que j'aie jamais eu lors d'un concert mais je suis obligée d'avouer que la salle anversoise était tout à fait adaptée pour ce que j'ai vu, vécu et ressenti ce soir... Je suis également à peu près certaine que la musique d'Editors n'aurait pas le même impact si elle était jouée dans un espace de capacité plus restreinte. Mais... étant donné cette habileté du groupe à pouvoir surprendre, je n'oserais même pas parier là-dessus. Par contre, je me rendrais volontiers à un nouveau concert du groupe British. En grande salle ou en petite, peu importe...

Je tiens à adresser un merci tout particulier à Eva Asdou de m'avoir autorisé à faire usage de ses superbes photos pour illustrer l'article. Je vous invite d'ailleurs à aller jeter un œil sur son site : http://www.doeke.be



Setlist :
  • Intro : The Weight
  • Sugar
  • Someone Says
  • Smokers Outside The Hospital Doors
  • Bones
  • Eat Raw Meat = Blood Drool
  • Two Hearted Spider
  • You Don't Know Love
  • All Sparks
  • Formaldehyde
  • A Ton Of Love
  • Like Treasure
  • An End Has A Start
  • Bullets
  • In This Light And On This Evening
  • The Phone Book (Acoustic)
  • No Sound But The Wind (Acoustic)
  • Munich
  • The Racing Rats
  • Honesty
Encore
  • Brick And Mortar
  • Nothing
  • Papillon