Morale
de l’histoire : quand on te demande de parler d’un titre dont on ne retrouve
rien dans les lignes de texte, tu finis avec tout (et rien ?) dans un
texte. Du cinéma, du Canal Plus, de la Britpop et beaucoup BEAUCOUP de dessins
animés…
Dans
les questions du jour d’Entrez Sans Frapper, on avait « Quelle est la plus belle chanson dont le titre n’est
pas prononcé dans les paroles » ? Fèrdèk, va falloir un peu se
creuser la tête, là…
Les Beatles ?
Les Stones ? Ah ! Y a Faint
des Linkin Park ! Nan, pas encore prête à parler des LP de suite. Our Lawyers Made Us Change The Name
Of This Song So We Wouldn’t Get Sued des Fall Out
Boy? Pas grand-chose à dire, cela dit… Oh! Les Stereophonics avec Dakota!
Mmouais mais j’ai déjà parlé d’eux il y a quelques semaines… OH ! Je sais !
Hein ? NAN ! Même si je reste fan de leur The Scientist et qu’il s’agit probablement du groupe avec le plus
grand nombre de chansons au titre ‘orphelin’ (Arabesque, Viva la Vida, Adventure of a Lifetime, Hymn for the Weekend, Amsterdam), on ne parlera pas des
Coldplay !
Aujourd’hui,
nous allons parler de… Gorillaz ! Avec son Clint Eastwood. Parce que jamais le nom de l’illustre
acteur/réalisateur/compositeur n’est cité dans la chanson du groupe British. Bon,
la chanson ne parle non plus de lui, en fait…
Alors
pourquoi un titre pareil si c’est pour ne pas parler du sujet ? Tout
simplement parce que tout repose sur une partie de la mélodie. En effet, le
leader de Gorillaz, après création de cette dernière, lui trouvait un air du
thème du film The Good, The Bad and The
Ugly, composé par Ennio Morricone. Et c’est vrai qu’à se pencher plus près
sur les notes, on ne peut pas nier ce petit « air de »…
Mais qui se cache donc derrière
Gorillaz ? Aux débuts du groupe, cela est un peu resté un mystère et pour
le public, il s’agissait juste d’un groupe de 4 individus (2-D, Murdoc, Noodle,
Russel) représentés par les personnages de dessins animés de leurs clips Mais
les fans de Britpop ne sont pas dupes : ils ont vite reconnu la voix de Damon
Albarn, le chanteur de Blur. Et de fait, c'est bien lui! Mais pas tout à fait
seul. Gorillaz, ce n'est pas quatre personnes mais... deux : Damon Albarn et
Jamie Hewlett, dessinateur qui a donné vie à ces personnages. Si le trait de
dessins vous semble familier, c'est peut-être parce que vous auriez déjà eu
entre les mains la bande dessinée Tank Girl, dont il est
l'un des deux papas. En parlant de « papa », la beau-papa de Hewlett
n'est pas non plus un illustre inconnu. Paul Persavon a composé les génériques
des dessins animés X-Or, Clémentine, Lady Oscar ou encore Cobra. Mais
c'est aussi et surtout un nom d'emprunt. Celui de… Antoine De Caunes.
Albarn
et Hewlett ont cogité sur le concept de Gorillaz alors qu’ils étaient
colocataires, fin des années 90. A l’époque, ils se connaissent déjà depuis
presque 10 ans : Graham Coxon, le guitariste de Blur, était un admirateur
du boulot de Hewlett et lui avait proposé une interview du groupe pour le
magazine Deadline, magazine dans
lequel était publié Tank Girl. Une rencontre pleine de ressources insoupçonnées
qui se révéleront avec Gorillaz.
Bien entendu,
si le duo est capitaine de son bateau virtuel, l’oreille avisée entendra, dès l’écoute
de plusieurs morceaux de Gorillaz, d’autres voix. La force de Gorillaz, c’est justement
aussi tous les featuring d’artistes provenant parfois d’univers musicaux très
différents : pour Clint Eastwood, il s’agit du rappeur américain Del the Funky
Homosapien ; pour Feel Good Inc, le groupe de hip hop De La Soul ;
pour Kids with Guns, on retrouve Neneh Cherry et ils s’offrent même le luxe d’une
collaboration avec Lou Reed sur Some Kind of Nature. Plus récemment, Gorillaz s'est offert les services de Rag'n'Bone Man sur le morceau The Apprentice et de Snoop Dogg sur Hollywood. Noel Gallagher vient également faire une petit coucou en 2017 sur le morceau We Got The Power. Quand on sait que Gallagher et Albarn appartenaient chacun partie de groupes britpop (Oasis et Blur) qui se faisaient régulièrement la guerre des hit-parades dans les 90's, c'est gag!
A l’aide
de ses 4 bonhommes animés et de son clip Clint
Eastwood, Gorillaz a popularisé en 2001 le concept de virtual band : un groupe dont on ne connait pas le visage et qui
vit au travers de personnage(s) animé(s). Ils ne peuvent cependant pas proclamer
avoir lancé le genre puisque le premier virtual
band est né en… 1958. Ce groupe s’appelle… Alvin et les Chipmunks. Vous
savez, les ptits rongeurs qui chantent comme s’ils avaient avalé de l’hélium ?
Cela
dit, je parie que bon nombre d’entre vous connaissent au moins un, voire deux virtual band… L’un d’entre eux a
littéralement bercé mon enfance et donné le gout du chant, c’est dire ! Il
m’a aussi permis d’appliquer en pratique la phonétique, en essayant de prouver
au monde entier qu’à 9 ans, j’étais tout à fait capable de chanter en anglais.
Personne n’y a cru.
Bref…
Qui se souvient du dessin animé Jem &
les Hologrammes ?
Un
autre virtual band associe carrément deux
genres artistiques : la bande dessinée ET la télévision. En 1941 sort le
premier comic book racontant les aventures d’Archie Andrews et de ses amis
(dont Josie et les Pussycats, qui donneront naissance à un film), aventures qui
existent encore aujourd’hui, presque 80 ans après l’apparition du rouquin de
Riverdale. Le succès du comic book est tel qu’un dessin animé voit le jour en
1968, où Archie, Betty, Jughead et le reste de la bande sont… un groupe musical.
Une nouvelle série – avec des êtres humains cette fois, dont le défunt Luke « Beverly
Hills 90210 » Perry faisait partie – a vu le jour en 2017 et intègre un
épisode musical dans sa saison 3. Si les chansons de cet épisode ne sont pas
marquantes, un titre du dessin animé de 1969 a, lui, connu nettement plus de
succès…
Le
truc de dingue avec Gorillaz et tout particulièrement cette chanson qui les a lancés,
c’est qu’à priori, elle avait tout pour me taper sur les nerfs. Ce côté
nonchalant du chanteur, c’est le même genre de truc qui fait que la Alors On Danse de Stromae me donne envie
de casser la radio dès qu’elle passait. C’est d’ailleurs toujours le cas, en
fait. Et pourtant… et pourtant, dès la première écoute, j’avais adoré. J’ai
tout autant aimé les morceaux Dare, On Melancholy Hill ou Dirty Harry. Et oui, cette dernière est
également une référence à l’acteur et un de ses plus grands rôles et se veut
une sorte de suite de Clint Eastwood.
Et, oui, dans ce morceau-là aussi, les paroles ne comportent pas non plus le
titre…
Bref,
Gorillaz, ça passe bien chez moi ! Leurs vidéos sont de chouettes petits
bijoux animés et leurs chansons sont assez cool à écouter quand on écrit une
chronique…
Début
de cette année, le groupe s’est lancé dans un nouveau projet, Song Machine, qui laisse présager de
bonnes choses pour 2020. Cette fois, Gorillaz montre son vrai visage et l’on
voit Damon Albarn travailler avec slowthai & Slaves
sur un morceau (pour un futur album ?). Et nos 4 personnages alors ?
Rassurez-vous… ils ne sont jamais bien loin. ;)