dimanche 14 octobre 2012

Noel Gallagher’s High Flying Birds – L’Aéronef (09/10/2012)


Je vous l’écrivais dans ma chronique de juillet dernier consacrée au Festival Rock Werchter : Noel Gallagher et moi, fallait qu’on se revoie… Tel un virus, ce sale gosse s’était insidieusement infiltré dans mon corps et avait fait chavirer toutes mes certitudes musicales grâce à sa voix et trois riffs de guitare. J’ai depuis été reprendre l’entièreté de la discographie d’Oasis pour m’y pencher avec beaucoup d’attention et force est de constater que si je ne suis toujours pas fan du groupe, j’arrive à faire abstraction de la voix légèrement trainante de Liam qui m’énerve tant pour apprécier les compositions terriblement efficaces de Noel.

L’équipe des High Flying Birds ne repassant pas par ma minuscule contrée et mon envie de les revoir étant tellement forte, je me suis expatriée le temps d’une journée à Lille. Pour ce concert, je suis accompagnée de mon inséparable acolyte de concert Audrey et nous serons rejoints le soir par deux autres amis, Eric et Sophie. Audrey et moi passons l’après-midi dans la galerie commerciale labyrinthique située au-dessus de la salle de concert (« C’était pas à gauche, Desigual ? » « Nan, j’pense qu’il faut prendre à droite… ». On prend à droite et… on s’y perd !), ptit souper dans une taverne avant de rejoindre la salle « L’Aéronef ». Petite salle d’une capacité de 2000 personnes, sa configuration fait penser à celle de l’Ancienne Belgique. A l’heure où nous arrivons, le devant de la scène est déjà bien occupé par les fans et… le premier étage tout autant. Nous finirons par nous poser côté gauche de la salle, sur les escaliers : nous nous doutons bien que nous allons ramasser niveau puissance mais la vue est idéale quand on dépasse à peine le mètre soixante.

La première partie du concert est assurée par Jake Bugg. Première constatation : il est jeune… TRES jeune ! Seconde constatation : son jeune âge ne l’empêche pas de maîtriser à merveille les cordes d’une guitare. Dès les premières notes, j’apprécie le moment ; au bout de quelques chansons, je suis convaincue : à la fin du concert, je file chercher son album au stand merchandising ! Qui s’avèrera être un moment d’intense frustration quand je m’entendrai dire que son album ne sortira que la semaine suivante… Raah !! Bon… on en reparlera peut-être sur ce blog, qui sait ?
Pour l’heure, le jeune homme nous joue quelques morceaux de son cru : la mélodie de l’un d’entre eux me rappelle étrangement « Boots Are Made For Walking »… Pour le reste, le fait que Jake Bugg soit associé à Noel Gallagher ne me surprend plus au bout de la troisième chanson : sans copier le style de l’ex-Oasis, il a dans ses mélodies un « son » qui rappelle indéniablement le Gallagher’s World.
Le garçon est laconique dans son contact avec le public mais nous mettrons cela sur le compte de sa jeunesse et d’un probable manque d’habitude. Ça viendra avec le temps… Parce qu’après tout, cela ne doit pas non plus être facile d’assurer la première partie d’un mec tel que Noel Gallagher. Le public vient voir le gars qui a écrit et composé quelques-uns des meilleurs hymnes musicaux des années 90 après tout. Ça pourrait vite virer en huées… et… non : le public respecte Jake Bugg et ses deux compagnons de scène. Suffisamment pour lui adresser des applaudissements en fin de set. Amplement mérités.

 
 
Les techniciens débarquent sur scène et ôtent le matériel de Jake & Co pour faire le soundcheck des instruments de Noel et de ses complices. Un des techniciens nous gratifiera de quelques pas de danse discrets dans le fond de la scène et un autre, guitare de Noel dans les mains, jouera trois notes avant de nous saluer genre « Merci, merci, je vous aime aussi ». Sont marrants les techniciens !
Audrey me tape sur l’épaule en me disant que certaines musiques utilisées en fond sont extras. De fait… J’ai au moins reconnu l’une d’entre elles : « Shoot A Hole Into The Sun », l’adaptation de « If I Had A Gun… » de… Noel Gallagher’s High Flying Birds. Trouvable sur l’album « Songs Grom The Great White North ».

Nous sommes alors tous plongés dans une lumière bleu électrique… Quelques cris retentissent sur le devant la scène, signal que le groupe arrive. Et effectivement, les cinq musiciens débarquent, plongés dans la pénombre. Avant de démarrer, Noel s’abaisse et règle le micro à sa hauteur : le technicien avait visiblement été un peu optimiste quant à la hauteur de son patron ! Guitare acoustique en mains, il se lance dans une petite impro, histoire de tester son instrument avant de donner le signal de départ de « (It’s Good) To Be Free ». Il fait un petit salut de la tête au public, demi-sourire sur le visage. Il a l’air de bonne humeur…

Fin de la chanson, Noel change de guitare et prend en main cette superbe Gibson ES-335 qui fait partie intégrante de son monde musical. Je m’étendrais un peu plus tard sur cette guitare car pour l’heure, c’est un des morceaux les plus énergiques de l’album qui démarre. « Everybody’s On The Run », également dernier single en date, a une pêche incroyable sur scène, probablement due à la montée en puissance progressive entre les différents couplets et le refrain. Quand il chante « You’ve been drifting and stealing, trying to walk in my shoes but they don’t belong to you », il y a quelque chose dans la voix de Gallagher, dans sa façon de l’interpréter, qui touche une corde sensible chez moi. Sur l’album, déjà, mais en live, c’est encore beaucoup plus fort. Et le pire, c’est qu’il me fait le coup plus d’une fois ! Vous allez comprendre en continuant la lecture…
Que dire dès lors de ce petit solo de guitare juste après le second refrain ? L’efficacité d’un Noel Gallagher tient, pour moi, dans ce talent à dispenser des mini-solos de guitare dans ses chansons à un moment-clé, juste ce qu’il faut pour te filer un frisson le long de l’échine sans en faire de trop…


 

Le groupe enchaine ensuite sur « Dream On » où le chanteur bénéficie du soutien de ses bassiste et guitariste qui font office de choristes pour le morceau. A la fin du morceau, Noel enlève sa veste en cuir. Bon… les choses sérieuses vont commencer, mes enfants !

Il ne m’aura pas fallu trois secondes pour reconnaitre « If I Had A Gun… » : un coup sur la grosse caisse de la batterie de Jeremy Stacey et trois passages sur les cordes de guitare me suffisent pour la reconnaitre, celle-là. Tout simplement parce que je l’aime. Parce qu’elle est belle. Parce qu’il y a quelque chose de magique à écrire une des plus belles chansons d’amour jamais créées dans l’Histoire de la Musique et la titrer « If I Had A Gun… » (Si j’avais un flingue…). Le jour où je l’ai entendue, j’ai crié au génie ! Et de fait,début de cette année, Mr Gallagher a tout de même gagné une récompense aux NME Awards qui le consacre désormais « Godlike Genius » (Génie à l’image de Dieu). Faut donc croire que je ne suis pas la seule à le penser… Il avait d’ailleurs trimballé le trophée avec lui en tournée et l’avait posé sur un ampli à Werchter. Connaissant le sens de l’humour du coco, on se demande bien pourquoi, tiens…
 

 

Pour l’heure, nous sommes à Lille et Noel Gallagher a démarré « If I Had A Gun… » à l’aide de sa guitare acoustique, sous une lumière jaunâtre et le reste de la scène plongé dans la pénombre. Il n’est pourtant pas seul : bien sûr, on devine le reste du groupe pas loin mais sur ce coup-là, c’est surtout le public qui montre qu’il est présent aussi en l’accompagnant au chant. A la fin du premier couplet, le spot jaune s’éteint pour faire place à une lumière bleue qui illumine toute la scène. A l’approche de la fin de la chanson, Noel sera à nouveau sous les « feux de la rampe » : la scène est toujours éclairée de bleu et le chanteur est mis en évidence sous un spot blanc. Lorsqu’il termine la chanson en nous adressant un « Love will burn this city down for you », il montre du doigt une personne devant lui… Et moi, pendant toute la chanson, j’ai lutté pour réfréner la montée de larmes d’émotions… sans succès.
Ma tendresse pour cette chanson est telle que je l’ai choisie au cours de chant dernièrement : si la chanter me fait un bien fou à chaque fois, elle a également su toucher mes compagnons de cours qui l’ont découverte et… trouvée superbe. «  My eyes have always followed you around the room ‘cos you’re the only God I’ll ever need…» (Je t’ai toujours suivie des yeux à travers la pièce parce que tu es le seul Dieu dont j’ai besoin)… On en revient finalement toujours au même sujet, nan?

Sur “The Good Rebel”, j’ai un doute… Plus je regarde le guitariste qui l’accompagne, plus je me demande si… si ce n’est pas Gem Archer ! Pour rappel, Gem Archer est le guitariste qui a accompagné Oasis entre 1999 et 2009 : après le départ de Noel, les deux guitaristes sont resté en bons termes et ne rechignent pas à apparaitre ensemble sur scène. De loin, Tim Smith et Gem ont une certaine ressemblance physique qui m’a induite en erreur… Après vérification, ce soir, nous avions bien Tim Smith sous les yeux.
Le morceau me donne l’occasion de constater à quel point la mécanique est bien rôdée entre ces cinq musiciens… ce qui n’empêche pas quelques improvisations de la part de Gallagher, à l’instar de la fin de ce morceau où il attrape sa guitare et en passe les cordes sur le pied de son micro…

Mini-pause, le public réclame Noel à corps… et surtout à cris ! Et lui hausse les sourcils avec son genre de « Ouais, ouais, j’arrive les gars», attrape un médiator sur le petit plateau fixé à son pied de micro et démarre « The Death Of You And Me ».
Au moment de démarrer le second couplet avec les mots « Hard Time », un ptit couac vocal. Il lève les yeux, histoire de vérifier si quelqu’un l’a repéré… T’inquiète, cela restera entre nous !
Il ne faut pas oublier que pendant presque vingt ans, Noel Gallagher n’a jamais vraiment occupé le devant de la scène, laissant – à de rares exceptions près – cette place à son cadet. Il a lui-même avoué, lors de la promo de Noel Gallagher’s High Flying Birds, avoir eu des difficultés à assumer le rôle de chanteur principal au centre de la scène et préférer de loin jouer de la guitare dans un coin discret.
Cette envie de discrétion et le respect qu’il porte à ses High Flying Birds se ressent sur scène : à plusieurs reprises lors de la soirée, Noel Gallagher n’hésite à rester dans l’ombre, au sens propre du terme, pour céder la place à l’un de ses musiciens. A Tim, notamment, qui assure parfois quelques parties guitares bien senties, notamment sur « The Death Of You And Me ».

 
Tim Smith en "solo"

Le groupe enchaine avec l’énergique « Freaky Teeth ». Depuis quelques morceaux, nous avons derrière nous des gonzesses qui ne peuvent s’empêcher de lancer des cris un peu bizarres à la fin de chaque chanson. Je comprends alors qu’elles crient « Léooon, Léééonnn », imitant à merveille le paon. Du coup, je me demande si la femelle crie aussi « Léooon ! ». Mais finalement, ces deux-là me faisaient plus penser à des dindes qu’à autre chose. Ce n’est que le lendemain, en y repensant, que je verrai une analogie entre LEON et… NOEL. Si c’était voulu, c’est tout de même un peu poussé. Pas certaine non plus que le copain sur scène n’y aurait pas vu deux cinglées.

Pour la chanson suivante, il opte pour une guitare acoustique et commence à gratter les cordes l’air de rien… Et pourtant, la mélodie me rappelle quelque chose… La pièce tombera bien plus tard : avant de démarrer une version acoustique de « Supersonic », Noel nous a gratifié de quelques accords de « Wonderwall », ne laissant dès lors aucun doute sur l’absence de la célèbre chanson du set.
Tim et Russell Pritchard, le bassiste, ont alors disparu de la scène. Jeremy est toujours derrière sa batterie mais se fait plus discret, jouant des percussions. Mais ici, c’est Mickey Rowe, le claviériste, qui montre de quel bois il se chauffe. Son association avec Noel sur ce morceau est tout bonnement parfaite : la balance guitare acoustique/piano donne à la chanson ce cachet unique. Encore une fois un parfait exemple de l’efficacité d’un équilibre adéquat au sein d’une composition musicale.
Puisque quasi-seul sur scène, je remarque d’autant mieux cette façon particulière de se tenir qu’a Noel : une fois sur scène et une guitare accrochée à son épaule, Noel Gallagher se tient rarement droit. Jambes légèrement arquées et dos arc-bouté, sa guitare semble lui rappeler tout le poids de la gravité terrestre. Cette façon de se tenir renforce évidemment encore un peu le côté fragile que j’ai parfois l’impression d’entr’apercevoir chez le britannique. Attention, n’allez pas non plus imaginer que je vois dans ce quarantenaire un homme fragile à protéger du reste du monde : Noel Gallagher est un homme qui se laisse peu démonter, il suffit de visionner quelques interviews pour se rendre compte qu’il a du répondant, généralement associé à ce sens de l’humour tellement pince-sans-rire qui fait – avouons-le – souvent le charme des British !
Cela dit… depuis longtemps, sa posture me rappelait aussi quelque chose mais je n’arrivais jamais à mettre le doigt sur ce quelque chose. Ce soir-là, mon angle de vue m’a donné la réponse : il y a en Monsieur Gallagher un petit air de… Gaston Lagaffe. Ce célèbre et génial personnage de BD sorti de nulle part qui finit engagé comme employé dans les bureaux de Spirou Magazine dieu sait comment. Depuis sa création, Gaston Lagaffe est un homme qui s’est toujours appliqué à passer le plus inaperçu possible mais qui n’y est jamais finalement arrivé. Tiens, tiens… Pourrait-on en dire autant de Noel Gallagher ?
La seule différence étant que Gaston essayait de passer inaperçu pour éviter toute forme de travail… ce qui est loin d’être le cas de Noel qui n’a jamais vraiment cessé de bosser depuis le début de sa carrière.



 

Le groupe poursuit alors sa session acoustique en jouant « D’Yer Wanna Be A Spaceman ? » : Russell quitte alors sa basse pour renforcer Noel à la une guitare acoustique.

A la fin de la chanson, c’est le retour de la Red Guitar pour « (I Wanna Live In A Dream In My) Record Machine ». Sur ce morceau, bien que Noel ait entre les mains une guitare électrique, il cède encore une fois la place à Tim pour le solo. Sur l’album, le morceau bénéficiait d’un orchestre pour assurer la partie cordes et d’une chorale mais malgré l’absence d’orchestre et de chorale ce soir, ces cinq-là se suffisent à eux-mêmes. Pas besoin d’en faire de trop, les cinq doigts d’une seule main agissent parfois avec plus d’efficacité qu’un excès de ptits doigts boudinés…

Nouveau changement de guitare pour… et mais minute !! Une autre rouge ? Jusque-là, j’avais toujours été persuadée que Noel jouait en alternance sur deux guitares, l’une acoustique et l’autre électrique. Révélation donc, il y a au moins deux Gibson ES dans les bagages du chanteur.
Les notes de synthé caractéristiques du début « AKA… What A Life ! » se font entendre. De l’album, c’est celle-là qui a reçu mon coup de cœur dès le début et dès les premières secondes. J’apprécie les chansons énergiques à la base mais si je l’aime autant, c’est surtout parce que le découpage instrumental y est aisé et rend la chanson géniale à l’oreille. Par découpage instrumental, je veux dire qu’à l’écoute une chanson, j’entends à peu près chaque instrument et sa partition spécifique à la chanson en sachant faire abstraction des autres instruments. Sur « AKA… What A Life ! », on retrouve – entre autres - de la basse, du piano, de la batterie et de la guitare électrique bien évidemment… Comme je le signalais plus haut, Noel joue des mini-solos bien placés dans ses chansons : « AKA… What A Life » en comporte notamment un, joué en enchainement après le second refrain (à partir de 2 :14 pour ceux qui ont l’album), qui me fiche des frissons comme pas deux.
Pas étonnant dès lors que ce moment me remplisse de frustration quand il décide d’opter pour la partition liée aux claviers au moment fatidique ! A chaque fois que je vois la chanson jouée en live, je me prends à espérer mon solo-frisson et… nada ! Raaaaah !! Maintenant, soyons francs, elle n’en garde pas moins son charme en version live et je ne voudrais pour rien au monde qu’il l’ôte de la setlist.

 
 
 Avant d’entamer le morceau suivant, Noel fait un peu la causette. Devant lui, quelqu’un tient un panneau indiquant « How do you feel ? » (Comment te sens-tu ?). Il prend le temps de la réflexion avant de nous lâcher que physiquement, il se sent… comme Keith Richards !
Le groupe démarre ensuite « Talk Tonight », chanson écrite en 1994, présente sur l’album « The Masterplan » (1998). S’il s’agit probablement d’une de ses plus belles ballades, la chanson a évolué depuis 1994 : la guitare électrique et le piano y ont maintenant leur place et s’intègrent à merveille dans le morceau. « Talk Tonight » reste une de mes favorites, probablement aussi un peu pour son histoire. Peut-être vous en parlerai-je un jour dans la rubrique « L’Histoire De… ».

Avant de démarrer « Soldier Boys and Jesus Freaks », Noel prend la peine d’écouter son public chanter et apprécie le moment. Ce même public passera d’ailleurs une grande partie du concert à chanter entre les différents morceaux du set, histoire de meubler les (courts !) silences.

Enchainement sur « AKA… Broken Arrow »… Je vous parlais plus haut de l’effet instantané que Noel a eu sur moi sur certaines phrases de ton album. Cette chanson aussi comporte une portion qui m’a fait vibrer et, à l’instar de « Everybody’s On The Run » plus tôt dans la soirée, j’ai là encore ressenti le ptit frisson qui fait du bien… A ce stade-là, c’est « une phrase, un geste et Noel fait le reste ». Autant vous dire que je ne m’en lasse pas !
A la fin de la chanson, Noel repère quelques spectateurs qui ont une bière à la main et s’adresse à eux en parlant du fait que l’on associe souvent un verre avec un bon moment avant de rapidement ajouter « Hé, moi, je suis en train de bosser ici ». Le public réagit au quart de tour et lui, de rajouter à peu près aussi rapidement, léger sourire aux lèvres « Bien que… je passe un bon moment, là ».

Ils enchainent alors sur « Half The World Away » où le public apporte son généreux soutien en accompagnant le facétieux Keith Rich… euh pardon… le facétieux Noel au chant. Nous vivons alors tous un moment magique : à la fin du second refrain, là où Jeremy tape deux fois sur sa grosse caisse, c’est le public qui tape deux fois dans ses mains, histoire de dire aux mecs sur scène « Tu vois à quel point on les connait bien, tes chansons, mon vieux ». Waw, c’était chouette !

Les six spots à l’arrière scène, maintenant de couleur jaune vif, se tournent alors vers Jeremy qui démarre un solo de batterie que je reconnais vite : c’est celui qui introduit généralement « (Stranded On) The Wrong Beach ». Bien appuyé vocalement autant par Tim que Russell, le public s’allie à l’équipe de choc quand vient le moment des « Me oh my »… Ici, question guitare, c’est Noel qui garde la main et, bien entendu, c’est le retour de la belle rouge.
Il est maintenant temps de vous parler de cette superbe Gibson… Certains types de guitares sont immédiatement associés à leur propriétaire : c’est par exemple le cas de la Gibson SG Cherry que l’on retrouve généralement dans les mains de Kelly Jones des Stereophonics.
 
 

Dans le cas de Noel Gallagher, sa Gibson ES-335 est effectivement partie prenante dans son monde musical : il n’aurait pas pu nous délivrer ces incroyables mélodies sans gratter ces six cordes ce soir. Un éclairage adéquat et la sobriété vestimentaire du groupe aident probablement mais là, ce soir, cette guitare rouge semble avoir une vie propre, semble être un membre supplémentaire du groupe. Parfois, par moments, on ne voit qu’elle… Parfois, par moments, Noel semble s’effacer complètement derrière elle… la rendant merveilleusement belle. A mes yeux, cette guitare est magique…
 

♫♪ Ce soir, je serai la plus belle... pour vous faire chanter ♫♪
Le show est fini, le groupe quitte la scène mais le public n’est pas prêt à les laisser partir : il tape dans les mains et scande le nom de Noel à tout va. Ce qui me perturbe un peu même si je m’y attendais… J’ai beau savoir que Noel Gallagher est la raison pour laquelle (quasi) tout le  monde est venu, c’est tout de même Noel Gallagher’s High Flying Birds qui est inscrit sur le billet d’entrée… Certes, c’est Gallagher qui est l’instigateur du projet. Certes, c’est lui qui a assuré l’écriture des chansons et certes oui, c’est aussi lui qui les interprète. Mais j’invite tout spectateur (et lecteur de cet article) à ne pas oublier que ce soir, ce sont cinq musiciens que nous avons eu sous les yeux. Pas un. Cinq. Et cinq bons de surcroit.
Les chansons de Noel Gallagher ont cette spécificité de comporter des segments d’instruments faisant partie intégrante de la beauté d’origine de la chanson. Il laisse une généreuse place à chaque instrument, probablement parce qu’il est lui-même multi-instrumentaliste mais, à moins de se lancer dans une session unplugged, il n’a pas encore autant de bras que Kali et ne saurait pas assurer tous les postes en concert.
Il a su s’entourer d’excellents musiciens sur cette tournée et n’a pas hésité plusieurs fois à leur laisser les coudées franches, preuve de la confiance qu’il leur accorde. Preuve aussi que, comme pour les chansons, les quatre High Flying Birds font partie intégrante du succès de ce soir.
Cela me semble donc la moindre des choses de vous rappeler au moins leur nom. Ce soir, nous avions donc devant nous :
-      Russell Pritchard à la basse, la guitare acoustique et aux choeurs
-      Mickey Rowe aux claviers
-      Tim Smith à la guitare et aux choeurs
-      Jeremy Stacey à la batterie

Le groupe revient sur scène… en nous applaudissant. Le monde à l’envers, non ? Cela dit, cela fait plaisir et on leur retourne volontiers leurs applaudissements amplement mérités après la prestation de ce soir.
Ils commencent leur rappel avec « Let The Lord Shine A Light On Me », superbe morceau musical. Si j’avais signalé apprécier la voix de Noel en général, il faut avouer que sur ce morceau, il assure comme un chef. Il laisse une fois encore le solo de guitare à Tim, préférant se tenir en retrait près de son batteur.

 
 

 Audrey m’attrape alors le bras et me demande s’il jouera « Wonderwall ». N’ayant pas encore réalisé à ce moment-là que nous avons déjà eu plus ou moins droit à « Wonderwall », je lui réponds que ce sera certainement soit celle-là, soit « Whatever ». Le public semble me donner raison puisqu’il réclame autant « Wonderwall » que « Whatever ». Ce sera finalement « Whatever »… et bon sang, il sait la pousser, sa satanée voix !
A la fin de la chanson, l’éclairagiste rallume les lumières de la salle et pour la première fois depuis le début du concert, le groupe peut voir ceux qui sont venus passer un moment avec eux. Noel prend bien le temps de regarder de gauche à droite son public avant de le laisser retourner dans l’ombre dans un fondu au noir…
A ce sujet, je ne peux pas passer outre du travail exceptionnel du ou des éclairagistes. Ceux-ci ont su à la fois mettre en évidence chacun des membres du groupe à chaque moment opportun et écouter avec attention la rythmique d’une chanson pour y adapter le jeu de lumière. Vous êtes des Kings of Lights, les gars !

 
 

La prochaine chanson me permet de mettre en évidence le seul bémol de la soirée. Les couplets de « Little By Little » sont vocalement bien plus bas que le pont et le refrain : cette particularité a mis en évidence les lacunes de l’ingénieur niveau balance sonore… En effet, question puissance, le public a méchamment dégusté ! Preuve en est que lors des couplets, la voix de Noel s’est quasi-littéralement fait engloutir par le son produit par les instruments… Lorsqu’il s’adressait au public, il était également  mal aisé de comprendre distinctement ce qu’il nous disait. Armée de bouchons, j’ai pu sauver mes cavités auditives mais ai à plusieurs moments reçu de fortes impulsions provenant du retour de son de la grosse caisse de la batterie à travers tout le corps. Il est fort probable que notre positionnement dans la salle ait joué son rôle mais je reste malgré tout persuadée que le volume sonore était un tantinet exagéré…

Revenons à notre concert... Noel reste sur scène et accorde sa guitare tout en discutant avec son public. Il dit que nous nous reverrons… dans un futur trèèèès lointain, laissant du coup entendre que cette tournée qui dure maintenant depuis 12 mois touche à sa fin et qu’il va rentrer dans ses pénates. Espérons que Sara, son épouse, ne tardera pas trop à lui lâcher à nouveau « Dis, tu ne penses pas qu’il serait temps de te remettre à faire de la musique ? » pour qu’il nous revienne avec de nouvelles compositions!

Début de chanson au piano, on identifie rapidement le début de « Don’t Look Back In Anger »… J’ai écrit plus haut que Noel était à l’origine de plusieurs hymnes musicaux : il va sans dire que « Don’t Look Back… » en fait partie. Lorsqu’il termine le premier couplet, il montre le public du doigt, comme un signal de départ, et là, la salle toute entière entame un « Sooo Sally can wait, she knows it’s too late… » du tonnerre de dieu.
Il pourra jouer cette chanson jusqu’à la fin de sa vie, il n’aura plus jamais besoin d’en chanter le refrain : il aura toujours devant lui des gens pour le faire à sa place. Autant une preuve de l’impact du musicien sur le public qu’une démonstration d’amour de celui-ci envers son créateur. Démonstration auquel Noel Gallagher’s high Flying Birds a certainement eu droit chaque soir de prestation au cours des douze derniers mois. On pourrait croire qu’au bout de 120 concerts qui les ont emmenés à travers l’Europe, les  Amérique du Nord et du Sud, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et l’Asie, le groupe serait blasé... Lors du second refrain, mon regard se tourne vers Tim Smith : il a un large sourire sur le visage… Peut-être pas si blasés que ça, finalement…
 

 
J’avais écrit en juillet qu’aller revoir Noel et les High Flying Birds, c’était afin de soigner le mal par le mal… Suis-je guérie ? Et bien…
Si on considère que je n’arrive toujours pas à décrocher de leur album ; que j’ai passé un excellent moment ce soir-là ; qu’une fois rentrée à Bruxelles, ils me manquaient déjà et que quelques jours après, j’éprouve encore un peu ce manque, j’imagine que nos retrouvailles n’ont finalement fait que renforcer toute la tendresse musicale que j’éprouve pour le Manchesterien et ses comparses. Pas guérie, donc… Mais en même temps, la maladie de la musique est un des plus beaux virus au monde, non ?


Dernière petite note qui relève plus de l’anecdote amusante que du compte-rendu du concert… J’ai, comme à mon habitude, acheté un T-shirt fait office de souvenir de la soirée. Une fois rentrée à Bruxelles, je le regarde de plus près. Et commence à rire… il semblerait que les personnes ayant fait l’acquisition d’un T-shirt « World Tour » ont acheté plus qu’un simple T-shirt. De mon côté, je le considère désormais comme un T-shirt collector…

Je vous poste une photo ci-dessous… Cherchez l’erreur… ;)


 
Pas trouvé ? Bon, je reconnais que de loin, ce n’est pas facile. Penchons-nous donc dessus d’un peu plus près…


 

Info de dernière minute : pour mieux vous faire une opinion ou rechavirer au son des Noel Gallagher’High Flying Birds, un DVD live intitulé « International Magic Live at The O2 » est sorti ce 13 octobre.

Si vous voulez aller jeter une oreille sur les chansons de Jake Bugg, il suffit de vous rendre sur son website.

Setlist :

-         (It’s Good) To Be Free
-         Everybody’s On The Run
-         Dream On
-         If I Had A Gun…
-         The Good Rebel
-         The Death Of You And Me
-         Freaky Teeth
-         Supersonic (Acoustic with Wonderwall intro)
-         (I Wanna Live In A dream In My) Record Machine
-         AKA… What A Life!
-         Talk Tonight
-         Soldier Boys And Jesus Freaks
-         AKA… Broken Arrow
-         Half The World Away
-         (Stranded On) The Wrong Beach

Encore
-         Let The Lord Shine A Light On Me
-         Whatever
-         Little By Little
-         Don’t Look Back In Anger

 

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