dimanche 12 février 2012

L'histoire de... Whitney Houston et "I Have Nothing" (1993)

Quel drôle de réveil que ce 12 février… Tu ouvres l’ordinateur, te connectes sur Facebook et vois soudainement qu’un nombre impressionnant de vidéos de Whitney Houston ont été postées. Là, tout de suite, tu sais au plus profond de toi que tes potes n’ont pas passé leur temps à poster ces vidéos pour lui souhaiter bon anniversaire et que ces posts sont liés à quelque chose de plus tragique… De fait. Whitney Houston – The Voice – n’est plus. A 48 ans, la filleule d’Aretha Franklin s’est est allée rejoindre d’autres grandes chanteuses…
J’avais écrit en janvier 2010 sur le groupe Facebook une chronique la concernant en m’appuyant sur la chanson « I Have Nothing ». Vous trouverez ci-après cette chronique réadaptée…

Whitney est née en 1963, dans le New-Jersey, état fétiche du réalisateur Kevin Smith. Dernière-née d’une famille de 3 enfants, c’est sa maman qui lui fait découvrir le monde musical. En effet, dès l’enfance et ce jusqu’au début de l’âge adulte, elle accompagne sa maman dans des concerts divers. Eglises, night-clubs ou autre, Cissy emmenait avec elle sa cadette… A 14 ans, Whitney pose sa voix sur un single du « Michael Zager Band » et Zager propose à Cissy d’aider sa fille à obtenir un contrat dans une maison de disques. Cissy refuse d’abord, sur la sage décision que Whitney finisse d’abord ses études avant d’entamer une quelconque carrière.

Peu de gens (moi y compris, entendons-nous bien…) savent qu’elle n’a pas démarré de suite comme chanteuse mais comme… mannequin. Elle apparaîtra en couverture du « Seventeen Magazine », devenant par ailleurs la première femme « de couleur » à faire la couverture du magazine. Pour preuve :


Et en termes de « premières », l’américaine va tracer plus d’une voie tout au long de sa carrière. Mais nous en reparlerons plus loin…

Elle signe son premier contrat musical en 1983 après avoir impressionné Clive Davis, alors à la tête d’Arista. Mais Whitney ne démarre pas de suite l’enregistrement de son album. Persuadé du talent de sa pouliche, Davis veut attendre d’avoir les producteurs adéquats pour ce premier opus : il attend donc que ceux-ci soient disponibles avant de démarrer quoi que ce soit.
Son premier album, sobrement intitulé « Whitney Houston » (Vous avez remarqué le manque d’imagination de l’époque où on prenait bien souvent le nom de l’artiste comme titre de premier album ?), a des débuts hésitants mais décolle finalement grâce au single « You Give Good Love ». Et pas qu’un peu… A l’époque, en 1985, il devient l’album le plus vendu au monde pour une jeune première. Elle a été détrônée depuis par une certaine Britney Spears mais quoi qu’il en soit, à ce jour, « Whitney Houston » s’est vendu à plus de 25 millions d’exemplaires dans le monde.

Aux Grammy Awards, elle obtiendra la récompense de la « Meilleure performance pop féminine ». Plus amusant encore, elle interprète ce soir-là « Saving All My Love for You » et sa performance lui vaudra un Emmy Award dans la catégorie « Meilleure performance dans une émission télé ».

Une dernière anecdote… Cela rejoint l’idée de « premières » mentionnée plus haut et les plus jeunes d’entre vous pourraient être surpris de ce qui va suivre. Dans les 80ies, on était loin de faire preuve d’une grande ouverture d’esprit quant à la couleur de la peau. Les noirs, les mexicains… pas droit à être trop « exposés » ! Ou alors sous des conditions particulières ou avec grincements de dents de la part de certains. Il y en a qui me diront que c’est encore le cas… Peut-être… mais de nos jours, faut admettre qu’on voit plus de gens dit « de couleur » à travers les médias. Des artistes tels que Jennifer Lopez, Jay-Z, Janet Jackson, Will Smith ou autres doivent une fière chandelle à Whitney.
Je m’explique : Houston est arrivée à une période-phare où les médias se voyaient fortement critiqués de mettre plus en évidence des musiques au style plus « blanc », au détriment d’artistes d’origine américano-africaine. Les médias s’adaptent donc et « How Will I Know », alors son single, tournera en boucle sur MTV… entraînant une augmentation des ventes pour Houston et une ouverture culturelle certaine. Cette anecdote ouvrira ainsi la voie à foule d’autres artistes afro-américains…


Mamselle Houston a, dans les 80ies et 90ies, un sacré palmarès de records à son actif : sa tournée de 1987 la fait entrer comme première afro-américaine dans le Top des personnes les plus riches, elle enregistre la chanson officielle des JO de 1988 et reverse tous les bénéfices à des actions caritatives, elle devient la seule artiste au monde à entrer dès la première semaine à la fois dans les charts anglais ET américain avec son album « Whitney » (1987), le concert qu’elle donne à Norfolk pour les soldats américains et leurs familles est diffusé sur HBO et donne à la chaîne un des plus hauts taux d’audience depuis sa création… Bref, vous avez compris…

Bien sûr, ça n’allait pas rater : le cinéma lui fait les yeux doux mais comme à ses débuts, elle prend le temps avant de se lancer dans cette nouvelle aventure… Et cette première expérience filmique, je crois qu’à coup sûr, vous la connaissez car… qui a pu passer en 1992 (voire encore maintenant d’ailleurs) à côté du film « Bodyguard ». Je ne vous citerai pas les records et les récompenses obtenues par cet album seul… Allez juste un chiffre : 44 millions d’albums vendus dans le monde.

Etant donné que Whitney a sorti une bonne cinquantaine de singles, j’avais les coudées franches pour faire mon choix (ce qui, au passage, n’est pas toujours des plus aisés) et m’était dite que j’allais prendre une qui n’appartenait pas à cette BO. Raté ! Mais je ne l’ai pas prise pour rien non plus…

« I Have Nothing » est écrite par David Foster et Linda Thompson. Le premier est connu pour ses multiples compositions-productions et la seconde, peut-être moins mais a pourtant quelques anecdotes à son actif. Thompson a écrit les paroles de « No Explanation », chanson comprise dans la BO d’un autre film-culte, un certain… « Pretty Woman ». Elle a aussi écrit les paroles de la chanson officielle des JO d’Atlanta 1996, interprétée par Céline Dion. Mais ce que peu savent, c’est qu’elle a aussi partagé un temps la vie d’un King. LE King. Elvis quoi!

La vidéo de « I Have Nothing» est dirigée par Steve Barron. De ce réalisateur irlandais qui a appris le métier en démarrant avec des calibres tels que Richard Attenborough (A Brige Too Far) ou Ridley Scott (The Duellists), nous retiendrons plus volontiers son travail sur les vidéos de « Billie Jean » de Michael Jackson, de « Take On Me » de A-Ha, de « Money For Nothing » de Dire Straits ou de « Rosanna » de Toto plutôt que le film « Les Tortues Ninja » de 1990.

« I Have Nothing » avait été nominé en 1992 aux Oscars mais a perdu face à « A Whole New World », la chanson-titre du dessin animé Aladdin. Six ans plus tard, Whitney enregistre « When You Believe » avec Mariah Carey, chanson du dessin animé « Le Prince d’Egypte ». La chanson obtiendra l’Oscar de la Meilleure Chanson Originale. Comme quoi, on apprend toujours de ses défaites…


Les années 90 et le début du nouveau millénaire seront plus mouvementés pour la métisse. Son mariage avec le rappeur Bobby Brown, leurs fréquentes disputes et des histoires de drogue viendront entacher sa réputation. Elle continue à sortir des albums qui ont du succès mais qui n’égaleront pas les ventes de « Bodyguard ». Pourtant, en 2001, Whitney signe avec sa maison de disque le contrat le mieux payé de toute l’histoire de l’industrie musicale en empochant 100 millions de dollars (plus royalties !) pour l’enregistrement de 6 albums. En 2005, elle se la joue « Viva La Bam » ou « The Osbournes » dans une série la filmant, elle et sa famille, dans sa vie de tous les jours…

Sa séparation avec Brown en 2006 sonne comme une renaissance et elle reprend sa carrière en main. Elle sort en 2009 l’album « I Look To You » qui reçoit des critiques positives… La voix de Houston est désormais plus grave, plus rauque mais ne pénalise pas l’album pour autant : Cinquemani, journaliste chez Slant Magazine, écrira à l’époque que « Houston semble vivante et heureuse de l’être ». Une phrase qui résonne bizarrement aujourd’hui…

J’ai déjà vu fleurir, depuis ce matin, maints articles ou commentaires d’individus concernant son décès assumant que Whitney Houston avait certainement fait une overdose, qu’elle avait des problèmes dans sa vie… car comme d’habitude « Faites une erreur un jour, on vous la rappellera toujours ». A ces gens, à ces médias, un petit cours de « prudence médiatique » et de « respect de l’être humain » ne ferait certainement pas de mal… A l’heure où j’écris ces lignes, le médecin légiste est probablement toujours en train d’écrire son rapport et il me semble donc très mal avisé de spéculer sur quoi que ce soit lorsqu'on ne sait... rien. 

A ceux qui disent « Oui mais bon, on ne l’a pas vue, ces derniers temps », je répondrais que ne pas voir un artiste sur une scène ou devant nos écrans ne veut pas dire qu’il ne fasse rien. Milieu des 90ies, Whitney Houston avait, via sa société de production, acquis les droits pour une adaptation du film « Sparkle » (1976). Houston avait l’intention d’engager Aaliyah pour jouer le personnage central mais le décès de la jeune femme en 2001 en décidera autrement. Le projet est pourtant resté dans le cœur de Whitney Houston qui, à force de persévérance, est arrivée à ses fins. « Sparkle » sortira sur nos écrans fin 2012 et marquera la dernière apparition à l’écran de Mme Houston.

Je ne suis pas une fan absolue de Whitney Houston mais ma passion musicale fait que j’ai appris à respecter des artistes pour l’influence musicale qu’ils apportent ou ont laissé dans le Monde de la Musique. Je la respectais, bien sûr, pour ses incroyables aptitudes vocales mais mes recherches m’ont amenée à voir plus que sa voix… Elle a également inspiré maints autres artistes, parfois fort éloignés de son propre style : Mariah Carey, Alicia Keys, Lady Gaga, les Destiny’s Child…

Il y a fort à parier que ce soir, le public présent dans la salle où se tiendront les Grammys aura une pensée pour l’artiste lorsque Chacka Khan et Jennifer Hudson – deux artistes qui connaissaient bien Mme Houston - lui rendront un dernier hommage. Chanté. Bien sûr.






2 commentaires:

  1. je trouve ta chronique très bien écrit merci pour ces petits bout d'histoire dans la vie d'une grande chanteuse.

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    1. MErci, c'est très gentil et ça fait toujours plaisir... :)
      N'hésite pas à fouiner... Je raconte d'autres histoires sur d'autres personnes sur ce blog... ;)
      Bonne journée!

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