mardi 7 février 2012

L'Histoire de... "Walk On The Wild Side" (Lou Reed, 1972)

Saviez-vous Lou Reed vient en Belgique? Le 15 juin prochain, à l’Ancienne Belgique… Ne vous emballez pas, les places sont parties aussi vite que les stocks de sel en pleine saison hivernale.
Je vous offre ici une (piètre ?) consolation en évoquant une des chansons de Mr « Velvet Underground Goes Solo ».

« Walk On The Wild Side » est l’une des chansons les plus connues de Reed, présente sur l’album « Transformer » sorti en novembre 1972. Sur ce même album apparaît aussi « Perfect Day » dont je ne manquerai pas de vous parler un jour.

Lorsque Lou Reed écrit « Walk On The Wild Side », il a en tête de faire découvrir à son auditeur des personnages que peu de gens auraient eu l’occasion ou l’envie de rencontrer ainsi que leur périple avant d’arriver à New-York.
Ce qu’il faut savoir, c’est que ces personnages ne sortent pas à proprement parler de l’imagination du talentueux musicien puisque Holly, Candy, Little Joe, Jackie et Sugar Plum Fairy ont bel et bien existé.

Pour mieux les connaître, il faut que je vous parle du célèbre Andy Warhol. Ce dernier est étroitement lié à la vie professionnelle de Reed puisque c’est Warhol qui a révélé le Velvet Underground au monde entier. C’est aussi lui qui est responsable de cette célèbre pochette d’album du Velvet, la « pochette à la banane » :


Warhol devient le manager du Velvet en 1965 et intégrera le groupe dans son projet « Exploding Plastic Inevitable ». Ce projet, novateur pour l’époque, proposait des projections des films de Warhol, accompagnées de représentations des habitués du studio The Factory, le tout soutenu par la musique du Velvet Underground.

The Factory, plus tard rebaptisé The Silver Factory, c’est tout un univers : un studio entièrement peint en argenté où se mélangeaient personnalités du monde artistique, musical… Mick Jagger, Truman Capote ou encore Dali ont frôlé les murs couleur aluminium de ce studio à une époque.


Le studio permettait à Warhol de donner libre cours à son talent artistique, sous toute forme qu’il soit. Pour ce faire, il s’était adjoint la compagnie de nombreuses personnalités : comédiens de « films pour adultes », drogués, membres de la jet-set, philosophes, dépressifs…
Tout ce petit monde cohabitait joyeusement et participait pleinement à l’œuvre du Grand Maître. Parmi eux, les « Warhol Superstars », un ensemble épatant constitué de gays, de transsexuels, de drag-queens, de bisexuels... mettant en avant le pop-art et la liberté artistique et sexuelle développées pendant les 60ies.

Le Velvet Undergound a donc un moment donné croisé le chemin de ces « Superstars »… En fréquentant le petit monde Warholien, Lou Reed rencontrera ou entendra parler de Holly Woodlawn, Candy Darling, Joe Dallesandro, Jackie Curtis et Joe Campbell, alias Sugar Plum Fairy, et écrira ainsi une des chansons qui deviendra une de ses plus belles signatures musicales.
Interviewée en 2008 pour le journal britannique « The Guardian », Holly dira avoir eu la surprise de sa vie en entendant la chanson pour la première fois parce qu’elle n’avait jamais rencontré Lou Reed. Elle prendra contact avec l’artiste et lui demandera comment il avait découvert son histoire. Réponse de l’intéressé : « Holly, tu es la plus grande gu** de la ville… ». Loin d’être vexée, elle rencontrera Lou et ils deviendront amis.


Le sujet plutôt délicat de « Walk On The Wild Side » n’a pas empêché la très conservatrice BBC de diffuser la chanson. N’allez pas croire qu’ils ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit : les patrons de la chaîne n’avaient tout simplement pas saisi toute l’ambiguïté des paroles de la chanson… Comme quoi, la poésie Reedienne n’est pas accessible à tous…
Les américains ont été plus subtils et RCA, la maison de disques, avait alors retravaillé la chanson pour en éliminer une partie qu’ils jugeaient trop scandaleuse : « Walk On The Wild Side » passait ainsi de 4:12 à… 3:37.

Pour revenir brièvement sur l’aspect technique, il faut souligner que l’album dont est tirée la chanson a pour producteurs deux grands fans de Reed. Rien de moins que Mr Ziggy Stardust himself, David Bowie, et le défunt Mark Ronson, membre des Spiders of Mars.

Si le Velvet Underground a fini par s’éloigner de Warhol, Reed rend encore hommage à l’artiste dès qu’il en a l’occasion, le considérant à jamais comme son mentor. Au final, nous n’aurions probablement jamais eu l’occasion de pouvoir entendre cette superbe chanson s’ils ne s’étaient pas un jour croisés…

La Silver Factory n’existe plus, Warhol s’en allé mettre le souk au Paradis (ou en Enfer ?) et le Velvet Underground est maintenant depuis longtemps six pieds sous terre mais il nous restera toujours au moins de cette époque « Walk On The Wild Side ». Thanks Lou !



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