lundi 28 novembre 2011

L'histoire de... "For What It's Worth" (Buffalo Springfield, 1967)

Des chansons de protestations, on en trouve treize à la douzaine et « For What It’s Worth » est l’une d’entre elles, une des plus belles mélodieusement parlant. Sortie en janvier 1967, la chanson de Buffalo Springfield est écrite à une période où la colère gronde parmi la jeune génération. En effet, beaucoup protestent contre cette guerre du Vietnam qui n’en finit pas… La chanson deviendra un des hymnes de cette protestation massive. Et pourtant, lorsque Stephen Stills écrit cette chanson, ce n’est pas suite à une réflexion personnelle vis-à-vis du conflit vietnamien mais plutôt pour illustrer un événement bien précis qui s’est tenu à Los Angeles.

Dans les 60ies, certains promoteurs de clubs ont vite réalisé que les adolescents représentaient un public lucratif. Bien sûr, l’application de l’interdiction de servir de l’alcool à des moins de 21 ans était déjà en vigueur mais le nombre élevé de jeunes gens rééquilibrait la donne en termes financiers.

A l’époque, Sunset Strip est connu pour ces clubs dans lesquels se produisaient de jeunes groupes… Parmi eux, le « Whisky A Go Go » et le « Pandora’s Box ».
Le premier est célèbre pour être à l’origine des fameuses go-go girls dansant dans des cages suspendues au plafond. Le public a aussi pu y savourer les prestations d’artistes tels que The Rory Gallagher Band, The Kinks, The Turtles, The Byrds ou encore un tout jeune groupe devenu aujourd’hui mythique : The Doors.


Le « Pandora’s Box » a lui aussi sa petite histoire.
Le club était situé au croisement de trois axes routiers fort fréquentés et lorsque les jeunes venaient au club, beaucoup d’entre eux restaient à l’extérieur, provoquant ainsi embouteillages et nuisances qui n’étaient pas au goût des habitants du quartier. Ces derniers ont fait pression sur les politiques afin que l’on impose un couvre-feu à 22h, voire même pour que l’on ferme les clubs. Ces manœuvres ont été vues par ces fans de musique comme une atteinte à leurs droits civils.
Le samedi 12 novembre 1966, des flyers sont distribués aux alentours afin d’organiser une manifestation pacifiste plus tard dans la journée, le point de ralliement étant le « Pandora’s Box ».


Pas loin d’un millier de personnes se présenteront, chantant sous l’œil de policiers. Parmi eux, Peter Fonda et un jeune Jack Nicholson. Malheureusement, pour une raison qui reste encore inconnue à ce jour, la manifestation prendra une tournure moins sage et pas loin de 200 arrestations seront effectuées, la principale cible des policiers étant ces « mineurs d’âge aux cheveux longs, aux pantalons larges et aux T-shirts délavés », ceux que l’on appelait alors les hippies. Malgré tout, les manifestants continueront leurs actions au cours des deux mois suivants, mettant en avant cette simple envie de vouloir passer un bon moment avec leurs amis à écouter de bons groupes… Cela n’empêchera pas la fermeture de plusieurs clubs…
Stephen Stills s’inspirera de cet événement pour écrire « For What It’s Worth »… Quand on sait ce qui précède, la chanson prend définitivement un autre sens : ces jeunes incompris qui disent ce qu’ils pensent (« Young people speaking their minds
Getting so much resistance from behind »), venus en masse et revendiquant cet amour de la musique (« A thousand people in the street, Singing songs and carrying signs ») face à des policiers pas forcément très ouverts à cette nouvelle génération et sa mentalité (« You step out of line, the man come and take you away »)…

Le « Whisky A Go Go » existe encore à ce jour : le 11 novembre dernier, les membres originaux de Black Sabbath y annonçaient leur réunion et la sortie d’un album courant 2012.
Le « Pandora’s Box » n’a pas eu autant de chance : bien que Sonny Bono et Cher soient venus soutenir les manifestants en chantant au club fin 66, le bâtiment est détruit le 3 août 1967, emportant avec lui une petite partie de l’Histoire de la Musique… mais en ayant donné naissance à cette chanson.


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