mercredi 8 janvier 2020

L’histoire de… Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey (The Beatles, 1968)



Morale du jour : quand, finalement, toutes les opportunités sont bonnes de rester encore un peu à Londres… et de découvrir que les Beatles ont eu un peu de Belgique dans leur monde.

Retour des vacances et reprise des ptis défis « Bagarre du soir » de l'émission Entrez Sans Frapper de la Première ! Hier, impossible de m’y coller puisque je promenais mes godasses entre Londres et Liège au moment où j’écris habituellement. Week-end passé dans un quartier un peu bizarre où un oiseau s’est mis à chanter… à minuit. La dernière nuit, une oie s’est même jointe à lui pour un concerto privé. Et encore, je ne vous parle même pas de la musaraigne qui s’était retrouvée piégée dans l’appart et me regardait du bout du couloir avec un air de « tu veux bien m’ouvrir la porte du jardin que je m’en aille » ? L’ingrate est partie sans même un regard en arrière… Manquait plus qu’un renard qu’on croise habituellement dans la ville le soir ! (Je vous jure, rien n’est inventé… et… non,  je n’ai pas logé au zoo de Londres !) Alors évidemment, quand dans les questions du jour tu as « Quelle est la plus chanson d’un artiste portant un nom d’animal », tu sais que tu dois choisir celle-là.

Premier réflexe : Me And My Monkey de Robbie Williams! Parce que la chanson écrite par Williams sur un défi lancé par un inconnue au bord d’une piscine qui lui avait donné les mots « monkey » et « rollerblades » pour écrire une chanson, elle est bien pêchue, quand même ! D’ailleurs, qui aurait pu croire que le singe inspire autant les artistes: George Michael (Monkey, 1987), Beastie Boys (Brass Monkey, 2000), les Stones (Monkey Man, 1969), Elvis Presley (Too Much Monkey Business, 1956), Peter Gabriel (Shock the Monkey, 1982), les Pixies (Monkey Gone to Heaven, 1989), Black Eyed Peas (Shake Your Monkey, 2005)…

Y a pas que les singes d’ailleurs… Eye of the TigerThe Lion Sleeps TonightCats in the CradleThis Here GiraffeCat Size, Black Cat… voire les deux merveilleux instrumentaux de Mancini, The Pink Panther et Baby Elephant Walk.

Mais au fait, à la relire… elle est équivoque cette question ! On parle d’une chanson avec un animal dans le titre ou d’un artiste qui porte le nom d’un animal ?! Oh qu’importe, on va faire les deux d’un coup et on va rester avec le singe avec Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey des Scarabées. Euhhh, des Beatles, je voulais dire.



Mis à part la particularité d’être la chanson des gars de Liverpool au titre le plus long de leur carrière, elle fait partie du célèbre album The Beatles, plus connu sous le nom de The White Album, pour sa couverture quasi entièrement blanche, violent contraste avec celle l’album précédent, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.

Cet album marque un tournant dans l’histoire de la carrière des Beatles puisqu’il est considéré comme celui de la discorde. Autant entre les membres du groupe que dans leurs vies personnelles, c’est un peu… rock and roll. Et justement, c’est ce son rock qui fait sa réapparition sur certains morceaux de cet album avec Back in the USSR ou Helter Skelter, par exemple.

On pourrait voir dans cette cover une page blanche pour mieux recommencer une relation à zéro mais dans le contexte de l’époque, il s’agissait plutôt d’une représentation d’une absence de relation. Richard Hamilton, l’artiste, a cependant eu l’idée d’ajouter une touche « collector » aux couvertures puisque les premiers pressages comportaient le nom du groupe en surimpression et étaient numérotés. Les quatre premiers numéros (0000001 à 0000004) ont été donnés aux Beatles. 


Pour ce White Album, chaque Beatle appporte du sien, mais souvent séparément. Elle est loin la fusion Lennon-McCartney ! De plus, Harrison et Starr décident de montrer qu’ils savent aussi écrire des chansons (avec While My Guitar Gently Weeps, notamment). Autant dire que George Martin a du fil à retordre pour arriver à mener à bien le projet. Qu’à cela ne tienne, plutôt que de froisser les susceptibilités et de se priver d’excellents morceaux, cet opus se transforme en double album. Au lieu des 13-14 chansons habituelles, les fans ont donc la chance de pouvoir écouter 30 morceaux de leurs idoles. Pourtant, certains morceaux, enregistrés durant ces sessions, seront écartés : ce sera par exemple le cas de Hey Jude que les Fab Four ont voulu dès le départ utiliser comme single isolé. Avec la puissance qu’on connait aujourd’hui à ce morceau qui reste un des plus forts lorsque McCartney l’interprète en concert.


Et là… j’en reviens à la question de l’émission, parce que cet album, c’est une vraie ménagerie ! Sur les 30 chansons, 13 mentionnent des animaux : des oiseaux (Dear Prudence et Blackbird), un morse (Glass Onion), un tigre et un éléphant (The Continuing Story of Bungalow Bill), un lézard (Happiness Is A Warm Gun), des cochons (Piggies), un raton-laveur (Rocky Raccoon), un coquillage (Julia), un aigle et un ver de terre (Yer Blues), un oiseau et une abeille (Cry Baby Cry) et des chiens, des oiseaux et des poissons (Revolution 9). Si Martha My Dear ne mentionne pas d’animal, c’est pourtant bien une chanson qui en parle puisque Martha, c’était la chienne Bobtail de Macca.

Cela fait donc 12 chansons. La treizième est Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey mais ne parle pas tout à fait d’un singe. Dans un premier temps, Paul, George et Ringo pensent qu’il s’agit d’une référence à la drogue. A l’époque, Lennon s’est mis à l’héroïne et a donc connaissance du jargon (notamment du terme « monkey »), qui échappe complètement aux trois autres. Heureusement, Lennon finit par abandonner cette drogue pour revenir à des opiacées moins dangereuses. L’origine de la chanson est tout autre : à l’époque, Lennon tombe sur une caricature qui montre Yoko Ono avec des traits simiesques, en train de grimper sur le dos de son amoureux. Furieux, Lennon retourne la situation et donne ce surnom à Yoko, de manière affectueuse. La chanson parle tout simplement de lui et de Yoko et de leur amour profond, que personne ne semblait comprendre. Il faut dire que la présence quasi permanente de l’artiste en studio – qui donnera naissance à The Continuing Story of Bungalow Bill - pouvait passablement énerver l’équipe, ce dont Lennon n’avait clairement rien à f…

Si entre John et Yoko, la relation a toujours été fusionnelle, au point d’irriter autant les autres Beatles que les fans du groupe, leur première rencontre s’est pourtant soldée par une Yoko Ono qui aurait bien arraché les yeux de John Lennon. En automne 1966, l’artiste avant-gardiste expose ses œuvres et John Lennon vient voir l’exposition. Ayant toujours quelques facéties en stock, il s’amuse avec différentes œuvres de la jeune femme, notamment une pomme posée sur un socle en plexiglas. Il reste abasourdi par le fait que l’on vende 200 Livres une œuvre que l’on va juste regarder se dégrader avec le temps. Il décide d’y apporter sa touche personnelle, attrape la pomme et… croque dedans avant de la reposer sur le socle, déclenchant la fureur de Yoko Ono. Cet pomme était… une Granny Smith.

Coïncidence, The White Album est le premier sorti sous le label Apple Records, créé par les Beatles en 1968 dont le logo est… une Granny Smith. Le choix de cette pomme vient-il justement de cette anecdote entre John et Yoko? Eh oh… faut pas déconner, quand même ! Nenni ! Ce logo Apple s’inspire… de la Belgique et, plus particulièrement, d’un de nos peintres. A savoir Magritte. Dans les sixties, McCartney craque pour l’art de notre compatriote et veut faire l’acquisition de l’une de ses œuvres, qui sont alors nettement meilleur marché que maintenant. Il en parle à un ami qui tient une galerie d’art. Ce dernier passe un jour chez Paul et dépose le tableau Le Jeu de Mourrre sur une table avant de filer et de laisser Paul découvrir la belle surprise. A ma connaissance, Paul McCartney est encore aujourd’hui en possession du tableau représentant une pomme verte où Magritte a écrit « Au revoir ». Comme celui que les membres des Beatles se diront un beau jour d’avril 1970 lorsque McCartney annonce qu’il quitte officiellement le groupe…

Et pour l'émission du jour, c'est ici

Martha le chien, Paul le Beatle et Magritte et sa pomme





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire