samedi 6 avril 2013

Saule - Géant (2012)

Très cher Baptiste (ou Saule, professionnellement parlant…),

Ecrire une chronique sur un album n’est pas chose facile : il faut trouver la forme et y mettre les formes. Pour exprimer ce qu’on y a aimé, ce qu’on n’y a ptèt pas aimé aussi. J’en parlais la semaine dernière avec Thomas, un ami musicien, et nous étions d’accord sur une chose : nous trouvions tous deux parfaitement inutile d’écrire pour le plaisir de « démolir » un artiste. Quelle perte de temps que de déverser sa haine (ou sa… jalousie ?) au fil de paragraphes trempés dans de l’acide sulfurique.

Bon… tu te douteras dès lors que si je m’adresse à toi, c’est que je vais parler de toi. Enfin… de ton album, plutôt. Et tu dois déjà te douter que si j’ai décidé d’en parler avec toi, c’est que ça ne va pas trop mal se passer… Et je pense que tu n’imagines pas à quel point…

Sache déjà que tu as réussi un sacré exploit : celui de me rendre complètement accro à un album… francophone. Depuis des années, je me suis fortement éloignée de la musique francophone. Oui, certes, il existe des auteurs-compositeurs qui écrivent de superbes paroles mais… il me semble toujours qu’il manque un petit quelque chose aux mélodies pour rendre ces chansons attirantes. Et là… avec ton « Géant », ça a marché : il y a un quelque chose qui a fait que j’ai aimé. Chaque chanson. Oui, oui, CHA-QUE chanson. Et pourtant, question musicalité, il est varié, ton album mais… ça marche. Je ne peux même pas dire que c’est dû à la « Winston-touch » puisque je ne connais finalement de Charlie que la chanson qui l’a fait connaître. Par contre, et ça, c’est toi qui en seras responsable : une fois que j’aurais réussi à décrocher de ton album, je compte bien me pencher sur ceux de M’sieur Winston.

J’ai acheté « Géant » un jour où ça n’allait pas trop : bad day au boulot. Ca arrive… mais quand tu ramènes les nuages noirs chez toi, c’est pas génial. J’en étais à essayer de chasser ces nuages en balayant les mains au-dessus de ma tête quand j’ai glissé ton album dans mon lecteur. En aléatoire, la première plage qu’il m’a donné, c’est…. « Le Bon Gros Géant ». Evidemment, dès le premier couplet, la mélodie bon enfant et les paroles m’ont fait sourire : quand on te « connait » un peu, ces paroles ont réellement tout leur sens et ça rend cette chanson très sincère… Et lorsque je t’ai entendu lâcher « Le bon gros géant vous emmerde », j’ai éclaté de rire ! Ah comme je te comprends, tu sais. Toi, t’es un… bon gros géant et moi, j’ai toujours été minuscule et, étant enfant, je portais des lunettes. Alors, les remarques crétines du type « eh la naine aux binocles » dans la cour de récré, je connais bien… Et effectivement, comme tu l’écris/le chantes si bien « à mesure que le temps passe, on accepte sa foutue carcasse ». On est comme on est, tant pis, que le reste du monde fasse avec…

Tu en as abordé des sujets avec ta plume : certains sont légers et plein d’entrain, d’autres sont plus graves et tendres à la fois… Tu parles bien de la Vie, je trouve. Sur des sujets que nous connaissons (ou pourrions connaître) tous. Avec des mots simples mais efficaces. Qui poussent un peu plus à la réflexion. 

Dans « Home Sweet Home », tu abordes la Vie et son but… A-t-on assez de temps pour vivre « tout » sur cette terre ? Va savoir… mais comme tu nous le dit aussi, une fois que l’on sait ce que l’on veut, on voit la Vie autrement. Une fois que l’on a réalisé qu’il vaut mieux vivre sa vie plutôt que de se poser trop de questions à son sujet aussi, d’ailleurs.
Au passage, elle est sympa, la vidéo tournée pour cette chanson dans… un jardin. Pensais-tu à celui-là lorsque tu as écris la chanson ? Je ne pense pas… mais n’en parlons pas, il faut savoir garder son… jardin secret, n’est-ce-pas ?

 
  

« Mieux Nous Aimer Encore »… Superbe état de fait : on est plus fort à deux que seul… pour autant que l’on puisse compter sur… l’autre. Comme l’on dit ici « tant qu’on s’a, tout va ». Tiens… je la réécoute à l’instant en écrivant ces lignes et… je réalise qu’on peut la lire à deux niveaux : le titre parle d’amour et j’ai d’abord interprété ta chanson comme une déclaration à ta tendre moitié mais… maintenant que j’y pense, tes paroles pourraient tout aussi bien s’adresser à… n’importe qui. Une chanson sur les relations humaines en général où l’on vivrait beaucoup mieux si on ne passait pas notre temps chacun dans notre coin. Avais-tu réalisé cette possible dualité, dis ?

Que dire de « Dusty Men » ? Et bien, c’est la chanson qui m’a donné envie d’en découvrir plus… Ah bon sang, elle a du groove, celle-là ! Très difficile de ne pas chanter avec vous sur le refrain… voire même en tapant dans les mains en rythme. Quelle belle interaction entre Charlie et toi : on ressent vraiment cette belle complicité et cela fait plaisir de voir des artistes qui s’entendent aussi bien… La langue est différente mais ça n’empêche en rien la complémentarité de vos voix, meilleure preuve que finalement, la musique se fiche bien volontiers d’une nationalité et qu’une fois qu’on a des notes de musique, on peut faire passer beaucoup de choses. Et… au vu du succès que rencontre la chanson pour l’instant en France (j’vous vois partout, les garçons !), je pense que vous êtes loin de devenir des « Dusty Men ». Ce n’est pas ce que je vous souhaite en tout cas…

 
  

« Chanteur Bio »… alors celle-là, c’est que du bonheur ! Et c’est celle qu’il faut dans la setlist chaque soir où tu joues. Parce que, d’abord, elle donne la pêche… Parce qu’ensuite, quand on écrit une chanson où on donne à un public l’occasion de te renvoyer les trois lettres que sont « B », « I » et « O », faudrait pas s’en priver, hein ?
Tu l’as apparemment écrite après avoir déclenché autour de toi un ram dam pas possible quand tu as annoncé que tu te mettais à la nourriture bio. Très « naturellement » (bio oblige), tu te détournes gentiment de la nourriture pour te diriger vers ce qui nous occupe ici et tu veux que je te dise ? Si tu veux bien enfiler la cape de « Super Bio(man ?) » et si tu as besoin d’un coup de pouce, y a qu’à demander, j’arrive... 
 
 

Tu veux savoir ce que j’aime dans « Un Type Normal » et qui la différencie singulièrement de « Le Bon Gros Géant » ? C’est que dans celle-là, n’importe qui peut s’y retrouver… On trouve toujours  à redire sur nous, on n’est jamais vraiment contents de nous et de ce que nous sommes : les filles aux cheveux raides veulent des cheveux bouclés, les bruns aux yeux bruns voudraient des yeux verts… On ne se trouve jamais parfaits et, ça tombe bien, parce qu’on ne l’est pas. Dans l’absolu, c’est vrai qu’on est juste… des gens normaux quoi. Bon OK, il y a ptèt bien des exceptions… Tiens, tu nous en feras une chanson pour ton prochain album.
J’avoue avoir adoré le couplet sur les abonnements, tellement vrai et bien observé (et/ou vécu, dis-moi ?).

« Rien Que Pour Soi » me parle bien, tu sais… Dans ce monde où tout va toujours trop vite et où nous sommes parfois soumis à de fortes pressions, dieu sait que cela fait du bien de s’accorder des moments pour soi, quitte à s’enfuir dans son petit monde… qu’il soit réel ou tout simplement dans notre tête. 

Par contre, quel moment bouleversant que cette « It’s Just A Song » ! Tu abordes là un thème difficile mais qui reste pourtant, à notre époque, une réalité à laquelle certains doivent faire face. Des moments difficiles et une chanson probablement pas facile à écrire de base car on a toujours l’impression qu’on n’a pas les bons mots pour en parler. Voire même qu’on n’a pas le droit d’en parler puisque l’on ne peut pas comprendre si on n’a pas vécu la situation… Et pourtant, Baptiste, tu l’as fort bien fait… en toute simplicité. Et en toute beauté. 

Oooouh que d’aventures dans « L’Inventaire » ! Et le tout sur un sacré rythme… Ereintante, la vie, dis donc ! Cette chanson me plait parce que, vois-tu, elle me fait penser à la vie de certaines de mes connaissances. Tu as su observer avec finesse l’évolution d’une relation amoureuse au fil du temps. Toi comme moi connaissons l’issue finale de la chanson mais chuuuutttt… cachons-là à ceux qui liraient ces lignes et invitons-les à découvrir par eux-mêmes cette histoire palpitante.

« Vieux » m’a… émue. Beaucoup. Trop. Et encore plus à chaque fois que je l’écoute. Pour un ensemble de choses. Ta façon de la chanter, ce petit riff de guitare absolument enivrant pendant que tu chantes le refrain et juste après, avant que tu n’entames le couplet suivant et… ces paroles. Tu exprimes tout ce qui sera perdu un jour et pourtant, à t’entendre nous le dire, je n’arrive pas à en éprouver de la tristesse. Probablement parce que ta chanson est tellement « juste » belle qu’elle permet d’accepter l’inéluctable.
Tu ne le sais pas mais au moment où j'écris ces lignes, je suis dans un car, en route vers l’Allemagne, cernée par des collègues et quarante-deux ados. Pour me mettre dans le « bain » et trouver les mots et les émotions, j’écoutais « Géant ». Et là, avec « Vieux », j’ai l’air d’une parfaite idiote à essayer de dissimuler un tant soit peu mon émotion aux gens qui m'entourent. Parce que, Baptiste, sache une chose : il n’y a pas que le ciel qui fait briller nos yeux. Parfois aussi, une chanson suffit. Si tu vois ce que je veux dire…
 

 

Les gens qui liraient cet article vont probablement se dire que j’ai tout dit et que je ne laisse aucune surprise mais… que nenni ! Parce que parler de chansons et de musique, c’est une chose mais les écouter, c’est autre chose. Ecouter des chansons, c’est personnel… C’est les « vivre » aussi, les prendre de plein fouet dans la figure, comme une claque ou une caresse selon l’émotion ressentie… J’ai ressenti de tout en écoutant ta jolie voix donner vie aux mots que tu avais posé sur papier : j’ai ri sur « Le bon Gros Géant », j’ai dansé sur « Dusty Men », j’ai tapé dans les mains sur « Mieux Nous Aimer » et tapé du pied sur « Chanteur bio », j’ai chanté aussi (évidemment !) sur… quasi toutes les chansons, et j’ai pleuré… Ah la vache, t’as bien réussi ton coup, gentil géant ! Tu m’as eue comme une bleue !

Enfin bleue… Me semble que la couleur qui prédomine dans ton « Géant » reste tout de même le vert. Dans les paroles (« géant vert », « herbe verte », « vieillir  au vert ») mais aussi graphiquement parlant. En ayant acheté l’album sur iTunes, c’est un peu galère pour apprécier tout le détail de cette couverture. Une fois le vrai CD en main, c’est autre chose : elle est vraiment très chouette, cette pochette. Pas besoin de se demander quel arbre y est représenté, évidemment… Pas besoin non plus de se poser de questions sur l’identité de l’ombre que l’on y voit… Chapeau bas à Mickaël Leduc pour ce discret mais savant et efficace « mélange » visuel qui permet autant d’apprécier la pochette à bout de bras que le nez collé dessus… 

 

Bon… faut quand même pas oublier « THE team ». Parce que OK, tu avais déjà un bon producteur qui a su mettre en valeur tes écrits et tes mélodies et qui t’a également poussé à avoir un peu plus confiance en toi vocalement (c’est toi qui l’a dit, ça… c’est pas moi !). Mais sur ce coup-là, tu as aussi su t’entourer d’une sacrée équipe de musiciens qui a apporté une sacrée saveur à la table du « Géant »! Je compte sur toi pour féliciter tout ce beau monde à l’occasion…
 
Je me réjouis de vous voir – ou à tout le moins une partie d’entre vous – sur la scène de l’Ancienne Belgique en novembre prochain. Parce que oui, Baptiste, tu ne t’es pas contenté de me réconcilier plus ou moins avec la chanson francophone : tu as tellement bien réussi ton coup avec ton album qu’il ne m’a pas fallu vingt-quatre heures après ma première écoute pour vouloir vous voir, toi et tes musiciens, en « vrai » et ainsi donc réserver ma place.
Tiens, justement, en parlant de se voir « en vrai »… J’ose espérer que tu ne m’en voudras pas de t’avoir tutoyé dans cette lettre : nous ne sommes guère plus vieux l’un que l’autre et, après tout, nous nous sommes déjà rencontrés… Un jour de février 2012, au Cirque Royal. Ce soir-là, ce n’était pas toi sur scène mais un groupe anglais du nom de Kasabian. Tu ne t’en souviens probablement pas mais mon ptit corps d’un mètre soixante, pourtant habitué à être regardé de haut, a eu un réflexe (malheureux !) de frayeur face à tes exceptionnels deux mètres suivi d’un autre réflexe complètement idiot de te lâcher « ah ben mince, c’est vrai que vous êtes vachement grand ! ». Toi, tu t’es contenté de sourire, sans même avoir l’air fâché ou lassé… alors que je venais de te balancer une évidence que tu avais du tellement entendre depuis des années. Sans être une fan (ben oui, je l’avoue…), c’était un chouette moment dans ma « ptite » (forcément !) vie que de te croiser. Tu m’as laissé l’impression d‘être un chouette type qui ne se prenait pas trop la tête et qui n’avait pas… la grosse tête, justement. Et ça, c’est quelque chose que j’apprécie chez un artiste… Que j’aime ou pas sa musique, ces artistes auront au moins toujours mon respect et pourra toujours compter sur moi pour ne jamais en dire que du bien.
 
Mince alors, j’ai oublié de parler de « L’Economie des Mots »… Eeuuhh, mmmm… J’en suis à neuf pages, tu m’en veux ? Mais bon, tu sais aussi, on dit que « quand on aime, on ne compte pas »… J’ai pas compté les mots de cet article, ça doit vouloir dire quelque chose à mon avis…
 
Une dernière constatation assez amusante et je te fiche la paix… Saule et Sauve, c'est la même chose à une lettre près... Le jour où j'ai décidé d’écouter ton album... c'est un peu cela qui s'est passé... Parce qu’au milieu de la soirée, j’ai levé la tête et tu sais, ces nuages noirs dont je parlais au début ? Et ben… disparus ! Alors… MER-CI, mon brave Baptiste ! Maintenant, va juste falloir que je trouve le moyen de décrocher de l’album. Pas gagné… Mais je vais y arriver. Enfin… j’espère ! ;p)
 
Allez… j’me la refais, mais en version « live qui en jette un max »…  
 

 

Tracklist :

Home Sweet Home
Mieux Nous Aimer
Dusty Men (Feat. Charlie Winston)
Chanteur Bio
Type Normal
Rien Que Pour Soi
Le Bon Gros Géant
It’s Just A Song
L’Economie des Mots
L’Inventaire
Vieux

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