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dimanche 6 septembre 2020

Three Kings – The Old Vic (05/09/2020) FRENCH

W.A.W. Non mais, waw quoi ! Quel paquet d’émotions en pleine tronche ce soir, mes amis… 

Chez nous, en France, en Angleterre et dans de nombreux autres pays, la vie est difficile pour le monde artistique et la culture en général... 

À Londres, le West End est fermé depuis maintenant plusieurs mois et connaît la période la plus difficile de son histoire. Certains théâtres bénéficient d’un peu d’aide mais pas tous. Alors, pour survivre, il faut trouver des solutions. En faisant par exemple usage des techniques modernes de communication. 

Ainsi, l’Old Vic, situé à une quinzaine de minutes à pied du National Theatre, a créé une nouvelle série de pièces baptisées On Camera. Tout est dans le nom : le public achète sa place en ligne et reçoit un lien qui lui permet d’assister à la pièce via Zoom. Certes, cela ne vaut pas l’ambiance, l’odeur et l'agréable staff de la salle de la vieille bicentenaire mais c’est une façon comme une autre de retourner dans un lieu qui me manque. Et de retrouver un comédien pour lequel j’ai une affection toute particulière. 

Prévue au départ pour le mois d’août, Three Kings, écrite pour être interprétée par Andrew Scott, a été reportée suite à l’hospitalisation du comédien.  La patience est une vertu qui apporte bon nombre de récompenses. Ce fut définitivement le cas ici. 

Bien sûr, je me dois d’être honnête avec vous dès le départ. Ceux qui me connaissent savent très bien que je suis à présent capable de fort peu d’objectivité lorsque j’évoque Andrew Scott. Découvert comme bon nombre dans la série Sherlock, c’est suite à une rencontre inattendue que j’ai découvert son monde théâtral. L’énorme tendresse que je ressens toujours aujourd’hui pour The Dazzle (2015), jouée au défunt Found111, a créé une forme de contrat avec Scott : tu vas sur scène, je débarque de Belgique… Hamlet (2017) Sea Wall (2018), Present Laughter (2019) démontre à elles seules, avec leurs univers tellement différents, le « spectre » (oui, oui, c’est un jeu de mots volontairement choisi) théâtral de l’Irlandais.   

Three Kings est un seul en scène qui aborde les relations père-fils, dans toute leur complexité. La pièce se divise en trois actes, présentant plusieurs moments dans la vie de Patrick, le héros de l’histoire : l’enfance, où il rencontre son père pour la première fois, qui le met face à un défi à réaliser avec trois pièces, trois… Rois ; l’âge adulte, où il apprend la mort de son père par une de ses connaissances et, dans le dernier chapitre, la rencontre avec son demi-frère… Chaque volet de l’histoire apporte son lot de surprises, de désillusions et de conséquences sur la vie et la personnalité du notre personnage central. 


The Three Kings game...


La pièce montre la Vie sous un des aspects les plus durs : un enfant qui rencontre un père qu’il imagine affectueux dès leurs retrouvailles mais qui, au final, se soucie peu de ce fils qui s’avère être une épine dans le pied dont il faut vite se débarrasser pour s’enfuir loin. Le plus loin possible. Lorsque le fils arrive à le retrouver pour lui dire qu’il a réussi le défi des trois Rois, c’est une nouvelle déception qui l’attend. La suite ne sera finalement que claques en plein visage pour le jeune Patrick. 




Malgré un thème dont il est difficile de rire, quelques doses d’humour et de sarcasme viennent se glisser entre les lignes du texte écrit par Stephen Beresford, permettant au public de n’en apprécier que plus le moment passé avec Scott. 



Lors de l’heure passée en sa compagnie, l’Irlandais exprime différentes émotions liées aux événements. Dans le premier volet, son regard et ses postures donnent naissance à l’enfant qu’il doit être. Par la suite, on le verra successivement nous offrir un Patrick surpris, déçu, fâché… On le verra aussi donner naissance à d’autres personnages, pour créer les échanges que Patrick a avec eux. Il sera le seul « ami » de son père, il sera Trisha, tenancière d’un bar ayant bien connu son père ; il sera son demi-frère qui, nouvelle claque, porte le même prénom que lui, comme si son père avait voulu oublier jusqu’à son existence... Au bout du compte, notre héros finira la pièce à fleur de peau. Comme moi. Qui aura vécu cette heure à du 200%. 




Comme évoqué plus haut, le confinement des théâtres a obligé ces derniers à être inventifs. Matthew Warchus, directeur artistique de l’Old Vic depuis 2015 et metteur en scène de Three Kings, a donc ici dû oublier toute mise en scène classique et trouver un moyen d’atteindre son public de manière différente. Andrew Scott est ainsi sur la scène de l’Old Vic mais, probablement pour la seule fois de notre vie, nous sommes avec lui sur cette scène et voyons en arrière-plan… les sièges de la salle, tous vides. Comme pour nous rappeler un bref moment le désastre culturel qui est en train de se jouer depuis plusieurs mois. Trois angles de caméra pour trois périodes différents. Pour trois rois. 



Matthew Warchus nous accueille à l'Old Vic...


Trois Rois qu’ont été Andrew Scott, pour sa magistrale interprétation ; Stephen Beresford, pour la justesse et l’équilibre parfait de son écriture et Matthew Warchus, pour le défi de mise en scène à coups de caméras et de connexions à distance relevé haut la main. Après Pride, superbe film sorti en 2014, il était agréable de retrouver ces trois-là sur un projet. Nul doute qu’ils arriveront à se retrouver pour de nouvelles aventures, dont je me réjouis déjà. 



Il y a deux jours, Andrew Scott était interviewé par Dermot O’Leary sur la scène de l’Old Vic à propos de sa vie de comédien, du théâtre, de Three Kings et de cette période un peu particulière que nous traversons. Il a notamment dit que « c’est au théâtre que l’on éprouve des frissons » et que « nous comptons sur l’art pour nous garder en vie » et qu’il trouvait extraordinaire que, malgré la pandémie, cette pièce démontrait qu’ « il y a une forme de communauté, même si nous sommes éloignés ». Il ne pouvait pas taper plus juste puisque pour ces cinq représentations, des habitants de 72 pays se sont connectés à leur PC, leur télévision, leur tablette... pour y assister. 


Dermot O'Leary et Andrew Scott


Le théâtre est une famille pour ses comédiens. Elle l’est aussi pour ceux qui aiment s’installer dans les sièges de ces théâtres pour y vivre des émotions. Comme Patrick l’a expérimenté, l’alchimie familiale fonctionne parfois de manière mystérieuse… Mais pour moi, ce soir, l’alchimie familiale Scott-Beresford-Warchus était belle et bien là, sur scène, dans toute sa splendeur. Merci messieurs ! 

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L’Old Vic est un théâtre qui ne bénéficie pas de subsides du gouvernement anglais. Les ventes de billets sont donc leur principal revenu pour donner vie aux pièces mais également pour payer leur personnel, entretenir le bâtiment et travailler sur des projets avec la jeunesse et la communauté théâtrale. Pour faire une donation, il vous suffit de cliquer ICI. 

Bien entendu, la situation est tout aussi problématique pour de nombreux théâtres, centres culturels, ASBLs… dans d’autres pays. N’hésitez donc pas à aider ces derniers si vous le pouvez, si vous le souhaiter. Chaque Euros, chaque Livres Sterling, chaque petite pièce peut faire une différence...


Images : © The Old Vic, 2020

 

Three Kings – The Old Vic (05/09/2020) ENGLISH

W.O.W. No I mean, really… WOW! Tonight was quite me receiving a bundle of emotions right in the face, my friends... 

Right now in Belgium, France, England and many other countries, it currently is a difficult time for the artistic world and culture in general... 

In London, the West End has now been closed for several months and is going through the most difficult period of its entire history. Some theaters get little help from government, but not all of them. In order to survive, these have to find solutions. Using modern communication is one of those. 

For example, The Old Vic, based at a 15-minute walk from the National Theater, has worked on a new creation called On Camera. The name says it all: people buy their ticket online and receive a link allowing them to watch the performance via Zoom. Of course, the atmosphere, smell and friendly staff of the old bicentennial venue is missing, but it’s just another and different way for me to come back to a place I miss. And another chance to see an actor for whom I have a very special affection perform again. 

Originally scheduled in August, Three Kings, written especially for Andrew Scott, has been postponed following the comedian’s hospitalization. Patience is a virtue that brings many rewards. This was definitely what happened here. 

Of course, I have to be honest with you from the very start. Those who know me well know that I am showing very little impartiality when it comes to Andrew Scott. I discovered him, like many of you, in the Sherlock series but it was after an surprising encounter that I found out about his theatrical world. The enormous tenderness I still feel today for The Dazzle (2015), played in the late Found111, gave birth to a form of contract with Scott: you go on stage, I leave Belgium for a London stay… Hamlet (2017) Sea Wall (2018), Present Laughter (2019) are pretty good demonstrations, with their very different universes, of the Irishman’s theatrical “spectre-um” (yes, it's a very deliberate pun…) 

Three Kings is a one-man play about father-son relationships, in all their complexity. The play is divided into multiple acts, presenting several moments in the life of Patrick, the main character of the story : childhood, where he meets his father for the first time, presenting him with a challenge to accomplish with three coins, three… Kings; adulthood, where he learns of his father's death from one of his acquaintances and, in the last chapter, a meeting with his half-brother… Each part of the story brings its surprises, disillusions and consequences on the life and personality of our central character. 

The Three Kings challenge... 


The play shows Life’s harshest sides: a child meeting a father for the first time for an - he thinks - affectionate conversation but who, in the end, cares little for this son who he sees as a thorn in his side he wants to get rid of quickly in order to run away. As far as he can. When his son phones him to say that he has find out about the Three Kings riddle, yet another disappointment awaits him. Resulting ultimately in a few slaps in the face for young Patrick. Again. 



 

Despite a theme not easy to laugh at, Stephen Beresford provides a few lines of humor and sarcasm between the lines of his text, allowing the audience to appreciate even more this moment spent with Scott. 


 

For an hour, the Irishman goes through different emotions depending on the events. In the first part, his gaze and postures give birth to the child he has to be at that moment. Subsequently, he will successively offer us a surprised, disappointed, angry version of Patrick… We will also see him bring other characters into reality, in order to create the interactions Patrick has with them. He will be his father’s only "friend", he will be Trisha, a bar owner who has known her father well; he will be his half-brother whom, again a slap, he shares a same first name, as if his father had wanted to forget he even existed... In the end, our hero will end on a thin-skinned line. Like me. Who have immersed myself in this play fully and completely. 


 

As mentioned above, the theaters’ closure has forced them to be inventive. Matthew Warchus, artistic director of The Old Vic since 2015 and director of Three Kings, therefore had to forget about any classic staging and find a way to reach audiences differently. Andrew Scott is on the Old Vic stage but - probably for the only time in our lives - we are with him on stage and sometimes see, in the background, the venue’s seats… all empty. As if he wanted to remind us for a brief moment the cultural disaster the UK has now been experiencing for several months. Three camera angles for three different time periods. For three kings. 


Matthew Warchus welcoming us in the Old Vic 

Three Kings... Andrew Scott, with his masterful performance; Stephen Beresford, for the accuracy and perfect balance of his writing and Matthew Warchus for this successful challenge of directing with cameras and Zoom connexions have shown they truly are kings of their own. After working together on Pride - the definitely worth seeing 2014 film - it was nice to have these three working on a new project. I have faith they will work together again in the future. And looking forward to this next project. 


 

Two days ago, Andrew Scott was interviewed by Dermot O’Leary on the Old Vic stage about his life as an actor, theatre, Three Kings and this special period of time we are going through. He mentioned that "theatre is where the thrill is", that "we rely on art to keep us alive and thrive" and that he found it extraordinary that, despite the pandemic, "there's community even though we're all apart." He could not have been more right as people from 72 different countries connected their laptop, TV, smartphones… to attend to these five performances. 

 


Dermot O'Leary and Andrew Scott

 

For actors, theatre is another version of family. People sitting in all these theatre seats also feel like they belong to a family. As Patrick experienced, family chemistry sometimes works in mysterious ways… But tonight, I thought the Scott-Beresford-Warchus family chemistry was indeed very much present on stage in all its glory. "One can be touched and moved. One can be touched but not moved. One can’t be touched and moved. " I was touched. And I was moved. So… Thank you gentlemen!

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The Old Vic does not receive funding from the British government. Ticket sales are therefore their main income to offer new plays to audiences but also to pay their staff, support their projects with youth and their community and, basically, keep the building open. If you want to make a donation, all you need to do is click HERE.

 

Of course, the situation is just as problematic for many theaters, cultural centers, non-profit organizations... in other countries. So do not hesitate to help them if you can, if you wish to help. Every Euro, every Pound, every little coin can make a difference.

 

All pictures : © The Old Vic, 2020


mercredi 8 janvier 2020

L’histoire de... Clapton en mode pantouflard…


Dans les questions du jour de la séquence Bagarre dans la Discothèque d'Entrez Sans Frapper, on nous demandait la plus belle chanson qui évoque le plaisir d’être chez soi, en ce mois de janvier et après tous les excès des fêtes de fin d’année.

Plusieurs artistes sont certainement adéquats pour rester bien au chaud et au calme. Personnellement, je ne rechigne pas à l’une ou l’autre BO de Hans Zimmer, un bon Crowded House, voire un Knopfler, un Gilmour ou un BB King mais pour être honnête, pour être « bien », rien de tel qu’un Clapton. Plus précisément, les albums Pilgrim et Back Home, qui restent mes préférés du guitariste britannique. Le premier comporte notamment les bijoux Circus, Born in Time, Broken Hearted ou encore la superbe My Father’s Eyes. Comment résister ?





Dans la discographie de l’artiste, il en existe cependant une qui trouve sa source dans la maison. Ou plutôt dans le fait qu’il a failli ne jamais  sortir de son domicile pour aller là où l’attendait. En 1976, Eric Clapton, alors en couple avec Pattie Boyd, est invité par McCartney et Linda, son épouse, à une cérémonie d’hommage à Buddy Holly. Pattie ne sait pas comment s’habiller et se coiffer pour l’occasion et essaye la quasi entièreté de sa garde-robe, descendant à chaque essai pour montrer le résultat à son compagnon. Ce dernier donne à chaque fois la même réponse : « tu es superbe. Peut-on y aller maintenant ? »… avec pour seul résultat de la voir remonter pour un nouvel essayage. Blasé, Clapton attrape son instrument fétiche et passe le temps entre les différentes apparitions de Pattie. A la fin du défilé, Clapton a écrit une chanson, inspirée apr sa belle : « Wonderful Tonight ».



Il ne s’agit toutefois pas de la première chanson qu’il a écrit pour sa belle : Layla, l’héroïne de la chanson de Derek and the Dominos, c’est elle ! C’est également elle qui a inspiré, sur le même album, le titre Why Does Love Got To Be So Sad. A l’époque, Clapton est amoureux de la belle mais celle-ci est l’épouse d’un autre, à savoir un de ses plus proches amis… George Harrison. Elle refuse d’abord ses avances et le musicien encaisse mal le rejet et se console en prenant l’héroïne comme compagne. Pattie se laissera finalement séduire, notamment à cause des infidélités répétées du Beatles et entame une relation avec Clapton en 1974. Harrison n’en voudra d’ailleurs à aucun des deux puisqu’il acceptera de jouer à leur mariage et qu’il donnera à Clapton le surnom de « beau-mari ».
Le mariage Clapton-Boyd ne sera toutefois de tout repos : si Clapton a abandonné la drogue, il sombre doucement dans l’alcoolisme. De plus, le couple essaye à plusieurs reprises d’avoir un enfant, sans succès. La jeune femme fera d’ailleurs plusieurs fausses couches.

Le couple se séparera en 1988, après la révélation publique de la romance d’Eric avec la mannequin Lory Del Santo. Sa relation avec la jeune femme amènera le petit Connor dans la vie de Clapton, né en 1986. Le petit garçon est d’ailleurs à l’origine de la chanson Tears in Heaven. Ce morceau, co-écrit avec Will Jennings (qui écrira quelques années plus tard les paroles de la célèbre My Heart Will Go On), reste l’un des plus beaux de l’artiste en raison de son côté tragique puisqu’il évoque le décès accidentel de Connor, alors à peine âgé 4 ans. A partir de 2004, Clapton stoppera de la jouer en concert, expliquant qu’il n’en ressentait plus le besoin. En mai 2013, j’ai eu l’occasion de voir l’artiste au Royal Albert Hall et savait qu’il y avait donc aucune chance de l’avoir dans la setlist. Et pourtant… Une note, deux notes… et je l’ai reconnue de suite. Il s’est mis à la jouer. Et moi, je me suis mise à chialer comme une imbécile. Personnellement, Tears in Heaven reste une de ces chansons de Clapton qui me transpercent le cœur bien malgré moi. Dans des moments pareils, rien ne sert de lutter, faut se laisser aller…



Vous l’aurez compris ou vous le saviez déjà, Eric Clapton a donc connu un parcours de vie un peu compliqué. Né sans père en 1945, il a grandi dans une famille où on lui a fait croire pendant des années que ses grands-parents étaient ses parents. Celle qu’il considérait comme sa grande sœur était ainsi en réalité… sa propre mère. D’autres épisodes de vie, teinté de drogues, d’alcool et de cruelles désillusions auraient pu anéantir le merveilleux magicien qu’il est. Il fait pourtant partie de ces musiciens ont survécu à tout.

En 1998, il rencontre Melia McEnery, de 31 ans sa cadette, dont il tombe amoureux. Ils se marient en 2002 et de cette union naîtront 3 petites filles. Lorsque Melia est enceinte de Sophie, la petite dernière, Clapton a alors 59 ans. A ce moment-là, il travaille sur Back Home, un nouvel opus. Cet album, c’est tout bonnement l’illustration du bonheur. Il y parle de son bébé, de ce qu’il cherchait depuis longtemps et qu’il a enfin trouvé. Et mérité. Plus tout jeune et déjà une belle carrière derrière lui, il est clair qu’il souhaite voir grandir ses filles et passer un maximum de temps près d’elles. Alors, pour cette raison, c’est cet album qui est le plus beau pour du cocooning. En particulier la chanson-titre, Back Home.



Aujourd’hui, Eric Clapton tourne encore autour du monde mais plus autant que par le passé. Il continue aussi à sortir des albums. Aujourd’hui âgé de 74 ans, il souffre de soucis au niveau des nerfs, ce qui rend parfois douloureux le simple fait de jouer de la guitare. Il reconnait aussi connaître quelques problèmes d’auditions qui sont un sérieux handicap pour un musicien qui a appris à jouer d’oreille. J’ai eu la chance de voir Clapton 4 fois sur scène et n’hésiterai pas une seconde à le revoir une cinquième fois. Parce qu’il s’agit toujours d’un moment unique, où le voir interagir avec un sacré paquet de bons musiciens reste un vrai plaisir. Mais aussi parce qu’il s’est promis à lui-même qu’il arrêterait la scène dès qu’il aura le sentiment d’y être ridicule. Et sur ce point, je pense qu’on peut lui faire confiance. Après tout, quand le « God » de la musique te dit quelque chose et que ta religion, ce sont des notes de musique, tu le crois.

Pour l'émission du jour, c'est ici




L’histoire de… Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey (The Beatles, 1968)



Morale du jour : quand, finalement, toutes les opportunités sont bonnes de rester encore un peu à Londres… et de découvrir que les Beatles ont eu un peu de Belgique dans leur monde.

Retour des vacances et reprise des ptis défis « Bagarre du soir » de l'émission Entrez Sans Frapper de la Première ! Hier, impossible de m’y coller puisque je promenais mes godasses entre Londres et Liège au moment où j’écris habituellement. Week-end passé dans un quartier un peu bizarre où un oiseau s’est mis à chanter… à minuit. La dernière nuit, une oie s’est même jointe à lui pour un concerto privé. Et encore, je ne vous parle même pas de la musaraigne qui s’était retrouvée piégée dans l’appart et me regardait du bout du couloir avec un air de « tu veux bien m’ouvrir la porte du jardin que je m’en aille » ? L’ingrate est partie sans même un regard en arrière… Manquait plus qu’un renard qu’on croise habituellement dans la ville le soir ! (Je vous jure, rien n’est inventé… et… non,  je n’ai pas logé au zoo de Londres !) Alors évidemment, quand dans les questions du jour tu as « Quelle est la plus chanson d’un artiste portant un nom d’animal », tu sais que tu dois choisir celle-là.

Premier réflexe : Me And My Monkey de Robbie Williams! Parce que la chanson écrite par Williams sur un défi lancé par un inconnue au bord d’une piscine qui lui avait donné les mots « monkey » et « rollerblades » pour écrire une chanson, elle est bien pêchue, quand même ! D’ailleurs, qui aurait pu croire que le singe inspire autant les artistes: George Michael (Monkey, 1987), Beastie Boys (Brass Monkey, 2000), les Stones (Monkey Man, 1969), Elvis Presley (Too Much Monkey Business, 1956), Peter Gabriel (Shock the Monkey, 1982), les Pixies (Monkey Gone to Heaven, 1989), Black Eyed Peas (Shake Your Monkey, 2005)…

Y a pas que les singes d’ailleurs… Eye of the TigerThe Lion Sleeps TonightCats in the CradleThis Here GiraffeCat Size, Black Cat… voire les deux merveilleux instrumentaux de Mancini, The Pink Panther et Baby Elephant Walk.

Mais au fait, à la relire… elle est équivoque cette question ! On parle d’une chanson avec un animal dans le titre ou d’un artiste qui porte le nom d’un animal ?! Oh qu’importe, on va faire les deux d’un coup et on va rester avec le singe avec Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey des Scarabées. Euhhh, des Beatles, je voulais dire.



Mis à part la particularité d’être la chanson des gars de Liverpool au titre le plus long de leur carrière, elle fait partie du célèbre album The Beatles, plus connu sous le nom de The White Album, pour sa couverture quasi entièrement blanche, violent contraste avec celle l’album précédent, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.

Cet album marque un tournant dans l’histoire de la carrière des Beatles puisqu’il est considéré comme celui de la discorde. Autant entre les membres du groupe que dans leurs vies personnelles, c’est un peu… rock and roll. Et justement, c’est ce son rock qui fait sa réapparition sur certains morceaux de cet album avec Back in the USSR ou Helter Skelter, par exemple.

On pourrait voir dans cette cover une page blanche pour mieux recommencer une relation à zéro mais dans le contexte de l’époque, il s’agissait plutôt d’une représentation d’une absence de relation. Richard Hamilton, l’artiste, a cependant eu l’idée d’ajouter une touche « collector » aux couvertures puisque les premiers pressages comportaient le nom du groupe en surimpression et étaient numérotés. Les quatre premiers numéros (0000001 à 0000004) ont été donnés aux Beatles. 


Pour ce White Album, chaque Beatle appporte du sien, mais souvent séparément. Elle est loin la fusion Lennon-McCartney ! De plus, Harrison et Starr décident de montrer qu’ils savent aussi écrire des chansons (avec While My Guitar Gently Weeps, notamment). Autant dire que George Martin a du fil à retordre pour arriver à mener à bien le projet. Qu’à cela ne tienne, plutôt que de froisser les susceptibilités et de se priver d’excellents morceaux, cet opus se transforme en double album. Au lieu des 13-14 chansons habituelles, les fans ont donc la chance de pouvoir écouter 30 morceaux de leurs idoles. Pourtant, certains morceaux, enregistrés durant ces sessions, seront écartés : ce sera par exemple le cas de Hey Jude que les Fab Four ont voulu dès le départ utiliser comme single isolé. Avec la puissance qu’on connait aujourd’hui à ce morceau qui reste un des plus forts lorsque McCartney l’interprète en concert.


Et là… j’en reviens à la question de l’émission, parce que cet album, c’est une vraie ménagerie ! Sur les 30 chansons, 13 mentionnent des animaux : des oiseaux (Dear Prudence et Blackbird), un morse (Glass Onion), un tigre et un éléphant (The Continuing Story of Bungalow Bill), un lézard (Happiness Is A Warm Gun), des cochons (Piggies), un raton-laveur (Rocky Raccoon), un coquillage (Julia), un aigle et un ver de terre (Yer Blues), un oiseau et une abeille (Cry Baby Cry) et des chiens, des oiseaux et des poissons (Revolution 9). Si Martha My Dear ne mentionne pas d’animal, c’est pourtant bien une chanson qui en parle puisque Martha, c’était la chienne Bobtail de Macca.

Cela fait donc 12 chansons. La treizième est Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey mais ne parle pas tout à fait d’un singe. Dans un premier temps, Paul, George et Ringo pensent qu’il s’agit d’une référence à la drogue. A l’époque, Lennon s’est mis à l’héroïne et a donc connaissance du jargon (notamment du terme « monkey »), qui échappe complètement aux trois autres. Heureusement, Lennon finit par abandonner cette drogue pour revenir à des opiacées moins dangereuses. L’origine de la chanson est tout autre : à l’époque, Lennon tombe sur une caricature qui montre Yoko Ono avec des traits simiesques, en train de grimper sur le dos de son amoureux. Furieux, Lennon retourne la situation et donne ce surnom à Yoko, de manière affectueuse. La chanson parle tout simplement de lui et de Yoko et de leur amour profond, que personne ne semblait comprendre. Il faut dire que la présence quasi permanente de l’artiste en studio – qui donnera naissance à The Continuing Story of Bungalow Bill - pouvait passablement énerver l’équipe, ce dont Lennon n’avait clairement rien à f…

Si entre John et Yoko, la relation a toujours été fusionnelle, au point d’irriter autant les autres Beatles que les fans du groupe, leur première rencontre s’est pourtant soldée par une Yoko Ono qui aurait bien arraché les yeux de John Lennon. En automne 1966, l’artiste avant-gardiste expose ses œuvres et John Lennon vient voir l’exposition. Ayant toujours quelques facéties en stock, il s’amuse avec différentes œuvres de la jeune femme, notamment une pomme posée sur un socle en plexiglas. Il reste abasourdi par le fait que l’on vende 200 Livres une œuvre que l’on va juste regarder se dégrader avec le temps. Il décide d’y apporter sa touche personnelle, attrape la pomme et… croque dedans avant de la reposer sur le socle, déclenchant la fureur de Yoko Ono. Cet pomme était… une Granny Smith.

Coïncidence, The White Album est le premier sorti sous le label Apple Records, créé par les Beatles en 1968 dont le logo est… une Granny Smith. Le choix de cette pomme vient-il justement de cette anecdote entre John et Yoko? Eh oh… faut pas déconner, quand même ! Nenni ! Ce logo Apple s’inspire… de la Belgique et, plus particulièrement, d’un de nos peintres. A savoir Magritte. Dans les sixties, McCartney craque pour l’art de notre compatriote et veut faire l’acquisition de l’une de ses œuvres, qui sont alors nettement meilleur marché que maintenant. Il en parle à un ami qui tient une galerie d’art. Ce dernier passe un jour chez Paul et dépose le tableau Le Jeu de Mourrre sur une table avant de filer et de laisser Paul découvrir la belle surprise. A ma connaissance, Paul McCartney est encore aujourd’hui en possession du tableau représentant une pomme verte où Magritte a écrit « Au revoir ». Comme celui que les membres des Beatles se diront un beau jour d’avril 1970 lorsque McCartney annonce qu’il quitte officiellement le groupe…

Et pour l'émission du jour, c'est ici

Martha le chien, Paul le Beatle et Magritte et sa pomme





mardi 17 septembre 2019

The Son – Duke of York's (31/08/2019) ENGLISH


Sometimes, it takes two times to realize even more than it just takes one second to…

But let’s not put the cart before the horse, all right? And the difficult thing here will be to convince you to go to Duke of York’s to see The Son without giving too much away. Maybe the best way is to do this through feelings. And that’s exactly what The Son is about. Feelings.

The story is about Nicolas, a teenage boy – played by Laurie Kynaston - going through the divorce of his parents with a troubled mind, to say the least. And, we, the audience, are joining this family as a discreet witness of what will end up being a rollercoaster ride of emotions.

The play starts with a conversation between Nicolas’ parents: Anne, the mother (Amanda Abbington), tells Pierre, the father (John Light), that she’s concerned about their son as he’s been skipping school for three months. From there and for a while, the mother leaves their son in care of his father, his step-mother (Amaka Okafor) and half-brother and we follow Nicolas through his new life in another home.

Amanda Abbington (Anne), Laurie Kynaston (Nicolas) & John Light (Pierre)

It’s a common thing to say that teenage years are not the easiest one has to go through in his or her life. For both sides. The “child” starts writing the new chapter of his life while the parents have to learn to let their baby boy or girl takes the path to adulthood.
But sometimes, writing your story is a little bit more difficult for some.

Laurie Kynaston (Nicolas)
                             
For 105 minutes, I literally tried to enter inside each character’s mind and put myself into their shoes.
As a child, trying to explain to your parents how bad you feel while not being entirely sure that they actually care.
As a parent, trying to understand your son while not being entirely sure that all he’s telling you he the absolute truth.
As a mother-in-law, trying to trust and getting to know this young stranger while not being entirely sure that he even wants it.

The play may seem dark but there’s a fine balance with lighter moments too. One few sentences that makes you smile or laugh or one scene where Nicolas seems to escape his melancholy to join his father and Sofia in a joyful moment. Director Michael Longhurst brought his own balance of fun and fragility by using two songs: Pharrell Williams’ Happy and the famous Adagio in G minor, the latter one being, in my opinion, one of the most emotional pieces of classical music ever written. And these two were perfect choices!

People have praised Laurie Kynaston’s performance, for all good reasons. Being the catalyst of all things happening during the play, he’s the one whose emotions affect not only him but everyone around him. Quite a pressure, eh? But it surely doesn’t look like too much to handle for the young actor who embodies his character with passion and respect for those suffering from the same pain as Nicolas’. Kynaston’s is definitely someone we have to keep our eyes on as I have a strong feeling he might have a bright career ahead of him…

Laurie Kynaston (Nicolas)

His relationship with his father, played by John Light, is not an easy one. Pierre navigates between his wish to help his son the best he can and his will to keep his life with Sofia and their baby serene. Our society still too often sees men as the strong one in the family, the one who’s supposed to know what to do or all the answers. Truth is… men are, just as much as women, just human beings filled with flaws, doubt or any other feelings. Pierre’s role is demanding one given the many emotions he goes through and John Light’s performance was truly strong and powerful.

John Light (Pierre) & Laurie Kynaston (Nicolas)

I read not too long ago on some blog that Amanda Abbington and Amaka Okafor were considered as secondary roles of the story. It’s funny how we all perceive things differently. To me, they’re not, not even for a second. To me, stage time isn’t what makes a role a principal or a secondary one : what makes the importance of a character is what he or she brings to the story, to the emotional moments in a play. In this, both Amanda and Amaka sure… well… sure “played” their own part and brought life to Zeller’s play, as well as a dynamic. Into both the father and the son’s stories. In their own way.  

Laurie Kynaston (Nicolas) & Amanda Abbington (Anne)

John Light (Pierre) & Amaka Okafor (Sophia)

I had already seen The Son back in March at the Kiln theatre and recently had the opportunity to see it a second time. There are so many plays and musicals in London that one could think that it’d be a waste of time but I had my reasons. Until the very end, you wonder what’s written in the final page of Nicolas’ book. You hope for the best and you fear the worst. And you literally hold your breath until the lights fade out. And both times, in complete darkness, I’ve heard the people around me catching their breath again.

What did I feel after seeing it at the Kiln? So much sadness. Let’s admit it, I was a complete wreck and couldn’t stop crying. Which is exactly what I want when going to the theatre. Feel. Whether it is joy or anger or sadness.

What did I feel after seeing it at the Duke of York’s? Still so much sadness. With another feeling added. Helplessness. As much as I was looking for hints, for something that would have turned this story into a different one, I realized that maybe one thing could have. Or maybe it would have been a waste of time anyway, no matter what. Or… maybe?

In the end, that’s probably the biggest lesson I’ve learned after seeing this play: the helplessness and loneliness one person can feel when suffering from mental illness and the helplessness those around him feel about wanting to help the loved one and still not succeeding in it. Like two different worlds that can’t meet at any point.

Laurie Kynaston (Nicolas) & John Light (Pierre)

Florian Zeller, The Son’s writer, is considered as one of the most exciting and talented playwright of his generation. I couldn’t agree more. The strength of The Son lies in our biggest fears being out in the open, in some good use of humour but mostly in the subtlety of his writing. His words, his lines encourage us to ask ourselves : how would I feel about this “outside” world if I feel like I don’t fit in it? What would I have done as the mother? As the father? Why?

Now you, yes, you who are reading these lines, just give The Son a try (or two?) and let me know. Let me know if, when leaving the theatre, you just got home without asking yourselves a few questions about life. About Pierre’s. About Anne’s. About Sofia’s. about Nicolas’. About one of your loved ones’. Or about… yours? ‘Cos I sure did. And that’s one of the reasons why I’ve loved The Son so much. Enough to see it twice.

Amaka Okafor (Sophia)

The Son is still played at Duke of York’s theatre until November 2nd.

Credit photo: Marc Brenner

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