Morale
du jour : quand, finalement, toutes les opportunités sont bonnes de rester
encore un peu à Londres… et de découvrir que les Beatles ont eu un peu de
Belgique dans leur monde.
Retour
des vacances et reprise des ptis défis « Bagarre du soir » de l'émission Entrez Sans Frapper de la Première !
Hier, impossible de m’y coller puisque je promenais mes godasses entre Londres
et Liège au moment où j’écris habituellement. Week-end passé dans un quartier
un peu bizarre où un oiseau s’est mis à chanter… à minuit. La dernière nuit,
une oie s’est même jointe à lui pour un concerto privé. Et encore, je ne vous
parle même pas de la musaraigne qui s’était retrouvée piégée dans l’appart et
me regardait du bout du couloir avec un air de « tu veux bien m’ouvrir la
porte du jardin que je m’en aille » ? L’ingrate est partie sans même
un regard en arrière… Manquait plus qu’un renard qu’on croise habituellement
dans la ville le soir ! (Je vous jure, rien n’est inventé… et… non, je n’ai pas logé au zoo de Londres !)
Alors évidemment, quand dans les questions du jour tu as « Quelle est la
plus chanson d’un artiste portant un nom d’animal », tu sais que tu dois
choisir celle-là.
Premier réflexe : Me And My
Monkey de Robbie Williams! Parce que la chanson écrite par Williams sur un défi lancé
par un inconnue au bord d’une piscine qui lui avait donné les mots
« monkey » et « rollerblades » pour écrire une chanson,
elle est bien pêchue, quand même ! D’ailleurs,
qui aurait pu croire que le singe inspire autant les artistes: George Michael
(Monkey, 1987), Beastie Boys (Brass Monkey, 2000),
les Stones (Monkey Man, 1969), Elvis Presley (Too Much
Monkey Business, 1956), Peter Gabriel (Shock the Monkey, 1982), les
Pixies (Monkey Gone to Heaven, 1989), Black Eyed Peas (Shake
Your Monkey, 2005)…
Y a
pas que les singes d’ailleurs… Eye of the Tiger, The Lion Sleeps Tonight, Cats in the Cradle, This Here
Giraffe, Cat Size, Black Cat… voire les deux merveilleux
instrumentaux de Mancini, The Pink Panther et Baby Elephant
Walk.
Mais
au fait, à la relire… elle est équivoque cette question ! On parle d’une
chanson avec un animal dans le titre ou d’un artiste qui porte le nom d’un
animal ?! Oh qu’importe, on va faire les deux d’un coup et on va rester avec
le singe avec Everybody's Got Something To Hide Except Me And My Monkey des Scarabées. Euhhh, des Beatles, je voulais dire.
Mis à
part la particularité d’être la chanson des gars de Liverpool au titre le plus
long de leur carrière, elle fait partie du célèbre album The
Beatles, plus connu sous le nom de The White Album, pour
sa couverture quasi entièrement blanche, violent contraste avec celle l’album
précédent, Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.
Cet
album marque un tournant dans l’histoire de la carrière des Beatles puisqu’il
est considéré comme celui de la discorde. Autant entre les membres du groupe
que dans leurs vies personnelles, c’est un peu… rock and roll. Et justement,
c’est ce son rock qui fait sa réapparition sur certains morceaux de cet album
avec Back in the USSR ou Helter Skelter, par
exemple.
On
pourrait voir dans cette cover une page blanche pour mieux recommencer une
relation à zéro mais dans le contexte de l’époque, il s’agissait plutôt d’une
représentation d’une absence de relation. Richard Hamilton, l’artiste, a
cependant eu l’idée d’ajouter une touche « collector » aux
couvertures puisque les premiers pressages comportaient le nom du groupe en
surimpression et étaient numérotés. Les quatre premiers numéros (0000001 à
0000004) ont été donnés aux Beatles.
Pour
ce White Album, chaque Beatle appporte du sien, mais souvent
séparément. Elle est loin la fusion Lennon-McCartney ! De plus, Harrison
et Starr décident de montrer qu’ils savent aussi écrire des chansons (avec While
My Guitar Gently Weeps, notamment). Autant dire que George Martin a du
fil à retordre pour arriver à mener à bien le projet. Qu’à cela ne tienne,
plutôt que de froisser les susceptibilités et de se priver d’excellents morceaux,
cet opus se transforme en double album. Au lieu des 13-14 chansons habituelles,
les fans ont donc la chance de pouvoir écouter 30 morceaux de leurs idoles. Pourtant,
certains morceaux, enregistrés durant ces sessions, seront écartés : ce
sera par exemple le cas de Hey Jude que les Fab Four ont voulu
dès le départ utiliser comme single isolé. Avec la puissance qu’on connait
aujourd’hui à ce morceau qui reste un des plus forts lorsque McCartney
l’interprète en concert.
Et
là… j’en reviens à la question de l’émission, parce que cet album, c’est une
vraie ménagerie ! Sur les 30 chansons, 13 mentionnent des animaux :
des oiseaux (Dear Prudence et Blackbird), un morse
(Glass Onion), un tigre et un éléphant (The Continuing
Story of Bungalow Bill), un lézard (Happiness Is A Warm
Gun), des cochons (Piggies), un raton-laveur (Rocky
Raccoon), un coquillage (Julia), un aigle et un ver de
terre (Yer Blues), un oiseau et une abeille (Cry Baby
Cry) et des chiens, des oiseaux et des poissons (Revolution 9).
Si Martha My Dear ne mentionne pas d’animal, c’est pourtant bien
une chanson qui en parle puisque Martha, c’était la chienne Bobtail de Macca.
Cela
fait donc 12 chansons. La treizième est Everybody's Got Something
to Hide Except Me and My Monkey mais ne parle pas tout à fait d’un singe.
Dans un premier temps, Paul, George et Ringo pensent qu’il s’agit d’une
référence à la drogue. A l’époque, Lennon s’est mis à l’héroïne et a donc
connaissance du jargon (notamment du terme « monkey »), qui échappe
complètement aux trois autres. Heureusement, Lennon finit par abandonner cette
drogue pour revenir à des opiacées moins dangereuses. L’origine de la chanson
est tout autre : à l’époque, Lennon tombe sur une caricature qui montre
Yoko Ono avec des traits simiesques, en train de grimper sur le dos de son
amoureux. Furieux, Lennon retourne la situation et donne ce surnom à Yoko, de
manière affectueuse. La chanson parle tout simplement de lui et de Yoko et de
leur amour profond, que personne ne semblait comprendre. Il faut dire que la
présence quasi permanente de l’artiste en studio – qui donnera naissance à The Continuing Story of Bungalow Bill - pouvait passablement
énerver l’équipe, ce dont Lennon n’avait clairement rien à f…
Si
entre John et Yoko, la relation a toujours été fusionnelle, au point d’irriter
autant les autres Beatles que les fans du groupe, leur première rencontre s’est
pourtant soldée par une Yoko Ono qui aurait bien arraché les yeux de John Lennon.
En automne 1966, l’artiste avant-gardiste expose ses œuvres et John Lennon vient
voir l’exposition. Ayant toujours quelques facéties en stock, il s’amuse avec
différentes œuvres de la jeune femme, notamment une pomme posée sur un socle en
plexiglas. Il reste abasourdi par le fait que l’on vende 200 Livres une œuvre
que l’on va juste regarder se dégrader avec le temps. Il décide d’y apporter sa
touche personnelle, attrape la pomme et… croque dedans avant de la reposer sur
le socle, déclenchant la fureur de Yoko Ono. Cet pomme était… une Granny Smith.
Coïncidence, The White Album est le premier sorti sous le label Apple Records,
créé par les Beatles en 1968 dont le logo est… une Granny Smith. Le choix de
cette pomme vient-il justement de cette anecdote entre John et Yoko? Eh
oh… faut pas déconner, quand même ! Nenni ! Ce logo Apple s’inspire…
de la Belgique et, plus particulièrement, d’un de nos peintres. A savoir
Magritte. Dans les sixties, McCartney craque pour l’art de notre compatriote et
veut faire l’acquisition de l’une de ses œuvres, qui sont alors nettement
meilleur marché que maintenant. Il en parle à un ami qui tient une galerie
d’art. Ce dernier passe un jour chez Paul et dépose le tableau Le Jeu de
Mourrre sur une table avant de filer et de laisser Paul découvrir la
belle surprise. A ma connaissance, Paul McCartney est encore aujourd’hui en
possession du tableau représentant une pomme verte où Magritte a écrit
« Au revoir ». Comme celui que les membres des Beatles se diront un
beau jour d’avril 1970 lorsque McCartney annonce qu’il quitte officiellement le
groupe…
Et pour l'émission du jour, c'est ici.
Martha le chien, Paul le Beatle et Magritte et sa pomme |
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