mardi 25 septembre 2012

Manuel pratique : Comment prendre les transports en commun en région sérésienne

Ce matin, j’expliquais à une collègue toute la beauté de pouvoir exprimer sa rage intérieure en la couchant sur papier. Ca fait du bien à celui qui les écrit et une fois décantés, les mots peuvent finalement parfois se révéler être des armes particulièrement efficaces… Deux exemples bien précis me sont alors revenus en mémoire : la fermeture de mon magasin de CDs préférés et une prise de tête dans les transports en commun de ma région. Seraing, pour être précise. Ou « Sriiiiiinnn » pour les habitués des lieux.

Vous trouverez ci-dessous le fruit de cette fameuse prise de tête… Et qui sait, si je remets la main sur le brouillon de ma lettre assassine au propriétaire (enfin… EX-propriétaire) de ce magasin, je ne manquerai pas de la partager avec vous.

Précisons encore pour le contexte que ce « manuel » a été écrit en janvier 2011 alors que la Belgique – comme quelques autres pays d’Europe – avait sur son territoire de quoi repeupler le pays en bonhommes de neige pour les cinq années suivantes…


Je vous présente en exclu le petit manuel pratique « Comment prendre les transports en commun en région sérésienne » en 30 étapes

1- Vérifier vos mails vers 6h45 pour savoir si la circulation des bus a repris après un arrêt des plus excusables du aux mauvaises conditions climatiques belges des derniers jours

2- En l’absence d’informations, contacter une collègue afin de pouvoir vous rendre à votre lieu de travail

3- En arrivant au bureau, vérifier vos mails et en trouver un annonçant la reprise de circulation de la ligne 2 (celle vous intéressant, donc)

4- Bosser… midi… manger… retour bureau

5- Nouveau mail…. Arrêt de travail des dépôts de Rocourt, Chmeppe (Jemeppe pour les non-initiés), bientôt suivi par celui de Robermont. Rire nerveux dans les bureaux étant donné l’ironie (la crétinerie ?) de la situation. Pas de réelle raison invoquée si ce n’est le célèbre « mouvement social ». Pas même une ligne de plus dans le mail ou sur le site officiel du TEC

6- Trouver l’info sur La Meuse (Infos restants à vérifier. On parle de « La Meuse » quand même…) et se rendre compte que l’arrêt de travail est du à « Un message qui n’était pas assez clair ». Se demander si le terme « demande de précisions et reformulation » est venu à l’esprit des syndicalistes

7- Sonner à « Infotec » afin de savoir si l’arrêt de travail se transformera en grève totale ou s’il existe un quelconque espoir de regagner son domicile et… obtenir 16 fois la sonnerie « occupé »

8- Se débrouiller, au cas où l’inconnu deviendrait le « pire », pour trouver un gentil collègue prêt à vous ramener avec mémo mental « Penser à installer un matelas dans le bureau pour 2011. On ne sait jamais… »

9- Téléphoner à la source, ici le Dépôt de Chmeppe, pour avoir des informations et… miracle ! Une employée sympa vous annonce que « tout est rentré dans l’ordre »

10- Résister à la tentation de dire à la dame que vous l’aimez très fort et juste la remercier sincèrement pour cette information de première nécessité

11- Mail, mail… « Les Chauffeurs des dépôts de Jemeppe et Rocourt ont repris le travail ».

12- Quitter le bureau à 16h25 pour prendre un bus qui passe à 16h35 dans un souci de précaution

13- Attendre… et regarder bon nombre de bus passer sous votre nez mais jamais avec le bon numéro. Vous n’avez pourtant pas demandé les numéros du Lotto. Juste un « 2 » (Direction CHU… TRES important !)

14- S’interroger quant à la ré-ouverture d’une faille spatio-temporelle sur le Pont de S’rin (Seraing pour les non-initiés), ladite faille ayant englouti uniquement les « 2 »

15- Ah non, en voici un… Direction Beauséjour. Pas votre direction. Demander dès lors au chauffeur s’il n’a pas vu le « 2 CHU ». Il semblerait qu’il y ait un bus en retard derrière lui. Grand merci, Aimable Chauffeur

16- Ledit retardataire arrive… Direction Beauséjour. Voir point 15 pour l’attitude à adopter. Réponse variable : « L’a du tomber en panne !!! ». Même la neige sur le sol vous semble plus chaude.

17- De dépit, grimper dans le « 2 Beauséjour »

18- Distinguer une odeur nauséabonde, l’identifier immédiatement et s’étonner de sentir une odeur de cigarette dans le bus. Apparemment, les chauffeurs ont, eux, une dérogation cigarettes.

19- Survivre aux doux cahots de la route en perpétuel travaux qui rappelle furieusement les expéditions en Amérique du Sud

20- Descendre au Beauséjour… dans une obscurité totale. Avec un peu de (mal) chance et pour autant que le bus arrive un jour, il va continuer tout droit sans vous voir

21- Travailler votre zen attitude et attendre… attendre… attendre…

22- Attendre… attendre… attendre…

23- Les 20 minutes académiques passées, se résigner à faire les 3 kms restants à pied

24- Emprunter une partie de route sans trottoir et (toujours) sans éclairage si ce n’est celui des phares de voitures vous croisant

25- Atteindre la célèbre Mare aux Joncs de S’rin et admirer le paysage. Ah non, pas possible… fait (toujours !) tout noir

26- Atteindre sain et sauf et sans savoir comment c’est possible la piste cyclable

27- Espérer que celle-ci soit toujours en mode « tout droit » parce que… il n’y a toujours pas d’éclairage. Ouf, elle EST droite

28- Sortir des bois, voir des maisons, retrouver la civilisation… et un éclairage public !

29- Slalomer entre trottoirs dégagés (Merci les gentils gens !) et la chaussée (Et oui certains ne dégagent même pas un minimum leur trottoir)

30- Atteindre votre « home sweet home » et se demander si tout cela n’était pas un rêve

31- Songer à faire un copier-coller des 30 points précédents et les transmettre au service de réclamations du TEC en précisant que cette idée de « manuel pratique » a eu le temps de germer entre les points 13 et 30.


mercredi 19 septembre 2012

The Killers - Battle Born (2012)


Presque quatre ans se sont écoulés depuis la sortie de « Day & Age », dernier opus studio des Killers, suivi d’une tournée qui avait emmené le groupe autour de la planète. Cela dit, ils ne sont pas pour autant reposés sur leurs lauriers puisque certains d’entre eux ont travaillé à leurs propres projets.

En octobre 2011, finie la pause, les quatre gars de Vegas se retrouvent dans leur studio pour travailler sur leur quatrième opus. Maintenant que je l’ai entre les mains et dans les oreilles, qu’en penser ? 

Et bien… les Killers n’ont jamais caché attrait pour la musique des eighties : U2, The Cure, The Who, New Order, Pet Shop Boys, Depeche Mode… sont autant de groupes qui ont influencé le quatuor dès leur plus jeune âge. Flowers a d’ailleurs un jour avoué n’avoir découvert la « bonne » musique américaine – Springsteen notamment - qu’à un âge déjà relativement avancé.
Certains morceaux de leurs précédents albums sont d’ailleurs marqués par cette époque mais « Battle Born » est, dans sa globalité, celui qui se rapproche le plus d’un album qui aurait pu sortir dans les années quatre-vingts. Dès ma première écoute, je n’ai pas pu m’empêcher de revenir 25 ans en arrière et de repenser à certains artistes de mon enfance. 

« Flesh And Bone » s’ouvre sur quelques notes de synthé avant que la voix de Flowers, tellement reconnaissable, viennent s’y poser. Belle envolée dans le pont de la chanson avant d’arriver au refrain qui annonce finalement la couleur de « Battle Born » : quoiqu’il arrive, nous sommes tous fait de « chair et d’os » et les Killers vont nous donner un aperçu de différents aspects de la vie au travers de leurs chansons… Lorsqu’arrive le refrain, c’est le son des Pet Shop Boys que j’entends. Ça dure l’espace d’un instant mais ça suffit pour me faire sourire… et me rappeler la collaboration du chanteur avec le tandem britannique lors de la cérémonie des Brit Awards 2009.
 

 

Les paroles m’ont fait penser au point de vue d’un soldat… en pleine guerre de Sécession. Et quelque part, je vois déjà la possibilité d’un chouette clip vidéo sur le thème. Ce ne serait en tout cas pas la première fois que les Killers se coifferaient d’un chapeau et de bottes de cow-boys.
 

 

 « Runaways », premier single du groupe, et « The Way It Was », la chanson qui lui fait suite dans la setlist ont toutes les deux le trait commun de parler du doute dans une relation amoureuse. Mettre deux chansons traitant du même sujet peut sembler dangereux car répétitif mais dans le cas de ces deux chansons, elles ont un côté complémentaire qui les rendent d’autant plus intéressantes. J’ai tout de suite craqué sur « The Way It Was » : on entre directement dans le vif de la mélodie et le riff de guitare qui la lance est tout bonnement impeccable. C’est d’ailleurs une des particularités de charme de Mr Keuning : il sait assurer côté solo de guitare mais a aussi le chic pour placer un riff court et surtout répétitif sur une chanson pour lui donner cet attrait tout particulier. Il répétera cette formule gagnante sur d’autres morceaux, toujours avec la même efficacité.

« Here With Me » offre à Brandon Flowers la plus belle opportunité de montrer la qualité et la clarté de sa voix. J’ai d’ailleurs la nette impression que sa voix s’est encore améliorée en justesse et en force depuis le dernier album. Superbe ballade démarrant avec le piano et la voix du chanteur qui nous explique que finalement, rien n’est plus fort que d’avoir près de soi celui ou celle que l’on aime, que le toucher vaut toutes les photos du monde… Si avec des mots pareils, il ne se ramasse pas encore sa horde de fans féminins lui vouant un amour sans limite sur le dos, je ne m’y connais pas…

Le début de « A Matter Of Time » a sonné comme une piqûre de rappel, comme une impression de déjà entendu. Juste sur le début avant que la chanson ne prenne son envol et son indépendance propre. Comme un air de… de… de générique des « Experts Manhattan ». Pas la première version. La seconde ! Mince alors…


 

 Dans la même optique, le début de « Deadlines And Commitments » m’a replongé dans le monde de Kate Bush. Kate aurait tout à fait pu interpréter cette chanson seule ou en duo avec les Killers.
C’est une impression bizarre que de visualiser un artiste différent de celui qui l’interprète en entendant une musique. Surtout quand elle se marque sur deux chansons d’affilée. Ceci dit, ces impressions sont brèves : si effectivement, le groupe a – consciemment ou pas – été influencé par d’autres artistes, les chansons n’en ont pas moins leur vie propre quand chaque Killers y apporte son talent. Car un des atouts des quatre du Nevada, c’est aussi cela : appuyer la présence de leur instrument respectif sur chaque morceau au moment idéal pour en apprécier toute la saveur dans sa globalité ! Quand Vannucci Jr commence à taper la batterie sur « A Matter Of Time » et que Flowers pose sa voix sur « Deadlines », bye-bye les Who et Kate, les Killers viennent d’entrer en scène… 

« Miss Atomic Bomb » est un superbe morceau que je serais curieuse de voir joué en live. Le résultat doit être épatant à voir… Lors d’une interview, le groupe a confié qu’une fois que « Runaways » et « Miss Atomic Bomb » ont été écrites, ils savaient alors qu’ils avaient trouvé la direction qu’ils voulaient donner à leur nouvel album. C’est notamment pour cette raison que je ne serais pas étonnée que « Miss Atomic Bomb » soit un des singles, si pas le prochain single que le groupe sortira. On verra si l’avenir me donne raison ou tort… Elle a en tout cas de sacrés atouts pour faire l’objet d’une vidéo. 

Les Killers ne sont pas du genre à baisser les bras facilement… S’ils croient en leur chanson, ils s’acharnent jusqu’à la rendre meilleure. Ainsi, « Runaways » avait déjà été jouée en public en 2009 mais n’avait pas rencontré le succès escompté auprès du public. Qu’à cela ne tienne, on reprend et on améliore parce qu’on y croit ferme. « The Rising Tide » fait aussi partie de ces chansons : préparée pour être jouée au London Hyde Show l’an dernier, le groupe décide finalement de ne pas la jouer ce jour-là et de l’améliorer.

« Heart Of A Girl » est une chanson superbe où l’on ne sait pas si notre narrateur est plongé dans un rêve, dans ses souvenirs ou si tout cela est bien réel. Pour l’influence musicale, je pencherais pour Lou Reed. Plus précisément pour un son à la « Walk On The Wild Side ». Et souvenons-nous que le membre du Velvet Underground et les gars de Vegas se sont déjà croisés par le passé…
 


 

« From Here On Out » a tout de la chanson sympa qu’on chanterait en groupe dans le fin fond des bois (ou du désert pour les Killers) devant un bon feu… Et quelque part, la chanson a tout de l’ambiance d’un bon Tom Petty. J’irais même encore un peu plus loin en disant les Traveling Wilburys auraient certainement pris plaisir à rejoindre les Killers auprès du feu et de jouer « From Here On Out » avec eux. 

« Be Still » est une autre ballade, une autre belle histoire où les claviers et le piano dominent. La guitare, acoustique ici, est discrète mais apporte ce qu’il faut de présence pour donner un cachet additionnel à la chanson.

L’album se clôture sur la plage-titre. Ouverture avec riff de guitare, rejoint par la batterie, les claviers… et la chorale des Las Vegas Master Singers, déjà présents sur « Heart Of A Girl ». Ils apportent sur cette chanson toute la force que l’on peut retrouver dans les chœurs utilisés par Jim Steinman chez Meat Loaf…
On finit en beauté : nous sommes certes faits de chair et d’os mais ce n’est pas pour autant qu’on se laisse faire, ce n’est pas pour autant qu’on abandonne nos rêves… Nous avons tous en nous la capacité de nous battre, nous sommes nés pour nous battre. Et pas forcément les uns contre les autres avec des armes à feu. 

C’est d’ailleurs ce que Flowers a expliqué lors d’une interview accordée à Rolling Stone : « En un sens, tous les américains sont ‘nés d’une bataille’. Nos ancêtres sont venus ici pour quelque chose de meilleur ».
Pas faux… mais « Battle Born », c’est aussi un terme que l’on retrouve sur le drapeau du Nevada parce que celui-ci est devenu un Etat pendant… la guerre de Sécession. Ce que j’ai découvert après mon commentaire concernant l’une des plus sanglantes guerres sur le territoire américain sur « Flesh And Bone ». Les Killers souhaitaient-ils nous amener dans cette direction dès le départ ? Allez savoir… Quand on sait que le studio d’enregistrement qu’ils ont racheté en 2008 porte également ce nom, je me dis que les coïncidences ont peut-être bon dos…


 

« Battle Born » ne s’est pas fait dans la facilité et s’est révélé être lui aussi le résultat d’une bataille de tous les instants.
Pour commencer, les quatre garçons ont eu quelques difficultés à retrouver leurs marques une fois réunis après plus d’un an de pause.
Une fois leur ligne directrice trouvée, il fallait encore choisir le producteur. Ils n’en voulaient qu’un mais le planning imposé par le groupe ne permettait à aucun des producteurs contactés de tenir les délais. Qu’à cela ne tienne, ils prennent les cinq :

-      Stuart Price, vieil ami du groupe depuis son remix de « Mrs Brightside » et déjà producteur de « Day And Age » mais également collaborateur de Madonna.
-      Damian Taylor, producteur des derniers albums de Bjork et de The Prodigy.
-      Brendan O’Brien, qui a, entre autres, sur son CV « Blood Sugar Sexy Magik » des Red Hot Chili Peppers, « Black Ice » d’AC/DC, « Get A Grip » d’Aerosmith et… « The Rising » de Springsteen.
-      Daniel Lanois qui a travaillé avec Brian Eno, Peter Gabriel, Bob Dylan ou encore U2.
-      Steve Lillywhite, fraichement décoré de l’Ordre de l’Empire Britannique pour son apport dans le monde de la musique, qui a à son actif des collaborations avec des artistes tels que Simple Minds, The Rolling Stones, Beady Eye, Evanescence et qui travaille pour l’instant avec les 30 Seconds To Mars.
Faut tout de même reconnaitre qu’ils savent s’entourer les Killers… Chapeau bas également aux différents ingénieurs-sons qui ont assuré le mixage de l’album dont Robert Root, l’ingénieur attitré du studio Battle Born, pour leur excellent travail. 

L’enregistrement de l’album sera aussi entaché par un drame : en avril dernier, Tommy Marth, leur saxophoniste, se donne la mort. Le groupe et le musicien se connaissaient depuis de nombreuses années et Tommy avait accompagné les Killers sur plusieurs tournées. Il devait venir jouer sur « Battle Born » et… sans vouloir verser dans le mélo, on peut tout de même imaginer que ce décès brutal a forcément eu une incidence sur la suite des événements. 

Finalement et malgré ces obstacles, les Killers se sont enfin laissés aller en faisant la musique qui leur plait avec les influences qui leur plaisent, sans se conformer aux standards musicaux imposés par notre époque, sans prêter attention ce que la presse attendait d’eux… et ça leur va plutôt bien, je trouve. 

Je me suis penchée sur les paroles avec une attention toute particulière puisque j’avais lu que Mr Flowers avait travaillé d’arrache-pied sur celles-ci. Il s’en dégage parfois une grande mélancolie et tristesse mais… ce n’est pas cela qui a le plus attiré mon attention. Certains mots sont courants dans des chansons (love, par exemple), d’autres beaucoup moins : il est donc surprenant d’en retrouver à plusieurs reprises dans un même album.
« Battle Born » fait certes l’objet d’une chanson mais est également cité dans « Flesh And Bone ».
Même chose dans « The Rising Tide » : le terme est dans la chanson-titre et intégré dans « Battle Born ».
Le terme « venom » se retrouve également dans « The Rising Tied » et « Battle Born ».
La fille qui rit avec ses amies (« Laughing with your girlfriends » - A Matter Of Time) serait-elle aussi celle qui se tient dans la rue (« You were standing with your girlfriends in the street » - Miss Atomic Bomb) ?
Imposition de mots volontaire ou fruit du hasard? Si c’est la première option, bravo, coup de génie. Si c’est la seconde, je dois VRAIMENT arrêter de cogiter… D’ailleurs, je me demande si ce n’est pas ce que je vais faire. M’en vais me refaire une fois « The Way It Was » et « Deadlines And Commitments », tiens! Pour commencer…

 

 

 

PS – La version Deluxe comporte deux inédit « Carry Me Home » et « Prize Fighter » et un remix de « Flesh And Bone ». Trois titres, c’est peu, je vous le concède mais pour même pas 1 Euro de la chanson, faites-vous plaisir : les inédits sont sympathiques et le remix est plein de pêche !

Tracklist :

Flesh And Bone
Runaways
The Way It Was
Here With Me
A Matter Of Time
Deadlines And Commitments
Miss Atomic Bomb
The Rising Tide
Heart Of A Girl
From Here On Out
Be Still
Battle Born

Bonus Tracks
Carry Me Home
Flesh And Bone (Jacques Lu Cont)
Prize Fighter

 

lundi 17 septembre 2012

Mika - The Origin Of Love (2012)


Ca y est ! Le nouvel album de Mika est (enfin) dans les bacs ! Celui-là, beaucoup de fans l’attendent depuis des mois. Après tout, le dernier album du grand gaillard date de 2009 et dieu sait que dans le monde de la musique (et dans le cœur d’un fan), trois ans, c’est long… Déjà annoncé en 2011, la sortie de « The Origin Of Love » a été reportée plus d’une fois… Cela dit, Mika n’a pas laissé ses fans de côté : au cours des derniers mois, l’artiste a sorti donné plusieurs concerts où il a joué plusieurs morceaux de ce nouvel album. Il est notamment passé en Belgique au Festival Suikerrock en juillet dernier, festival où j’étais présente et où j’ai eu la chance d’assister à une flamboyante prestation qui n’a fait que renforcer mon envie d’avoir entre les mains ce fameux nouvel album…

 

 
Et nous y voici enfin… Et qu’en penser ? Et bien…
Comme je viens de vous le signaler, plusieurs chansons ont déjà été révélées au public au cours des derniers mois. L’on pourrait dire que cela réduit la joie de la découverte du nouvel album de Mika. Et bien… pas du tout. L’album comporte d’autres chansons qui n’ont encore jamais été jouées en public et qui valent toutes le détour. Et les chansons entendues en live conservent leur force en version studio (probablement parce qu’elles ramènent aux émotions ressenties lors du concert, je vous le concède).
D’ailleurs, pour être honnête avec vous, il m’est absolument impossible de vous donner un top de mes chansons favorites de cet album. C’est… un tout. Un tout avec la cohérence d’un Mika tel qu’on le connait. Celui des mélodies qui rentrent dans la tête et qui ont tendance à y rester bien ancrées pour le restant de la journée une fois que vous les avez entendues. Cette aptitude à concocter des mélodies entêtantes a toujours été un des meilleurs atouts du compositeur. Et si parfois la mélodie nous semble un peu plus « ordinaire » qu’à l’habitude, Mika sait aussi nous rappeler qu’il est également un excellent parolier et/ou raconteur d’histoires.

L’album démarre avec la chanson-titre, superbe morceau où Mika exprime son point de vue sur les origines de l’amour. Chanson liée à dieu et la religion sans vraiment s’y attaquer, montrant encore une fois le côté gentil du garçon. Mika montre que dans son petit monde à lui, l’origine de l’amour, c’est la personne qu’il aime ou, par une extension facile à faire grâce aux paroles… pourquoi pas vous ? Coup de génie, Mika ajoute à la chanson une partie en… latin et… chantée par une chorale d’hommes, où il est difficile de ne pas faire la relation avec la religion catholique. Je la passe la chanson en boucle plusieurs fois et qu’il m’est difficile de passer à la seconde plage de l’album… Note pour l’artiste : éviter de mettre des chansons pareilles en début d’album, ça rend fou !
 



Deux morceaux ont un style plus « dance » : je ne suis pas fana de la dance en général mais certains morceaux sont sympathiques et donnent envie de se lever et de danser. Ainsi, par exemple, pas mal de chansons de David Guetta me plaisent. Pour ce qui est de cet album et de « Stardust » et de « Overrated », elles sont agréables à l’oreille et le contraste entre l’énergie de la musique et les paroles est… surprenant !

Mika, c’est aussi un homme qui sait écrire de merveilleuses ballades. « Happy Ending » reste une des plus belles chansons que j’aie entendue et je suis toujours un peu malheureuse qu’il n’ait pas eu l’idée de sortir « I See You » (The Boy Who Knew Too Much, 2009) en single : il suffisait d’écouter les paroles et les images (et donc le clip) venaient d’elles-mêmes. Quoiqu’avec Mika, les clips vidéos sont toujours une éternelle surprise…
« Underwater » n’échappe pas à la règle : démarrant sur une mélodie de piano, on se laisse tout bonnement porter par la voix du chanteur et emmener dans un autre monde. « With your love, I can breathe underwater » (Avec ton amour, je peux respirer sous l’eau)… Si au départ, cette phrase peut paraitre simpliste, il faut la reposer dans son contexte et de tenir compte de l’entièreté de la chanson. « Underwater » est simple en paroles mais… simplement sublime. La première fois que je l’ai entendue, c’était en « live » au Suikerrock et j’ai vibré au point que les larmes me sont montées aux yeux, pure réaction physique de mon ptit corps. Je la réécoute ici sans « l’effet de scène » et malgré tout, l’effet est toujours aussi fort.
« Kids » et « Heroes » sont elles aussi de puissantes ballades où Mika délaisse un peu le piano, son instrument de prédilection, pour mettre en avant la guitare acoustique. Sur « Heroes », je me pose des questions : à qui s’adresse-t-il ? Ou dans quelle peau s’est-il mis pour écrire ces paroles ? Un amoureux ? Un soldat ? Un ami ? Finalement, les chansons ne sont jamais aussi belles que lorsqu’elles nous laissent l’opportunité de faire nos propres choix ou la possibilité de les « lire » à plusieurs niveaux…

« Love You When I’m Drunk » est… une vraie histoire de vie! A entendre ce refrain qui dit « Je ne t’aime que quand je suis éméché », ça m’a rappelé des souvenirs où quelques-un(e)s de mes ami(e)s ont eu, lorsqu’ils étaient en état d’ébriété, soit une sacrée tendance à aimer la planète entière et à le leur dire à cœur ouvert, soit à faire des choses qu’ils n’auraient jamais fait dans état dit normal. Cette chanson aborde-t-elle l’une ou l’autre de ces options ? Et bien, je vous laisse le découvrir par vous-même… toujours est-il qu’elle me fait sourire à chaque écoute puisqu’elle me rappelle ces vieilles histoires. Mais… sont-elles vraiment de l’histoire ancienne ou parfois encore d’actualité ? Çaaaa, c’est… une autre histoire. ;)

Je vous signalais plus haut que Mika était également un bon raconteur d’histoires… « Step With Me » et « Popular Song » racontent toutes deux une histoire, sur des thèmes différents mais avec un point de vue intéressant.
« Step With Me » démarre sur des clochettes qui me font penser à Noël mais après 6 secondes, on bascule vers un autre monde. Je suis sur une plage des Caraïbes, installée dans un transat, à juste écouter la douce voix de Mika… et à bouger les bras de gauche à droite sur le refrain. Cette chanson sent bon l’été, la plage et le soleil. A l’aube de l’automne, ça tombe bien, tiens !
J’apprécie beaucoup « Popular Song », principalement en raison du thème qu’elle aborde et de la façon dont il est amené. D’une certaine façon, quand Mika chante « I know about popular and all that you have to do is be true to you » (Je m’y connais en popularité et tout ce que tu dois faire est de rester toi-même), il est clair qu’il a parfaitement compris la vision que beaucoup de gens (fans ou non) ont de lui. Et qui est probablement la raison première pour laquelle il est apprécié : il est comme il est, il a amené sa personnalité et l’univers qui va avec au monde et… voilà, c’est comme ça. Et… ça marche !
Sur « Popular Song », Mika a comme acolyte Priscilla Renea, qui a notamment écrit des chansons avec Mary J Blige, Kelly Rowland ou encore Madonna. Sa voix apporte un plus à la chanson et offre une belle complémentarité à la chanson qui n’aurait pas la même « saveur » chantée en solo.

« The Origin Of Love » comporte des chansons à prénom, dont « Lola » et… « Emily ». Dès les premières notes d’Emily, j’ai souri… pour la bonne raison qu’’Emily, c’est… la version anglaise de « Elle Me Dit ». En même temps, j’aurais dû faire le rapprochement avant même de l’avoir écoutée, vu les titres respectifs. Emily et Elle Me Dit, c’est tout de même fort proche quand on les dit à voix haute… Dans la version française, il y a une phrase qui dit « Qu’est-ce que t’as l’air coincé, t’es défoncé ou t’es gay » et moi, je persiste à entendre « t’es défoncé au pèkèt ». Je doute fort que Mika fasse une allusion à notre breuvage national dans l’une de ses chansons. On mettra donc cette déformation sur le compte de ma belgitude.

 


 
Pour rester sur le côté francophone de Mika qui a – si vous ne le saviez pas - vécu quelques années en France et maîtrise donc parfaitement la langue de Molière, l’édition française Deluxe comporte trois chansons en français : « Karen », « L’Amour Dans le Mauvais Temps » et « Un Soleil Mal Luné ». Sans vouloir pousser à la consommation, les Euros dépensés ne me semblent pas excessifs pour ces belles histoires (ou poèmes ?) supplémentaires. Ce CD complémentaire comporte également « Tah Dah », chanson en anglais, et des remixes.

Mika nous a habitués à des couvertures psychédéliques et emplies de couleurs, couvertures créées par DaWack (dont le nom de ville est Yasmine Penniman et qui est la sœur de Mika). Lorsque la cover fait son apparition sur le net le mois dernier, c’est la surprise totale : elle est d’une sobriété hors du commun. Le visage de Mika légèrement tourné vers le côté, la tête orné de traits de couleur dorés et… tiens, à y regarder de plus près, on peut même y lire quelque chose. Essayez vous-même… ;)



“The Origin of Love” est une évolution naturelle de l’aventure que Mika a démarré en 2007 : finie l’enfance de « Life In Cartoon Motion » et derrière lui les années ados de « The Boy Who Knew Too Much », Mika est maintenant arrivé à l’âge adulte et parle d’amour tel qu’il le perçoit, tel qu’il le vit. Alors, évidemment, je ne peux m’empêcher de me demander de quoi il pourra bien parler dans un prochain album : la vie quand on devient un parent ? Une personne âgée ? Finalement, la réponse est simple : peu importe… Avec Mika, le plus important (et le plus intéressant), c’est finalement de se laisser faire. Parce que où qu’il nous emmène, on ne risque aucun mal.

Chez Mika, merci, j’ai passé un excellent moment avec ton album dans les oreilles… Je pense même prolonger un peu cette dose de bonheur musical cette semaine. Mais mince, j’ai d’autres sorties musicales à écouter, moi… Bref… La difficulté de passer à la plage 2 s’est maintenant étendue à tout l’album. Mika serait-il finalement un dangereux virus dont il est difficile de se défaire une fois que l’on est affecté ? Par chance, avec un titre d’album tel que « The Origin Of Love », je doute que le virus soit mortel… J’en suis même certaine. Me demande même si on ne devrait pas faire une injection directe dans les veines de certains cinglés qui hantent notre planète pour qu’elle se porte un peu mieux. Non ?


Tracklist :
The Origin Of Love
Lola
Stardust
Make You Happy
Underwater
Overrated
Kids
Love You When I’m Drunk
Step With Me
Popular Song
Emily
Heroes
Celebrate
Elle Me Dit

Bonus Tracks
Karen
L’Amour Dans le Mauvais Temps
Un Soleil Mal Luné
Make You Happy (Cherokee Remix)
Celebrate (Robbie Rivera Remix)
Elle Me Dit (Beata Cue Remix)
Make You Happy (L.A. Edit)
Tah Dah


jeudi 13 septembre 2012

Jack White – Lotto Arena, Anvers (06/09/2012)


Ah aaaah, nous y voilà enfin ! Ce soir, rencontre avec THE Jack. Pas le Jack de Stargate, pas le Jack de Pirates de Caraïbes, pas le Jack du Titanic (de toute façon, lui, c’est pas possible, il est depuis 1912 au fond de l’océan…). Le Jack de Nashville. Le Jack de « Cold Mountain ». Le Jack des White Stripes, des Raconteurs, des Dead Weather… Jack, quoi.

Autant vous dire que cette rencontre, je l’attendais de pied ferme. J’avais déjà râlé comme une malade de ne pas avoir eu de places pour le voir à Werchter alors évidemment, quand j’ai eu l’info de son retour en Belgique, je peux vous dire que mes doigts étaient des plus affutés au jour et à l’heure de la mise en vente des billets.

Pourquoi cette envie ? C’est à la fois simple et difficile à expliquer. Jack White n’est pas un homme extrêmement beau, n’est pas non plus un chanteur qui excelle niveau voix. Mais qu’a-t-il donc pour lui ? Pour commencer, il est un merveilleux poète qui, avec des mots parfois fort simples et avec une mélodie adéquate, sait séduire. Ca, c’est ce que la plupart des journalistes disent de lui et que j’approuve pleinement. Maintenant… de mon point de vue… je dois avouer qu’à chaque fois que j’ai regardé des vidéos, des concerts ou des – rares ! – interviews… Enfin bref, ce type me file des frissons à travers tout le corps à chaque apparition… et je ne suis même pas fichue de vous dire pourquoi ! Des frissons à l’écoute d’une chanson ou d’une voix, je connais mais pas à la simple vue d’un gars qui n’entre pas vraiment dans mes critère physiques idéaux. Bon… on va dire que j’ai enfin fini par rencontrer mon idéal charismatique. Mais juste par précaution, il fallait que je vérifie si l’effet serait le même une fois le bonhomme en chair et en os sous mes yeux… Le 6 septembre, c’était l’occasion…

Parlons de la première partie. Ou n’en parlons pas. De trop, du moins. Sachez seulement que Peggy Sue est un groupe originaire de Brighton en Angleterre et composé de deux femmes et d’un homme. Avec son mélange folk-blues country assez doux, la première chanson s’est avérée intéressante. Le principal souci, c’est qu’au final, toutes les chansons du set avaient la même sonorité, ce qui est contrariant quand on est censé montrer au public un éventail de ses capacités… Soit, ça aurait pu marcher mais ça ne m’a pas convaincue. J’ai d’ailleurs encore du mal à me remettre de leur version de « Hit The Road Jack » à deux voix…

Nous voilà plongés dans le noir tandis que les roadies aménagent la scène et installent les instruments. Et sont classes les roadies de Jack ! Chemises blanches bien repassées, bretelles noires et veston et/ou chapeau noirs pour certains. On se demande où il est allés les dégoter, ceux-là… Une fois tout le matériel installé, encore quelques minutes d’attente avant qu’un membre de la « Bande à White » vienne s’adresser à nous en nous demandant de ne pas prendre de photos ou de filmer le show. Pour contenter les fans voulant avoir un souvenir de la soirée, une photographe prendra les photos qui seront disponibles sur le site de l’artiste. Pas mal, le concept…

Intro sur fond de « I’m Shakin’ » de Little Willie John, seule reprise de l’album Blunderbuss, album que Jack et son band joueront dans sa quasi-intégralité. En parlant de band, le suspense est total : en effet – et vous le savez probablement déjà – Jack White fait sa tournée accompagné de deux groupes distincts : un groupe féminin, The Peacocks, et un groupe masculin appelé Los Buzzardos. Werchter ayant reçu sur sa scène Los Buzzardos, j’imagine que nous aurons probablement affaire aux Peacocks mais sait-on jamais avec un coco comme White… Je n’ai pas de groupes de prédilection puisque les nombreuses vidéos disponibles sur Youtube & Co ont démontré le talent des deux bands. Et… arrivée sur scène du groupe. Masculin !

On entre dans le vif du sujet avec le “Hardest Button To Button” des White Stripes. Faut quand même reconnaître qu’il la joue bien mieux que moi quand je m’applique sur le jeu « Rock Band 3 » sur la Nintendo DS. Le riff de guitare est aussi précis que sur l’album et en fin de chanson, l’ombre de White apparait en format géant sur la toile située à l’arrière de la scène semblant nous dire « Ici, c’est moi qui mène la danse ».
 

 
Enchainement direct sur « Sixteen Saltines » où Jack joue le morceau sur une guitare blanche et turquoise. Les tons bleutés semblent avoir les faveurs de l’artiste puisque pendant tout le concert, l’éclairage oscille entre le turquoise et le bleu électrique, donnant un effet et une ambiance toute particulière au show.


 
Ils jouent ensuite deux autres morceaux de Blunderbuss, « Missing Pieces » et « Weep Themselves To Sleep » sur lesquels Fats Kaplin et Ikey Owens démontrent leur efficacité au violon et au piano. A ce stade, le drap blanc a disparu et l’on découvre ainsi en arrière-plan les typiques trois traits verticaux de Jack White. Ce « trio » n’est pas là par hasard puisque Mr White a une obsession démesurée pour le chiffre 3. Je vous le démontrerai encore plus tard…

 
Jack et sa "série des trois"

A la fin de « Weep Themselves To Sleep », il s’adresse au public pour la première fois en nous disant qu’à chaque fois qu’il vient en Europe, il se demande quel public sera le… plus silencieux. Et ça ne rate pas, le public belge... hurle ! Il lance ensuite un « 1, 2, 3, 4 ! » et le groupe enchaîne sur une version endiablée d’ « Hotel Yorba » qui me fait swinguer !
 

Qui c'est les plus calmes? Pas les belges en tout cas...
 
Il troque sa guitare pour une autre pour la suite. « Top Yourself », la chanson des Raconteurs plaît au public qui tape dans les mains en rythme. Avant d’entamer la partie finale de la chanson, il s’abaisse et finit genoux à terre… Il descend son micro à sa hauteur pour nous demander à plusieurs reprises « How you gonna rock yourself to sleep ? » avant de reprendre le cours de la chanson… en passant d’un côté à l’autre de la scène et en empruntant même momentanément le micro de Cory Younts, son mandoliniste. C’est là que l’on se rend compte que la photographe officielle de la tournée ne doit pas avoir toutes les facilités du monde chaque soir… ;D
 
♫♪ Falling on my knees for the love of music... ♫♪


Retour à l’album solo avec « Trash Tongue Talker » où… mais bon sang, où est-il passé ? Personne devant le micro au centre de la scène et pourtant je l’entends bel et bien chanter ! Venez pas me dire qu’il a filé en coulisses pour chanter une partie de la chanson loin de nos yeux. Honnêtement, je l’imagine très bien faire ce genre de choses… mais… ah non, il est là ! Il m’aura fallu une bonne minute avant de réaliser qu’il est en fait à l’autre bout de la scène, assis et accompagnant son pianiste sur le morceau…
 

Isaiah Randolph “Ikey” Owens
 
A la fin d’ « Apple Blossom », il prend une guitare électrique avant de se raviser et d’opter pour une acoustique… laissant présager une improvisation ou une inversion dans les morceaux choisis. La symbiose entre Jack White et ses musiciens est impressionnante : en un mot, un geste de la part du musicien aux cheveux noirs de jais, son groupe suit… Ils entament « Two Against One », chanson de Danger Mouse (une des deux moitiés de Gnarls Barkley mais également producteur d’albums des Black Keys, Gorillaz, Norah Jones…) sur laquelle Jack avait apporté son amicale contribution en 2011. L’intro est superbe… Celle d’ « On And On And On » le sera tout autant. La guitare de Jack a déjà quelques heures au compteur et si le bois est abîmé par endroits, les cordes sont bonnes : entre ses mains, toutes les guitares paraissent neuves…
 
Le groupe enchaîne sur « Hypocritical Kiss » où White se lance dans un chouette solo : les yeux fermés, il fait osciller sa guitare pour apporter d’autres nuances au son qui en sort avant d’être rejoint par ses musiciens. Le tempo ralentit légèrement, Jack se dirige vers Daru Jones, le batteur, et sans transition (ou presque) démarre « Hello Operator » des White Stripes. Pour ce morceau, Dominic Suchyta, l’ami d’enfance de Jack, quitte sa contrebasse pour une basse.
 

Dominic Suchyta

Le groupe jouera ensuite « I Cut Like A Buffalo », unique morceau du répertoire des Dead Weather ce soir et là, ça commence à s’emballer dans la foule qui est autant à fond dans son truc que les gars sur scène. Le grand gaillard maintenant a côté de moi mais qui m’a donné des envies de meurtres à son arrivée en plantant son mètre quatre-vingts bien frappés devant ma petite carcasse d’un mètre soixante balance la tête avec frénésie (Yo pote, fais gaffe, je suis plus bas et tu vas me mettre un coup de boule si tu continues !). Sur scène, Jack fait par deux fois signe à ses musiciens qui s’immobilisent tout net pour lui permettre de glisser deux accords de guitare qui tuent et j’ai même l’impression d’entendre le début de « Paperback Writer » sur une partie improvisée ! Sur « The Same Boy You’ve Always Known », c’est carrément un type qu’on promène au-dessus de la foule ! Total délire à la Lotto Arena !
 
Eeeeet… je recommence à l’entendre sans le voir devant son micro. Pour le coup, j’ai retenu la leçon, tourne de suite la tête vers le piano et profite de sa prestation sur « Take Me With You When You Go ». Il reprend ensuite sa six cordes tandis que Kaplin joue quelques superbes accords de violon qui introduisent « Carolina Drama ». Ce même violon reste omniprésent lors du morceau et en fait ressortir toute la beauté en format « live ». A la fin de la chanson, la scène est plongée dans le noir… Seul un spot diffusant une lumière blanche, posé sur le sol à l’avant-scène, éclaire Jack… Jack « White ». Serait-ce là une coïncidence ou un clin d’œil?
 

Fats Kaplin
 
« Ball And Biscuit » clôture le set en beauté, mélange rock-blues faisant son petit effet et un vrai régal pour les aficionados de bons riffs de guitare… Mr White termine la chanson la guitare négligemment posée sur sa hanche droite, pas pour frimer… juste parce qu’il en a envie, juste parce qu’il peut se le permettre.

Le groupe quitte la scène et nous abandonne… mais pas pour longtemps ! Les six hommes reviennent pour un rappel et nous jouent encore trois morceaux. Attendez… trois ? Tiens, tiens… Ne vous avais-je pas dit que je reviendrais sur cette obsession de Mr White pour le chiffre « 3 » ? Est-ce un hasard ou un choix voulu ? Seul Jack saurait nous le dire… Par contre, je n’en ai pas fini avec le « chiffre White-ien » et la suite est définitivement une preuve que le gamin de Detroit porte une attention toute particulière au moindre détail.
Ceux qui étaient présents ce soir-là et qui ont osé un moment quitter des yeux les musiciens pour jeter un œil sur les spots situés sur le dessus de la scène verront là où je veux en venir. Pour ceux qui ne l’ont pas fait et pour les absents, il suffit de regarder la photo ci-dessous. Vous avez remarqué ? Allons bon, je vous ai dit qu’il faut quitter des yeux le musicien pour regarder plus haut ! (Oui, je sais, c’est pas facile de ne pas le regarder. Et je ne vous dit même pas en « live »…)
 

Série des trois, le retour...
 
Le groupe jouera en rappel une agréable version de « Steady As She Goes », chanson qui a lancé les Raconteurs, avant d’enchaîner sur « Freedom At 21 », dernier single en date de Jack, qui donne terriblement bien en version live.
Quelque part, ces deux morceaux sont tellement sympathiques qu’il parait inconcevable qu’ils ne soient pas inclus dans la setlist principale. Je réalise cependant que la tâche est loin d’être aisée étant donné la multitude de projets dans lequel le chanteur est impliqué mais force est de reconnaitre que la setlist de ce soir est parfaitement équilibrée et me convient tout à fait. Il ne nous manquait que « Love Interruption » mais pour ce faire, il nous aurait fallu les Peacocks.

Attendez… vous croyiez que j’en avais fini ? Vous pensiez que ça se finissait ainsi ? Et bien… pas tout à fait. Il restait le dernier morceau. Celui qui a fait le tour du monde. Celui qui m’a servi toute la semaine à faire comprendre à mon entourage que « oui, tu connais Jack White sauf que tu ne sais pas que c’est lui ». Ces 7 notes scandées à l’excès dans les stades de foot par tout bon supporter, à tel point qu’ils en ont fait leur propre hymne et – avouons-le – dénaturé la beauté première de cette chanson. Et quand les 7 premières notes de « Seven Nation Army » retentissent dans la Lotto Arena, j’ai les pieds ancrés dans le sol en position sumo, prête à être transbahutée à gauche ou à droite et… ah ben non. Les gens ont manifesté leur joie, certes, mais pas de débordements intenses. Par contre, tous les bras sont levés en suivant la rythmique donnée par Mr Jones qui aura assuré comme un malade derrière sa batterie toute la soirée ! Superbe moment !


Daru Jones
 
Bon, il n’a pas fait TROIS rappels mais j’étais déjà contente de le voir revenir une fois. J’ai craint un instant qu’il ne réapparaîtrait pas à cause des zouaves qui n’ont pas pu s’empêcher de prendre des photos (avec flash, bravo la discrétion…) malgré l’avertissement du début. Et comme Mr White fait comme bon lui semble, il aurait pu avoir les nerfs et nous dire « ZUT ! ».

Vous savez, Jack, il ne sourit pas… ou peu. Celui qui est venu ce soir-là à la Lotto Arena en pensant le voir arborer un large sourire ne connait vraisemblablement pas bien l’artiste. Il est toujours difficile de savoir ce qu’il pense ou ressent : est-il content ? Satisfait ? Ou au contraire fâché ? Blasé ?
Dans le regard, par contre, beaucoup de choses passent, notamment entre lui et son band… Mais avec son public aussi. A plusieurs reprises, il lèvera les yeux vers l’assemblée et à chaque fois, on a l’impression qu’il scanne la salle toute entière. Ce n’est pas compliqué, on se sent littéralement tout nu ! Il l’a notamment fait à la fin de « Carolina Drama » et je me suis alors dit que même s’il en faut beaucoup pour m’impressionner humainement, je ne saurais pas du tout par quel côté aborder une interview avec Jack White si l’occasion m’en était donnée.
Je me ferais probablement toute petite et attendrait de voir sa réaction avant de lancer une quelconque question.
Ou alors peut-être que je lui demanderais si le fameux projet avec les Stones va se concrétiser? S’il a été fier d’avoir Keith Richards pour inaugurer son studio Third Man Records (Third ? Traduction : TROISième… Ben tiens…) à Nashville ? S’il savait que Kasabian aimerait travailler sur un projet avec lui ? S’il compte créer un nouveau groupe ? Si oui, aimerait-il explorer un univers musical à l’opposé du sien ? S’il accepterait de faire un clin d’œil sympa en apparaissant en guest dans la série « Breaking Bad » pour y jouer le frère de Walter… White ? S’il a un artiste avec lequel il rêverait de travailler ?
Euuh… OK, ptèt que j’ai finalement un stock entier de questions qui partent dans tous les sens à lui poser. Ou alors ptèt que je me contenterai juste de l’écouter s’il a envie de parler. Parce qu’à la lecture des articles que j’ai eu en main au cours des dernières années, il est clair que ce gars-là a des choses intéressantes à dire, même si en concert, il se la joue timide quand il s’agit de nous parler… C’est peut-être pour cela qu’il m’impressionne et que je l’apprécie. Il sait ce qu’il veut, il sait ce qu’il fait… le tout sans en faire des tonnes et sans écraser tout le monde sur son passage. Sa musique, il la vit. Et ça… finalement… ça me va toujours.
 

 

Je ne saurais terminer cet article sans également féliciter les Buzzardos pour leur excellente prestation de ce soir-là. Sans remercier aussi Jo McCaughey, la photographe sans qui je n’aurais pas pu illustrer cette review. Vous pouvez d’ailleurs retrouver d’autres photos du show sur le site web de Jack White.

Oh allez… j’avoue ! J’avais mon appareil et oui, j’ai tout de même fait une photo... mais je ne crois pas que Jack m’en tiendra rigueur puisque celle-ci a été prise alors qu’il avait déjà quitté la scène.
Quand je vous disais que les roadies de Jack White avaient une dégaine d’enfer, je ne vous avais pas menti, non ? En l’occurrence, celui-ci était d’une grande gentillesse et a accepté notre demande avec un grand sourire. Ben oui… eux aussi, ils « font » le show. Thanks man !


Les girls et le roadie...
 
Je ne m’en lasse pas, de ce petit jeu à… 3 !


 
 
Setlist :
-         Intro : I’m Shakin’
-         The Hardest Button To Button (The White Stripes)
-         Sixteen Saltines
-         Missing Pieces
-         Weep Themselves To Sleep
-         Hotel Yorba (The White Stripes)
-         Top Yourself (The Raconteurs)
-         Trash Tongue Talker
-         Apple Blossom (The White Stripes)
-         Two against One (Danger Mouse cover)
-         On And On And On
-         Hypocritical Kiss
-         Hello Operator (The White Stripes)
-         I Cut Like A Buffalo (The Dead Weather)
-         The Same Boy You’ve Always Known (The White Stripes)
-         Take Me With You When You Go
-         Carolina Drama (The Raconteurs)
-         Ball And Biscuit (The White Stripes)

Rappel
-         Steady As She Goes (The Raconteurs)
-         Freedom At 21
-         Seven Nation Army (The White Stripes)