Ce matin, j’expliquais à une collègue toute la beauté de pouvoir exprimer sa rage intérieure en la couchant sur papier. Ca fait du bien à celui qui les écrit et une fois décantés, les mots peuvent finalement parfois se révéler être des armes particulièrement efficaces… Deux exemples bien précis me sont alors revenus en mémoire : la fermeture de mon magasin de CDs préférés et une prise de tête dans les transports en commun de ma région. Seraing, pour être précise. Ou « Sriiiiiinnn » pour les habitués des lieux.
Vous trouverez ci-dessous le fruit de cette fameuse prise de tête… Et qui sait, si je remets la main sur le brouillon de ma lettre assassine au propriétaire (enfin… EX-propriétaire) de ce magasin, je ne manquerai pas de la partager avec vous.
Précisons encore pour le contexte que ce « manuel » a été écrit en janvier 2011 alors que la Belgique – comme quelques autres pays d’Europe – avait sur son territoire de quoi repeupler le pays en bonhommes de neige pour les cinq années suivantes…
Je vous présente en exclu le petit manuel pratique « Comment prendre les transports en commun en région sérésienne » en 30 étapes
1- Vérifier vos mails vers 6h45 pour savoir si la circulation des bus a repris après un arrêt des plus excusables du aux mauvaises conditions climatiques belges des derniers jours
2- En l’absence d’informations, contacter une collègue afin de pouvoir vous rendre à votre lieu de travail
3- En arrivant au bureau, vérifier vos mails et en trouver un annonçant la reprise de circulation de la ligne 2 (celle vous intéressant, donc)
4- Bosser… midi… manger… retour bureau
5- Nouveau mail…. Arrêt de travail des dépôts de Rocourt, Chmeppe (Jemeppe pour les non-initiés), bientôt suivi par celui de Robermont. Rire nerveux dans les bureaux étant donné l’ironie (la crétinerie ?) de la situation. Pas de réelle raison invoquée si ce n’est le célèbre « mouvement social ». Pas même une ligne de plus dans le mail ou sur le site officiel du TEC
6- Trouver l’info sur La Meuse (Infos restants à vérifier. On parle de « La Meuse » quand même…) et se rendre compte que l’arrêt de travail est du à « Un message qui n’était pas assez clair ». Se demander si le terme « demande de précisions et reformulation » est venu à l’esprit des syndicalistes
7- Sonner à « Infotec » afin de savoir si l’arrêt de travail se transformera en grève totale ou s’il existe un quelconque espoir de regagner son domicile et… obtenir 16 fois la sonnerie « occupé »
8- Se débrouiller, au cas où l’inconnu deviendrait le « pire », pour trouver un gentil collègue prêt à vous ramener avec mémo mental « Penser à installer un matelas dans le bureau pour 2011. On ne sait jamais… »
9- Téléphoner à la source, ici le Dépôt de Chmeppe, pour avoir des informations et… miracle ! Une employée sympa vous annonce que « tout est rentré dans l’ordre »
10- Résister à la tentation de dire à la dame que vous l’aimez très fort et juste la remercier sincèrement pour cette information de première nécessité
11- Mail, mail… « Les Chauffeurs des dépôts de Jemeppe et Rocourt ont repris le travail ».
12- Quitter le bureau à 16h25 pour prendre un bus qui passe à 16h35 dans un souci de précaution
13- Attendre… et regarder bon nombre de bus passer sous votre nez mais jamais avec le bon numéro. Vous n’avez pourtant pas demandé les numéros du Lotto. Juste un « 2 » (Direction CHU… TRES important !)
14- S’interroger quant à la ré-ouverture d’une faille spatio-temporelle sur le Pont de S’rin (Seraing pour les non-initiés), ladite faille ayant englouti uniquement les « 2 »
15- Ah non, en voici un… Direction Beauséjour. Pas votre direction. Demander dès lors au chauffeur s’il n’a pas vu le « 2 CHU ». Il semblerait qu’il y ait un bus en retard derrière lui. Grand merci, Aimable Chauffeur
16- Ledit retardataire arrive… Direction Beauséjour. Voir point 15 pour l’attitude à adopter. Réponse variable : « L’a du tomber en panne !!! ». Même la neige sur le sol vous semble plus chaude.
17- De dépit, grimper dans le « 2 Beauséjour »
18- Distinguer une odeur nauséabonde, l’identifier immédiatement et s’étonner de sentir une odeur de cigarette dans le bus. Apparemment, les chauffeurs ont, eux, une dérogation cigarettes.
19- Survivre aux doux cahots de la route en perpétuel travaux qui rappelle furieusement les expéditions en Amérique du Sud
20- Descendre au Beauséjour… dans une obscurité totale. Avec un peu de (mal) chance et pour autant que le bus arrive un jour, il va continuer tout droit sans vous voir
21- Travailler votre zen attitude et attendre… attendre… attendre…
22- Attendre… attendre… attendre…
23- Les 20 minutes académiques passées, se résigner à faire les 3 kms restants à pied
24- Emprunter une partie de route sans trottoir et (toujours) sans éclairage si ce n’est celui des phares de voitures vous croisant
25- Atteindre la célèbre Mare aux Joncs de S’rin et admirer le paysage. Ah non, pas possible… fait (toujours !) tout noir
26- Atteindre sain et sauf et sans savoir comment c’est possible la piste cyclable
27- Espérer que celle-ci soit toujours en mode « tout droit » parce que… il n’y a toujours pas d’éclairage. Ouf, elle EST droite
28- Sortir des bois, voir des maisons, retrouver la civilisation… et un éclairage public !
29- Slalomer entre trottoirs dégagés (Merci les gentils gens !) et la chaussée (Et oui certains ne dégagent même pas un minimum leur trottoir)
30- Atteindre votre « home sweet home » et se demander si tout cela n’était pas un rêve
31- Songer à faire un copier-coller des 30 points précédents et les transmettre au service de réclamations du TEC en précisant que cette idée de « manuel pratique » a eu le temps de germer entre les points 13 et 30.
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