jeudi 13 septembre 2012

Jack White – Lotto Arena, Anvers (06/09/2012)


Ah aaaah, nous y voilà enfin ! Ce soir, rencontre avec THE Jack. Pas le Jack de Stargate, pas le Jack de Pirates de Caraïbes, pas le Jack du Titanic (de toute façon, lui, c’est pas possible, il est depuis 1912 au fond de l’océan…). Le Jack de Nashville. Le Jack de « Cold Mountain ». Le Jack des White Stripes, des Raconteurs, des Dead Weather… Jack, quoi.

Autant vous dire que cette rencontre, je l’attendais de pied ferme. J’avais déjà râlé comme une malade de ne pas avoir eu de places pour le voir à Werchter alors évidemment, quand j’ai eu l’info de son retour en Belgique, je peux vous dire que mes doigts étaient des plus affutés au jour et à l’heure de la mise en vente des billets.

Pourquoi cette envie ? C’est à la fois simple et difficile à expliquer. Jack White n’est pas un homme extrêmement beau, n’est pas non plus un chanteur qui excelle niveau voix. Mais qu’a-t-il donc pour lui ? Pour commencer, il est un merveilleux poète qui, avec des mots parfois fort simples et avec une mélodie adéquate, sait séduire. Ca, c’est ce que la plupart des journalistes disent de lui et que j’approuve pleinement. Maintenant… de mon point de vue… je dois avouer qu’à chaque fois que j’ai regardé des vidéos, des concerts ou des – rares ! – interviews… Enfin bref, ce type me file des frissons à travers tout le corps à chaque apparition… et je ne suis même pas fichue de vous dire pourquoi ! Des frissons à l’écoute d’une chanson ou d’une voix, je connais mais pas à la simple vue d’un gars qui n’entre pas vraiment dans mes critère physiques idéaux. Bon… on va dire que j’ai enfin fini par rencontrer mon idéal charismatique. Mais juste par précaution, il fallait que je vérifie si l’effet serait le même une fois le bonhomme en chair et en os sous mes yeux… Le 6 septembre, c’était l’occasion…

Parlons de la première partie. Ou n’en parlons pas. De trop, du moins. Sachez seulement que Peggy Sue est un groupe originaire de Brighton en Angleterre et composé de deux femmes et d’un homme. Avec son mélange folk-blues country assez doux, la première chanson s’est avérée intéressante. Le principal souci, c’est qu’au final, toutes les chansons du set avaient la même sonorité, ce qui est contrariant quand on est censé montrer au public un éventail de ses capacités… Soit, ça aurait pu marcher mais ça ne m’a pas convaincue. J’ai d’ailleurs encore du mal à me remettre de leur version de « Hit The Road Jack » à deux voix…

Nous voilà plongés dans le noir tandis que les roadies aménagent la scène et installent les instruments. Et sont classes les roadies de Jack ! Chemises blanches bien repassées, bretelles noires et veston et/ou chapeau noirs pour certains. On se demande où il est allés les dégoter, ceux-là… Une fois tout le matériel installé, encore quelques minutes d’attente avant qu’un membre de la « Bande à White » vienne s’adresser à nous en nous demandant de ne pas prendre de photos ou de filmer le show. Pour contenter les fans voulant avoir un souvenir de la soirée, une photographe prendra les photos qui seront disponibles sur le site de l’artiste. Pas mal, le concept…

Intro sur fond de « I’m Shakin’ » de Little Willie John, seule reprise de l’album Blunderbuss, album que Jack et son band joueront dans sa quasi-intégralité. En parlant de band, le suspense est total : en effet – et vous le savez probablement déjà – Jack White fait sa tournée accompagné de deux groupes distincts : un groupe féminin, The Peacocks, et un groupe masculin appelé Los Buzzardos. Werchter ayant reçu sur sa scène Los Buzzardos, j’imagine que nous aurons probablement affaire aux Peacocks mais sait-on jamais avec un coco comme White… Je n’ai pas de groupes de prédilection puisque les nombreuses vidéos disponibles sur Youtube & Co ont démontré le talent des deux bands. Et… arrivée sur scène du groupe. Masculin !

On entre dans le vif du sujet avec le “Hardest Button To Button” des White Stripes. Faut quand même reconnaître qu’il la joue bien mieux que moi quand je m’applique sur le jeu « Rock Band 3 » sur la Nintendo DS. Le riff de guitare est aussi précis que sur l’album et en fin de chanson, l’ombre de White apparait en format géant sur la toile située à l’arrière de la scène semblant nous dire « Ici, c’est moi qui mène la danse ».
 

 
Enchainement direct sur « Sixteen Saltines » où Jack joue le morceau sur une guitare blanche et turquoise. Les tons bleutés semblent avoir les faveurs de l’artiste puisque pendant tout le concert, l’éclairage oscille entre le turquoise et le bleu électrique, donnant un effet et une ambiance toute particulière au show.


 
Ils jouent ensuite deux autres morceaux de Blunderbuss, « Missing Pieces » et « Weep Themselves To Sleep » sur lesquels Fats Kaplin et Ikey Owens démontrent leur efficacité au violon et au piano. A ce stade, le drap blanc a disparu et l’on découvre ainsi en arrière-plan les typiques trois traits verticaux de Jack White. Ce « trio » n’est pas là par hasard puisque Mr White a une obsession démesurée pour le chiffre 3. Je vous le démontrerai encore plus tard…

 
Jack et sa "série des trois"

A la fin de « Weep Themselves To Sleep », il s’adresse au public pour la première fois en nous disant qu’à chaque fois qu’il vient en Europe, il se demande quel public sera le… plus silencieux. Et ça ne rate pas, le public belge... hurle ! Il lance ensuite un « 1, 2, 3, 4 ! » et le groupe enchaîne sur une version endiablée d’ « Hotel Yorba » qui me fait swinguer !
 

Qui c'est les plus calmes? Pas les belges en tout cas...
 
Il troque sa guitare pour une autre pour la suite. « Top Yourself », la chanson des Raconteurs plaît au public qui tape dans les mains en rythme. Avant d’entamer la partie finale de la chanson, il s’abaisse et finit genoux à terre… Il descend son micro à sa hauteur pour nous demander à plusieurs reprises « How you gonna rock yourself to sleep ? » avant de reprendre le cours de la chanson… en passant d’un côté à l’autre de la scène et en empruntant même momentanément le micro de Cory Younts, son mandoliniste. C’est là que l’on se rend compte que la photographe officielle de la tournée ne doit pas avoir toutes les facilités du monde chaque soir… ;D
 
♫♪ Falling on my knees for the love of music... ♫♪


Retour à l’album solo avec « Trash Tongue Talker » où… mais bon sang, où est-il passé ? Personne devant le micro au centre de la scène et pourtant je l’entends bel et bien chanter ! Venez pas me dire qu’il a filé en coulisses pour chanter une partie de la chanson loin de nos yeux. Honnêtement, je l’imagine très bien faire ce genre de choses… mais… ah non, il est là ! Il m’aura fallu une bonne minute avant de réaliser qu’il est en fait à l’autre bout de la scène, assis et accompagnant son pianiste sur le morceau…
 

Isaiah Randolph “Ikey” Owens
 
A la fin d’ « Apple Blossom », il prend une guitare électrique avant de se raviser et d’opter pour une acoustique… laissant présager une improvisation ou une inversion dans les morceaux choisis. La symbiose entre Jack White et ses musiciens est impressionnante : en un mot, un geste de la part du musicien aux cheveux noirs de jais, son groupe suit… Ils entament « Two Against One », chanson de Danger Mouse (une des deux moitiés de Gnarls Barkley mais également producteur d’albums des Black Keys, Gorillaz, Norah Jones…) sur laquelle Jack avait apporté son amicale contribution en 2011. L’intro est superbe… Celle d’ « On And On And On » le sera tout autant. La guitare de Jack a déjà quelques heures au compteur et si le bois est abîmé par endroits, les cordes sont bonnes : entre ses mains, toutes les guitares paraissent neuves…
 
Le groupe enchaîne sur « Hypocritical Kiss » où White se lance dans un chouette solo : les yeux fermés, il fait osciller sa guitare pour apporter d’autres nuances au son qui en sort avant d’être rejoint par ses musiciens. Le tempo ralentit légèrement, Jack se dirige vers Daru Jones, le batteur, et sans transition (ou presque) démarre « Hello Operator » des White Stripes. Pour ce morceau, Dominic Suchyta, l’ami d’enfance de Jack, quitte sa contrebasse pour une basse.
 

Dominic Suchyta

Le groupe jouera ensuite « I Cut Like A Buffalo », unique morceau du répertoire des Dead Weather ce soir et là, ça commence à s’emballer dans la foule qui est autant à fond dans son truc que les gars sur scène. Le grand gaillard maintenant a côté de moi mais qui m’a donné des envies de meurtres à son arrivée en plantant son mètre quatre-vingts bien frappés devant ma petite carcasse d’un mètre soixante balance la tête avec frénésie (Yo pote, fais gaffe, je suis plus bas et tu vas me mettre un coup de boule si tu continues !). Sur scène, Jack fait par deux fois signe à ses musiciens qui s’immobilisent tout net pour lui permettre de glisser deux accords de guitare qui tuent et j’ai même l’impression d’entendre le début de « Paperback Writer » sur une partie improvisée ! Sur « The Same Boy You’ve Always Known », c’est carrément un type qu’on promène au-dessus de la foule ! Total délire à la Lotto Arena !
 
Eeeeet… je recommence à l’entendre sans le voir devant son micro. Pour le coup, j’ai retenu la leçon, tourne de suite la tête vers le piano et profite de sa prestation sur « Take Me With You When You Go ». Il reprend ensuite sa six cordes tandis que Kaplin joue quelques superbes accords de violon qui introduisent « Carolina Drama ». Ce même violon reste omniprésent lors du morceau et en fait ressortir toute la beauté en format « live ». A la fin de la chanson, la scène est plongée dans le noir… Seul un spot diffusant une lumière blanche, posé sur le sol à l’avant-scène, éclaire Jack… Jack « White ». Serait-ce là une coïncidence ou un clin d’œil?
 

Fats Kaplin
 
« Ball And Biscuit » clôture le set en beauté, mélange rock-blues faisant son petit effet et un vrai régal pour les aficionados de bons riffs de guitare… Mr White termine la chanson la guitare négligemment posée sur sa hanche droite, pas pour frimer… juste parce qu’il en a envie, juste parce qu’il peut se le permettre.

Le groupe quitte la scène et nous abandonne… mais pas pour longtemps ! Les six hommes reviennent pour un rappel et nous jouent encore trois morceaux. Attendez… trois ? Tiens, tiens… Ne vous avais-je pas dit que je reviendrais sur cette obsession de Mr White pour le chiffre « 3 » ? Est-ce un hasard ou un choix voulu ? Seul Jack saurait nous le dire… Par contre, je n’en ai pas fini avec le « chiffre White-ien » et la suite est définitivement une preuve que le gamin de Detroit porte une attention toute particulière au moindre détail.
Ceux qui étaient présents ce soir-là et qui ont osé un moment quitter des yeux les musiciens pour jeter un œil sur les spots situés sur le dessus de la scène verront là où je veux en venir. Pour ceux qui ne l’ont pas fait et pour les absents, il suffit de regarder la photo ci-dessous. Vous avez remarqué ? Allons bon, je vous ai dit qu’il faut quitter des yeux le musicien pour regarder plus haut ! (Oui, je sais, c’est pas facile de ne pas le regarder. Et je ne vous dit même pas en « live »…)
 

Série des trois, le retour...
 
Le groupe jouera en rappel une agréable version de « Steady As She Goes », chanson qui a lancé les Raconteurs, avant d’enchaîner sur « Freedom At 21 », dernier single en date de Jack, qui donne terriblement bien en version live.
Quelque part, ces deux morceaux sont tellement sympathiques qu’il parait inconcevable qu’ils ne soient pas inclus dans la setlist principale. Je réalise cependant que la tâche est loin d’être aisée étant donné la multitude de projets dans lequel le chanteur est impliqué mais force est de reconnaitre que la setlist de ce soir est parfaitement équilibrée et me convient tout à fait. Il ne nous manquait que « Love Interruption » mais pour ce faire, il nous aurait fallu les Peacocks.

Attendez… vous croyiez que j’en avais fini ? Vous pensiez que ça se finissait ainsi ? Et bien… pas tout à fait. Il restait le dernier morceau. Celui qui a fait le tour du monde. Celui qui m’a servi toute la semaine à faire comprendre à mon entourage que « oui, tu connais Jack White sauf que tu ne sais pas que c’est lui ». Ces 7 notes scandées à l’excès dans les stades de foot par tout bon supporter, à tel point qu’ils en ont fait leur propre hymne et – avouons-le – dénaturé la beauté première de cette chanson. Et quand les 7 premières notes de « Seven Nation Army » retentissent dans la Lotto Arena, j’ai les pieds ancrés dans le sol en position sumo, prête à être transbahutée à gauche ou à droite et… ah ben non. Les gens ont manifesté leur joie, certes, mais pas de débordements intenses. Par contre, tous les bras sont levés en suivant la rythmique donnée par Mr Jones qui aura assuré comme un malade derrière sa batterie toute la soirée ! Superbe moment !


Daru Jones
 
Bon, il n’a pas fait TROIS rappels mais j’étais déjà contente de le voir revenir une fois. J’ai craint un instant qu’il ne réapparaîtrait pas à cause des zouaves qui n’ont pas pu s’empêcher de prendre des photos (avec flash, bravo la discrétion…) malgré l’avertissement du début. Et comme Mr White fait comme bon lui semble, il aurait pu avoir les nerfs et nous dire « ZUT ! ».

Vous savez, Jack, il ne sourit pas… ou peu. Celui qui est venu ce soir-là à la Lotto Arena en pensant le voir arborer un large sourire ne connait vraisemblablement pas bien l’artiste. Il est toujours difficile de savoir ce qu’il pense ou ressent : est-il content ? Satisfait ? Ou au contraire fâché ? Blasé ?
Dans le regard, par contre, beaucoup de choses passent, notamment entre lui et son band… Mais avec son public aussi. A plusieurs reprises, il lèvera les yeux vers l’assemblée et à chaque fois, on a l’impression qu’il scanne la salle toute entière. Ce n’est pas compliqué, on se sent littéralement tout nu ! Il l’a notamment fait à la fin de « Carolina Drama » et je me suis alors dit que même s’il en faut beaucoup pour m’impressionner humainement, je ne saurais pas du tout par quel côté aborder une interview avec Jack White si l’occasion m’en était donnée.
Je me ferais probablement toute petite et attendrait de voir sa réaction avant de lancer une quelconque question.
Ou alors peut-être que je lui demanderais si le fameux projet avec les Stones va se concrétiser? S’il a été fier d’avoir Keith Richards pour inaugurer son studio Third Man Records (Third ? Traduction : TROISième… Ben tiens…) à Nashville ? S’il savait que Kasabian aimerait travailler sur un projet avec lui ? S’il compte créer un nouveau groupe ? Si oui, aimerait-il explorer un univers musical à l’opposé du sien ? S’il accepterait de faire un clin d’œil sympa en apparaissant en guest dans la série « Breaking Bad » pour y jouer le frère de Walter… White ? S’il a un artiste avec lequel il rêverait de travailler ?
Euuh… OK, ptèt que j’ai finalement un stock entier de questions qui partent dans tous les sens à lui poser. Ou alors ptèt que je me contenterai juste de l’écouter s’il a envie de parler. Parce qu’à la lecture des articles que j’ai eu en main au cours des dernières années, il est clair que ce gars-là a des choses intéressantes à dire, même si en concert, il se la joue timide quand il s’agit de nous parler… C’est peut-être pour cela qu’il m’impressionne et que je l’apprécie. Il sait ce qu’il veut, il sait ce qu’il fait… le tout sans en faire des tonnes et sans écraser tout le monde sur son passage. Sa musique, il la vit. Et ça… finalement… ça me va toujours.
 

 

Je ne saurais terminer cet article sans également féliciter les Buzzardos pour leur excellente prestation de ce soir-là. Sans remercier aussi Jo McCaughey, la photographe sans qui je n’aurais pas pu illustrer cette review. Vous pouvez d’ailleurs retrouver d’autres photos du show sur le site web de Jack White.

Oh allez… j’avoue ! J’avais mon appareil et oui, j’ai tout de même fait une photo... mais je ne crois pas que Jack m’en tiendra rigueur puisque celle-ci a été prise alors qu’il avait déjà quitté la scène.
Quand je vous disais que les roadies de Jack White avaient une dégaine d’enfer, je ne vous avais pas menti, non ? En l’occurrence, celui-ci était d’une grande gentillesse et a accepté notre demande avec un grand sourire. Ben oui… eux aussi, ils « font » le show. Thanks man !


Les girls et le roadie...
 
Je ne m’en lasse pas, de ce petit jeu à… 3 !


 
 
Setlist :
-         Intro : I’m Shakin’
-         The Hardest Button To Button (The White Stripes)
-         Sixteen Saltines
-         Missing Pieces
-         Weep Themselves To Sleep
-         Hotel Yorba (The White Stripes)
-         Top Yourself (The Raconteurs)
-         Trash Tongue Talker
-         Apple Blossom (The White Stripes)
-         Two against One (Danger Mouse cover)
-         On And On And On
-         Hypocritical Kiss
-         Hello Operator (The White Stripes)
-         I Cut Like A Buffalo (The Dead Weather)
-         The Same Boy You’ve Always Known (The White Stripes)
-         Take Me With You When You Go
-         Carolina Drama (The Raconteurs)
-         Ball And Biscuit (The White Stripes)

Rappel
-         Steady As She Goes (The Raconteurs)
-         Freedom At 21
-         Seven Nation Army (The White Stripes)

 

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