Des concerts, il y en a tous les jours et partout dans le monde mais tous n’ont pas la même valeur. Tous n’ont pas la même signification non plus. Le public vient parfois découvrir un artiste, emmené par un ami ou un membre de la famille, ou tout bonnement suite à une envie de longue (ou courte) durée.
Parfois aussi, le concert a une signification pour l’artiste sur scène. Paul McCartney a eu envie de fêter ses 40 ans de carrière solo et ses 10 ans avec son « band » actuel sur scène avec son public. Pour ce faire, 3 dates uniques aux Pays-Bas, en Suisse et en Belgique, ces pays qui l’avaient accueilli en 1972 pour sa première tournée après la dissolution des Beatles. Il va sans dire que les places sont parties à une vitesse défiant celles du son et de la lumière. Je dois d’ailleurs une fière chandelle à deux amis qui m’ont donné un tuyau du tonnerre afin d’obtenir ces places tant convoitées. Je ne compte plus le nombre de posts sur Facebook ou sur des sites de radios de personnes cherchant désespérément à en être. Même chose ce jour-là devant le Sportpaleis d’Anvers… Et après de longues journées interminables à l’approche du jour « J », nous y voilà enfin…
Passage éclair à Bruxelles pour rejoindre Audrey et nous partons milieu d’après-midi pour Anvers : autant profiter du beau soleil sur place et déjà s’imprégner de l’ambiance. Car étrangement, si chaque place est numérotée – y compris dans la fosse (!) – le public est présent sur place assez tôt et il est impossible de rater ceux qui seront dans la salle : les T-shirts McCartney, Wings ou Beatles sont partout autour de nous. En déambulant aux alentours du site, nous remarquons un groupe de personnes sur le côté du Sportpaleis. Si je pensais au départ qu’elles s’étaient postées là dans l’espérance de voir sortir l’ex-Beatles ou un membre de son groupe, j’ai vite compris qu’il s’agissait de tout autre chose en découvrant une bonne vingtaine de personnes l’oreille collée sur les portes latérales de la salle de concert. Par curiosité, nous faisons de même et là, un peu assourdie, j’entends… « Band On The Run »… Il est donc déjà là. Tout près finalement. Et il n’aurait certainement pas manqué de sourire en découvrant le spectacle de cette série d’oreilles collées sur les vitres pour profiter d’une partie des répétitions…
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Trois heures avant le "top départ", le public est déjà là... |
Si le concert démarre officiellement à 20 heures, il est possible d’entrer dans la salle avant : sur scène officie un DJ qui nous gratifie de remixes de chansons de l’artiste du soir. Une façon assez originale de « chauffer » la salle !
Si ce n’est pas ma première visite au Sportpaleis, c’est en tout cas la première fois que je suis assise dans les gradins. J’ai donc à la fois une sacrée vue sur la scène et sur l’entièreté de la salle… plein à craquer !
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Une salle "sold-out" vue d'en haut, c'est ça! |
20 heures, le set DJ se termine et le public est prêt à accueillir « Sir Paul ». Pas encore les amis ! J’avais été prévenue que le show n’allait pas démarrer de suite mais que nous allions voir défiler sur les écrans géants située de chaque côté de la scène une demi-heure d’images rétrospectives de la vie du Liverpoolien. Le film se termine… Une pause… et puis le voilà ! Il vient de l’arrière de la scène, flanqué de son équipe de choc… Il monte la petite série d’escaliers menant à la scène en sautillant tel un jeune ado. Aaah il est en forme ! Et cela va vite se voir !
Je remarque directement la sobriété du « dress code » : le noir prime... exceptions faites de l’arrière rouge du gilet de Rusty Anderson, des Converse de Brian Ray et da chemise blanche de McCartney. Saluons également l’élégance d’Abe Laboriel Jr qui a pris soin de revêtir une cravate. Noire. Evidemment.
Au passage, il faudra tout de même que je vous parle un jour de cette équipe de choc. J’avais déjà parlé d’Abe dans une chronique spéciale « batteur » mais les autres valent également leur pesant de notes de musique et méritent qu’on s’attarde un peu sur leur vie en dehors de Paul McCartney… Et si mon envie de voir McCartney remonte à longtemps, il s’avère que ce soir-là, ce n’est pas uniquement lui que je venais voir mais cet ensemble terriblement efficace et attachant.
Pour revenir brièvement sur le « dress code », je me rends compte avec le recul que le fait d’être vêtus de noir aura aussi permis de mettre en évidence les couleurs vives des nombreuses guitares utilisées lors du show.
Dans l’après-midi, bon nombre de fans s’étaient demandé si le groupe allait démarrer avec « Hello Goodbye » ou « Magical Mystery Tour », les chansons choisies à Rotterdam et Zürich et... raté ! Anvers a droit à « Venus And Mars » des Wings suivi de « Rock Show ». Dès les premières notes, le groupe est bien en place et fait preuve d’une énergie débordante, maintenue sur la célèbre « Jet » !
Arrive ensuite « All My Loving », première chanson du catalogue des Beatles : il n’a fallu au public que « Close Your Eyes » pour reconnaître la chanson… et le faire savoir haut et fort ! Lors de ce morceau, Adrian « Wix » Wickens abandonne ses claviers pour gratter la guitare avec ses acolytes.
Il est d’ailleurs important de signaler la polyvalence des guitaristes de McCartney : à plusieurs reprises, Ray et Anderson vont passer de la guitare acoustique à la guitare électrique avec une aisance déconcertante. Paul, lui, s’accroche à la basse, l’instrument qui l’a fait connaitre aux yeux du monde. Il délaissera cependant plusieurs fois la guitare à quatre cordes pour d’autres instruments : la mandoline sur « Dance Tonight », l’ukulélé sur « Something » et le piano sur des classiques tels que « The Long And Winding Road » ou « Hey Jude »… laissant à Brian Ray le soin de gérer la partie basse des morceaux.
Une équipe efficace musicalement donc. Vocalement aussi puisque que Anderson, Ray, Wickens et Laboriel assurent les chœurs lors du show.
Il est rare que les batteurs jouent aux choristes : chanter tout en battant la mesure n’est pas aisé puisque le pied de micro est toujours sur le chemin d’une baguette. C’est loin d’être un problème pour Abe qui a son propre micro disposé sur un système pivotant : il chante et dès qu’il a fini, se sert de sa baguette pour repousser le micro et utilise le même stratagème pour le ramener quand nécessaire. Le tout avec une dextérité épatante pour un type qui dépasse les 100 kilos.
Avant d’entamer « Junior’s Farm », Paul s’essaye… au néerlandais. Si, si, juré ! Si le geste est fort sympathique, l’accent n’y est pas encore tout à fait. Il retentera le coup plusieurs fois lors de la soirée. Si je n’ai rien contre le néerlandais, je regrette toutefois – comme d’autres ce soir-là – qu’il n’ait pas tenté quelques fois de nous adresser quelques mots en français, l’autre langue nationale. Venant de quelqu’un qui, à une époque, trouvait belles toutes les Michelle, j’imagine que ça aurait été ‘Finger in the nose’.
Retour ensuite au Beatles avec « Got To Get You Into My Life » où ceux qui ignoraient l’existence du morceau n’avaient qu’à jeter un œil sur l’écran géant où l’on pouvait voir les Fab four en version digitalisée…
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♫♪ Got To Get You Into My Life... ♫♪ |
Le groupe fait ensuite une incursion avec « Sing The Changes », une chanson issue du répertoire de « The Fireman », un side-project de MCCartney. Une chanson qui aura chez moi un impact assez considérable par la suite. Mais nous en reparlerons plus loin… A la fin de la chanson, McCartney nous dit qu’il est heureux d’être de retour et que nous allons tous faire la fête… que la soirée va être rock’n’roll aussi ! Bonne affaire, tiens !
A la fin de « The Night Before », Mr McCartney salue et remercie son public : il le fera d’ailleurs régulièrement lors de la soirée. On est gentleman ou on ne l’est pas, n’est-ce pas ? Il choisit ce moment pour enlever sa veste, déchaînant une volée de cris qui ne manque pas de le surprendre. En prenant une guitare rouge - reprise sur un des T-shirts de la tournée - il se tourne vers nous, les yeux plein de malice, et annonce au public que cela sera le seul changement de vêtements de la soirée !
Le groupe entame « Let Me Roll It » où les claviers de Wix ont toute leur importance dans ce morceau des Wings. Les trois guitaristes s’éloignent du devant de la scène pour rejoindre le claviériste et l’ambiance est aussi détendue que le morceau. L’unité qui existe au sein du groupe a été rapportée dans de nombreux articles et n’est pas un mythe : ces cinq-là ont, au fil des ans, visiblement développé une synergie hors du commun. La « machine » est dès lors bien rôdée et fonctionne à merveille… La transition sur « Foxy Lady » de Jimi Hendrix se fait naturellement et est la meilleure preuve du plaisir non feint qu’ont ces musiciens à jouer ensemble. C’est un régal à la fois pour les yeux et les oreilles !
Paul prend un moment pour nous expliquer que ses musiciens et lui ne peuvent évidemment pas rater les pancartes que les fans apportent et qu’ils sont bien placés pour pouvoir les lire. Cela dit, il explique aussi qu’il n’est pas toujours facile d’à la fois les lire et de se souvenir des accords de guitare en même temps. Et voilà… un mythe tombe : Paul McCartney vient de nous avouer que oui, il doit aussi parfois se souvenir des accords de guitare… mais sérieusement, vous y croyez, vous ?
Il jette un œil devant lui et répond à un message inscrit sur une pancarte demandant s’il vendrait sa guitare par « Non… je la garde !». Il nous explique que cette guitare a servi à l’écriture de la chanson qu’ils vont alors jouer… et là, Paul entame un « Paperback Writer » qui dépote grave !
A la fin de la chanson, il prend place derrière le piano et joue une version de « The Long And Winding Road » qui diffère légèrement de l’originale mais qui a son charme. McCartney rajoute çà et là quelques accords et s’il la débute seul, il est rejoint au chant par son batteur.
Après un salut et un merci, une mélodie au son proche de celui de cloche(tte)s retentit et… et bien oui, quoi de mieux qu’un son pareil pour démarrer « Let ‘Em In ». La chanson ne dit-elle pas à un moment donné « Someone’s knockin at the door... Somebody’s ringin the bell… ». Et là finalement, c’est vrai qu’on se dit qu’on n’est pas si mal avec Paul et ses potes, qu’on est contents qu’ils nous aient laissés entrer dans leur petit monde à eux. Qu’on aime regarder Paul et Abe siffloter et qu’on aime bien regarder Brian se faire un super solo de guitare… On se dit que c’est quand même difficile de ne pas taper du pied en rythme ou balancer la tête de gauche à droite pour les accompagner…
Il enchaîne sur « My Valentine », morceau le plus récent de son répertoire et écrit pour sa nouvelle épouse, avant d’enchaîner sur « Nineteen Hundred And Eighty Five », un morceau plein de peps des Wings. La transition morceau énergique - morceau lent - retour sur un morceau énergique se fait sans aucun problème et le tout passe comme une lettre à la poste !
Passage sur d’autres chansons des Beatles, « I’m Looking Through You » (je ne peux alors m’empêcher de penser à la chouette version des Wallflowers… fils de Bob Dylan quand même, là. Un vieil ami du Beatle…) et « And I Love Her » avant un arrêt sur une autre chanson qui a une signification toute particulière. Paul nous explique que cette chanson a été écrite afin de donner un peu d’espoir à « certaines » personnes résidant dans le sud des Etats-Unis dans les 60ies, époque à laquelle les droits civils étaient loin d’être les mêmes pour tous et où les tensions raciales faisaient rage… Quand on sait que la chanson porte le titre de « BLACKbird », il n’est pas difficile de savoir quelles étaient ces « certaines » personnes… Un morceau superbe qu’il jouera seul avec sa guitare sur scène, une pleine lune dans son dos. Beau moment d’émotion pour toute la salle.
Il me semble qu’il a fallu au public un bon moment avant d’être « dedans », peut-être tout simplement parce qu’il leur a fallu – comme moi – le temps de se faire à l’idée qu’ils avaient devant eux une des personnes qui ont « fait » le monde de la musique. Le public a véritablement commencé à réagir lors de « Foxy Lady » ; « Long And Winding » et « Let ‘Em In » ont maintenu l’énergie mais selon moi, c’est définitivement Paul, sa guitare et « Blackbird » qui ont fait décoller la salle. A la fin du morceau, les applaudissements fusent et… les pieds se mettent en branle. La salle toute entière a l’air d’être victime d’un tremblement de terre… et je n’en crois ni mes yeux, ni mes oreilles. J’ai déjà fait pas mal de concerts dans ma vie mais de mémoire, je ne me souviens pas avoir jamais vécu ça. Et pendant ce temps-là, Paul, lui, reste devant nous et recueille tout cela avec humilité. Comme ça.
Il détend un peu l’atmosphère en utilisant à nouveau le néerlandais « tel que parlé par Magritte » avant de repasser à sa langue maternelle pour nous expliquer que parfois, nous voulons dire aux gens que nous les aimons mais que finalement, nous nous disons que nous le ferons un autre jour… Il nous dit alors que la chanson qu’il va jouer a été écrite après la mort de Lennon, sous la forme d’une conversation, celle que John et lui auraient peut-être pu avoir s’il avait vécu au-delà de cette date fatidique du 8 décembre 1980. Et là arrive « Here Today », chanson de deux frères de musique qui, s’ils ont souvent eu des désaccords au cours de leur carrière, n’en restaient pas moins lié par des notes de musique.
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Message de McCartney à Lennon... |
A la fin de la chanson, Paul se voit attribuer par son technicien, non pas une basse, non pas une guitare mais… une mandoline. Un signal d’alarme pour moi puisque la seule chanson du set « jouable » à la mandoline est « Dance Tonight ». Une de mes préférées. D’abord parce qu’elle est bonne enfant. Ensuite parce que c’est l’occasion pour Abe de montrer à quel point il ne se prend pas au sérieux. En effet, les bras de notre ami batteur ont, au début de la chanson, peu d’utilité : il en profite donc pour effectuer une chorégraphie de son cru. Un peu avant d’attraper ses baguettes pour accompagner le reste du groupe, il salue le public bien bas et ce dernier le remercie bruyamment pour sa prestation. Je crois que les gens l’aiment bien, ce… nounours-là !
McCa récupère une guitare acoustique et le quintet enchaîne sur « Mrs Vandebilt », chanson des Wings tout aussi bonne enfant que la précédente. Celle-ci finie, McCartney nous explique que lorsqu’ils l’ont jouée à Kiev quelques années auparavant, le morceau a eu un succès tel que « Mrs Vandebilt » est devenue, à cette époque, la chanson de polka favorite en Ukraine. Comme quoi, des « Oh eh oh » dans une chanson, ça peut avoir un effet garanti… mais pas forcément celui attendu au départ.
Brian quitte alors la scène, Wix est toujours derrière ses claviers… A la gauche de Paul, Abe ; à sa droite, Rusty… droits comme des « i », sans aucuns instruments en mains. Autant dire tout nus, quoi. Mmm pas tant que ça… On oublie souvent que la voix est aussi un instrument. En chantant « Eleanor Rigby », ces trois-là vont nous le prouver. En toute sobriété, Rusty et Abe se reculant vers le fond de la scène lorsque McCa chante les couplets. Et après tout, sobriété rime avec efficacité, non ? La meilleure preuve en étant la nouvelle secousse sismique qui secoue le Sportpaleis tout entier !
Les Beatles sont et resteront encore pour un bon moment – si pas pour toujours - un groupe épique dans l’Histoire de la Musique. Si le groupe a eu en son sein d’autres membres tels que Stuart Sutcliffe ou Pete Best, cette même Histoire n’a finalement retenu que Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison comme « vrais » Beatles. Deux d’entre eux sont déjà partis retrouver Jimi, Jim, Janis et leurs autres copains de l’époque. McCartney n’a pas oublié cette moitié de groupe déjà partie. Il a rendu hommage plus tôt dans la soirée à Lennon, il en fait de même pour Harrison en attrapant un ukulélé, cet instrument dont Harrison appréciait jouer et entame « Something », une des (rares !) chansons écrites par le plus discret des Fab Four.
Voir McCartney jouer cette chanson m’a tout de suite remis en tête le concert-hommage organisé par Clapton un an après le décès de son ami. McCartney y avait joué exactement la même version… Ce DVD reste un des plus beaux hommages jamais organisés pour un artiste qu’on aurait tout de même voulu garder un peu plus longtemps… d’autant que le George, il s’y connaissait finalement pas si mal que ça en musique. Suffit d’écouter ses albums pour s’en rendre compte…
Après un moment pareil, que jouer ? Et bien, on procède exactement de la même façon que pour l’hommage à Lennon : on met un truc bien sympa qui permet de ne pas tomber dans la mélancolie… Genre… une ptite intro de « Yellow Submarine ». Ça ne peut pas faire de mal, un mini-trip dans un sous-marin jaune… Bonne idée, le public est reboosté un max !
Le groupe maintient cette énergie grâce à « Band On The Run » où je suis restée subjuguée par les switches de guitare en cours de chanson. E-pa-tant !
L’acoustique du Sportpaleis, c’est quelque chose… En criant un bon coup, on peut même arriver à se faire entendre jusque sur la scène. C’est ce qui s’est passé entre « Band On The Run » et « Ob La di Ob La Da » où une seule femme a hurlé comme une grande malade, surprenant McCartney qui, une fois remis, lui a répondu en criant tout aussi fort. Il a alors décidé de tester lui-même l’acoustique de la salle en nous faisant répéter des harmonies de son cru. Il aura même réussi à nous faire aboyer (si, si, j’vous jure…). Paul… entre nous… C’est un truc à tous finir à la SPA, ça !
A la fin de « Back In The U.S.S.R », il explique que dans les 60ies, les Beatles n’étaient guère emballés à l’idée d’aller jouer en Russie étant donné le climat politique de l’époque. Il dit aussi que lors de leur séjour, il avait rencontré un russe qui lui avait confié avoir appris quelques mots grâce à leurs chansons. Quand le Beatles lui demanda lesquels, il s’entendit répondre… « Hello… Goodbye !!! », laissant le musicien légèrement pantois.
A ce moment du concert, il est 22h25 et pas une ombre de fatigue sur lui ou un des membres de son groupe que ce soit physiquement ou vocalement. Que du contraire, ils envoient, ces gars-là! Que ce soit sur « I’ve Got A Feeling » ou sur « A Day In The Life », morceau plus calme des Beatles, toujours cette énergie… qui se communique au public. Lorsqu’ils enchaînent sur « Give Peace A Chance », la foule reconnait cette chanson écrite par l’homme qui souhaitait plus de paix dans le monde : la salle toute entière reprend le refrain en chœur et sincèrement, c’est un moment tout simplement magique. Sincèrement aussi, j’espère que – de là où il est – il nous a tous entendu, le John, et qu’il a apprécié le moment autant que moi.
S’ensuivent « Let It Be », inoubliable, suivi de l’électrisant « Live And Let Die ». Sur ce morceau en particulier, je dois préciser que j’ai eu à la fois un coup de chaud ET un coup au cœur. Parce que quand on n’y est pas préparé, la pyrotechnie, c’est quelque chose ! Aaah j’avais bien vu sur des versions live en plein air que des colonnes de feu et feu d’artifices accompagnaient ce morceau mais dans ma petite tête, de la pyrotechnie dans une salle fermée qui n’est pas des plus grandes, ce n’était pas jouable… ET BEN SI ! ILS L’ONT FAIT !! Et pas qu’un peu ! Alors évidemment, quand ils ont envoyé le bazar, j’ai senti un coup de chaleur sur ma joue et ai poussé un grand cri quand le « BANG ! » du premier feu d’artifice a retenti. Aaaah ça, j’ai eu l’air ridicule ! Surtout quand j’ai crié encore une fois au second coup de semonce. En pleine guerre au milieu des « BANG ! » des canons et fusils, je me ferai repérer illico presto, c’est maintenant chose certaine…
Après ça, fallait bien un moment tendresse… Rien de tel qu’une bonne « Hey Jude » pour se remettre d’émotions fortes : c’est bien, c’est doux, c’est juste… beau. Surtout quand le public accompagne tout le long de la chanson et reprend en chœur les « na na na nananana », encouragé par les musiciens sur scène. On n’a pas envie de les décevoir… On a juste envie de leur rendre ce qu’ils ont donné sans retenue aucune. Bon… finalement, ptèt bien que c’est aussi une chanson « émotion forte ». En tout cas, elle n’a pas arrêté le type en béquilles quelques rangées devant moi. Le gars, il était debout, béquille levée vers le ciel, véritable extension de son bras, et il la balançait en rythme de gauche à droite… Tiens, d’ailleurs, à y regarder de plus près, il n’y avait pas que lui qui était debout : nous le sommes tous pour saluer les cinq musiciens devant nous. Après tout… qu’est-ce qu’ils le méritent !
Ils quittent la scène… Comme si on allait les laisser partir ainsi tiens ! De mon côté de la salle, on continue les « na na », en remplaçant les « Jude » par… « Paul ». A force de voix, Mr McCartney et ses acolytes reviennent sur scène. Et de quelle façon ! L’ex-Beatle remonte sur scène… armé d’un drapeau belge ! Sympa, le geste ! Wix a, lui, un drapeau britannique et Abe, en bon clown qu’il sait être… un drapeau pirate !
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Quand McCartney salue les belges... |
Pour ce premier rappel, ils enchaînent « The Word », « All You Need Is Love », « Drive My Car » et « Get Back » avec un dynamisme qui emporte le public… Public qui n’a d’ailleurs reposé son popotin sur les sièges depuis qu’ils ont quitté la scène ! Le public, il est debout, il tape dans les mains et il chante haut et fort ! Les cinq musiciens se rejoignent au milieu de la scène pour saluer encore une fois la salle… à leur façon. Lors du salut précédent, ils avaient tapé le sol du pied droit après s’être relevé. Cette fois, ils s’échangeront un regard avant d’effectuer un petit saut. Décidément, quelle chouette cohésion entre ces gars-là…
Et pourtant… la foule du Sportpaleis n’est pas encore prête à les laisser partir… McCartney revient sur scène poussé par Wix tandis que son technicien lui passe une guitare acoustique. Et entame une mélodie que tous reconnaissent… Malgré les voix des quelques 18.000 personnes qui la chantent du début à la fin, cette « Yesterday » me fait soudainement penser que moi aussi, le lendemain, j’aurai envie de revenir à ce soir au Sportpaleis… Que si mes raisons sont différentes de celle de la chanson, le jour d’avant me manquera tout de même…
Une fois « Day Tripper » terminée, Paul retourne au piano et, avant de finir le concert, s’adresse encore une fois au public pour dire… que ses musiciens et lui doivent rentrer à la maison. Et que nous aussi ! La réponse est immédiate : toute la salle lui envoie un « non » unanime ! Il prend alors un air taquin pour nous dire « Ah que si ! »… Re « non » énergique du public. Et là, évidemment, il se met à rire… Il prend ensuite le temps de remercier toutes les personnes qui ont tout fait pour que le spectacle de ce soir soit une réussite : l’équipe-son, l’équipe des écrans géants, les techniciens pour leurs instruments… Et de fait, à y regarder de plus près… le show de ce soir n’a pas seulement été assuré par cinq musiciens mais par une sacrée équipe qui a géré une logistique du tonnerre. Images sur écrans, changements de guitare, sonorisation, caméras, photos, pyrotechnie… N’oublions pas non plus la gestion des camions, de la cantine (végétarienne, svp !), la sécurité, les plannings, le merchandising… Cent soixante-trois. C’est le nombre de personnes qui constituent cette équipe. Une page à eux seuls dans le programme. Mais une page bien méritée. Chapeau les gars !
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1, 2, 3, 4...82, 83... 100, 101... 163! Waw! |
Alors maintenant… Comment rester objectif face à ce que j’ai vu et entendu ce soir-là ? Comment rester objectif quand on a eu Paul McCartney sous les yeux? Vous conviendrez qu’évaluer la prestation d’un type pareil a quelque chose de ridiculement idiot, non ?
Depuis l’enfance, « Ob La Di Ob La Da » et « Yellow Submarine » m’ont toujours fait sourire ; l’intro de « Get Back » m’a toujours filé des frissons de plaisir jusqu’à l’échine et « Hey Jude » m’a toujours mise de bonne humeur. Cela rien qu’en écoutant les disques. Imaginez-vous les vivre en direct, de la voix et de la main même de la personne qui les chantait voici maintenant plus de 40 ans… A titre d’exemple, lorsqu’ils ont joué « The Long And Winding Road » et « Let It Be » - deux chansons qui m’ont toujours émue - ma voix est restée calée non pas dans ma gorge mais plus bas, dans le cœur sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Ceci, c’est pour la partie Beatles, celle que je connais finalement le mieux.
Je me dois également de préciser que lors de ces 3 heures de spectacle, plusieurs autres chansons ont fait mon bonheur… avant que je ne découvre que tous ces morceaux provenaient de l’album « Band On The Run » Des Wings. Autant vous dire que dès le lendemain, l’album était indisponible à la médiathèque de Liège.
Mais… la plus belle surprise, celle que je n’attendais certainement pas ce soir-là, reste « Sing The Changes », un morceau d’une incroyable beauté musicale et vocale doublée d’une parfaite symbiose du groupe. On associe tous l’une ou l’autre chanson à des moments de notre vie, qu’ils soient agréables ou tristes : à chaque fois que j’entendrai « Sing The Changes », c’est à cette soirée du 28 mars 2012 que je penserai. Et puis… quelle ironie ! Un morceau qui parle de « chanter les changements »… Tu parles que j’ai changé depuis ce soir-là, mon vieux ! Et que maintenant, certaines choses, certaines chansons ne sont plus les mêmes… J’pourrais ptèt même vous le chanter, tiens…
Certes oui, l'ex-Beatle a pris quelques rides depuis ses débuts en 1957 mais Monsieur McCartney est capable d'assurer trois heures de spectacle sans interruption, de jouer de multiples instruments, de plaisanter avec son public, de chanter d'une voix qui ressemble encore tellement à celle de mes vieux 45 tours... le tout sans avoir l'air de s'ennuyer le moins du monde. A 69 ans. Ce n'est pas inutile de le préciser. Surtout quand on le voit enjamber la banquette du piano comme s'il en avait... 15. L'âge qu'il avait quand il a commencé à jouer avec Lennon.
Et puis zut… Parce que finalement… vous savez… J’AI VU UN BEATLES, LES GARS !!!! ;p)
Setlist :
- Venus And Mars
- Rock Show
- Jet
- All My Loving
- Junior’s Farm
- Got To Get You Into My Life
- Sing The Changes
- The Night Before
- Let Me Roll It
- Foxy Lady
- Paperback Writer
- The Long And Winding Road
- Let ‘Em In
- My Valentine
- Nineteen Hundred And Eighty Five
- I’m Looking Through You
- And I Love Her
- Blackbird
- Here Today
- Dance Tonight
- Mrs Vandebilt
- Eleanor Rigby
- Ram On
- Something
- Yellow Submarine (Intro)
- Band On The Run
- Back In The U.S.S.R
- I’ve Got A Feeling
- A Day In The Life
- Give Peace A Chance
- Let It Be
- Live And Let Die
- Hey Jude
Premier rappel
- The Word
- All You Need Is Love (+ She Loves You)
- Drive My Car
- Get Back
Second rappel
- Yesterday
- Day Tripper
- Golden Slumbers
- Carry That Weight
- The End