J’avais expliqué dans ma
chronique sur « Strangeland » que je serai bien volontiers allée voir
Keane en tournée mais à l’époque, aucunes dates de concerts n’étaient annoncées
pour une tournée européenne. Elles sont finalement venues… et les billets sont
partis comme s’ils étaient en or massif. En ai-je eu un ? Ouais.. J’en ai
même eu deux.
Lorsque j’ai entendu « Silenced
By The Night », la nouvelle chanson de Keane, j’étais dans une voiture et
je me rendais au concert de Kasabian au Cirque Royal… C’était probablement un
signe du destin parce que le concert de Keane a justement lieu au Cirque Royal.
La première partie de Keane est
un jeune groupe britannique appelé Zulu Winter. J’avais entendu parler d’eux un
peu plus tôt dans la semaine grâce à une de leurs plus grands fans que j’avais
rencontrée suite au concert des Imagine Dragons. J’avais été écouter deux de
leurs chansons et puis avait décidé de m’arrêter. Je n’ai pas stoppé parce que
je n’en appréciais pas le son mais parce que je voulais garder une certaine
fraîcheur et surprise pour la version live. Et…
En vérité, ces cinq garçons
valent la peine d’être vus en live : bien que le groupe soit relativement
jeune – il a été formé en 2011 – ils semblent à l’aise sur scène et on sent
fort vite qu’ils ont plus de deux heures de pratique à inscrire à leur CV… Pour
tout dire, Keane les a choisi comme première partie en mai dernier mais le
groupe a également fait la première partie des Vaccines pour quelques dates de
leur tournée 2012. Y compris en Belgique. En fait, c’était la seconde fois que
Zulu Winter venait à Bruxelles en moins d’un mois et il semble qu’ils avaient
déjà été bien accueillis lors du concert des Vaccines puisque le chanteur Will
Daunt signale à u moment donné que « c’est chouette de revenir à Bruxelles
parce que vous nous avez toujours bien traités ».
Honnêtement, ils méritent cette
reconnaissance : leur musique me rappelle celle des 80ies mais avec une
petite touche moderne. Certains pourraient dire que leur son n’a « rien de
nouveau ». Peut-être… mais j’ai aimé ce que j’ai vu et n’étais apparemment
pas la seule puisque le public a tapé dans ses mains à la demande du
chanteur…ce qui n’est pas toujours le cas pour certaines malheureuses premières
parties qui doivent affronter un public qui n’attend qu’une seule chose :
l’artiste principal ! J’ai passé un bon moment à observer la belle unité
de ces cinq gars sur scène alors pour moi, c’est « marché
conclu » !
Je dois aussi vous dire que le
fait qu’ils aient été choisis par Keane n’est pas vraiment une surprise puisque
l’on peut entendre une certaine connexion musicale entre les deux groupes.
Apparemment, la connexion était d’ailleurs plus que musicale : la
prestation de Zulu Winter de ce soir était la dernière avec Keane et ils ont
profité de l’opportunité pour remercier Keane et nous dire à quel point les
quatre garçons étaient géniaux.
Les lumières s’éteignent, Zulu
Winter quitte la scène et les techniciens apparaissent pour mettre en place les
instruments de Keane. Lumières éteintes à nouveau et puis… du côté gauche de la
scène émergent de grandes ombres que j’identifie immédiatement : ce sont
nos garçons !
Le groupe démarre en douceur avec
« You Are Young », une chanson au son typiquement
« Keane ». Pendant la pause entre Zulu Winter et Keane, mon amie et
moi parlions des bassistes et du fait qu’ils se tiennent souvent du côté droit
de la scène et nous demandions s’il s’agissait d’une forme de conditionnement
du public pour l’aider à identifier plus aisément le bassiste ou s’il
s’agissait d’un aspect technique. J’étais plutôt persuadée qu’il s’agissait de
la première option : après tout, je pense avoir toujours vu Nikki Sixx de
Mötley Crüe se tenir à gauche de la scène. Bon… Nikki le fait… tout comme Jesse
Quin, apparemment. Le bassiste de Keane se tient de ce côté tandis que Tim
Rice-Oxley occupe le côté droit avec son célèbre piano. Richard Hughes est
installée derrière sa batterie, installée sur un petit podium dans le fond de
la scène, tandis que Tom Chaplin est en plein milieu de cette même scène. Un
autre piano, entièrement blanc, est installé près de la batterie, pour un usage
ultérieur…
Je me souviens avoir écouté la
plage d’ouverture de l’album et avoir ressenti ce moment de joie intense en
réalisant que le son de Keane que j’avais toujours aimé était enfin de retour…
Alors, assez naturellement, j’affichais un large sourire en me disant que ça
faisait du bien d’avoir ces gars-là ici avec nous. Sans savoir comment, je
savais déjà que cette soirée serait bonne…
Les GSMs enregistrent déjà, le
feront pendant une grande partie de la soirée et attraperont au vol cette
invitation de Tom à montrer les mains et montrer de quoi on est capable… bien
entendu, toutes les mains sont en l’air pour ajouter des claps à la chanson.
« Bend And Break »,
extrait du premier album du groupe, est un morceau plein d’énergie. Energie est
un terme bien choisi pour Keane : Tim n’arrête pas de taper son pied gauche
tout en jouant du piano pendant la quasi-majorité du concert et Tom circule à
travers toute la scène, offrant aux fans de nombreuses opportunités de prendre
des photos. Je me souviens également avoir pensé à ce moment que le mec à la
poursuite allait avoir de l’occupation ce soir-là !
« On The Road » est
l’un des chansons les plus énergiques du nouvel album et probablement une de
mes préférées : pour être honnête, ne pas mettre celle-ci dans la setlist
aurait été une grossière erreur puisque – comme je l’avais signalé dans la
chronique de l’album – ses paroles sont des plus appropriées pour une tournée.
Le groupe l’a chantée lors de plusieurs festivals estivaux mais… j’ai été assez
déçue du résultat. Parfois, la différence entre le travail fait en studio et la
version « live » ne permet pas à la chanson de fonctionner aussi bien
qu’espéré au départ et il me semblait que la voix de Tom n’était pas aussi
puissante sur scène que sur l’album… Alors évidemment, lorsque j’ai reconnu les
neuf notes de piano qui introduisent « On The Radio », je m’étais
déjà préparée à être déçue. Je n’aurais pas pu me tromper plus. To Chaplin gère
parfaitement le côté montagnes russes de la chanson sans aucun souci. Il tient
même la note quelques secondes de plus que sur l’album dans la partie
« It’s just around the band », avant de s’agenouiller devant nous… Et
pour cela, Monsieur Chaplin, c’est moi
– pas vous – qui doit m’agenouiller en signe de respect et pour m’excuser
d’avoir pensé si peu de bien de votre façon de chanter cette chanson !
Tom prends un moment pour
signaler qu’ils trouvent le Cirque Royal parfait pour terminer leur tournée
européenne et à quel point ils trouvent le théâtre superbe. Il semble beaucoup
tenir à l’endroit car il rappellera toute la tendresse qu’il a pour le lieu à
plusieurs reprises lors de la soirée.
La scène est plongée dans le
noir, à l’exception de deux spots blancs tournées vers Tim et Tom alors qu’ils
entament « We Might As Well Be Strangers ». Deux spots
supplémentaires éclairent Rich lorsqu’il commence à jouer la partie batterie de
la chanson et Jesse qui a quitté sa place pour jouer du piano sur ce morceau.
« Nothing In My Way »
possède un mélodie légèrement mélancolique avec un tempo suffisamment facile à
retenir que pour pousser le public à lancer le poing en l’air pour accompagner
Chaplin tout le long de la chanson, avec le soutien de Tim, Rich et Jesse aux
chœurs. Tim doit gérer à la fois le piano et le petit orgue placé sur le piano
mais ce n’est pas un problème pour lui : il passe de l’un à l’autre avec
grande aisance. Il est cerné par une lumière blanche tandis que les autres se
tiennent dans l’ombre pendant qu’il termine la chanson, en improvisant quelques
notes en toute fin de morceau.
Un technicien émerge du côté
gauche de la scène pour amener à tom une guitare électrique… Hein ?
Attendez… Je savais que le jeune homme savait jouer du piano et de la guitare
acoustique mais c’est la première fois que je le vois avec une guitare
électrique en main. Que vont-ils jouer ? Voici la réponse… Ils commencent
à jouer « The Lovers Are Losing ». Il y a une belle alchimie entre le
chanteur et ses trois compagnons tandis qu’il chante « I dreamed I had
nothing at all » et qu’ils lui répondent par un « Nothing more than
honesty ». Chouette moment !
|
M. Chaplin se la joue électrique... |
Je remarque seulement le décor
à ce moment-là : une large toile couvre l’entièreté du fond de la scène,
un soleil et ses rayons imprimé dans le coin supérieur droit… une image que
l’on retrouve sur l’un des T-shirts disponibles à la table de merchandising. Devant
la toile, une grand cercle avec l’inscription « Strangeland » et
quatre tours attachées au plafond avec, au bout, des lampes de forme ronde.
Simple et joli…
|
Le soleil de Strangeland brille sur la scène du Cirque Royal |
Les lampes s’allument, de la
lumière rosée et mauve remplit la scène et soudainement, les notes
caractéristiques de « Silence By The Night » démarrent et…j’ai la
même réaction physique que lorsque je l’ai entendue pour la première
fois : j’arbore le sourire le plus stupide du monde. Je n’y peux rien,
cette chanson me rend heureuse… Jouée dans des conditions du live, le morceau
est agréable puisque Tom dispense une touche additionnelle de tendresse dans sa
voix lorsqu’il chante les couplets. Jesse se tourne vers Rich et les deux
hommes échangent de petits gestes de la tête, signe d’une belle complicité
entre les deux musiciens. Quand il entame le « Baby I’m not scared of this
world when you’re here », Tom commence à taper dans ses mains, suivi par la
moitié du public qui est devant la scène. L’autre moitié pointe son index en
l’air et balance le bras en suivant le tempo de la chanson.
Pas besoin de vous dire à quel
la foule s’est emballée quand le groupe a commencé à jouer « Everybody’s
Changing »… Ca tape dans les mains, ça chante, les mains sont en l’air et
les corps bougent les épaules d’avant en arrière en suivant le rythme ! Je
ne sais toujours pas si le balancement des épaules est un mouvement naturel
inconscient lié à la chanson ou une reproduction du langage corporel des
garçons parce que… oui, tous les membres de Keane sont en train de se balancer…
Le public connait la chanson par cœur et est d’un grand soutien pendant les
refrains. Chaplin dira d’ailleurs à voix haute à quel point à quel point il a
été touché par la prestation des fans.
Le quatuor est à nouveau plongé
dans l’ombre, à l’exception d’une lueur bleue électrique à l’arrière-fond
lorsque l’on entend les premières notes de « Neon River ». Lorsque
Rich commence à taper la batterie, les six gros spots installés à l’arrière se
tourne en direction des garçons, éclairant plus le lieu mais faisant encore
d’eux « juste » des ombres sur la scène. Je dois reconnaître qu’il
s’agit d’un excellent moyen pour mettre l’accent sur la chanson. Je n’avais
jamais vraiment réalisé à quel point cette chanson était superbe lorsque j’ai
écouté « Strangeland » pour la première fois mais après plusieurs
écoutes et une lecture attentive des paroles, « Neon River » est
finalement devenue une de mes chansons préférées de l’album. La partie piano
est sensiblement différente jouée en live et tout simplement superbe :
elle rend la chanson plus belle que dans sa version studio. Les chœurs formés
par Rich et Jesse sont également des plus agréables et ajoutent de belles
harmonies que je n’avais très honnêtement pas remarquées sur l’album. Très très
belle chanson ! Tom Chaplin semble penser de même : il se tourne vers
Jesse et lève son pouce droit en fin de chanson…
J’étais visiblement tellement
obnubilée par la prestation du groupe que je n’ai pas remarqué qu’un technicien
avait amené un autre piano à droite de la scène. Tim quitte son emplacement
habituel, fait face à la foule et commence à jouer « Spiralling ». Je
n’ai jamais caché que je déteste cordialement « Perfect Symmetry »
mais ce soir, c’est un peu comme si les garçons avaient décidé de me faire
aimer les chansons de « Perfect Symmetry » en ajoutant quelques
surprises en cours de route : Tom avec une guitare sur « The Lovers
Are Losing », Tim face au public sur « Spiralling » avec… Jesse
qui ajoute des percussions au son de batterie de Rich ??? OK, les gars,
vous avez gagné, je me rends ! Ces deux chansons seront les deux seules du
troisième album de Keane à être incluses dans la setlist mais je dois
franchement avouer qu’elles se sont rélées être de belles surprises !
Arrivée de « Day Will
Come » avec son rythme entraînant !! Rich tape la batterie avant de
tourner la tête, l’attention attirée par le bassiste qui partage à nouveau un
moment avec son ami. Avant de démarrer le pont de la chanson, Tom quitte le centre
de la scène et fait face à Jesse qui apporte son aide en ajoutant sa voix sur
cette partie.
OK… je pense qu’il est
maintenant temps de parler un peu de Jesse Quin. Tel que je l’avais expliqué
dans ma chronique, Jesse ne faisait pas partie du groupe en 2004 et a rejoint
le trio début 2011. J’avais aussi mentionné que son arrivée avait amené quelque
chose de nouveau au son de Keane, en mieux.
En vérité, le petit homme
(quoique… « petit » est peut-être exagéré puisque les trois autres
sont en fait des géants !) est… grand sur scène ! Ses lignes de basse
ajoutent un petit plus aux nouvelles chansons et ne changent pas de manière
drastique les anciens morceaux. Il s’intègre au groupe avec discrétion mais
avec une efficacité indéniable : il est donc fort difficile de ne pas l’aimer…
d’autant plus quand il semble né pour partager la scène avec les trois autres.
On sent tout au long de la soirée que ces quatre-là s’entendent à
merveille : les membres d’origine de Keane l’ont accueilli et pour ce que
j’en ai vu ce soir, ils ont eu raison de la faire ! Dieu sait que cela
n’est pas toujours facile d’être « celui qui vient après » mais bon,
je l’aime bien ce gars-là ; c’est comme s’il avait toujours été là.
Après que Tom ait mentionné à
quel point il avait passé un bon moment à chanter « Day Will Come »,
nous avons un exemple de la discrétion et efficacité de Jesse sur l’une des
anciennes chansons de Keane. Rich, Tim et Tom commencent « A Bad
Dream » à eux trois tandis qu’il reste silencieux, dans l’ombre, avant de
les accompagner après le premier refrain. Il y a quelques chansons de Keane que
je trouve « juste » parfaites : « A Bad Dream » est
l’une d’entre elles et changer les choses – même de la plus petite façon que ce
soit – pourrait transformer le morceau en un complet désastre. Pas de désastre
ici… juste un beau moment et un nœud dans ma gorge.
A la fin du second refrain, le
technicien des lumières éteint toutes les lumières, à l’exception de
l’arrière-fond vert. Lorsque les lumières se rallument, Tom est face au piano
que Tim a utilisé de « Spiralling »… qui a été déplacée en face de
celui de Tim. Quelqu’un l’a déplacé entre « Spiralling » et « A
Bad Dream » et je ne l’avais même pas remarqué… CE piano est un
fantôme ! Ou peut-être que les techniciens de Keane sont des esprits… Cela
dit, j’avais bien repéré le technicien qui déplaçait le piano blanc vers
l’avant de la scène… Peut-être que les esprits restent uniquement du côté droit
de la scène dans cette équipe !
Tom s’assied en face du piano
blanc et dit au public qu’il est temps pour lui de se reposer un peu avant de
s’écrouler sur le piano, faisant rire toute l’assemblée. Il explique aussi à
quel point il aime la proximité qu’offre la salle avec un public (cette
remarque me rappelle immédiatement Dan Reynolds des Imagine Dragons qui avait
fait la même à propos de la Rotonde la semaine précédente). Il dit ne pas se
souvenir de la dernière dois qu’ils étaient venus lorsqu’une fille saisit
l’occasion pour crier un « Ca fait trop longtemps que vous n’étiez plus
venus ». Plutôt surpris mais amusé, Tom Chaplin répond immédiatement
« Depuis combien de temps » ce à quoi la fille réponds
« quatre ». Le chanteur se sert alors de son sens de l’humour
typiquement britannique en répondant « Quatre ? Quatre jours ?
Mois ? Années?... Décennies?? ».
Les lumières sont sur Tom alors
qu’il commence l’intro de « Hamburg Song », cette chanson écrite lors de
son passage dans une période assez sombre… La vie n’a pas été si facile avec
Tom il y a quelques temps. Ouais, bien sûr, tu es célèbre, tu gagnes de
l’argent, tes chansons traversent les frontières et de nombreuses personnes
t’aiment. Certaines personnes gèrent cette célébrité subite sans aucun
problème ; d’autres éprouvent plus de difficultés… Tom Chaplin est un
monstre sur scène : sa voix est tout bonnement impressionnante et ne
faillit jamais, même pour une fraction de seconde. Ce que vous entendez sur les
albums est ce que vous entendez quand il est juste en face de vous. Et si vous
êtes suffisamment chanceux – et nous l’étions ce soir-là – il vous donnera une
performance encore meilleure que celles qui sont enregistrées. Il est plein
d’énergie, il a une personnalité extravertie et fait souvent appel à son public
pour le joindre dans sa folle aventure. Et pourtant… Certains d’entre vous ne
le savent peut-être pas mais Monsieur Chaplin est un grand timide assez
solitaire. Il n’est donc pas toujours facile de voir votre vie chamboulée du
jour au lendemain quand on n’y est pas vraiment préparé. Il suffit parfois d’un
pas, d’un instant pour tomber. Ouais… la vie n’a pas toujours été facile avec
Tom Chaplin mais ce soir, il est là devant nous et il semble apprécier le
moment autant que moi. Il était déjà impressionnant en 2005 et j’ai éprouvé une
grande tendresse pour lui en raison du bon moment qu’il m’avait offert à
l’époque. Ce soir, je tiens probablement à lui encore un peu plus qu’avant… Je
pense que je pourrais gifler toute personne qui me dirait qu’il ne sait pas
chanter ! On peut ne pas aimer sa voix mais personne ne peut dire qu’il ne
sait pas chanter… Si vous voulez tente le coup, vous feriez mieux de commencer
à courir avant que je ne vous attrape…
« Hamburg Song » est l’un
des plus beaux moments du concert, pas seulement grâce à la chanson :
c’est un tout. Tom chante et joue la chanson avec l’aide de Tim avant d’être
rejoint par la rythmique toute en douceur de la batterie de Rich.
Exceptionnellement, Jesse est assis à proximité de Rich et ne joue d’aucun
instrument sur ce morceau : il profite juste du moment. Tout comme nous.
Mais… quelque chose clochait, quelque chose était… J’ôte mes bouchons d’oreille
et réalise immédiatement que… toute l’assemblée est silencieuse ! Aucun
son n’émane de la foule ! Et laissez-moi vous dire une chose :
j’étais sacrément contente d’être l’un des 2000 témoins de ce moment
exceptionnel parce que vous savez, mes gens… c’est quelque chose que l’on ne
voit pas tous les jours ! Euuuh… que l’on entend, plutôt.
|
"Hamburg Song" |
Si vous voulez allumer toute
une salle, « Is It Any Wonder » est ce qu’il faut. Que ce soit dans la
salle ou sur la scène. Tim repousse son tabouret et se tient debout devant son
piano, Rich tape sur ses cymbales avec autant d’énergie qu’Animal le muppet,
Jesse saute tout en jouant de la basse et Tom reste rarement plus de trois
secondes au même endroit. Vers la moitié de la chanson, un des roadies surgit
du côté gauche de la scène et se dissimule derrière le mur d’amplis installé
derrière Jesse. Eeeuh… tu joues à cache-cache, bonhomme ? Non, non… En
fait, le type est venu ramasser le pied de micro de Tom qui était tombé sur le
sol. Je dois avouer qu’il y avait quelque chose d’assez drôle de voir cet homme
tout de noir vêtu déambuler sur scène en pleine chanson : c’est ce que
j’appelle un « petit moment personnel de gloire » ! En vérité,
d’autres roadies (ou peut-être était-ce le même à chaque fois ? Je ne
saurais le dire…) ont surgi sur scène pour déposer des verres d’eau sur le
piano avant de venir rechercher lesdits verres pour les ramener dans les
coulisses.
Quoiqu’il en soit, avant de
voir le groupe jouer « Is It Any Wonder ? » ce soir, je n’avais
jamais réalisé qu’il ne manque pas beaucoup d’ingrédients pour faire de Keane
un groupe rock. Une guitare électrique, peut-être… mais alors… ce ne serait
plus Keane, non ?
Ensuite, le groupe joue
« This Is The Last Time », un de ses premiers morceaux, où la voix de
Tom joue encore sur des montagnes russes… sans aucun problème ! Le
chanteur a une belle complicité avec son public : à chaque fois qu’il
soulève le bras, ce sont 10 ou 20 autres bras qui en font tout autant… Jesse
quitte sa place pour aller se mettre juste derrière Rich. Ces deux-là
s’entendent vraiment bien !
Je pense qu’il est difficile
d’expliquer ce qui est arrivé au Cirque Royal quand ils commencent à jouer
« Somewhere Only We Know »… Le public applaudit, remercie les garçons
de leur prestation et une seconde plus tard, Tom ouvre grand les bras, la
chanson démarre et le même public crie à plein poumons avant de chanter avec
eux ! J’enregistre parfois certaines chansons comme souvenir de concert et
je dois alors éviter de chanter pour ne pas enregistrer ma voix plutôt que
celle du chanteur sur la scène. Alors à chaque fois que j’enregistre un
morceau, on peut voir ma bouche bouger mais… sans son qui sort de ma bouche.
J’aime tellement cette chanson que j’ai complètement oublié ce fait et
maintenant, j’ai un enregistrement de moi-même chantant la première phrase de
« Somewhere… » pour le restant de mes jours. J’y ai également Tom qui
invite son public à chanter le refrain tout seul, démontrant encore une fois la
force de cette chanson.
Il y a huit ans d’ici,
« Somewhere Only We Know » et sa belle et pourtant simple mélodie est
sortie de nulle part telle un météore musical et a tout éclaté dans un monde
composé d’arrangements studio, de matériel de musique électronique et de gros
son de rock’n’roll.
Huit ans plus tard… elle n’a
pas vieilli d’un jour. Seuls ses interprètes ont un peu vieilli et je ne peux
alors m’empêcher de me demander quel impact a pu avoir les paroles sur eux.
Quatre albums, des millions d’albums vendus, des kilomètres accumulés sur les
routes et un sac rempli d’expériences de vie plus tard, voient-ils encore la
chanson telle qu’ils la voyaient en 2004 ? « Oh simple things, where have
you gone? I’m getting old and I need something to rely on. So tell me when
you’re gonna let me in, I’m getting tired and I need somewhere to begin… And
have you have a minute why don’t we go talk about it somewhere only we know? ». Arrivent-ils encore à maintenir
les choses “simples” lorsqu’ils sont sur les routes? Est-ce que chacun d’entre
eux à quelque chose à quoi se rattacher et est-ce que chacun d’eux à un
endroit… quelque part ? Un endroit bien à eux où ils sont en
sécurité ? Ouaip… les paroles de cette chanson ont quelque chose de
puissant…
Lorsque Jess ôte sa basse, je
suis quasi-certaine que c’est la fin du concert. Un roadie (encore !)
vient la chercher et je suis alors certaine que c’est fini… Tom remercie le
public pour leur aide avant de l’applaudir avec ses trois compagnons. Ce public
les remercie tout autant avec une mélodie faite de gros « Oh oh oh ooooh
oh »…
Ne jamais oublier la présence
de pianos abandonnés sur une scène… surtout avec un bassiste qui est capable
d’en jouer. Cela pourrait signifier une autre chanson… Cela signifiait une
autre chanson. CETTE chanson ! « Bedshaped »…
L’éclairage bleu électrique et
le néon blacn » Strangeland » offrent une vue superbe….que j’aurais
apprécié bien plus si trois personnes n’avaient pas décidé de quitter leurs
places pendant l’un de mes morceaux préférés. L’une de ces trois personnes
était assise sur les escaliers et s’est probablement levée quatre ou cinq fois
pour aller chercher des boissons sans se soucier le moins du monde du fait
qu’elle nous bloquait la vue. Je vous le dit tout net : la tournée Strangeland a failli se faire renommer la
tournée StrangLeland à la fin de la soirée. (Strangle = étrangler)
Avant de débuter la
chanson, Tom demande l’aide à la foule pour chanter une partie de
« Bedshaped ». Il n’ a même pas besoin de signaler quelle partie, les gens savent déjà…
provoquant un superbe moment de
complicité. Lorsque Tom termine de dire « In white light I don’t think
so », le public chante « What do I know, what do I know…I
know ».
Ce ne sont pas 2000 personnes
qui chantent à ce moment: c’est une seule entité qui renvoie tout net sa
tendresse à ces quatre garçons.
J’avoue… J’ai
chialé. Pas beaucoup. Une larme hors de chaque oeil. Et deux de plus quand Tom
démarre la partie finale de la chanson. Une réaction physique complètement
inattendue à un moment superbe. Cela arrive parfois et croyez-moi, je n’ai pas
honte de ces moments… En fait, ces moments nous font ressentir plus que jamais
à quel nous sommes humains et bien vivants. Ces moments me font réaliser que je
ne sais VRAIMENT pas vivre sans musique. A la fin de la chanson, je suis à la
fois dévastée et heureuse…
Les garçons quittent la scène
mais le public n’est pas prêt à les laisser filer si vite… Pour ceux qui ne
sont pas belges, vous devez savoir quelque chose. La Belgique est un pays empreint
d’une grande passion pour les compétitions de foot et dans les stades, les
supporters montrent souvent leur affection envers leur équipe en chantant une
mélodie faite de « po » et de « lo » appelée « la
chanson du foot ». En fait, la plupart de ces supporters n’ont absolument
pas conscience qu’ils n’ont pas inventé cette mélodie mais qu’ils l’ont
carrément volée à Jack Whote. Remplacez les première notes de « Seven
Nation Army » par « po po lo po po po po » et vous avez la
chanson du foot. Je me suis toujours demandée si le chanteur américain avait
connaissance du nouvel usage de sa chanson…
Bref, cette petite anecdote
pour vous expliquer que tout le Cirque Royal a rappelé les garçons de Keane
avec cette mélodie… et ils sont revenus.
Tim et Tom sont seuls sur scène
et partagent un beau moment en jouant « Sea Fog ». J’avais écrit dans
ma review que cette chanson serait parfaite pour clôturer un concert mais…
heeeu… au final, la chanson donne bien quel que soit l’endroit où elle est
placée dans la setlist. Cette partition unique de piano avec la voix de Tom
posée dessus et le soutien vocal de Tim dans les chœurs est superbe à
l’oreille. Ajouter la voix de Jesse en fin de chanson est également une belle
mise en scène. Le bassiste se cachait dans l’ombre tout le long de la chanson
et nous a seulement été révélé lorsqu’il était temps pour lui d’ajouter sa voix
dans les derniers moments de la chanson. Tellement doux, beau et… parfait.
« Im’ going
back to a time when we owned this town » nous chante Tom… Et bien, la place est peut-être
plongée dans l’obscurité mais les applaudissements et les cris que j’entends
devraient rassurer le groupe : ils n’ont jamais vraiment
« perdu » la Belgique et elle était toute à eux ce soir. Lorsque j’ai
entendu la chanson pour la première fois, j’ai toujours eu le sentiment qu’il y
avait plus que de simples paroles sur une mélodie, que nous devions
probablement lire entre les lignes et y voir un message partiel ou une certaine
confession dans celle-ci alors pour moi, cette chanson reste la plus intrigante
de Strangeland. Si j’ai un jour la chanson de croiser ces quatre-là un jour, je
le leur demanderai… Je ne leur demanderai pas de quoi cela parle
exactement ; je veux juste savoir si on intuition était correcte.
« Sovereign Light
Cafe » est fascinante » mais possède aussi une mélodie qui quitte
difficilement votre tête une fois qu’elle s’y est installée. Après être
rentrées à la maison, je pense que j’ai fredonné la chanson jusqu’à ce que mon
corps m’abandonne et que je tombe endormie…
J’ai dit plus haut que Zulu
Winter et Keane semblaient avoir passé en bon moment en partant ensemble en
tournée parce que Zulu Winter avait mis en avant le côté sympathique des Keane.
Keane sont effectivement des mecs sympas puisqu’ils ont aussi un mot pour leur
première partie en mentionnant que partir en tournée avec eux était des plus
agréables et en nous invitant à acheter leur album et à les applaudir. Dans ce
monde où tous semblent penser que la musique est un monde cruel, c’est toujours
rassurant de se rendre compte que des artistes se soutiennent et se respectent
existent encore. Là où les maisons de disques vivent (quasiment toujours) avec
la notion d’argent, les artistes vivent avec la musique dans le sang…. J’ai
toujours pensé que l’argent et la musique devaient co-exister dans ce business
mais ces dernières années m’ont souvent donné tort. J’espère juste que les
choses vont changer ou j’ai le sentiment que cela deviendra toujours plus
difficile pour des jeunes et talentueux groupes de s’intégrer dans ce monde.
Espérons que Zulu Winter, Belakiss et quelques-uns de ces agréables groupes de
premières parties que j’ai découvert cette année pourront emprunter le bon
chemin parce qu’ils le méritent amplement.
Avant d’entamer leur dernière
chanson, Tom Chaplin remercie le public pour « l’atmosphère magique de ce
lieu, d’avoir amené toute cette passion, cette énergie et cette
générosité » avant d’ajouter que cela comptait beaucoup pour eux. Il
semble alors se souvenir de la fille au « quatre » et se tourne vers
elle pour dire « Ons e reverra très vite… oui ? ».
Une heure et demie après le
début du concert, la voix de Tom est toujours aussi puissante et il nous
balance une superbe performance sur « Crystall Ball ». Ses trois
compagnons ne montrent pas plus de signes de fatigue et jouent ce dernier
morceau avec une belle énergie. Le chanteur se déplace encore quelques fois du
côté droit de la scène, quelques fois du côté gauche de la scène pour offrir
aux fans une dernière chance de lui faire un signe. Et finalement permettre au
type de la poursuite de se relâcher quand les lumières de la scène
s’affolent. Chaplin encourage les fans à
montrer leurs mains et à taper dedans tant qu’ils le peuvent jusqu’à ce que la
dernière note se fasse entendre au Cirque Royal.
Les chansons de Keane ont cette
incroyable faculté de m’aider à me souvenir de moments bien précis dans ma vie.
Je me souviens encore de ce que je faisais lorsque j’ai entendu
« Somewhere Only We Know » pour la première fois ; je me
souviens encore de ce moment de sérénité que j’ai éprouvé quand j’ai chanté
« Nothing In My Way » lors de ma première leçon de cours de chant et
de l’intense nervosité le jour où j’ai dû monter sur une scène pour la chanter devant
un public (tremblement de micro, mes gens… et quel tremblement !!) ;
je me souviens encore de ces moments où « A Bad Dream » m’a aidé à
laisser derrière moi un moment particulièrement triste de ma vie.
Ces moments bien précis étaient
des bons moments qui m’ont fait sourire, des mauvais moments qui m’ont fait
pleurer mais font partie intégrante de ma vie et de mon histoire. Des moments
de vie qui ne seront et ne devraient jamais être oubliés aussi longtemps que je
peux écouter ces chansons. C’est selon moi une des plus grandes forces de
Keane : permettre aux gens de rester connectés à leur vie à l’aide de
leurs chansons.
Ecouter ces chansons avec leurs
créateurs sous les yeux multiplie les émotions par mille pour cent.
J’avais déjà ressenti cela en
2005 lorsque je les ai vus pour la première fois en concert. Maintenant, ils
ont d’autres superbes chansons et un nouvel ami à leurs côtés. J’ai été heureuse de les revoir… et n’attendrai
probablement pas sept autres années pour els revoir. On ne peut pas cracher sur
un bon moment avec des personnes qui arrivent à perturber notre baromètre
émotionnel.
La seule chose que je souhaite
est d’avoir des personnes un peu plus respectueuses qui ne se lèveront pas
autant de fois de leurs sièges sans même se soucier du fait que ceux qui sont
intéressés ne peuvent plus rien voir !
Sans oublier que je considère
également cette attitude comme un terrible manque de respect pour les artistes
sur scène. Et ces autre-là méritaient une sacrée dose de respect pour la
performance qu’ils ont offert cette nuit !
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Le show est fini mais l'émotion est encore restée un petit peu. Bien joué les garçons! |
Setlist :
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You Are Young
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Ben And Break
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On The Road
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We Might As Well Be Strangers
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Nothing In My Way
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The Lovers Are Losing
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Silenced By The Night
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Everybody’s Changing
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Neon River
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Spiralling
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Day Will Come
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A Bad Dream
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Hamburg Song
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Disconnected
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Is It Any Wonder?
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This Is The Last Time
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Somewhere Only We Know
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Bedshaped
Encore
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Sea Fog
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Sovereign Light Café
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Crystal Ball