jeudi 2 avril 2020

Someone's Gonna Break Your Heart: goodbye Mr Schlesinger...& thank you.


Ce matin, saut du lit… une autre journée confinement et télétravail pour la raison qui est un peu la raison mondiale depuis quelques semaines : Coronavirus.
Préparation du thé du matin (non, je ne me suis toujours pas mise au « café du matin », comme des millions de gens normaux), ouverture du PC, des messageries, du monde de l’Internet où nos yeux se posent sur une multitude d’informations. Sauf que ce matin, l’une d’entre elles accroche mon regard et me fait frémir… Dans un premier temps, je n’y crois pas. Je vérifie l’information… qui s’avère malheureusement exacte : Adam Schlesinger, co-fondateur des Fountains of Wayne, est décédé ce 1er avril des suites de complications dues à ce putain de Coronavirus.

Impossible de me souvenir de l’année où j’ai entendu les Fountains pour la première fois. Très probablement fin des années 90 puisque je me souviens que j’étais encore aux études. Par contre, une chose est certaine : sur chaque PC portable, sur chaque appareil me servant à écouter de la musique « on the road » que j’ai eu depuis se retrouvait systématiquement l’ensemble des albums des Fountains of Wayne. Pourquoi ? Parce qu’ils font partie de ces artistes dont les mélodies sont faites à la fois de « good vibes » et qui te restent dans la tête pour un bon moment… Un soupçon de pop, quelques notes de rock pour des morceaux qui, malgré les années qui passent, restent intemporels. Quand on a une forte influence Beatles dans le sang, difficile de faire autrement, me direz-vous…



Résumer la carrière d’Adam Schlesinger est extrêmement compliquée parce que le musicien est un vrai touche-à-tout et un bourreau de travail. Auteur-compositeur, musicien, producteur, ingénieur du son, etc. sont autant de casquettes qu’il a portées – parfois simultanément - dans sa carrière.

Seuls quelques connaisseurs ou fans connaissent son nom et l’énorme CV qui se cache derrière le New-Yorkais… mais je peux cependant vous garantir que vous avez plus que certainement déjà entendu si pas l’une de ses chansons, au moins un artiste avec ou pour lequel il a travaillé.

Si on retire ses propres groupes (Fountains of Wayne, Ivy et Fever High), on peut par exemple évoquer sa carrière d’auteur-compositeur pour… le  cinéma.

Vous souvenez-vous du film That Thing You Do!, la première réalisation de Tom Hanks, également auteur du scénario, et suivant les tribulations d’un jeune groupe des 60ies dont la première chanson – le titre du film - connait un succès fulgurant ? C’est Schlesinger qui est le papa de ce morceau pop à souhait, qui lui vaudra une nomination à l’Oscar.



On le retrouve aussi derrière plusieurs chansons du film Music and Lyrics, avec Drew Barrymore et Hugh Grant, sorti en 2007, dont la Way Back Into Love. Certes mielleuse à souhait mais encore une fois une mélodie qui reste en tête…



C’est lui aussi qui écrit en 2012 le morceau Master of the Seas pour le film d’animation Ice Age : Continental Drift, interprétée par quelques-uns des personnages habituels de la série mais aussi par Jennifer Lopez et Peter Dinklage, notre nain préféré de Game of Thrones.




Au travers de son travail avec Ivy est aussi née une amitié avec les frères Farrelly puisque des morceaux du groupe sont apparus dans pas moins de 4 films des frangins : There's Something About Mary (1998), Me Myself and Irene (2000), Shallow Hal (2001) et Fever Pitch (2005).

En 2007, il adapte en comédie musicale le grand classique de John Waters, Cry-Baby, qui avait assuré les débuts de Johnny Depp. La comédie musicale sera nominée plusieurs fois aux Tony Awards, le pendant des Oscars pour les comédies musicales.
En 2015, il a également écrit le morceau I Have Faith in You pour An Act of God, une pièce de théâtre dont le héros était interprété par Jim Parsons. Oui… LE Sheldon Cooper de Big Bang Theory.

En parlant de télé, il n’est pas en reste non plus et son expérience en comédies musicales s’est souvent avérée payante : outre des compositions pour des cérémonies telles que les Tony Awards (It’s Not Just For Gays Anymore – 2011, chantée par Neil Patrick Harris), Billboard Music Awards, The Howard Stern Show, Sesame Street (qui lui vaudra un Emmy en 2011), Saturday Night Live, il fait aussi chanter ses composition à Elvis Costello dans l’émission spéciale A Colbert Christmas : The Greatest Gift of All !, en 2008.
Autre moment visuellement impressionnant, la scène d’ouverture des Emmy Awards de 2001, chantée par Jane Lynch, pour laquelle il a écrit le morceau TV Is A Vast Wonderland. On y voit se succéder un sacré paquet de stars de la télé, à commencer par Leonard Nimoy, le regretté Mister Spock de la série Star Trek.




S’il était connu pour ses qualités de bassiste, c’est pourtant le piano qui l’a plongé dans le monde de la musique alors qu’il était encore enfant. Il a ensuite appris la basse parce qu’il avait « du mal à être ce gamin derrière le clavier qu’on plaçait à l’arrière de la scène ». C’est pourtant de ce piano que Schlesinger a joué sur The Bells, face B du single Thirty-Three des Smashing Pumpkins en 1996. Une belle amitié s’est instaurée entre lui et James Iha et ce dernier l’invitera à jouer sur chacun de ses albums solos (Let It Come Down, 1998 et Look to the Sky, 2012).



Ayant à cette même époque la même maison de disques, Schlesinger rencontre  Taylor Hanson mais il faudra cependant encore attendre une dizaine d’années avant que ce trio rajoute un batteur pour former Tinted Windows et sortir en 2009 ce génialissime album qu’est... Tinted Windows.



Adam Schlesinger a également écrit ou produit des morceaux pour d’autres artistes tels que les Crash Test Dummies (Laid Back, 2008), Dashboard Confessional (Alter the Ending, 2009), Chesney Hawkes (Stay Away Baby Jane, 2008)… Il a aussi entièrement écrit et composé le 3e album d’Emmanuelle Seigner, Distant Lover. Un petit bijou que je vous recommande… Si je n’étais pas fan de Mr Adam, je n’aurais en tout cas jamais su que Seigner était chanteuse.




Les Fountains of Wayne sont venus quatre fois en Belgique sur leur carrière. Ils font donc partie de ces groupes dont, si vous en êtes fan, il vous faut y courir, à ce concert. C’est ce que j’ai fait le 7 novembre 2011, au Botanique à Bruxelles. Expérience que j’ai racontée dans un des tout premiers articles de ce blog, à vrai dire.

2011-11-07 Adam Schlesinger at Le Botanique, Brussels


Ce que je ne savais pas, en achetant mon billet, en passant ce moment avec le public du Bota, c’est que le destin allait me jouer un joli tour une fois la dernière note jouée. En trainant un peu après le concert, notre petit groupe a eu la chance de voir approcher Jodi Porter, le guitariste des FoW et… Adam. Une occasion pareille, elle se saisit. J’ai donc approché Adam pour lui demander une photo avec Jodi et lui, qu’il a acceptée de bonne grâce, et pour discuter un peu… J’ai depuis eu la chance de rencontrer quelques artistes, quelques acteurs et artistes mais cette rencontre est marquante parce qu’Adam et Jodi sont en fait les deux premières « célébrités » avec lesquelles j’ai fait une photo.



Au-delà de cette « première », je garde surtout un beau souvenir de cette discussion. Malgré une carrière déjà bien remplie, Adam a été d’une extrême gentillesse avec nous et, avec beaucoup d’humour, nous a dit être un musicien « paresseux », expliquant ainsi les écarts si longs entre deux albums des Fountains of Wayne. Grande ironie quand on sait… qu’il n’arrête jamais.

Qu’il n’arrêtait jamais.


Il me semble encore surréaliste, là, maintenant, d’employer le passé mais avec le décès d’Adam, force est de constater que maintenant, c’est la seule conjugaison qui s’avère correcte pour parler des Fountains of Wayne, d’Ivy, des Tinted Windows ou de Fever High, ses side-projects.

De mémoire, je n’ai jamais entendu le son de sa voix pour autre chose que des chœurs. Adam Schlesinger, partout où il est passé, a toujours été un artiste discret qui s’exprimait au travers de ses notes de musique et des paroles qu’il laissait à d’autres le soin de chanter. A une exception près… Entre 2015 et 2019, Adam a apporté sa touch à la série Crazy Ex-Girlfriend, série comico-musicale un brin décalée. En 2018, il a ainsi rejoint l’équipe de la série lors d’une mini-tournée où les fans ont ainsi pu expérimenter en live la voix du compositeur et… le décalage savoureux des chansons de la série. Grâce à cette série, Schlesinger a obtenu en septembre dernier un Emmy pour la chanson – ça ne s’invente pas - Antidepressants Are So Not a Big Deal.



Someone’s Gonna Break Your Heart, une autre des chansons que j’aime beaucoup des FoW… C’est vrai, il y a toujours quelqu’un pour te briser le coeur. Aujourd’hui, c’est vous, Mr Adam, qui a brisé le mien en allant rejoindre d’autres personnes, des anonymes autant que d’autres artistes, suite à des complications de cette saloperie de virus… Voilà, je parle encore au présent. Parce que je n’ai toujours pas envie de parler au passé.

Mais pourtant, il faudra penser à continuer le fil de sa vie, dans un monde... sans toi, mec. Mais merci pour ces chouettes chansons qui, elles, resteront toujours pas très loin.




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