Ce matin, saut du lit… une autre journée
confinement et télétravail pour la raison qui est un peu la raison mondiale
depuis quelques semaines : Coronavirus.
Préparation du thé du matin (non, je ne me
suis toujours pas mise au « café du matin », comme des millions de
gens normaux), ouverture du PC, des messageries, du monde de l’Internet où nos
yeux se posent sur une multitude d’informations. Sauf que ce matin, l’une
d’entre elles accroche mon regard et me fait frémir… Dans un premier temps, je
n’y crois pas. Je vérifie l’information… qui s’avère malheureusement
exacte : Adam Schlesinger, co-fondateur des Fountains of Wayne, est décédé
ce 1er avril des suites de complications dues à ce putain de
Coronavirus.
Impossible de me souvenir de l’année où
j’ai entendu les Fountains pour la première fois. Très probablement fin des
années 90 puisque je me souviens que j’étais encore aux études. Par contre, une
chose est certaine : sur chaque PC portable, sur chaque appareil me
servant à écouter de la musique « on the road » que j’ai eu depuis se
retrouvait systématiquement l’ensemble des albums des Fountains of Wayne.
Pourquoi ? Parce qu’ils font partie de ces artistes dont les mélodies sont
faites à la fois de « good vibes » et qui te restent dans la tête
pour un bon moment… Un soupçon de pop, quelques notes de rock pour des morceaux
qui, malgré les années qui passent, restent intemporels. Quand on a une forte
influence Beatles dans le sang, difficile de faire autrement, me direz-vous…
Résumer la carrière d’Adam Schlesinger est
extrêmement compliquée parce que le musicien est un vrai touche-à-tout et un bourreau
de travail. Auteur-compositeur, musicien, producteur, ingénieur du son, etc.
sont autant de casquettes qu’il a portées – parfois simultanément - dans sa
carrière.
Seuls quelques connaisseurs ou fans
connaissent son nom et l’énorme CV qui se cache derrière le New-Yorkais… mais
je peux cependant vous garantir que vous avez plus que certainement déjà
entendu si pas l’une de ses chansons, au moins un artiste avec ou pour lequel
il a travaillé.
Si on retire ses propres groupes (Fountains
of Wayne, Ivy et Fever High), on peut par exemple évoquer sa carrière
d’auteur-compositeur pour… le cinéma.
Vous souvenez-vous du film That Thing You Do!, la première
réalisation de Tom Hanks, également auteur du scénario, et suivant les
tribulations d’un jeune groupe des 60ies dont la première chanson – le titre du
film - connait un succès fulgurant ? C’est Schlesinger qui est le papa de
ce morceau pop à souhait, qui lui vaudra une nomination à l’Oscar.
On le retrouve aussi derrière plusieurs
chansons du film Music and Lyrics,
avec Drew Barrymore et Hugh Grant, sorti en 2007, dont la Way Back Into Love. Certes mielleuse à souhait mais encore une fois
une mélodie qui reste en tête…
C’est lui aussi qui écrit en 2012 le
morceau Master of the Seas pour le
film d’animation Ice Age :
Continental Drift, interprétée par quelques-uns des personnages habituels
de la série mais aussi par Jennifer Lopez et Peter Dinklage, notre nain préféré
de Game of Thrones.
Au travers de son travail avec Ivy est
aussi née une amitié avec les frères Farrelly puisque des morceaux du groupe
sont apparus dans pas moins de 4 films des frangins : There's Something About Mary (1998), Me Myself and Irene (2000), Shallow
Hal (2001) et Fever Pitch (2005).
En 2007, il adapte en comédie musicale le
grand classique de John Waters, Cry-Baby,
qui avait assuré les débuts de Johnny Depp. La comédie musicale sera nominée
plusieurs fois aux Tony Awards, le pendant des Oscars pour les comédies
musicales.
En 2015, il a également écrit le morceau I Have Faith in You pour An Act of God, une pièce de théâtre dont
le héros était interprété par Jim Parsons. Oui… LE Sheldon Cooper de Big Bang Theory.
En parlant de télé, il n’est pas en reste
non plus et son expérience en comédies musicales s’est souvent avérée
payante : outre des compositions pour des cérémonies telles que les Tony
Awards (It’s Not Just For Gays Anymore
– 2011, chantée par Neil Patrick Harris), Billboard Music Awards, The Howard
Stern Show, Sesame Street (qui lui vaudra un Emmy en 2011), Saturday Night
Live, il fait aussi chanter ses composition à Elvis Costello dans l’émission
spéciale A Colbert Christmas : The
Greatest Gift of All !, en 2008.
Autre moment visuellement impressionnant,
la scène d’ouverture des Emmy Awards de 2001, chantée par Jane Lynch, pour
laquelle il a écrit le morceau TV Is A
Vast Wonderland. On y voit se
succéder un sacré paquet de stars de la télé, à commencer par Leonard Nimoy, le
regretté Mister Spock de la série Star
Trek.
S’il était connu pour ses qualités de
bassiste, c’est pourtant le piano qui l’a plongé dans le monde de la musique
alors qu’il était encore enfant. Il a ensuite appris la basse parce qu’il avait
« du mal à être ce gamin derrière le clavier qu’on plaçait à l’arrière de
la scène ». C’est pourtant de ce piano que Schlesinger a joué sur The Bells, face B du single Thirty-Three des Smashing Pumpkins en
1996. Une belle amitié s’est instaurée entre lui et James Iha et ce dernier
l’invitera à jouer sur chacun de ses albums solos (Let It Come Down, 1998 et Look
to the Sky, 2012).
Ayant à cette même époque la même maison de
disques, Schlesinger rencontre Taylor
Hanson mais il faudra cependant encore attendre une dizaine d’années avant que
ce trio rajoute un batteur pour former Tinted Windows et sortir en 2009 ce
génialissime album qu’est... Tinted Windows.
Adam
Schlesinger a également écrit ou produit des morceaux pour d’autres artistes
tels que les Crash Test Dummies (Laid
Back, 2008), Dashboard Confessional (Alter
the Ending, 2009), Chesney Hawkes (Stay
Away Baby Jane, 2008)… Il a aussi entièrement écrit et
composé le 3e album d’Emmanuelle Seigner, Distant Lover. Un petit bijou que je vous recommande… Si je n’étais
pas fan de Mr Adam, je n’aurais en tout cas jamais su que Seigner était
chanteuse.
Les Fountains of Wayne sont venus quatre
fois en Belgique sur leur carrière. Ils font donc partie de ces groupes dont,
si vous en êtes fan, il vous faut y courir, à ce concert. C’est ce que j’ai
fait le 7 novembre 2011, au Botanique à Bruxelles. Expérience que j’ai racontée
dans un des tout premiers articles de
ce blog, à vrai dire.
2011-11-07 Adam Schlesinger at Le Botanique, Brussels |
Ce que je ne savais pas, en achetant mon
billet, en passant ce moment avec le public du Bota, c’est que le destin allait
me jouer un joli tour une fois la dernière note jouée. En trainant un peu après
le concert, notre petit groupe a eu la chance de voir approcher Jodi Porter, le
guitariste des FoW et… Adam. Une occasion pareille, elle se saisit. J’ai donc
approché Adam pour lui demander une photo avec Jodi et lui, qu’il a acceptée de
bonne grâce, et pour discuter un peu… J’ai depuis eu la chance de rencontrer
quelques artistes, quelques acteurs et artistes mais cette rencontre est
marquante parce qu’Adam et Jodi sont en fait les deux premières
« célébrités » avec lesquelles j’ai fait une photo.
Au-delà de cette « première », je
garde surtout un beau souvenir de cette discussion. Malgré une carrière déjà
bien remplie, Adam a été d’une extrême gentillesse avec nous et, avec beaucoup
d’humour, nous a dit être un musicien « paresseux », expliquant ainsi
les écarts si longs entre deux albums des Fountains of Wayne. Grande ironie
quand on sait… qu’il n’arrête jamais.
Qu’il n’arrêtait jamais.
Il me semble encore surréaliste, là,
maintenant, d’employer le passé mais avec le décès d’Adam, force est de
constater que maintenant, c’est la seule conjugaison qui s’avère correcte pour
parler des Fountains of Wayne, d’Ivy, des Tinted Windows ou de Fever High, ses
side-projects.
De mémoire, je n’ai jamais entendu le son
de sa voix pour autre chose que des chœurs. Adam Schlesinger, partout où il est
passé, a toujours été un artiste discret qui s’exprimait au travers de ses
notes de musique et des paroles qu’il laissait à d’autres le soin de chanter. A
une exception près… Entre 2015 et 2019, Adam a apporté sa touch à la série Crazy
Ex-Girlfriend, série comico-musicale un brin décalée. En 2018, il a ainsi
rejoint l’équipe de la série lors d’une mini-tournée où les fans ont ainsi pu
expérimenter en live la voix du compositeur et… le décalage savoureux des
chansons de la série. Grâce à cette série, Schlesinger a obtenu en septembre
dernier un Emmy pour la chanson – ça ne s’invente pas - Antidepressants Are So Not a Big Deal.
Someone’s
Gonna Break Your Heart, une autre des chansons que j’aime
beaucoup des FoW… C’est vrai, il y a toujours quelqu’un pour te briser le
coeur. Aujourd’hui, c’est vous, Mr Adam, qui a brisé le mien en allant rejoindre
d’autres personnes, des anonymes autant que d’autres artistes, suite à des
complications de cette saloperie de virus… Voilà, je parle encore au présent.
Parce que je n’ai toujours pas envie de parler au passé.
Mais pourtant, il faudra penser à continuer le fil de sa vie, dans un monde... sans toi, mec. Mais merci pour ces chouettes chansons qui, elles, resteront toujours pas très loin.
Mais pourtant, il faudra penser à continuer le fil de sa vie, dans un monde... sans toi, mec. Mais merci pour ces chouettes chansons qui, elles, resteront toujours pas très loin.
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