Mince alors… Madame Faucheuse continue à faire ses siennes ! Depuis le début de l’année 2016, elle a décidé que la star, ce serait elle et qu’elle serait partout. Elle a tranché le fil de vie de nombreuses personnes, de tous âges et univers. On pourrait moins s’émouvoir du « départ » de certains en raison de leur âge déjà avancé : Zsa Zsa Gabor, Toots Thielemans, John Glenn, Michel Galabru, George Martin, Jack Davis, Pierre Tchernia, Leonard Cohen, Kenny Baker et tant d’autres ont marqué chacun leur univers – parfois sur plusieurs générations - et leur décès reste néanmoins un petit bout d’histoire qui s’en va.
A l’inverse, David Bowie (le 10/01, 69 ans), Alan
Rickman (14/01, 69 ans), Prince (21/04, 57 ans), Anton Yelchin (19/06, 27 ans) et
quelques autres étaient sincèrement bien trop jeunes pour aller dire « présent ! »
à Saint Pierre. Si tant est qu’il existe un Paradis…
La Faucheuse ne se repose jamais et ne prend jamais de
congés : le 24 décembre, le monde apprenait le décès de Rick Parfitt,
guitariste de Status Quo. Le lendemain, mon fil Twitter faisait défiler la même
info à tout va. Une info qui m’a fait l’effet d’une gifle en plein visage. Un
instant, j’ai cru à un méchant hoax parce que… non, trop jeune. Après tout,
Santana, Lady Gaga et d’autres – Paul McCartney le premier ! – ont déjà
été victimes de ce genre de canular de TRES mauvais goût. Mais… quand la BBC,
quand le New York Times, quand les agences de presse Reuters et AP relayent l’information,
on sait alors qu’on est au-delà d’une rumeur ridicule…
George Michael est donc mort. A 53 ans.
Sans avoir été fan ultime de George Michael, dire que
la jeune ado que j’étais fin des années ’80 n’a pas un tantinet bavé sur un de
ses posters serait un mensonge éhonté. Toutefois, une fois mis de côté l’aspect
« physique », il y avait bien plus en la personne de George Michael. Oui,
OK, il y a eu quelques débordements, certes : une sexualité « débordante »
et un usage de drogues de manière régulière. Mais qui est parfait sur cette
terre ? Et puis, le mode de vie d’un être humain reste – selon moi et tant
qu’il ne nuit pas directement à autrui – une affaire personnelle.
George Michael, c’était aussi une put*** de voix.
Parfois douce comme posée sur du velours (Jesus
to a Child), parfois pleine de force (Monkey),
voire un savant mélange des deux (Freeek)
mais toujours agréable à l’oreille.
Le 30 janvier 2009, dans une version précédente de ce
blog alors présent sur Facebook sous forme d’un groupe, je postais une chronique
sur cet artiste qui a écrit une page du Grand Livre de la Musique, en parlant d’un
de ses hits, Freedom.
Absent de la scène et des médias depuis quelques
années, George Michael n’avait, en 30 ans de carrière solo, sorti que 6 albums, 2 best-of et un album live. Vendus à plus de… 100 millions d’albums. Qu’on
l’ait aimé ou pas, dire que George Michael n’a pas marqué l’Histoire de la
Musique serait un peu exagéré, non ?
Ci-dessous, je vous présente cette ancienne chronique.
Il s’agit d’une version quasi-inchangée de ce que j’avais écrit à l’époque. Le
principe de mes chroniques de l’époque étant une connexion établie entre deux d’entre
elles, j’ai toutefois changé quelques parties (mise entre crochets) pour qu’elle
reste cohérente.
« Né Georgios-Kyriacos Panayiotou (on comprendra
pourquoi il a choisi de se produire avec un nom de scène !), George
Michael connaîtra d’abord le succès au sein du groupe Wham! formé en 1981 et dissout
en 1986. Les plus jeunes d’entre vous ne s’en souviennent peut-être pas mais
Wham! est à l’origine de pas mal de hits que l’on repasse encore aujourd’hui de
manière régulière : Wake Me Up
Before You Go Go ou Last
Christmas, par exemple.
Mais revenons-en à notre chanson: sortie en 1990 et
extraite de l’album Listen Without
Prejudice, Vol 1, Freedom! ‘90 est
l’une des plus longues de George Michael… pas loin de 7 minutes. Si vous vous
penchez un peu sur les paroles, vous apprendrez qu’elle parle d’un jeune homme
se sentant oppressé par l’image que l’on veut montrer de lui et qu’il veut se
libérer de cette même image : il faut savoir que déjà à l’époque de Wham!,
un paquet de jeune filles étaient dingues de George et de son physique et, bien
entendu, sa compagnie de disques l’encourage vivement à jouer de cette image
afin de booster les ventes. Ouais… sauf qu’à la longue, ça lasse et là, pour le
coup, George, il en a marre ! Résultat : il veut son indépendance et,
en l’occurrence, quitter sa maison de disques. Sauf que ce n’est pas si facile
que ça… Il finit par écrire cette chanson afin de mettre en avant ce
ras-le-bol…
Et pour bien l’illustrer, il refuse tout d’abord
d’apparaître dans la vidéo. Qu’à cela ne tienne, il recrute un ensemble de
top-models pour « chanter » la chanson à sa place. Parmi elles, Linda
Evangelista, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Christy Turlington… [Le
réalisateur] illustrera la révolte de George en détruisant quelques symboles
lui étant associés : la guitare et le blouson de cuir de l’époque de
l’album « Faith »…
Vous savez tous maintenant que l’on a appris que
George Michael était homosexuel en 1998, soit 8 ans après la sortie de Freedom (Vous saviez pas ? Heuuuu
désolée alors…). Je vous encourage dès lors à vous pencher à nouveau sur les
paroles car là soudainement, la chanson prend une toute autre signification et
révèle le talent de parolier du britannique. Avec une seule et même chanson, il
arrive à faire passer 2 messages séparés : le ras-le-bol de sa maison de
disques ET la difficulté d’être idolâtré par des femmes et de devoir ainsi
cacher sa vraie « nature ».
Encore une anecdote à propos de cette chanson :
vous avez sans doute remarqué que la chanson était suivie d’un 90. Pas besoin
d’être un génie pour comprendre qu’il s’agit de l’année de sortie du single
mais pourquoi cette rajoute ? Et bien tout simplement afin d’éviter une
confusion car Wham! avait déjà sorti un single portant le même titre en 1984.
[partie supprimée]
[Allez une dernière information à propos de Freedom. Je parlais un peu plus haut du
réalisateur sans le nommer directement. Ce dernier n’est en effet pas un novice
quand il réalise cette vidéo. En 1990, il a déjà à son compte des vidéos pour
Sting, Steve Winwood, Paula Abdul et, quelques mois auparavant, il réalisait Vogue, sa troisième vidéo pour Madonna. Devenu
depuis réalisateur de long-métrages, il est revenu à ses premières amours en
2013 en réalisant la vidéo Suit & Tie
de Justin Timberlake et Jay-Z. Elle lui permettra d’acquérir un second Grammy
Award, 18 ans après celui obtenu pour Love Is
Strong des Rolling Stones. Suit &
Tie lui permettra également de voler le titre de réalisateur le plus
récompensé aux MTV Video Music Awards à Spike Jonze. Qui est donc le
réalisateur de Freedom ? David
Fincher, le « papa » de Seven,
Fight Club, Panic Room ou – plus récemment – Gone Girl.]
George Michael n’est plus mais il nous restera quelques
bons morceaux… Et un peu plus pour certaines personnes.
Souvenez-vous, en 1991, il enregistre en duo la
chanson Don’t Let the Sun Go Down on Me
avec Elton John, créateur de celle-ci. Les bénéfices de ce single seront
reversés à pas moins d’une dizaine d’actions caritatives.
Il a également participé, l’année suivante, au concert
d’hommage à Freddie Mercury, disparu quelques mois auparavant. Aux côtés de
Bowie (!), Axl Rose, Elton John, Annie Lennox, Slash, Lisa Stansfield, il
interprète notamment une version inoubliable de Someone to Love, méritant le respect.
S’il a fait souvent la une des journaux avec ses
déboires, il a su cependant garder certaines choses secrètes. Au lendemain de
sa mort, des langues se sont déliées. Oh non, rien de dramatique ou de
scandaleux. Non… Tenues au secret du vivant de l’artiste – selon sa propre volonté
– plusieurs personnes ont aujourd’hui avoué que George Michael avait
discrètement fait des dons à de multiples associations caritatives ou,
simplement, aidé des gens dans le besoin.
A une étudiante en soins infirmiers criblée de dettes,
il avait offert 5 000£.
A une jeune femme ayant besoin d’argent pour réaliser
l’insémination qui lui permettrait de devenir maman, il avait apporté la somme
nécessaire.
Il avait acquis le piano de John Lennon, celui sur
lequel il avait composé Imagine. Il
en avait ensuite fait discrètement don au musée Beatles Story à Liverpool,
parce qu’il voulait que le piano revienne sur la terre natale du Beatles. Il y
est toujours aujourd’hui.
Tous les bénéfices de son titre Jesus to a Child – chansons écrite à la mémoire d’un de ses amants
- avaient été reversés à différentes associations.
Il était également un fréquent donateur de Childline,
une association venant en aide aux enfants.
Ce matin, la Présidente de Childline disait ceci :
« Depuis maintenant plusieurs années, il était l’un
des plus extraordinaires et généreux philanthropes de notre association mais il
était déterminé à ce que sa générosité ne soit pas rendue publique ainsi
personne en dehors de notre association ne pourrait savoir à quel point il
avait pu donner aux enfants les plus vulnérables de notre nation. Au fil des
ans, il nous a donné des millions et nous avions prévu l’an prochain, afin de
célébrer notre 30e anniversaire, d’organiser en concert en son
hommage, pour son talent artistique, pour son incroyable musicalité mais aussi
pour le remercier pour les centaines de milliers d’enfants qu’il a aidé grâce à
ses dons. ».
George ne sera donc malheureusement pas là ce jour-là
pour recevoir son hommage. Mais nul doute qu’il en a reçu en masse ce jour. A
juste titre.
Salut l’artiste !