Retour au Sportpaleis à peine un mois après l'excellente performance de Fleetwood Mac dans cette même salle. On n'est pas dans le même monde, cela dit... Vraiment pas...
Départ
de Liège, dans les bouchons. Pour changer (ironie). Arrivée au
Sportpaleis avec deux bonnes heures d'avance sur le début du show.
Occasion de prendre des forces avant le début du concert.
Mon
amie Virginie et moi rentrons dans la salle pouvant accueillir 18.000 personnes. Pour
l'instant, il fait encore désert et on ne peut que mieux en observer
la grandeur. Le Sportpaleis n'est pas ma tasse de thé, en raison de
sa grande capacité. Si je ne rechigne pas à me rendre à des
festivals où l'aspect « grande surface » se fait en
plein air, j'apprécie bien mieux des infrastructures plus modestes
du type Ancienne Belgique et Botanique quand on parle de salles
fermées...
On
approche de l'heure de début du show... mais celui-ci démarre avec
10 minutes d'avance. Je me retrouve donc pour la troisième fois en
face de Balthazar, groupe belge, en l'espace de 4 mois. Mon
expérience avec eux lors des festivals Les Ardentes et TW Classic ne
s'était pas soldée par une franche histoire d'amour, mais qui sait,
peut-être allais-je réviser mon jugement ce soir ?
Eeeeet...
et ben non. Disons tout de même que si j'apprécie les débuts de
leurs chansons, au niveau musical du moins, je finis toujours par
« décrocher » à un moment de la chanson et mon esprit
vagabonde vers une autre destination. Je ne suis toujours pas fan de
la voix des chanteurs, ce qui n'aide bien évidemment pas non plus.
Le
public du Sportpaleis semble cependant accrocher un peu plus que moi
et répond volontiers en tapant dans les mains...
Sortie
des Balthazar... On prépare la scène et dispose les instruments des
Editors. Entretemps, la salle s'est bien remplie... C'est sold-out,
ce soir ! En même temps, entre les Editors et la Belgique,
c'est une belle histoire d'amour... Preuve en sont leurs cinq
participations au festival Rock Werchter (2006, 2008, 2010, 2012 et
2013), le concert-surprise du 28 mai 2010 organisé à Liège par les
Ardentes pour à peine 700 personnes ou le petit clin d’œil à la
salle Vooruit de Gand dans leur vidéo « Bones ».
Qui sait si nous n'aurons pas droit ce soir à un nouveau 'cadeau du
coeur' de la part des cinq musiciens?
Place
au groupe... Nous sommes plongés dans l'obscurité, seules des
lumières bleutées illuminent la scène tandis que l'on entend, en
musique de fond « The Weight ».
Le
groupe arrive, sous les acclamations du public. Tom Smith, le
chanteur du groupe, salue déjà la foule du Sportpaleis avant même
d'avoir ouvert la bouche. L'ouverture, c'est Edward Lay qui la fait
en tapant sur sa batterie, démarrant ainsi « Sugar »,
excellent morceau pour entamer les « hostilités ».
Extrait de leur nouvel album, le premier depuis le départ de Chris
Urbanowicz et marquant l'arrivée dans le groupe de Justin Lockey
(guitare) et de Elliott Williams (clavier et guitare), elle met tout
le monde dans l'ambiance. Démarrage doux... Après que Tom lâche
« It breaks my heart to love you », un bon gros riff de
guitare nous signale qu'on ne va pas forcément faire dans la
dentelle toute la soirée. Vraiment pas. Après le second « break
my heart », nous nous ramassons un coup de chaud... Des
colonnes de feu viennent de surgir dans le fond de la scène. Nous
voilà prévenus... Savent recevoir les Editors.
Ils
enchaînent sur « Someone Says » pour laquelle Tom prend
sa superbe Gibson ES (Apparemment, se sont tous donnés le mot pour
sortir mes trois guitares favorites, cette semaine, les artistes.
Voir chronique sur le concert de Miles Kane. Et je n'étais pas
encore au bout de mes surprises, niveau guitare). Noire. Comme ses
fringues. J'ai rarement vu un chanteur aussi expressif avec les
mains... Pendant la grande majorité du concert, s'il ne les pose pas
sur sa guitare ou sur le piano, ses mains restent rarement au repos.
Avant
d'entamer « Smokers Outside The Hospital Doors », Tom
Smith demande au public de l'aide pour... taper dans les mains et
chanter avec lui. Bien évidemment, le public du Sportpaleis ne se le
fait pas dire deux fois et la salle entière résonne au son de mains qui
donnent le rythme. Encore une fois, nos yeux en prennent plein... la
vue : deux feux d'artifice rouges, brefs, mais superbes,
viennent illuminer la scène. Smith encourage le public à s'éclater
avec eux. Pour joindre le geste à la parole, Justin Lockey attrape
sa Fender et tape avec sa main sur l'arrière de celle-ci... tout
comme le reste de la salle. Sans la guitare. Évidemment.
Riff
de guitare reconnaissable de l'intro de « Bones », la
scène est illuminée, par l'arrière, d'une lumière blanche
éclatante, faisant ressortir un instant nos cinq musiciens en ombres
chinoises... Ed Lay envoie un max sur sa batterie ; à chaque
début de refrain, Tom tiraille les cordes de sa Gibson, mais elle
tient bon...
Ce
morceau offre un beau moment montrant à quel point Editors est,
malgré son changement de line-up, un groupe constitué d'excellents
musiciens : Russell Leetch, le bassiste, s'est dirigé vers Ed
Lay... Les deux musiciens entament un « petit écart »
musical, appuyé par Justin Lockey. Chouette moment donnant un cachet
d'autant plus appétissant à « Bones ».
Pour
la première fois depuis le début du concert, je remarque les spots
qui sont sur scène: en forme de fleur. Qui, de loin, n'est pas sans
rappeler la fleur qui illustre « The Weight of Your Love »,
le dernier opus du groupe, sorti en juin 2013.
« Eat
Raw Meat = Blood Drool » est un morceau plus difficile à
encaisser en version studio. À dire vrai, l'entièreté de « In
This Light And On This Evening » m'avait semblé, à la
première écoute, bien plus difficile à gérer que les deux
premiers albums du groupe originaire de Birmingham. Du coup, je me
demandais quel résultat les chansons de cet album pouvaient donner
une fois jouée en « live ». Et bien... c'est une
surprise des plus agréables. Le son électronique reste présent,
mais ne prend pas toute la place lors de la version scénique. Lors
du morceau, Tom Smith arpente la scène en balançant les bras de
gauche à droite, montrant à son public la marche à suivre, avant
de rejoindre le piano situé à gauche de la batterie et d'en jouer.
Il finit la chanson un pied sur le banc et l'autre sur le dessus du
piano, micro relevé suffisamment haut que pour pouvoir finir la
chanson.
Avant
d'entamer « Two Hearted Spider », Smith attrape une
guitare acoustique et remercie le public de son accueil. Je me
retourne vers mon amie et mentionne ce regard de chien battu qu'il
peut avoir. Et quand on joue une chanson pareille, avec un regard
pareil, c'est tout de même difficile de ne pas être touchée...
L'apport – discret, mais efficace - de la guitare et des claviers
sur le morceau montre bien à quel point il n'en faut parfois pas de
trop pour faire une belle chanson. « Two Hearted Spider »
finit cependant par un appui plus costaud des musiciens et du
chanteur. Comme plusieurs chansons d'Editors, elle monte crescendo
pour finir en vous laissant un peu – voire beaucoup – ému...
c'est exactement le genre de morceau qui me fait vibrer, quel que
soit l'artiste...
Retour
à une chanson de « In This Light... » et encore une
fois, c'est une belle surprise en live, une mélodie qui rentre
aisément dans la tête et qui y reste... Je me fais alors la
réflexion que si je sais que la musique du groupe a tout de suite
parlé à mes oreilles, je ne sais toujours pas comment j'ai pu
apprécier la voix de Tom Smith. Chers fans, avant de hurler au
scandale, laissez-moi m'expliquer : d'habitude, j'ai plutôt
tendance à me diriger vers des chanteurs qui ont une voix moins
grave et caverneuse. Je vais plus vite apprécier, souvent dès les
premières secondes, des voix telle celle de Tom Chaplin de Keane ou
de Brandon Flowers des Killers parce que de tessitures plus hautes.
Et là, étrangement, la voix de Tom Smith a un quelque chose qui est
un complément indéniable du son des Editors, un ptit quelque chose
d'envoûtant... Mais je reviendrai plus tard sur sa voix, car elle
m'a surprise sur un autre morceau...
Il
prend la parole, demande si nous allons bien et explique que pour
une sortie de samedi soir, le Sportpaleis est un endroit pas mal...
Trois tapes de baguettes et ils démarrent ensuite, parfaitement
synchros, « All Sparks » et j'apprécie au plus haut
point chaque note qui sort de la guitare de Justin Lockey. Pour
l'occasion, Elliott Williams est lui aussi à la guitare. Du coup,
nous avons trois guitaristes qui grattent les cordes sur ce morceau
et cette complémentarité de guitares apporte une énergie terrible
qui se ressent partout dans la salle... Tom Smith profite d'un moment
pour présenter Russell, le bassiste des Editors, qui s'avance
brièvement vers le centre de la scène avant de rejoindre son côté.
Ils
enchaînent sur « Formaldehyde », second extrait de leur
dernier album, dont la couverture du single est tout bonnement
superbe. Le clip de la chanson a été réalisé par Ben Wheatley,
réalisateur polyvalent qui apportera son savoir-faire en 2014 sur
deux épisodes de la série « Doctor Who ». Sa vidéo de
« Formaldehyde » représente une première puisqu'il
n'avait jamais réalisé de vidéo musicale.
Sur
scène, la chanson donne la pêche et fait la part belle à la
batterie de Mister Lay. Même si – vous l'avez certainement déjà
compris – les Editors ont su me convaincre ce soir, Edward Lay
reste celui des cinq qui m'a le plus bluffée. J'aime les guitares
(et bien souvent leurs propriétaires qui me font vibrer), mais la
batterie a aussi une place spéciale dans mon cœur et j'ai donc
souvent tendance à garder un œil sur le musicien qu'on met souvent
dans le « fond de la classe »... Mon amie Virginie
soulignait – à propos de Tom Smith et à juste titre – ne pas savoir comment une voix
aussi basse, profonde et puissante pouvait sortir d'un corps aussi
frêle en apparence. Je me suis fait le même type de réflexion
concernant Lay : le batteur semble faire – à la grosse louche
- un bon 20 centimètres en moins que Leetch et Smith qui atteignent
le mètre nonante, n'a pas les biscoteaux de Shannon Leto des Thirty
Seconds To Mars ou d'Abraham Laboriel Jr, batteur de Sir McCartney,
mais bon sang, qu'est-ce qu'il envoie ! La musique d'Editors
comporte de nombreux morceaux qui demandent un appui vigoureux de la
batterie : il suffit déjà d'écouter les trois premiers
morceaux de « The Back Room », premier album du groupe
pour se rendre compte que Editors est un groupe qui a toujours pu
difficilement faire sans son batteur... C'est aussi probablement pour
cette raison que j'apprécie leur musique et que « Bird of
Prey » est le morceau que je préfère sur leur dernier album.
Bref... vous l'aurez compris, Ed Lay, j'l'aime bien. Mais alors là,
VRAIMENT bien !
Morceau
suivant... du pur bonheur ! « A Ton Of Love », le
morceau qui avait marqué leur retour en juin dernier, après trois
ans et demi d' « absence discographique ». Morceau
énergique à souhait qui m'avait, lorsque je l'avais découvert,
fait danser dans mon salon plus que de raison en levant les bras au
ciel genre « ah didju que c'est bon » et en chantant le
refrain comme une malade. Et ben... c'était pareil ici ! Sauf
que je me suis sentie moins seule que dans mon salon.
Avant
de démarrer la chanson, le groupe respire un coup... Tom Smith
s'avance sur le devant de la scène et lève les bras. Ed Lay tape
les baguettes et.. vlan, le riff de guitare qui permet à tous de
reconnaître instantanément le morceau. Toute la fosse du
Sportpaleis lève les bras... Russell Leetch invite les gradins à
faire de même avant de remettre les mains sur ses quatre cordes.
Smith
se dirige vers le côté droit de la scène pour y prendre la
température lors du premier couplet... Bien évidemment, quand le
mot « Desire » arrive, c'est la salle tout entière qui
le clame avec lui. Même chose pour le refrain où, d'où je suis
(pleine fosse), je savoure le moment tout autant que le public.
Pendant ce temps-là, Smith a rejoint le milieu de la scène et
envoie le refrain avec passion. Il se tourne un moment vers le fond
de la scène et lève les bras : c'est un signal ! À
chaque mouvement de ses bras, les spots de la scène virent au blanc
éclatant, nous en mettant plein la vue ! Sur le second couplet,
le chanteur arpente la scène du côté gauche...
Là,
à ce moment-là, c'est véritablement un beau moment de communion
entre un groupe et son public : Tom Smith chante, mais le groupe
se voit renvoyer ses paroles plein pot dans la figure par la foule en
face d'eux. Smith agrippe son T-shirt et le secoue un bon coup avant
de lever les bras et de s'agenouiller devant son micro et d'entamer
le refrain une dernière fois pour finir la chanson en apothéose,
pile-poil comme sur l'album. Une fois « A Ton Of Love »
terminé, je vois Russell Leetch applaudir son public... Smith
revient vers le micro en adressant un « God bless you » à
la foule...
« Like
Treasure » démontre encore une fois l'importance de la
batterie qui, combinée ici avec la guitare, donne un résultat tout
bonnement gé-ni-al ! Morceau délicieusement envoûtant où les
claviers viennent ajouter encore plus de charme...
Je
note, sur l'écran géant, la présence d'une écharpe identique à
celle que l'on trouve au stand merchandising... Une écharpe style
supporter de football, noire et blanche, tout simplement marquée du
nom du groupe... Un élément marketing qui n'est pas vraiment
surprenant quand on sait que plusieurs membres du groupe sont des
supporters de foot... mais pas forcément du même club. Ça peut
être... sportif de regarder un match avec les Editors, à mon avis.
« An
End Has A Start » est aussi une des favorites du public qui se
déchaîne devant moi... Quoique. Je songe alors, chose que je
n'avais pas encore faite avant, car j'avais les yeux rivés sur le
spectacle, à regarder autour de moi et checker l'ambiance dans les
gradins. Mmmouais... quelques rangs sont bien debout, mais ce n’est
pas un grand engouement. On peut mettre cela sur la peur de la
personne assise de déranger ceux qui sont juste derrière elle qui
n'auront d'autre alternative que de se lever également s'ils veulent
continuer à profiter du spectacle... Mais que l'on se rassure, les
gradins finiront par se lever. Et bien !
Retour
au premier album avec « Bullets » où batterie, basse et
guitare rythmique font tout bonnement des merveilles une fois
combinées. Pas besoin également de préciser à quel point la voix
de Tom Smith est épatante dans ce morceau...
Ambiance
violette et lumière stroboscopique rouge orangée... Les cinq
musiciens apparaissent à nouveau en mode ombres chinoises si ce
n'est que lorsque Smith entame la chanson, la lumière change et le
met bien en évidence. Force est de constater que niveaux éclairages,
Editors a su s'encadrer d'une super équipe : la scène est
admirablement bien éclairée sur chaque morceau, en faisant même
partie intégrante puisque par moments, les lumières « vivent »
au même rythme que les notes de musique. Superbe boulot de cette
équipe. Le morceau se termine d'ailleurs sur Smith qui appelle tout
Antwerp de sa voix puissante et douce à la fois sous de nouveaux
effets pyrotechniques.
Ed
Lay, Russell Leetch et Elliott Williams quittent la scène, laissant
le soin à Smith et Lockey de détendre l'atmosphère avec une
version acoustique de « The Phone Book »... Smith démarre
la chanson à la guitare acoustique, avec pour seul autre instrument
sa voix. Une voix qui traverse tout le Sportpaleis et touche droit
dans le cœur. Comme cette chanson... « What's that over my
shoulder? Fear of getting older... Stay with me ». Y a rien
à faire, il y a des paroles de chansons qui font vibrer les cordes
les plus sensibles. J'ai le nœud dans la gorge, là... Une larme au
bord des yeux. Oooh elle ne tombera pas. Mais le sourire est là
aussi. Parce qu'on sait profondément qu'on ne voudrait pas se priver
de moments pareils. Et ça, c'est à eux qu'on les doit. À ces
artistes qui font de la magie, qui créent des moments incroyables
quand ils sont là, devant nous.
Smith
compte un « two, three, four » qui donne le signal à
Lockey de le rejoindre... Le chanteur en profite pour le présenter
au public. Malgré le départ d'Urbanowicz en avril 2012, Editors a
su trouver en Lockey et Williams deux musiciens qui maintiennent sans
problème le niveau musical des Editors et Lockey en fait une
parfaite démonstration sur ce morceau.
La
foule est elle aussi, à ce moment, un membre à part entière du
groupe, appuyant la voix du chanteur... l'amenant même à lever le
pouce, histoire de signaler au public qu'il a assuré comme un pro.
Je
vous le disais plus haut, entre Editors et la Belgique, il existe une
belle relation de confiance qui dure depuis de nombreuses années. Ce
fut encore une réalité ce soir puisque le groupe a spécialement
ajouté le morceau « No Sound But The wind », extrait de
la BO de l'un des films de la saga « Twilight », à sa
setlist. À elle seule, la chanson est tout un symbole : elle a
en effet fait l'objet d'une sortie single, une version live qui
enregistrée chez nous, en 2010, lors du Festival Rock Werchter. Le
single a eu un franc succès en Belgique, permettant au groupe
d'obtenir un disque d'or la même année. À noter également que
« No Sound But The wind » a continué son petit bout de
chemin et que cette année, le single a obtenu le statut de « single
de platine », ce qui représente une vente de pas moins de
30.000 exemplaires. Malgré ce franc succès, le groupe n'a jamais
sorti le single en Angleterre, son propre pays, maintenant ainsi
cette relation particulière avec notre plat pays...
Et
on la prend plein pot dans la figure, cette relation spéciale :
Tom Smith est peut-être seul sur scène avec sa guitare acoustique
quand il entame le morceau, mais... il n'est pas vraiment seul
finalement. Pas loin de 18.000 personnes sont avec lui, tout près,
et chantent « Help me to carry the fire. We will keep it alight
together. Help me to carry the fire. It will light our way forever ».
Et quand on lit ces paroles, on se dit que ça fait finalement
mouche, que oui, un public, au seul signal d'un homme, peut
entretenir le feu d'une tendresse pour un artiste. Smith, à la fin
de la chanson, fait signe à ce public et reprend une dernière fois
le refrain... Je me suis demandé ce qu'on peut bien penser à ce
moment, en tant qu'artiste, quand on vit des moments pareils. Les
vivre en tant que spectateur, c'est une chose, mais quand il s'agit
de notes et de phrases que l'on a soi-même écrites... waw.
Ses
quatre compagnons de scène le rejoignent tandis qu'il troque la
guitare acoustique pour sa six cordes électrique pour un retour vers
un morceau plus énergique, « Munich ». C'est l'occasion
d'encore constater à quel point on a affaire à des pros : pas
de fausses notes, pas d'hésitation... tout est nickel ! Une
mécanique bien huilée...
Ils
enchaînent avec « The Racing Rats », morceau bien rythmé,
pour lequel Smith a pris place derrière le piano, laissant à
Williams le soin d'assurer la partie guitare. Une que je connais bien, le
même modèle que Moran, le guitariste de Miles Kane, avait en main
il y a pile une semaine à l'AB : une Gibson SG... à la
différence près que celle de Williams est entièrement noire, une
version que l'on voit moins souvent que sa soeur, la version rouge
« Cherry ». Aaah le son qui sort de cette Gibson est
magique...
Lors
de ce morceau, des étincelles émergent du sommet de la scène,
ajoutant un cachet des plus lumineux à ce moment.
« Honesty »,
c'est... difficile à décrire. Un moment spécial. Un truc qu'on
prend de plein fouet. Je la trouvais déjà, comme pas mal de
chansons de l'album « The Weight of your Love », des plus
abouties. Lors de ma première écoute de l'album, la chose qui
m'avait le plus touchée était que j'arrivais, rien qu'à écouter
les morceaux, à « m'évader » et à partir loin de tout
dans un ptit monde bien à moi, y compris dans un bus bondé
d'étudiants qui partent au cours... Je m'étais aussi fait la
réflexion que plusieurs titres auraient leur place dans une série
ou un film, par exemple. Et que cette force qu'elles contenaient
devait être du plus bel effet sur scène. Le rendu en live de
« Honesty » est au-delà de ce que j'avais espéré :
musicalement, elle est juste parfaite. Vocalement, l'appui des autres
musiciens sur les chœurs donne le frisson déjà ressenti chez soi,
si ce n'est qu'il est décuplé.
Quand
Smith s'approche du devant de la scène, tendant le bras vers la
foule, le mal est déjà fait... Oui, oui, je sais, j'ai dit plus
haut que la larme ne tomberait pas, mais... si, c'est arrivé. Juste
comme ça. Une seule. Juste après une belle petite décharge
électrique qui te parcourt toute l'échine, celle qu'on reçoit
parfois quand une note de musique, un riff de guitare ou une phrase
te touche au plus profond de tes tripes... « Does the honesty
deceive? ». Nan, jamais, je crois...
Ed
Lay tape sa batterie, Lockey gratte la guitare... Ils sont
accompagnés de Smith et du public qui tape dans les mains. Leetch se
joint d'ailleurs au public et se met lui aussi à taper dans ses
mains...
J'avais
remarqué, plus tôt dans la soirée et près de la régie-son
installée en plein centre de la fosse, un objet plutôt inhabituel
dans ce type d'installation et avait plus ou moins pressenti l'usage
que l'on allait en faire. Et pourtant, à ce moment-là, j'en avais
complètement oublié l'existence jusqu'à ce que des milliers de
papiers en émergent tandis que le groupe finit sa chanson. Dans des
moments ainsi, on est content d'être dans la fosse parce qu'on est
finalement en plein « dedans ».
En
fin de chanson, Smith crie « Antweeeeerp » avant de,
comme il l'a fait à de nombreuses reprises lors de la soirée,
remercier les fans... Ils quittent la scène, nous laissant un peu de
temps pour nous remettre de ces émotions...
Lorsqu'ils
reviennent pour le rappel, le chanteur britannique explique qu'ils ne
sont finalement pas habitués à des salles mais surtout à un
accueil pareils et remercie les 18.000 personnes qui sont devant lui.
Il nomme les membres du groupe avant de se présenter, moment où le
public réagit avec un peu plus de vigueur et de force.
Editors
démarre alors « Bricks And Mortar »... Smith s'approche du public front stage et
tape dans les mains de quelques fans qui sont amassés devant la
barrière... Leetch quitte son poste pour rejoindre Lockey et les
deux guitaristes se partagent un instant le côté gauche de la
scène. En fin de chanson, Smith nous balance un « I hope life
is good for you... Belgium ! », référence directe aux
paroles de la chanson. Et... oui, je trouve que la vie est pas mal du
tout, moi, ce soir, en Belgique !
Encore
une fois, ce morceau, issu de l'album le plus « électro »
du groupe, donne bien en concert... La performance vocale de Smith
est du plus bel effet et je remarque que, s'il est connu pour cette
voix profonde, il n'en reste pas moins capable de monter sur des
notes plus aiguës par moments. Remarquez qu'il suffit d'écouter
« What Is This Thing Called Love » pour vite s'en rendre
compte. D'ailleurs, si je devais formuler un point qui m'a déçu,
c'est probablement de ne pas avoir trouvé cette dernière, ainsi que
« Bird of Prey » dans la setlist : ces deux morceaux
sont deux des plus beaux sur leur dernier opus et j'étais donc fort
étonnée (et déçue!) de n'en trouver aucune des deux. La setlist
de ce soir était des plus représentatives de l’œuvre musicale du
groupe et n'en reste cependant pas moins efficace...
Smith
prend place devant le piano et commence à chanter « Nothing »,
dénudée de toutes les parties cordes présentes sur la version
album. Une lumière diffuse émane de l'arrière de la scène,
laissant les musiciens dans l'ombre. Seul un spot éclaire le
chanteur... La lumière s'éteint. Et la musique reprend, plus
rythmée : Smith est maintenant debout devant son micro, en
plein milieu de la scène ; Leetch a rejoint Williams qui, pour
ce morceau, a une guitare entre les mains. Ce morceau fait encore la
part belle à la batterie, dont le rythme, soutenu, impressionne...
Le morceau est complètement envoûtant, j'ai les yeux grands ouverts
et j'en prends plein la figure ! Encore plus quand, de nouveau,
les étincelles tombent du plafond. À ce moment-là, Tom est debout
sur son piano et lève le bras vers le ciel tout en continuant à
chanter : il envoie un max, le tout sans jamais en faire de
trop. Comme chacun d'entre eux ce soir. Tout ce que j'aime.
Le
chanteur remercie encore le public belge avant de démarrer la
dernière chanson du set, la plus connue, « Papillon ».
Dès les premières notes, l'entièreté du Sportpaleis danse et
bouge. Car oui, finalement, les gens dans les gradins ont fini par se
lever... Certains sont même descendus de leur place, trop haut à
leur goût, pour venir se mettre derrière la barrière qui marque la
frontière entre gradins et fosse. Pendant près de neuf (!) minutes,
le Sportpaleis se transforme en véritable salle de danse au son de
la batterie de Lay, du synthé de Williams ainsi que des guitare et
basse de Lockey et Leetch. Également sous la houlette de Smith qui
clame qu'il n'entend pas le public, public qui lui répond avec toute
la force de ses poumons quand il lui demande « Are you there
Antwerp ? ». Les éclairages, encore une fois, reflètent
encore à merveille ce moment plein d'énergie... Smith, probablement
emporté par cette même énergie, s'attaque encore une fois à son
Tshirt, le relevant momentanément sur son visage, provoquant les
cris de... allez savoir... vu l'ambiance qu'il règne à ce moment
dans la salle, on dirait que ce type fait de l'effet à toute
personne présente.
Dans
cette folle énergie, le tempo se calme soudainement, laissant Smith
balancer un « Raise your hands right now ». Comme un seul
homme, le public lève alors les mains et tape, tape...
Les
musiciens montrent de quoi ils sont capables, le temps pour Tom Smith
d'aller chercher sa Gibson... Le groupe transforme sa chanson phare
en une version longue qui monte crescendo, pour finir à nouveau en
apothéose avec ce qui sera probablement désormais la marque de
fabrique du groupe, à savoir, des projections de flammes émanant,
cette fois, du devant de la scène. De là où je me tenais, j'ai
ressenti à chaque fois la chaleur de ces effets pyrotechniques, mais
avoue m'être demandé à ce moment si la copine qui était au
premier rang n'a pas ressenti un sacré coup de chaud à ce
moment-là !:D
Lockey
s'est alors approché du clavier de Williams et de la batterie de Lay
et joue face au batteur... Il tape dans la main de Williams, on sent
la fin arriver... Smith rejoint le trio tandis que Lay tape les notes
finales... Le groupe dépose les armes et vient saluer son armée
deux fois, l'applaudir aussi de ce soutien incroyable qu'elle lui a
apporté pendant un peu plus de deux heures...
Vous
l'aurez compris, j'ai été complètement séduite par Editors en
version « live »... Les cinq musiciens ont beaucoup donné
ce soir et n'ont pas ménagé leurs efforts pour séduire le public
belge.
J'ai
expliqué plus haut que je ne suis pas une aficionado du Sportpaleis.
Mon angle de vue n'a certes pas été le meilleur que j'aie jamais eu
lors d'un concert mais je suis obligée d'avouer que la salle anversoise était tout à fait adaptée pour ce que j'ai vu, vécu
et ressenti ce soir... Je suis également à peu près certaine que
la musique d'Editors n'aurait pas le même impact si elle était
jouée dans un espace de capacité plus restreinte. Mais... étant
donné cette habileté du groupe à pouvoir surprendre, je n'oserais
même pas parier là-dessus. Par contre, je me rendrais volontiers à
un nouveau concert du groupe British. En grande salle ou en petite,
peu importe...
Je
tiens à adresser un merci tout particulier à Eva Asdou de m'avoir
autorisé à faire usage de ses superbes photos pour illustrer
l'article. Je vous invite d'ailleurs à aller jeter un œil sur son
site : http://www.doeke.be
Editors
website: http://www.editorsofficial.com/
Editors
FB page: https://www.facebook.com/editorsmusic?fref=ts
Editors
Twitter: https://twitter.com/editorsofficial
Setlist :
- Intro : The Weight
- Sugar
- Someone Says
- Smokers Outside The Hospital Doors
- Bones
- Eat Raw Meat = Blood Drool
- Two Hearted Spider
- You Don't Know Love
- All Sparks
- Formaldehyde
- A Ton Of Love
- Like Treasure
- An End Has A Start
- Bullets
- In This Light And On This Evening
- The Phone Book (Acoustic)
- No Sound But The Wind (Acoustic)
- Munich
- The Racing Rats
- Honesty
Encore
- Brick And Mortar
- Nothing
- Papillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire