Entre Saule et moi, c’était déjà deux rendez-vous
ratés. Lors de son passage à l’Ancienne Belgique en 2013, j’étais clouée au lit, malade, et lorsqu’il a soulevé le Cirque Royal début de l’année, c’est mon boulot qui
m’a retenue… Décidément, j’allais finir par croire que – comme pour les Foo
Fighters – ça n’allait jamais se faire. Ben… si, finalement. Et juste à côté de
chez moi, qui plus est !
Le Reflektor, salle liégeoise qui peut contenir 600
personnes max, a donc accueilli ce 11 mars le grand gaillard de 2 mètres de
haut et ses compagnons de scène. Pour quel résultat ? Et bien… il suffit laissez
filer vos yeux sur les lignes qui vont suivre pour le savoir.
Saule monte sur scène vers 21h pour y introduire Bini,
jeune demoiselle qui assurera sa première partie après avoir séduit le chanteur
grâce à une vidéo qu’elle lui avait envoyé. Kickers aux pieds et guitare
acoustique en main, la jeune fille nous gratifiera de trois sympathiques chansons.
Malgré son jeune âge, elle sait déjà sortir les mots et les notes qu’il faut
pour séduire un public. Pas impressionnée pour un sou, elle parle de ruptures,
de Twilight (de manière nettement plus séduisante que le film en
lui-même) et de sa ville – Liège – avec du cœur. Chouette découverte que Mamselle
Bini !
Petite pause avant l’arrivée de Saule. Les notes de Désert résonnent dans la place tandis
que le chanteur arrive avec sa guitare par… le fond de la salle, par là même où
une demi-heure avant, le public est passé pour savourer un moment musical. Faut
dire qu’avec son T-shirt bleu clair (qui rappelle la couleur de fond de la
cover de son dernier opus) et ses cheveux en pétard qui rajoutent encore
quelques centimètres à ses deux mètres de départ, il est difficile de le rater.
Premier morceau, Saule rejoint ses quatre musicos sur
scène… J’ai posé carnet de note, appareil photo et mon mètre soixante à l’étage
où j’ai une vue dégagée et comprends enfin ce qu’est l’appareil juste devant
moi. Le projecteur diffusera durant de nombreux morceaux des images sur toute
la surface de la scène, du plus bel effet.
Saule enchaîne sur la chanson qui est une de mes
préférées de L’Eclaircie, Je Reviens. La chanson qui a touché une
corde sensible chez moi dès la première écoute envoie du lourd en live aussi.
J’attendais d’ailleurs Saule au tournant car vocalement, les envolées sont
assez impressionnantes. En studio, on refait la prise. En « vrai »,
on n’a droit qu’à un essai. Amplement réussi ! Qui plus est, la version
live du morceau permet justement d’encore plus apprécier les riffs de guitare
du morceau, notamment celui de Bastien lorsque la voix de Saule part du côté
des notes aigües.
Enchainement sur Mieux
Nous Aimer, extrait de Géant, le
précédent album où là encore, le riff de guitare d’intro de la chanson – cette
fois joué par Julien, dit « Jug » - est nettement mieux mis en
évidence que sur la chanson d’origine. C’est que du bonheur, tout ça. En
cours de chanson, Saule invite le public à taper dans les mains et ce dernier
suit de bon cœur. Nous en sommes encore
au début du concert mais la foule est déjà bien dans le bain.
Le public continue d’ailleurs à suivre le chanteur
belge sur Type Normal et balance les
bras de gauche à droite en rythme. Saule aime le contact et n’hésite pas, à
plusieurs reprises, à s’adresser à son public : fin de chanson, ses
musiciens continuent la musique, Saule attrape le micro, leur demande de
s’accroupir au sol et, une fois qu’il leur donner le signal, de sauter et de
« détruire le Reflektor ». Nous sommes alors depuis 30 minutes dans
le concert et en l’espace de deux minutes, il fait effectivement sauter le
public, il le fait chanter comme pas deux et gère même les problèmes techniques
finger in the nose.
Mais n’allez pas croire que Saule est un grand malade
qui court partout en haranguant la foule. Il sait aussi ménager de beaux
moments… comme sur Le Baiser. Bercé
par une image de pluie d’étoiles (« des petits points dorés » de la
chanson ?), il chante l’amour… La salle est silencieuse, bercée par sa
voix et la musique. Elle écoute religieusement une des nombreuses histoires du
chanteur… Quel contraste avec l’énergie du précédent morceau !
Le groupe joue ensuite Delove Song, baigné dans un éclairage rouge vif avant d’enchainer
sur Comme, dernier morceau en date
dont la vidéo a été en partie filmée à quelques mètres de l’endroit où nous
sommes. Sa Comme en live est une
version légèrement différente de l’album où le chanteur, lors d’un intermède, démontre
encore une fois ses impressionnantes capacités vocales dans les notes les plus hautes
du spectre vocal.
Saule quitte alors la scène… Jug dit au public de ne
pas s’inquiéter et qu’il va revenir. Tout le monde quitte alors la scène. Saule
aurait-il un souci ? Du tout… il a changé de chemise et vient nous la
montrer. À nouveau en plein milieu de la scène mais accompagné, cette fois, de Jug
et de Franck, son batteur, pour Si. Quel
trio, ceux-là ! Franck et Jug quittent la… euh non, pas la scène mais la
fosse, y laissant Saule. Une voix résonne… Quelqu’un dans la foule lui demande Tête Ailleurs et… le chanteur se prête
au jeu de bon cœur et chante ce morceau de son premier album.
Retour sur scène où ses musiciens l’attendaient.
Hélène Van Loo, flûtiste, les a rejoints sur scène pour entamer Nulle Part Chez Moi. À l’instar du Baiser, le public écoute avec attention,
sans murmures venant perturber la mélodie et les mots. Si l’écoute du morceau
bien au chaud chez soi touche, la version live est fracassante. J’en ai ramassé
plein la tronche : démarrant en douceur, le morceau va crescendo, Saule
tapant sur la caisse et lorsque la dernière note retentit hors de la flûte, les
larmes ont coulé. Ces larmes qui font qu’on sait à quel nos bonheurs sont
contenus dans des notes de musique et des mots posés sur papier. On ne pleure
pas forcément parce qu’on est malheureux, on pleure aussi parce qu’il y a des
gens qui font du bien. Saule et ses compagnons de scène savent y faire…
Et ne s’arrêtent pas en aussi bon chemin… Pour La Femme Fantôme, autre morceau du
dernier album dont je suis fan, le groupe est plongé dans une ambiance bleutée.
Sébastien, dit « Boub », caché à l’arrière de la scène, officie au
piano tandis que Franck Marco a quitté sa batterie et est à l’avant pour
accompagner ses potes à la caisse. La
Femme Fantôme étant dotée d’un changement de rythmique en plein milieu, il
devra cependant cavaler jusqu’à sa batterie pour assurer la fin de la chanson.
Même pas peur !
Même chose pour Bastien. Au cours de LC (Elle Sait), il joue pas moins de
trois instruments au cours du même morceau. Bercée par le riff de guitare de Jug,
la chanson est tout aussi vibrante que dans sa version album… « Blanche, dans mes nuits
blanches… », Saule, guitare tout aussi blanche que les nuits qu’il
chante, nous emporte, nous emmène… le Reflektor vibre, troublé… Et moi, comme à
chaque fois, je craque sur une belle… blanche. Gretsch. Son nom est Gretsch.
Le groupe enchaine avec l’excellente Et Pourtant Je Marche où Saule demande
l’aide de son public pour les « wo oh » de la chanson, suivi de Personne.
Avant de lancer la chanson suivante, Saule se retourne
vers son guitariste et lui demande d’envoyer un « truc genre années
nonante, un truc qui sentirait l’esprit adolescent ». Jug lui répond que
pour lui, l’adolescence, c’est Elvis. Qu’à cela ne tienne, les Liégeois feront
un pogo sur Elvis au son de la guitare de Jug, avant de savourer L’Inventaire en tapant des mains comme
un seul homme.
Quel beau moment que Chanteur Bio ! J’avais parlé dans la chronique de l’album Géant du fun que cela devait être de
jouer ce morceau en live. Maintenant que je la vis, je ne m’étais effectivement
pas trompée : géant (!) ce morceau ! Elle démontre aussi à quel point
Saule écrit des chansons grâce auxquelles il peut aisément faire chanter le
public avec lui, que cela soit pour un « nana » ou chanter fort des
lettres de l’alphabet. Mais au-delà de la chanson, j’ai surtout apprécié
l’alchimie présente sur scène. Pour l’occase, Jug a sorti ce qui – de loin - me
semble être une lap steel qui donne un sacré effet à la chanson. Je le vois
échanger des regards avec Franck qui est revenu à l’avant-scène. Ce dernier a
d’ailleurs un moment gag avec Saule lorsqu’il décide soudainement de se reposer
quelques secondes sur l’épaule du chanteur avant de reprendre le morceau. Saule
abandonnera d’ailleurs le centre de la scène pour se rapprocher du guitariste
et… non. Non, Saule, on ne joue pas de la lap steel avec les dents ! Marrant
va ! Bref, on constate aisément que ces trois-là s’entendent plutôt bien.
En même temps, cela fait déjà maintenant quelques années qu’ils arpentent les
routes et squattent les studios d’enregistrement. Cela créé forcément des liens.
Enchainement sur la chanson que la majorité de la
salle attendait, Dusty Men. Charlie
Winston n’étant pas avec nous, c’est Jug qui assure le job, avec Saule qui
réadapte la chanson puisque pas de chapeau mais… une houppette ! Et le
titre marche aussi avec houppette, finalement… Saule appelle le public à l’accompagner
et celui-ci s’y prête de bon cœur. Quand même un sacré morceau en live,
ça ! Tout comme pour Respire
(Breathe) où le chanteur redescendra une dernière fois en plein milieu pour
se rapproche de son public.
Sortie de scène eet… rappel, hein ! Melle Van Loo
est également de retour avec les cinq garçons – qui taquinent Saule en scandant
Baptiste Président ! – pour nous
jouer Renonce A Tes Adieux. Ce morceau est le fruit de la collaboration de Saule
avec… ses propres fans. Début 2016, Saule sollicite ses fans via sa page
Facebook pour des mots, puis des voix, des vidéos... sur une chanson ayant pour
thème « Tes Adieux ». Les fans se sont prêtés au jeu et la team Saule
a été envahie de vidéos… avec le résultat qui nous est montrés sur scène ce
soir. Beau moment !
Et… c’est fini. Ah finalement, non ! Saule
revient sur scène, guitare acoustique en main pour nous interpréter L’Opéra, chanson-gag tendresse où l’on
ne peut être que fasciné par l’histoire (et la gestuelle) de notre adorable
géant. Dernière note… Saule recueille le fruit de ses efforts : debout
devant le micro, un large sourire sur le visage, il est applaudi par la salle
tout entière. Il remercie le public avant de rappeler ses musiciens, sa
« bande de gais lurons » à lui, pour un dernier morceau ensemble.
Durant son séjour en Cité Ardente, Saule a pu explorer
toute la spécificité de la « langue » liégeoise : ici, on ne
mange pas des boulettes à la liégeoise mais des boulets (et du coup, de
s’adapter en nous disant que nous étions… « chauds boulets » ce soir ! :D
). De la même façon, quand il annonce qu’après le concert, le groupe et lui
iront faire la fête au carré, la salle le reprend en lui criant « DANS le
carré ! » Partageant encore un beau moment de complicité comme on en
voit rarement, Saule et son band terminent leur concert de deux heures
complètes avec… Saule. Avant de quitter
la scène l’un derrière l’autre pour rejoindre les coulisses.
Verdict ? Tout qui me connait un peu sait à quel
point les artistes francophones ont fort peu – voire pas du tout - mes faveurs.
Principalement parce que, même si les paroles sont fort belles, je ne suis pas
séduite musicalement. Mais parfois, il y a des exceptions qui font vaciller les
habitudes (et les certitudes). Saule en fait partie depuis quelques années.
Ses albums s’écoutent sans modération, ils font du
bien. Mais vivre Saule en concert, c’est encore mieux : le chanteur et son
band poussent les chansons encore un peu plus loin et musicalement, c’est un
vrai régal. Le Belge s’est entouré d’une équipe de musiciens qui savent y faire,
qui savent passer d’un instrument à l’autre sans aucun problème et – qui plus
est – avec laquelle il semble plutôt bien se plaire.
Morceaux rythmés enchainés sur douces ballades,
certains pourraient se casser les dents sur ce va-et-vient musical en format
concert mais Saule arrive sans aucun souci à trouver le juste équilibre. Donc…
je m’adresse à vous cher lecteur mais à toi aussi, cher Baptiste (qui est, si
vous ne le saviez pas, le vrai prénom de M’sieur Saule). Baptiste, on doit
certainement te dire tout le temps que tu es grand… mais là, pour le moment que
j’ai vécu ce samedi, j’ai envie d’ajouter quelques lettres et te dire que t’ai
trouvé tout bonnement grandIOSE. Tu nous tends la main et on la prend pour te
laisser nous emmener dans ton univers, sans aucune méfiance. Et on a bien
raison. Tu as le contact facile avec le public, aimes partager, aimes la scène
et cela se voit et se ressent. Alors évidemment, quand on est dans la salle,
quand on reçoit tant, on s’éclate et on en redemande jusqu’à plus soif. Que ce
soit au Reflektor. Ou au carr… DANS le carré ! Reviens quand tu veux, on
t’accueillera les bras grands (!) ouverts ! Merci à toi et aux gais
lurons !
Pour les autres chroniques « Sauliennes »,
c’est par ici :
- Album Géant : http://leschroniquesdenatha.blogspot.be/2013/04/saule-geant-2012.html
- Album L’Eclaircie : http://leschroniquesdenatha.blogspot.be/2016/11/saule-leclaircie-2016.html
- Album Géant : http://leschroniquesdenatha.blogspot.be/2013/04/saule-geant-2012.html
- Album L’Eclaircie : http://leschroniquesdenatha.blogspot.be/2016/11/saule-leclaircie-2016.html
Setlist :
-
Désert
-
-
Je Reviens
-
Mieux nous aimer
-
Un Type Normal
-
Le Baiser
-
Delove Song
-
Comme
-
Si
-
Tête ailleurs
-
Nulle part chez moi
-
-
La Femme Fantôme
-
LC (Elle Sait)
-
Et Pourtant Je Marche
-
Personne
-
L’Inventaire
-
Chanteur bio
-
Dusty Men
-
Respire (Breathe)
-
Tes Adieux
-
L’Opéra
-
Saule
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