dimanche 20 novembre 2016

Saule - L’Eclaircie (2016)

Quelle est la première chose que je fais quand j’ai un nouvel album de Saule entre les mains? « L’écouter ! » me direz-vous. Et bien… non. La première chose que je fais, c’est de lire le titre des chansons, de prendre quelques minutes pour me demander quel titre me « parle » le plus et de faire le pari mental de savoir si c’est celui-là qui sera finalement mon préféré de l’album. Parce qu’avec Saule, rien que les titres des chansons interpellent. Pourquoi ? Parce que c’est toujours difficile de savoir ce qui se cache derrière. Parfois, la chanson est fidèle aux mots énoncés dans le titre et la rythmique est telle que l’on imaginait mais parfois aussi, on a de jolies surprises…
Pour Géant, mon titre préféré était L’Economie des Mots, que j’imaginais paisible et comme une forme de déclaration d’amour vers une amoureuse. Et… j’étais complètement (presque) à côté de la plaque autant pour le sujet que le tempo…  Au final, c’est Vieux qui aura et a encore les faveurs de mon cœur musical. Ici, si L.C. (Elle sait) pourrait me plaire, je pense que Quand les Hommes Pleurent pourrait devenir ma nouvelle Saule number one. Vérification en fin d’article !

L’Eclaircie comm…ence avec Comme, également 1er extrait de l’album sorti fin août, histoire de mettre l’eau à la bouche des fans avant la sortie de l’album. Le morceau donne le ton dès les premières notes. Ce son, c’est bien du Saule : l’adorable géant est bel et bien de retour !  Dès la fin du premier couplet, plus de doute possible non plus, le savant des mots qu’il est joue encore sur la beauté de la langue française. Il continue aussi à observer le monde qui l’entoure avec un regard affuté et pose le tout sur papier pour tourner l'ensemble non pas en ridicule mais en belles ritournelles.



Le clip a, lui, pris un peu plus de temps pour arriver jusqu’à nous. Sorti fin octobre, certains Valeureux Liégeois y reconnaitront quelques lieux typiques. En effet, après la venue de Stromae dans le théâtre désaffecté Jeusette à Ougrée, c’est au tour de Saule de venir poser ses caméras dans la Cité Ardente. On l’y voit notamment - bien accompagné - dans l’ancienne piscine du Boulevard de la Sauvenière, installée entre l’actuelle salle de concert Reflektor et le cinéma Sauvenière. Désormais appelée La Cité Miroir, la piscine est devenu un lieu au service de l’éducation, de la citoyenneté, de la mémoire et du dialogue des cultures. Un lieu superbe et tout à fait raccord avec l’ambiance teintée de bleu (de bleu pas de blues, hein ! Comme la couverture de l’album, mes gens !) du clip où seuls Saule et deux personnages refusent de se conformer à cet univers très « schtroumpfien ». Tiens d’ailleurs… Saule, d’accord mais… pourquoi ces deux-là aussi ? Et bien probablement parce que Julien « CowBoy » Gugel et Franck « SailorShirt » Marco font partie intégrante de l’univers de Saule. Si, si… allez revoir quelques clips live de l’artiste et vous ne manquerez pas de les apercevoir aux postes de guitariste et batteur… Mais si… voyez plutôt.



Un tantinet disco, mais incontestablement dance, Respire donne envie de bouger les fesses de ton canapé et de te prendre pour John Travolta. Ou Olivia Newton-John. Mais ça, c’est toi qui vois, ami lecteur. De toute façon, tu n’as rien à perdre et tu pourras récupérer de ta folle séance de danse sur Delove Song, morceau un peu plus calme que le précédent. Enfin… là, John et Olivia sont un peu moins « in love » et rien ne va plus dans leur couple!

Arrive L’Eclaircie, chanson-titre de l’album… L’été est déjà loin dernière nous et pourtant le titre sent bon la chaleur de la belle saison. La mélodie persistante de la guitare électrique associée aux chœurs me rappelle quelque chose, quelqu’un… et je sais que j’apprécie ce « quelqu’un ». Ce n’est finalement qu’en fin de chanson que je me rends compte que je pensais aux Imagine Dragons. Mis à part une rythmique plus lente que celle du groupe de Las Vegas, la structure musicale de l’Eclaircie me rappelle certains de leurs morceaux… Et là, je me dis que si un jour Saule et Dan Reynolds, le chanteur des Dragons, venaient un jour à se croiser, leur sens commun de la joie de vivre et leur côté sympa seraient particulièrement intéressant et pourraient donner un joli résultat musical!

Il y a des cordes à l’intérieur de nous, des cordes qui font vibrer, qui font sourire, qui peuvent faire mal aussi… Je Reviens, sa mélodie, sa rythmique, c’était frôler la corde pour faire sortir ce qui était gardé en-dedans depuis un moment… En effet, depuis plusieurs mois - même si la plupart du temps mon entourage m’a vu sourire ou être aussi « clown » que d’habitude - je ne peux pas dire que j’aie vécu la plus belle partie de ma vie. Des moments difficiles - comme tout le monde en connait, bien sûr - des moments où on se doit de rester fort mais des instants aussi où on se sent démuni et impuissant… « A cette vie dans laquelle on colle les bons moments sans les bémols ». La première écoute de Je Reviens, la montée en puissance vocale de M’sieur Saule sur le morceau ont touché ma corde « bémol », cette corde au nœud si serré depuis trop longtemps qu’une volée de larmes inattendues sont venus dénouer pour faire un peu de bien… On ne le dira jamais assez : la musique restera toujours la meilleure des thérapies et la meilleure solution pour laisser momentanément de côté tout ce qui nous trouble l’esprit et/ou le cœur.

L.C (Elle sait) a elle aussi une puissance rare… celle de raconter une histoire dans laquelle chaque femme, chaque homme peut se retrouver. Si Saule a le don de procurer à son public des mélodies qui donnent immédiatement envie de sourire, il sait aussi se servir habilement des notes de musique pour accentuer la gravité de ses mots. L’arrangement des cordes, la montée dramatique de la musique font de L.C. (Elle sait) un pur bijou à savourer sans modération. Le sujet ? A vous de le découvrir…

Changement de rythme avec Quand des Hommes Pleurent ! Saule sort la grosse artillerie pour nous parler des hommes… Les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus ? Peut-être pas… Au fond, nous sommes tous pareils : des êtres humains remplis d’émotions qui ne demandent qu’à sortir. Nous sommes aussi des êtres qu’un changement perturbe vite, qui se posent un nombre incalculable de questions avant de réaliser que finalement, pourquoi pas reprendre le cours d’une Vie Ô Combien similaire à tant d’autres ?

La Femme Fantôme, c’est l’illustration parfaite de la chanson paradoxale selon Saule : un morceau où le thème abordé est triste mais où tu ne peux pas t’empêcher de sourire en oscillant la tête de gauche à droite tout bonnement parce que c’est une mélodie qui te dicte ton attitude…

On Part et Et Pourtant Je Marche affichent également une belle complémentarité : ton léger, Saule nous emmène avec lui dans ses aventures. Et on n’hésite pas, on prend sa main et on part en balade… On aura des coups durs ? Certes mais… qu’à cela ne tienne, on s’en sortira toujours. « On part » à deux, à trois, à quatre et on « marche » tous ensemble. Même direction, mêmes envies, mêmes buts… et on va certainement s’plaire !

Vous pensez que je ne vous laisse aucune surprise à vous avoir ainsi dévoilé les morceaux du nouvel opus de Saule ? Non, non… Parce qu’un article n’évoque rien : ce ne sont que de simples mots posés sur papier qui ne révèlent pas l’essence même d’une chanson, qui ne dictent pas ce que l’on a à ressentir à l’écoute des morceaux. C’est à toi, ami lecteur (oui oui TOI !), de te lancer à pieds joints dans L’Eclaircie et de te faire ta propre opinion !

Géant, le précédent opus de Saule, était produit par Charlie Winston. Et comme le monde est petit et qu’il est aussi teinté de belles connivences/connexions, il est possible que l’amitié qui lie Saule et Charlie ait peut-être déterminé l’arrivée de Mark Plati dans la naissance de L’Eclaircie. Ce dernier a en effet produit, en 2009, Hobo, l’album de Winston. Mais… pas uniquement. Quand on se penche sur le travail du producteur, on se rend compte que Saule n’a pas fait appel à n’importe qui pour son nouveau bébé. La Belgique n’est pas étrangère à Plati puisqu’il a travaillé avec Hooverphonic (Blue Wonder Power Milk) et Puggy (To Win The World et Something You Might Like) mais la discographie de l’américain compte également des collaborations avec The Cure ou encore… David Bowie. Des univers forts différents de celui de Saule… Mais la formule fonctionne ! Plati a apporté ci et là des petites touches qui ne déforment pas l’univers du belge et qui donnent une petite « touch » différente et sympathique. La Femme Fantôme  est un parfait exemple : la coupure rythmique de la chanson interpelle… et séduit ! Saule chante également en partie en anglais sur plusieurs morceaux (La Femme Fantôme, On Part) et s’assure d’un côté plus rock and roll – notamment sur Quand les Hommes Pleurent par exemple – qui n’est pas pour me déplaire du tout !

Saule a choisi de ne pas surfer sur la vague de succès provoquée par Dusty Men, a pris le temps avant de sortir un nouvel album, a travaillé sur d’autres projets (dont la comédie musicale pour enfants Zombie Kids) et a choisi, une fois le moment venu de retourner en studio, de donner libre cours à ses envies. Des artistes tels que les frangins Hanson se sont détachés des exigences et de la pression des maisons de disques et autoproduisent encore aujourd’hui d’excellents albums. Linkin Park, Kasabian ou Adele prennent du temps entre chaque album et nous reviennent généralement avec du bonheur auditif. La triste contrepartie pour le fan est qu’il doit attendre, atteeeeeendre… mais quand le résultat est à la hauteur des espérances, ces longs mois d’attente s’envolent comme une feuille bousculée par un vent d’automne. Qu’en est-il de L’Eclaircie ? Le résultat est-il là ? Et bien…

Je disais plus haut que de nombreuses émotions se sont bousculées dans ma tête au cours des derniers mois suite à une expérience douloureuse…
Et pourtant, ce 18 novembre, un petit bout de femme m’a dit quelque chose que je n’attendais pas et a rallumé ce ptit truc que je ne m’étais pas autorisé depuis un bon moment. Un ptit truc qu’on appelle « espoir ». Et a ainsi amené une éclaircie dans un ciel jusque-là souvent assombri…
Depuis ce même 18 novembre, un grand bout d’homme dit plein de choses dans un album que j’attendais depuis quatre ans et a su garder, comme à son habitude, une beauté des mélodies et des mots qui me plaisent depuis un bon moment. Un ptit truc qui fait qu’on se sent mieux. L’Eclaircie ? Tu n’aurais pas pu mieux nommer ton album, M’sieur Saule.

Revenons à la question de début d’article… quelle chanson de L’Eclaircie est ma « number one » ? L.C. (Elle sait) ? Quand les Hommes Pleurent ? Et bien… Au bout de cinq heures d’écoute d’affilée de L’Eclaircie (si, si… c’est possible !), je ne sais toujours pas déterminer laquelle des douze chansons est ma favorite. Encore une fois, Saule nous offre un superbe album où chaque titre a son charme propre. Mon morceau préféré finira peut-être par se révéler plus tard mais par contre, au moment où la dernière note de la flûte a retenti en fin d’album, j’affichais un large sourire. Parce que de nos jours, cela devient rare de trouver un album où chaque morceau plaît. Et Saule a réussi le pari de me faire ce coup-là. Encore une fois. Deux albums d’affilée !

Les dernières paroles de l’album sont « Sans plus savoir où tu seras demain, sans plus savoir quand le voyage prend fin. Nulle part chez moi, nulle part chez moi… » Cher Saule, encore une fois, tu ne m’as pas déçu. Et pour ça, pour toutes ces belles notes et jolis mots, je souhaite que demain (et même pour bieeeen plus longtemps), tu sois encore là, guitare à la main tout sourire et accompagnés de tes compagnons de scène. Je souhaite que mon voyage avec toi ne s’arrête pas parce qu’il en vaut teeellement la peine. Parce que ton « chez moi », ça pourrait être tout bonnement chez tous ces gens que tu vas toucher avec ce nouvel album, une suite tellement réussie à Géant. Et… break a leg, baby !

Evidemment, puisque l’album vient de sortir, j’ai peu de vidéos l’illustrant à vous proposer. Toutefois, Saule et son band ont participé récemment à l’émission D6bels On Stage. Je vous laisse donc, cher lecteur, profiter de quelques morceaux de ce nouvel opus en version live. Il vous suffit de cliquer ici.

Pour rappel, j’avais déjà écrit un avis sur un autre album de Saule ici




Tracklist :

Comme
Respire (Breathe)
Delove Song
L’Eclaircie
Je Reviens
L.C. (Elle Sait)
Quand les Hommes Pleurent
Ô Combien
La Femme Fantôme
On Part
Et Pourtant Je Marche
Nulle Part Chez Moi

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