Enregistrée
en "one take" aux mythiques studios Abbey Road (dans le studio 2 pour
les puristes) le 3 novembre 1965, Michelle
est une de ces nombreuses chansons à prénoms écrites par les Beatles. Lucy, Jude,
Prudence, Madonna, Sadie, Carol, Eleanor, Julia, Maggie, Rita et bien d'autres
sont quelques prénoms dont les Fab Four ont fait usage pour titrer leurs morceaux.
Certains sont de vibrants hommages à des personnes ayant existé, d'autres sont
des personnages cousus de toutes pièces, au fil de notes de musique.
Dans le
cas de Michelle, c'est... assez
mystérieux.
Le côté
incertain de l'origine de Michelle provient certainement du fait que la chanson
ait été écrite en plusieurs étapes, sur une période de plus ou moins dix ans.
Paul
McCartney en compose les bases lorsqu'il est encore étudiant au Liverpool
College of Art, vers la fin des années 50.
Quelques
années plus tard, il a fait la connaissance de John Lennon et les deux
musiciens sont souvent ensemble, notamment lors de soirées estudiantines.
Durant l'une d'entre elles, Paul joue son morceau en y ajoutant des mots en
français pour se donner un style et s'attirer les bonnes grâces des demoiselles.
Une bonne dizaine d'années plus tard, Lennon se souviendra de cette mélodie et
de ce "truc français" et encourage McCartney à dépoussiérer le
morceau pour en faire une bonne chanson.
McCartney
veut conserver le côté "frenchie" du morceau et se tourne vers
l'épouse d'un ami, professeur de français, pour l'aider dans sa tâche. C'est ainsi
elle qui apportera le "ma belle".
Quelques jours plus tard, le célèbre gaucher reviendra pour lui demander la
traduction française de "These are
words that go together well" ("sont des mots qui vont très bien ensemble") et intégrera les deux
versions dans la chanson finale.
Pour les
ponts ("I Love you, I love you, I
love you", etc.), McCartney ne se cache pas d'avoir été inspiré par la
chanson I Put a Spell on You de Nina
Simone.
Bien
que nettement plus jazzy, il n'est
effectivement pas difficile de percevoir le moment qui a su inspirer McCartney
pour sa propre chanson en écoutant la chanson de Simone.
Mais
qui est Michelle? Certains pensent qu'il s'agit de Michelle Philipps, la jolie
blonde du groupe américain The Mamas & The Papas. Mais une autre histoire,
un peu plus singulière, a été divulguée il y a quelques années.
Dans le
milieu des années 60, les Beatles sont donc en plein enregistrement de leur
futur Rubber Soul. A la même époque, un
autre chanteur est présent à Abbey Road : Richard Anthony. McCartney et Anthony
se lient d'amitié et discutent entre les prises. A l'époque, Richard Anthony
est toujours marié à sa première femme… Michelle. Certaines rumeurs disent que
le Beatles n'était pas insensible aux charmes de l'épouse de l'interprète d'Isty Bitsy Petit Bikini. D'autres disent
que McCartney, appréciant cette amusante coïncidence, a offert la chanson à
Richard Anthony… qui l'a refusée. Il ne souhaitait tout simplement pas heurter
la sensibilité de son public – principalement féminin – avec une chanson qui porterait
le prénom de sa femme. Il refusera donc Michelle
et laissera les quatre de Liverpool en faire bon usage pour leur propre
intérêt.
Vous
l'aurez compris si vous avez écouté les infos ce soir, ce choix de chronique
n'est finalement pas tout à fait innocent. Richard Anthony, une de ces
nombreuses idoles des sixties, s'est éteint hier et est allé rejoindre quelques
copains là-haut. Mon père passait le 45 tours de Et J'entends Siffler le Train lorsque j'étais enfant mais même si les années ont passé, je me
souviens encore de cet état un peu mélancolique qu'elle provoquait chez moi. Son
morceau A Présent Tu Peux T'en Aller,
plus rythmé et sympathique, n'a par contre plus du tout la même saveur
aujourd'hui…
Michelle obtiendra, en 1967, le
Grammy de la meilleure chanson de l'année 1966. On la trouve sur l'album Rubber Soul qui contient d'autres hits
tels que Drive My Car, In My Life, Girl ou encore I'm Looking
Through You. Cette dernière fait partie de ces nombreuses chansons reprises
par d'autres artistes : elle a notamment été interprétée par The Wallflowers pour
la BO du film I Am Sam. On l'écoute?
Elle ne
vous rappelle rien, la voix du chanteur des Wallflowers? Pourtant, elle est
assez proche de celle de son papa… Papa qui connaissait plutôt bien les Beatles
: le 28 août 1964, à New York, il leur a fait découvrir les joies de l'herbe.
Déjà entendu parler de… Bob Dylan?
Depuis
sa tournée 1993, McCartney n'a joué que très peu le morceau, si ce n'est dans
des pays francophones (il ne l'a toutefois pas jouée chez nous, en Belgique, lors
de son précédent passage en 2012).
Il l'a cependant
interprétée le 2 juin 2010, pour une Michelle un peu particulière. Cette dernière a par
la suite avoué n'avoir jamais imaginé qu'un jour, un Beatles lui chanterait cette
chanson qui porte son prénom. Paul McCartney, lui, s'est contenté d'introduire le
morceau en expliquant qu'il espérait que le mari de ladite Michelle lui
pardonnerait cette légère incartade.
Quel talent et quelle générosité de cet homme que je rêve de rencontrer.
RépondreSupprimerC'est un génie musical et un mélodiste exceptionnel.Il n'en reste guerre de sa trempe sur terre, qu'il garde sa pêche le plus longtemps possible. 🤞🤞🤞