Et un festival improvisé, un ! A peine remise de Werchter, je reçois un SMS d’une amie me proposant de l’accompagner avec sa sœur aux Ardentes ce jeudi 5 juillet.
Voyons le programme… C’est ce jour-là que Patti Smith est sur scène ! Morrissey, ex-membre des Smiths n’est pas non plus à négliger. Je jette une oreille sur le reste de la programmation et ça sonne pas mal du tout. Allons donc aux Ardentes, me reposerai quand je serai six pieds sous terre !
J’aurais fortement apprécié de pouvoir voir le groupe anversois School Is Cool et les américains de Shearwater mais voilà, le souci, c’est que le boulot qui me permet de manger tous les jours (mais également me permet d’acheter des albums et de me rendre à des concerts) n’a rien à voir avec le monde de la musique. Dès lors, je ne peux quitter mon bureau jusqu’à 16h.
A 16 heures pétantes, Audrey m’attrape au vol et nous nous dirigeons avec ses deux autres amies vers les Halles des Foires de Coronmeuse pour rejoindre le reste de l’équipe déjà sur place depuis le début de l’après-midi.
Une fois passé les embouteillages (que serait Liège sans ses embouteillages ?), nous écopons d’une averse carabinée. Le groupe qui passe à ce moment est en plein air. Bon… on va attendre un peu dans la voiture : même le K-way ne résistera pas à ces litres déferlant du ciel. Et là, j’ai une pensée pour les festivaliers qui sont en-dessous de ces trombes d’eau…
♫♪ Singing in the rain... ♫♪ |
Nous arrivons sur place pour le set de Soko, jeune chanteuse à la voix fluette qui me rappelle par moments furieusement une certaine Carla Bruni. J’essaye de passer outre cette similitude puisque la Carla m’a donné des envies de meurtres à chaque fois que « Quelqu’un m’a dit » a été diffusé en radio. Ici, Soko chante en anglais, nous ne sommes déjà pas dans le même monde.
Si parfois la miss nous dispense de morceaux avec une belle énergie, je trouve son set un peu trop doux à mon goût. Faire monter sur scène des personnes du public pour les faire chanter avec elle n’était probablement pas une super idée, considérant que ces fans (?) ne chantaient pas vraiment. Elle rattrape le coup un peu plus tard en invitant le trio féminin des Warpaint pour assurer les chœurs de « How Are You » en leur précisant que ça ne sera pas trop difficile étant donné que le refrain est une série de… « How Are You ».
Soko officie également derrière la batterie et, avec ses cheveux noirs, elle me fait penser à Meg White des White Stripes sauf que Meg n’a certainement jamais eu l’inélégance de… roter dans son micro ! A ce moment oh combien ragoûtant, j’étais au bar à prendre une boisson et la tête des bénévoles valaient la peine d’être vue. La mienne aussi, remarquez…
Soko |
Direction ensuite la scène en Open Air, le tout en passant par
Revenons à notre Open Air… Si à Werchter ou d’autres festivals, il est difficile de croiser des connaissances sans s’être donné un point de rendez-vous, ce n’est pas le cas lors d’un festival qui a lieu dans ta région.
Qu’ils soient collègues, amis (voire des amis des amis aussi), élèves avec lesquels tu es parti en voyage, personnes rencontrées dans d’autres concerts, j’ai eu l’occasion de croiser et de discuter avec pas mal de personnes.
L’occasion aussi de me faire jouer aux devinettes en me demandant quel artiste présent à Werchter est passé dans un magasin de jouets bruxellois avant de repartir de Belgique. Je réfléchis : Ed Sheeran est trop jeune, je ne vois pas les Dropkick acheter des jouets mais Noël Gallagher a deux jeunes enfants. Je cite son nom et taquine la copine en lui disant que si c’est lui, je… la frappe ! Mais non… Voyons, voyons… Je souris et annonce un second nom : « Les Red Hot ? ». Ouuuuuiiii. Imaginer Flea devant un nounours m’amuse tout de même un peu mais montre finalement que même les rockeurs sont de grand enfants... :D
Suite à ces péripéties, je n’ai pas tout suivi de la prestation d’Edward Sharpe & The Magnetic Zeros. Cela dit… ce que j’ai vu et entendu m’a séduit et ce groupe est justement fort loin d’être un… zéro. J’ai vu sur scène une dizaine de musiciens et tout ce monde officiant ensemble aurait pu finir en véritable cacophonie… mais non. C’est un superbe ensemble aux influences pop-folk qui assure véritablement sur scène. Certains morceaux m’ont donné l’impression tantôt d’être dans le bayou avec Robert Johnson, tantôt d’être en 69 à Woodstock. Très chouette groupe dont je vous conseille le second album « Here », sorti il y a à peine quelques semaines.
Edward Sharpe & The Magnetic Zeros |
Nous restons sur place pour attendre la prestation du groupe anglais les Ting Tings.
Melle Katie White semble tout droit sortie des années 80 avec son mini-short rouge, sa casquette vissée sur le côté et son pull à rayures blanches et rouges. M. Jules de Martino est fin prêt derrière sa batterie.
J’avais eu l’occasion d’écouter les deux albums des Ting Tings : je les ai appréciés et les trouvais bons mais n’avais pas ressenti d’étincelle particulière à leur écoute. Par contre, sur scène, le tandem est VRAIMENT extra ! Moi qui aime les bons riffs de guitare et beats de batterie, j’ai été largement servie !
Musicalement, les deux artistes connaissent leurs partitions à merveille et le fait de n’être que deux ne les arrête absolument pas. Lorsqu’il le faut, notre ami batteur attrape une guitare pour jouer une partie de la chanson avant de reprendre les baguettes en cours de route.
The Ting Tings |
Le groupe garde son « Shut Up And Let Me Go » pour la fin du set et évidemment, le public est alors suffisamment chaud que pour balancer au duo anglais toute la puissance vocale dont il sait faire preuve.
En parlant de voix, il est important de signaler le respect dont a fait preuve le groupe envers son public liégeois : à plusieurs reprises, Katie White a pris la parole et s’est adressée à nous… en français ! Si ce n’est pas une obligation, s’adresser dans la langue du pays visité reste souvent apprécié par le public.
"Maintenant je vais me taire et vous faire danser" |
C’est justement là qu’a péché Soko. Parce ce qu’il vous faut savoir, c’est que Soko est française et qu’elle a passé tout le set à nous parler en… anglais. Pas mal de festivaliers autour de moi, parfaitement conscients de sa nationalité, ont fort peu apprécié ce fait, pris pour un geste médisant envers une population francophone. Personnellement, je comprends autant l’anglais que le français et ne me formalise pas pour si peu mais j’avoue que j’ai trouvé cela étrange… voire un peu stupide.
Soit, revenons au Ting Tings. Je crois qu’il va me falloir réécouter leurs albums avec une autre oreille. Le fait de les avoir vus et d’avoir pu constater le talent évident du tandem sur scène mérite bien une nouvelle écoute.
Nous filons vers le hall numéro 6 des Halles des Foires parce que là, c’est une légende qui va monter sur scène ! Rien de moins que Mme Patti Smith, mes gens !
Quelle femme! Elle est généreuse, elle sait partager des émotions avec son public et elle a une voix superbe que les années n’ont pas altérée. Elle est en outre accompagnée par de très bons musiciens, ce qui ne gâche rien au plaisir. Elle sait aussi partager la scène avec eux : sa claviériste aura l’occasion de nous montrer sa voix en chantant en tandem avec l’américaine, coiffée pour l’occasion de deux couettes qui lui donnent un air coquin pour ses 65 ans.
Elle ne manquera évidemment pas d’interpréter la célèbre « Because The Night », écrite par Bruce Sprinsteen. Tandis que le public (moi incluse) chante avec elle, je ne peux m’empêcher de me demander si le Boss n’est pas en train de la chanter aussi au même moment, dans la capitale française. Pas très loin de nous finalement…
Entre morceaux pleine d’énergie rock’n’roll et moments plus tendres, entre morceaux de son dernier album et grands classiques, Patti Smith donne beaucoup… Elle nous donne l’impression d’avoir envie d’être là et de partager un moment avec nous, preuves en sont les gestes qu’elle adresse aux gens des premiers rangs.
Et évidemment, quand on donne, on reçoit aussi et le public n’a pas manqué de montrer qu’il l’aime, tendresse amplement méritée. T’es belle, Madame Smith ! Surtout, ne change pas…
Patti Smith & band |
Après le set, retour à l’Open Air pour assister à la prestation des White Lies. Un groupe que j’ai plus suivi à l’oreille qu’en visuel en raison des déplacements entre les deux zones de concert…
Pour ce que j’en ai entendu, le groupe m’a donné l’impression d’être revenue dans les « 80ies » puisqu’il a une base électro pop-rock.
J’avais écouté leur dernier album en date, Ritual, en cours de journée et ce type de musique ne me déplait pas foncièrement. Le groupe me rappelle par moments certains morceaux de Tears For Fears et la voix de Harry McVeigh n’y est certainement pas étrangère.
White Lies |
Nous décidons de rester sur la plaine et de nous installer à terre sur notre couverture en attendant l’ex-leader des Smiths, Morrissey.
Coiffé de chapeaux, nous sommes à l’abri de la pluie drue qui tombe sur le site. Je lève les yeux et comprends vite : se poster en-dessous d’un arbre au moins centenaire avec une flopée de branches remplies de feuilles, ça protège bien !
A 53 ans, Morrissey montre qu’il n’est pas près de rendre les clefs du château pour partir en retraite! Quelques uns de ses morceaux sont bien « pêchus ». Il nous joue plusieurs morceaux de « Years Of Refusal », son dernier album en date sorti en 2009. Il a aussi contenté les fans des Smiths en jouant pas moins de cinq morceaux, dont la plage-titre « Meat Is Murder », l’album qui permettra au défunt groupe d’obtenir un numéro un en Angleterre.
De l’endroit où j’étais, j’avais plus le son que l’image, ce qui donne évidemment une autre dimension à un concert. Vocalement, rien à redire si ce n’est qu’à un moment donné du set, j’ai eu l’impression d’entendre… Tom Meighan des Kasabian. Je vous l’accorde, je vais peut-être chercher loin mais sur certains couplets de « Black Cloud » et « I’m Throwing My Arms Around Paris », je me suis dit que finalement, Kasabian aurait pu les reprendre à son compte.
Peut-être avez-vous entendu parler des caprices de diva de Marilyn Manson et sa une loge noire chauffée à 17 degrés pour son passage aux Ardentes? Morrissey n’est pas en reste côté exigences : si certains d’entre vous sont passés devant une Cathy Cabine recouverte d’un grand drap noir et dont l’entrée était bloquée par une volée de personnes, dites-vous que vous étiez à la fois juste à côté de la loge de Morrissey… et qu’il occupait ladite cabine à ce moment-là. Ah ces rock stars !
Depuis quelques jours, la rumeur circule : suite au succès de la reformation des Stone Roses l’an dernier, les membres des Smiths auraient évoqué la possibilité de se reformer. Une autre rumeur annonce que le groupe pourrait répondre présent au prochain Festival Glastonbury en juin 2013, soit presque 30 ans après leur unique apparition au célèbre festival anglais.
Morrissey |
Dernier concert de la journée avec un groupe originaire de France, Caravan Palace. J’étais allée voir quelques vidéos du groupe sur le net et étais assez dubitative le concernant. Un mélange dance-jazz-swing aux rythmes certes entraînant mais ne faisant pas vraiment partie de mon monde.
Je ne peux m’empêcher de remarquer l’énorme cornet de phonographe accroché à une console en plein milieu de la scène et d’en apprécier le côté esthétique.
L'espace scénique est occupé par de nombreux instruments… et pour cause puisque les Caravan Palace ne sont pas moins de six, dont certains assument parfois seul la partition de deux instruments. Entre guitare, clarinette, contrebasse, violon, vibraphone, synthétiseur… c’’est un véritable festival d’instruments de musique ! Sans oublier la voix et la bonne humeur de Zoé Colotis qui ajoute du charme à la prestation.
Le groupe est constitué d’une ensemble de musiciens au départ compositeurs de musique électronique mais passionnés par le jazz manouche : le tout mélangé donne forcément un ensemble assez particulier qui swingue un max. Difficile de ne pas taper du pied quand ce groupe-là se donne sur scène, ce qu’ils font à merveille et avec beaucoup de passion. Le public lui aura d’ailleurs bien rendu la pareille en se démenant comme de beaux diables au son de leurs chansons.
Je ne pense pas acheter leur album prochainement mais ai particulièrement apprécié la version « live » de ce groupe qui est un excellent choix des organisateurs pour terminer cette première journée des Ardentes.
Les Caravan Palace en plein swing |
Pas mal, cette première journée des Ardentes finalement. Deux légendes vivantes, quelques bonnes surprises et quelques découvertes sympathiques. Pour l’heure, je laisse les festivaliers continuer la fête jusque tard dans la nuit et file sous la couette parce qu’évidemment le lendemain… boulot !
Je ne peux cependant pas terminer sans remercier Kmeron de m’avoir autorisé (encore une fois !) à emprunter ses photos. Ce n’est jamais facile de ne choisir qu’une photo dans ses albums tellement elles ont toutes leur charme. Pour l’occasion, je vous invite à cliquer sur le nom de l’artiste dans le programme ci-dessous : vous serez redirigés vers l’album-photo réalisé par Mister Kmeron pour chacun d’entre eux.
Programme de la journée :
Soko (HF6)
Edward Sharpe & The Magnetic Zeros (Open Air)
The Ting Tings (Open Air)
Patti Smith (HF6)
White Lies (Open Air)
Morrissey (Open Air)
Caravan Palace (HF6)