mercredi 13 janvier 2016

The Dazzle – Found111 (09/01/2016) FRENCH

Ou… "un suicide par objets"…

Je sais généralement comment finir mes articles mais rarement comment les démarrer. Je devrais probablement commencer celui-ci en vous expliquant comment la petite demoiselle belge que je suis a atterri dans un théâtre provisoire au numéro 111 de Charing Cross Road, à Londres.

A la base, j'étais de retour à Londres pour assister à une représentation de The Winter's Tale, avec Judi Dench et Kenneth Branagh, ce que j'ai fait. Et oui, Shakespeare est un sacré bon dieu de challenge quand l'anglais n'est pas votre langue maternelle!
Quoi qu'il en soit, mon séjour durait quatre jours et j'avais besoin de remplir ces quatre journées avec autant d'art que possible.

La raison pour laquelle j'avais acheté un billet pour The Dazzle est simple : elle vient de ma passion pour Sir Arthur Conan Doyle. Le Chien des Baskerville est le premier livre que j'ai lu en anglais. En conséquence, toute chose impliquant Sherlock Holmes et son éternel compagnon Watson a toujours retenu mon attention depuis. Je pense que vous voyez déjà où je veux en venir… non?

Andrew Scott s'est fait un nom grâce à son interprétation de Moriarty, l'ennemi juré de Holmes dans la série de la BBC Sherlock, ou, plus récemment, dans Spectre, le dernier chapitre en date des aventures de James Bond. En complément de son travail dans l'univers de la télévision et du cinéma, l'acteur irlandais a également un impressionnant CV côté théâtre.
La gentillesse (et le talent!) sont deux éléments majeurs qui me donnent envie de suivre la carrière de quelqu'un. J'ai eu l'opportunité de rencontrer M. Scott il y a quelques mois et ai apprécié qu'il ait accepté de signer mon livre "Le Chien des Baskerville" bien que son personnage Morarty n'y apparaisse pas. Alors… naturellement, j'ai gardé l'œil sur ses projets depuis.
Voici donc pour la partie 'comment j'ai atterri là'.

Revenons à la pièce maintenant… The Dazzle n'est pas un one-man show : c'est une partie à trois! Quoi? Ah non, pas le genre de partie à trois que vous imaginez! Une partie chaste.
Les autres comédiens impliqués dans le projet sont Joanna Vanderham et David Dawson. Les deux ne m'étaient pas étrangers puisque Miss Vanderham a joué dans le superbe What Maisie Knew, sorti en 2012 et M. Dawson est apparu dans la série Ripper. Les deux sont également apparus ensemble dans la série Banished, malheureusement annulée.

De G à D : Joanna Vanderham, David Dawson et Andrew Scott

Ecrite à l'origine par Richard Greenberg en 2002, The Dazzle raconte l'histoire des frères Collyer, les célèbres entasseurs compulsifs new-yorkais. Oui, mes amis, cette pièce de théâtre parle de personnes qui ont réellement existé… Pourquoi une histoire à leur sujet? Parce que, d'un certaine façon, leur histoire – bien que tragique – est également fascinante.


Scott joue Langley Collyer, un talentueux mais torturé pianiste, tandis que Dawson interprète Homer Langley, son frère comptable. Le personnage de Vanderham est la riche mondaine Milly Ashmore qui, au départ, s'entiche de Langley. Bien que Milly soit un personnage fictif, elle est sans aucun doute un élément important de l'histoire de Greenberg.
J'ai lu dans quelques critiques que le personnage joué par Vanderham était considéré comme secondaire. Selon moi, même si son temps de présence est moins important, la dynamique ne serait absolument pas la même sans elle, principalement dans le premier acte. Elle déclenche quelque chose chez chaque frère, de façon différente, lors de la première partie de l'histoire… quelque chose de romantique et de financier.


L'interaction entre les trois comédiens est forte, vive et renforce la crédibilité de leurs personnages. Le trio a rendu les personnages intéressants et attachants, malgré leurs défauts respectifs.

The Dazzle est bien plus qu'une simple histoire d'amour, cela dit… C'est également une aventure amusante : le sarcasme entre les deux frères, le regard de Milly disant 'vous m'avez un peu perdue, là, Langley', les attitudes, les discrets mouvements d'objets qu'on finit de toute façon par remarquer…
Et pourtant… si j'ai ri de nombreuses fois, je n'ai pas pu m'empêcher d'éprouver également un peu de tristesse : on comprend rapidement à quel point Langley est une âme torturée – si pas à la limite de l'autisme – et on réalise également, au fil de l'histoire que Homer aurait voulu une vie différente. Un vie qu'il sait qu'il n'aurait jamais pu avoir, en partie à cause de son frère.
Bien que Homer semble être un homme solide et pragmatique lors du premier acte, il devient vite évident que leur façon de vivre a laissé des traces au fil du temps ou... se pourrait-il que les frères aient souffert de la même maladie?

Malgré tout ce qui leur arrive, le lien entre les deux frères reste fort à chaque étape de leurs batailles respectives et l'interprétation de Scott et Dawson était des plus convaincantes.
Cette tendresse reste constante dans les deux actes : dans le premier, Homer prend soin de Langley mais dans le second, la situation est inversée et Langley fait de son mieux pour aider son frère, terrorisé à l'idée de se retrouver seul. Ce moment – bien qu'il démarre sur un moment 'biblique' assez drôle – m'a flanqué les larmes aux yeux. Je connaissais l'histoire des Collyer et savais donc vers quelle fin nous nous dirigions mais la résignation de Dawson et la peur et le désespoir de Scott m'ont touchée. Plus que je ne l'aurais pensé, pour être honnête.


Donc… The Dazzle m'a fait rire. Et pleurer. Elle m'a émue. Et c'est exactement ce que je veux lorsque je mets le pied dans un théâtre. Peu importe si j'en sors en ayant l'air d'une épave tant que j'ai ressenti des émotions fortes. Sur ce coup-là, The Dazzle s'est avéré un succès total. La meilleure preuve en est cet article, puisque ce blog traite principalement de musique plutôt que de vie théâtrale…

En parlant de théâtre, le fait d'utiliser un lieu peu commun pour y jouer le travail de Greenberg est également une idée brillante. Les 120 et quelques chaises (dont certaines étaient des anciennes chaises d'églises!) installées dans ce qui a probablement été naguère une classe de l'ancienne école d'art Central St Martin ainsi que le bruit de Charing Cross Road ont fourni l'environnement confiné nécessaire à l'histoire des frères.
Chacun d'entre nous a pu apprécier le bijou de Greenberg puisque nous n'étions qu'à quelques mètres de Vanderham, Scott et Dawson. Oui, oui, certes, parfois, il n'était pas facile de voir leurs visages mais… ce n'était que pour quelques instants puisque les trois comédiens bougeaient sur la scène de manière précise et de façon à ce que nous ayons l'occasion de voir les actions – et réactions – des personnages.

D'autres petites choses ont également attiré mon attention… Les objets collectionnés par les frères, le son des horloges, les costumes (en particulier les robes de Melle Vanderham), les éclairages… et une autre chose qui se passait avant que le second acte ne démarre officiellement m'ont définitivement convaincue que The Dazzle restera une des plus belles expériences vécues lors de mes nombreux voyages londoniens.



Alors… merci à Melle Vanderham ainsi qu'à MM Scott et Dawson pour cet agréable moment (et félicitations pour avoir réussi à bouger avec autant d'aisance dans l'obscurité sans finir étalé à même le sol! ;) ) mais également un énorme merci et 'bravo' à Simon Evans pour ses judicieuses idées de mise en scène ainsi qu'à toutes les personnes impliquées sur le projet.

En fin de compte, The Dazzle est la meilleure preuve qu'il ne faut parfois pas grand-chose pour faire… de grandes choses. Le décor n'était pas scandaleux, les comédiens n'étaient pas nombreux, la salle n'était pas prestigieuse et le prix n'était assurément pas monstrueux (45€) mais… le résultat était absolument fa-bu-leux.



The Dazzle est encore joué en ce moment au Found111 et ce jusqu'au 30 janvier. C'est un événement sold out MAIS… 5 billets sont disponibles chaque jour, à 18h pour les spectacles en soirée et à 13h30 pour les après-midis, au prix de 10£. Un billet par personne. Puissiez-vous être le prochain chanceux à avoir un de ces billets! ;)



Enfin, merci à Jan Baister pour m'avoir fourni les photos illustrant cet article (© Marc Brenner).

Liens :



1 commentaire:

  1. Merci pour ce partage d'émotions. Rire et pleurer, à l'image de la vie. Donne envie de voir "Dazzle" et Scott. Excellent billet critique et de blog. Bravo et merci Nathalie 😊🌹

    RépondreSupprimer