mardi 26 juin 2012

Linkin Park – Living Things (2012) FRENCH

Ma première rencontre avec Linkin Park a été douloureuse. C’était à cette époque où ma chaîne MTV valait encore la peine d’être regardée. Pour faire court, sachez seulement que les belges avaient la chance d’avoir la version anglaise de MTV jusqu’à ce qu’un satané crétin réalise qu’une moitié de la Belgique était francophone et soudainement, nous étions obligés de nous farcir la version française de MTV. Bref… Lors d’une de ces glorieuses journées de 2003 de la MTV anglaise, j’étais dans une autre pièce, l’écoutant plus que la regardant lorsque j’ai entendu un riff de guitare sensationnel. En moins de temps qu’il ne faut pour dire « waw », j’ai cavalé pour obtenir le nom de l’artiste… et ai fini par m’éclater le gros orteil du pied droit sur mon meuble en chêne. J’ai sautillé jusqu’au sofa, en tentant de mon mieux de retenir mes larmes et ai finalement eu le temps d’écouter toute la chanson. Cette chanson était « Don’t Stay », le groupe était Linkin Park et je suis restée devant mon écran télé pendant plus d’une heure pour les regarder « Live In Texas »


Il y a deux mois, le groupe californien a sorti « Burn It Down » : ce morceau était sacrément bon et m’a donné un super sentiment d’attente vis-à-vis de leur retour. A l’époque, je n’aurais jamais pu imaginer que je recevrais bien plus que ce à quoi je m’attendais. Maintenant que j’ai écouté tous les morceaux de « Living Things », « Burn It Down » me semble bien légère comparée à la force de ses autres chansons. Ou peut-être est-ce parce que j’ai déjà écouté « Burn It Down », disons… plus d’une centaine de fois depuis sa sortie ? Allez savoir…

Je n’ai jamais été fan de musique rap et de chanteurs qui me hurlent dans les oreilles. Sachant cela, moi aimant Linkin Park reste un des plus grands mystères me concernant. Dix ans et quelques séances d’introspection plus tard, je pense avoir découvert pourquoi je les ai accueillis à bras ouverts.
Les paroles de Mike Shinoda n’ont pas ce côté agressif et violent que la plupart des rappeurs ont ou, à tout le moins, il ne nous crache pas au visage les moments de déception de la vie au travers de mots qui font mal. Ajoutez à cela que ce type a toujours fait preuve d’une attitude positive, qu’il respecte les autres artistes et ne trimballe pas avec lui tous les clichés des rappeurs. Je ne peux qu’approuver les artistes qui font preuve d’une telle attitude.
Concernant la puissance vocale, l’ingéniosité de Linkin Park a été de mélanger ce que j’appelle du « chant normal » avec des chants plus puissants qui facilitent un peu les choses pour l’auditeur commun. La voix de Chester Bennington s’est incroyablement améliorée depuis « Hybrid Theory » et il est aujourd’hui évident que ce mec a une compréhension totale du fonctionnement de sa voix. J’ai vu la prestation du groupe au Rio+Social et sa façon de gérer « Lies Greed Misery » m’a tout bonnement laissée sans voix. Et pleine de respect. Que l’on aime le groupe ou pas, personne ne peut dire que ce type n’est pas un chanteur.
Depuis la sortie de « Minutes To Midnight », Mike est impliqué dans des parties de chants en plus de ses parties rap. Je ne sais toujours pas si l’on doit remercier Rick Rubin – qui, au passage, fait encore ici partie de l’aventure en tant que producteur – pour cela mais j’apprécie toujours ce partage entre Chester et Mike. Il y a un chouette truc qui se dégage de cette association et elle s’améliore à chaque nouvel album. « Castle Of Glass » et « Roads Untraveled » sont deux parfaits exemples de cette bonne collaboration vocale entre les deux membres du groupe.
Pour ceux qui auraient déjà écouté l’album ou scanné le net à la recherche de toutes les informations concernant la sortie de « Living Things », ce ne sera donc pas une surprise si j’écris qu’un autre membre a été emporté du côté chant de la Force. Mesdames et messieurs, Monsieur Brad Delson, généralement derrière une six-cordes, nous montre qu’il a une voix sur « Until It Breaks ». Et j’aime ça ! J'aime les bonnes surprises et celle-ci en est définitivement une.



En parlant de M. Delson, l’un d’entre vous a-t-il déjà ressenti un intense frisson parcourir son corps tout entier en écoutant une partie bien précise d’une chanson ? Ce type m’a déjà fait cet effet avec sa guitare. Deux fois. A la 3:24 de « Shadow of a Day » et la 2:40 de « Burning In The Skies ». Ai-je à nouveau eu ce frisson en écoutant « Living Things » ? Oh que oui. Essayez la 2:07 de « Roads Untraveled ». Ou faites-moi savoir si je suis simplement dingue.

Grâce aux DVDs qui accompagnent généralement les CDs, les reportages web, les chats LPU, les interviews, nous avons pu apprendre la façon dont ces six gars travaillent ensemble. Il a été très vite  évident que Linkin Park était constitué de six personnes TRES différents qui ont chacune leur point de vue, leur force, leurs expériences de vie… Toutes ces individualités sont rassemblées pour former un tout cohérent. Au final, je reste certaine que c’est en partie cela qui les rend si différents de tant d’autres. Chacun d’entre eux apporte quelque chose au groupe, chacun d’entre eux travaille dur pour trouver quelque chose qu’il n’a pas fait avant… que ce soit en musique, en paroles ou… en images. Tout cela sans oublier qui ils sont, d’où ils viennent et… surtout sans oublier que s’ils ne sont pas toujours d’accord entre eux, ils ont plus fort à six que seuls. Alors… le fait que je les aime n’est pas seulement lié à leur musique mais également à leur façon d’être.

Les garçons ont mentionné qu’ils avaient tenté d’apporter toute l’expérience acquise lors de la préparation de leur quatres autres albums studios pour créer quelque chose de nouveau. « Living Things » est effectivement un bon mélange de ce qu’ils ont apporté à leurs débuts (Lies Greed Misery, Victimized, Until It Breaks…) et de ce qu’ils ont sorti les années suivantes (In My Remains, Burn It Down…) et… ça marche !
« Burn It Down » nous avait déjà donné un indice comme quoi la bande était de retour avec une belle énergie et dès les premières secondes de « Lost In The Echo », cette énergie est déjà là et la dynamique reste présente à travers plusieurs morceaux.


Je vous ai déjà donné mon point de vue sur « Lies Greed Misery » en chantant les louanges des capacités vocales de Monsieur Bennington. « I’ll Be Gone » contient aussi une puissance vocale des plus intéressantes mais a un côté assez amusant : je suis tellement habituée à trouver du Linkin Park sur les BOs des films Transformers que je me suis dit « C’est celle-là, la chanson Transformers !! »… avant de réaliser qu’il n’y avait pas de film avec les robots de l’espace prévu avant… 2014. Les vieilles habitudes ont la vie dure !
« Victimized » est comme un coup de poing pris en pleine face de manière tellement rapide que tu n’as même pas le temps de réaliser ce qui s’est passé. Rapide est aussi l’adjectif qui qualifie le mieux le morceau… Un rythme rapide pour une piste trèèèèèèèès courte et ça, c’est ce que j’appelle une lueur d’inspiration !
« Roads Untraveled » me rappelle une autre chanson, écrite et chantée par Shinoda mais pas en tant que Linkin Park. Je ne suis même pas certaine que Mike réalise à quel point « Roads Untraveled » pourrait définitivement être la suite de l’histoire de la chanson « Where’d You Go » de Fort Minor. Je suppose que l’intro au piano m’a aidé à dresser un parallèle entre les deux chansons mais en fait, ce sont les paroles qui m’ont donné ce sentiment. Si « Where’d You Go » était une chanson parlant d’une personne dont l’amoureux était en permanence sur les routes et des conséquences de cette vie, j’ai vu « Roads Untraveled » comme étant une chanson du point de vue de cet amoureux après le départ de son âme-sœur, fatiguée de toujours attendre son retour. Moment dévastant… mais qui rend la chanson tellement belle à mes yeux !



D’autres chansons traitent également de ruptures ainsi que de trahison et de moments douloureux. Chansons pessimistes ? Oui, certaines d’entre elles. Linkin Park a toujours écrit sur des sujets douloureux pour le cœur, ce n’est pas nouveau, mes gens ! Mais ils sont aussi doués pour nous dire que parfois, on doit laisser aller certaines choses ou que nous sommes plus forts que l’on voudrait nous le faire penser… et ils le font avec des mélodies pleine de puissance.
Un album de Linkin Park ne serait pas un album de Linkin Park sans un morceau instrumental : « Tinfoil » est un joli petit bijou de 1:11. Son but principal est d’introduire la chanson de fin mais même seule, elle reste une belle mélodie.
Arrive ensuite la chanson de fin qui – sans surprise – est une ballade. Une chanson sur le fait d’être… « Powerless » (= impuissant). Finir l’album sur un tel adjectif est d’une ironie extrême… parce qu’il n’y a absolument rien d’impuissant à propos de cet album. C’est justement un album rempli de puissance.

Rempli de puissance mais court. 36 minutes de complet paradoxe. « Living things » est court dans sa durée mais ne le parait pas. Je me suis laissée emportée par ces 12 morceaux et ai complètement perdu la notion du temps. Et repoussé sur « play » dès que sont arrivées les dernières secondes de « Powerless ». De nos jours, certaines personnes se plaignent de la durée des albums et je ne sais toujours pas trancher sur ce qui est le mieux : avoir 36 minutes de bonne musique ou avoir votre groupe/artiste favori rajoutant 20 minutes de musique dont il n’est pas entièrement satisfait. Que se passerait-il si VOUS, en tant qu’amateur de musique, trouviez aussi ces 20 minutes… complètement inutiles ?
D’un autre côté – et ceci est un des points faibles de « Living Things » - j’ai été très déçue de découvrir qu’il n’y avait aucun DVD ou partie interactive avec cet album. Je suis très fan de ces DVDs car ils contiennent une sacrée masse d’informations sur l’élaboration de chacun de leurs albums. Je suspecte une future ressortie de l’album contenant ce que je désire tant et je DETESTE ces ressorties qui forcent les fans à acheter A NOUVEAU l’album… simplement pour avoir ce qui n’était pas dans la première édition qu’ils ont achetée.

J’ai encore quelques mots à dire concernant « In My Remains »… Il ne m’a pas fallu longtemps pour me rendre compte que celle-ci est un hit. Elle DOIT être sortie comme single ! Elle possède des paroles d’une grande force et une énergie décapante. Lorsque j’ai entendu « Bleed It Out » pour la première fois, ma première pensée a été que ce morceau serait d’enfer une fois joué en live. Je ne m’étais pas trompée : c’est une chanson qui permet aux spectateurs de ressentir un maximum de fun tout en chantant à gorge déployée. « In My Remains » aura le même effet. Je le vois. Je visualise et entend déjà la foule renvoyant aux garçons « Like an army falling one by one by one » (telle une armée tombant un par un…)… en n’en croyant probablement pas un mot. Les LP Street soldiers ne laisseront pas tomber leurs leaders aussi facilement. Les années passant et leur « armée » grandissante en étant les meilleures preuves.


Alors… quelles chansons sont mes préférées ? Et bien, les garçons de Linkin Park ont souvent, si pas toujours, réussi à trouver une faille dans des vies qui semblent tellement bien aux yeux des autres. Une faille à laquelle je peux parfois m’identifier. Une faille qui permet de réaliser qu’au bout du compte, nous sommes tous pareils… que nous soyons toujours à l’école, que travaillions dans une institution publique ou… que nous fassions partie d’un groupe ayant vendu des millions de disques. En poussant le développement un peu plus loin, avoir les garçons qui chantent tout haut les peines que j’ai (et que vous avez) ressenties parfois aide à passer au travers des moments les plus durs de la vie un peu plus facilement. Ecrire ici mes chansons préférées de « Living Things » - ou de tout autre album de Linkin Park – vous dévoilerait bien trop de choses me concernant. Et je ne suis pas prête pour ça. Pas encore…
Il existe une idée préconçue disant qu’écouter de la musique au son puissant vous rend plus nerveux. Pour tout vous dire, j’ai toujours écouté du Linkin Park lorsque j’étais en colère : leurs mélodies fortes mélangées à des paroles remplies de tristesse et de frustration ont cette incroyable faculté de me permettre d’évacuer mes propres frustrations… et de préserver dès lors ma tranquillité intérieure. Linkin Park écrit sur la vie. A propos de choses qui arrivent dans la vie de tous. Et du coup, le titre de cet album prend tout son sens.

Certains albums ont un effet énorme et instantané et lorsque l’on écoute ceux-ci, les mots viennent rapidement et facilement. Ils peuvent repartir tout aussi vite en raison des nombreux sentiments que vous avez à ce moment-là. En conséquence, la meilleure des choses à faire est d’écrire ces idées tout de suite. Je n’avais pas mon habituel carnet de notes lorsque j’ai écouté « Living Things » : j’étais dans un train et ai fini par écrire les idées que vous avez lu ici sur le premier papier que j’ai trouvé. Mon billet de train. La tête du contrôleur lorsque je lui ai dit « Attendez que je finisse ma phrase et le billet est à vous ! » valait de l’or ! :p


Quelle ironie, non ? J’ai découvert ce groupe alors qu’il me chantait « Don’t Stay » (Ne reste pas). On dirait que j’ai décidé de ne pas obéir et de rester près d’eux. Les six membres de Linkin Park ont définitivement laissé leur empreinte sur moi en ce jour de 2003. Musicalement. Mais au sens propre aussi. Savez-vous qu’à chaque fois que je marche pieds nus, il y a un craquement qui se fait entendre d’un de mes orteils. A votre avis... lequel ?


Tracklist :
Lost In The Echo
In My Remains
Burn It Down
Lies Greed Misery
I’ll Be Gone
Castle Of Glass
Victimized
Roads Untraveled
Skin To Bone
Until It Breaks
Tinfoil
Powerless


8 commentaires:

  1. Et bien, je n'ai pas encore écouté l'album (ça ne saurait tarder) mais c'est une superbe chronique en tout cas !
    On sent ton amour pour le groupe et la passion avec laquelle tu as décortiqué cet album, bravo !

    RépondreSupprimer
  2. Merci, c'est gentil... Ca fait toujours plaisir un compliment! :)
    C'est vrai, je les aime bien ces six-là mais j'iame aussi tellement la musique tout court, ça aide beaucoup. Une formation en journalisme aussi, je crois... ;D

    N'hésite surtout pas à revenir ici pour me donner tes propres impressions concernant l'album. C'est toujours intéressant d'avoir d'autres points de vue.

    Bonne (future) écoute!

    RépondreSupprimer
  3. J'ai tapé living things pout trouver des infos sur le sujet, et je sais pas pourquoi j'ai décidé d'aller à la page 2,et là par pur hasard je tombe sur cette chronique magnifique, qui va bien au de là d'une déclaration d'amour à linkin park, ici mesdames et messieurs on est dans la représantation textuelle du concept même de passion. Bon j'exagère un peu, mais c'est indéniablement la plus belle chronique musicale que j'ai lu de toute ma vie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh euhh waw... je suis muette, là. Pas facile de répondre à un mot aussi gentil si ce n'est pas un énorme "merci". :)

      C'est vrai que j'aime ce groupe mais il n'y a pas qu'eux dans ma "vie". J'ai d'autres artistes qui restent toujours dans mon ♥ mais la passion dont tu parles est surtout, chez moi, pour la musique. Pour l'écriture aussi. Mais bon, tu l'as découvert.

      Encore merci... et à tout bientôt pour d'autres chroniques ;)

      Supprimer
  4. Tu as toujours le chic pour nous faire partager tes emotions, ton amour de la bonne musique. Continues Nath j'adore. Jojo

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci ma toute belle... Tu sais bien moi, hein... depuis le temps que tu me connais... ;)

      Supprimer
  5. Depuis petite je suis plongée dans le son de la guitare grâce a ma soeur qui n'écoutait que du Linkin Park, Metallica et autres... Mais quand j'ai vraiment commencer à comprendre les paroles de LP, j'ai eu un coup de foudre pour ce groupe, qui quand on chante leur chanson, on éprouve une certaine liberté et depuis, je me suis mise a la guitare électrique. Maintenant, je sais que la passion ne se contrôle pas.
    Très belle chronique et je t'avoue que quand j'ai écouter Brad Delson chanter, ça a été bizard lol, mais j'aime bien :)
    Et encore merci pour cette chronique, bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que des bons goûts la frangine! De mon côté, c'est mon papa qui inculqué la passion de la musique via les Beatles, les Stones et tous les artistes des années 60. Je me suis ensuite débrouillée par moi-même... ;)

      Bonne idée, la guitare électrique! Continue, jeune "Delsonette"... ;) La seule fois où j'en ai touché une, j'ai cassé une corde et ai failli me retrouver avec un oeil en moins... Rock'n'roll? Ptèt bien... :D

      Et quelque chose me dit que tu n'es pas si "anonyme" que ça.. non? ;)

      Supprimer