lundi 13 mars 2017

Saule – Reflektor (11/03/2017)


Entre Saule et moi, c’était déjà deux rendez-vous ratés. Lors de son passage à l’Ancienne Belgique en 2013, j’étais clouée au lit, malade, et lorsqu’il a soulevé le Cirque Royal début de l’année, c’est mon boulot qui m’a retenue… Décidément, j’allais finir par croire que – comme pour les Foo Fighters – ça n’allait jamais se faire. Ben… si, finalement. Et juste à côté de chez moi, qui plus est !

Le Reflektor, salle liégeoise qui peut contenir 600 personnes max, a donc accueilli ce 11 mars le grand gaillard de 2 mètres de haut et ses compagnons de scène. Pour quel résultat ? Et bien… il suffit laissez filer vos yeux sur les lignes qui vont suivre pour le savoir.

Saule monte sur scène vers 21h pour y introduire Bini, jeune demoiselle qui assurera sa première partie après avoir séduit le chanteur grâce à une vidéo qu’elle lui avait envoyé. Kickers aux pieds et guitare acoustique en main, la jeune fille nous gratifiera de trois sympathiques chansons. Malgré son jeune âge, elle sait déjà sortir les mots et les notes qu’il faut pour séduire un public. Pas impressionnée pour un sou, elle parle de ruptures, de Twilight (de manière nettement plus séduisante que le film en lui-même) et de sa ville – Liège – avec du cœur. Chouette découverte que Mamselle Bini !



Petite pause avant l’arrivée de Saule. Les notes de Désert résonnent dans la place tandis que le chanteur arrive avec sa guitare par… le fond de la salle, par là même où une demi-heure avant, le public est passé pour savourer un moment musical. Faut dire qu’avec son T-shirt bleu clair (qui rappelle la couleur de fond de la cover de son dernier opus) et ses cheveux en pétard qui rajoutent encore quelques centimètres à ses deux mètres de départ, il est difficile de le rater.

Premier morceau, Saule rejoint ses quatre musicos sur scène… J’ai posé carnet de note, appareil photo et mon mètre soixante à l’étage où j’ai une vue dégagée et comprends enfin ce qu’est l’appareil juste devant moi. Le projecteur diffusera durant de nombreux morceaux des images sur toute la surface de la scène, du plus bel effet.

Saule enchaîne sur la chanson qui est une de mes préférées de L’Eclaircie, Je Reviens. La chanson qui a touché une corde sensible chez moi dès la première écoute envoie du lourd en live aussi. J’attendais d’ailleurs Saule au tournant car vocalement, les envolées sont assez impressionnantes. En studio, on refait la prise. En « vrai », on n’a droit qu’à un essai. Amplement réussi ! Qui plus est, la version live du morceau permet justement d’encore plus apprécier les riffs de guitare du morceau, notamment celui de Bastien lorsque la voix de Saule part du côté des notes aigües.

Enchainement sur Mieux Nous Aimer, extrait de Géant, le précédent album où là encore, le riff de guitare d’intro de la chanson – cette fois joué par Julien, dit « Jug » - est nettement mieux mis en évidence que sur la chanson d’origine. C’est que du bonheur, tout ça. En cours de chanson, Saule invite le public à taper dans les mains et ce dernier suit de bon cœur.  Nous en sommes encore au début du concert mais la foule est déjà bien dans le bain.

Le public continue d’ailleurs à suivre le chanteur belge sur Type Normal et balance les bras de gauche à droite en rythme. Saule aime le contact et n’hésite pas, à plusieurs reprises, à s’adresser à son public : fin de chanson, ses musiciens continuent la musique, Saule attrape le micro, leur demande de s’accroupir au sol et, une fois qu’il leur donner le signal, de sauter et de « détruire le Reflektor ». Nous sommes alors depuis 30 minutes dans le concert et en l’espace de deux minutes, il fait effectivement sauter le public, il le fait chanter comme pas deux et gère même les problèmes techniques finger in the nose.

Mais n’allez pas croire que Saule est un grand malade qui court partout en haranguant la foule. Il sait aussi ménager de beaux moments… comme sur Le Baiser. Bercé par une image de pluie d’étoiles (« des petits points dorés » de la chanson ?), il chante l’amour… La salle est silencieuse, bercée par sa voix et la musique. Elle écoute religieusement une des nombreuses histoires du chanteur… Quel contraste avec l’énergie du précédent morceau !


Le groupe joue ensuite Delove Song, baigné dans un éclairage rouge vif avant d’enchainer sur Comme, dernier morceau en date dont la vidéo a été en partie filmée à quelques mètres de l’endroit où nous sommes. Sa Comme en live est une version légèrement différente de l’album où le chanteur, lors d’un intermède, démontre encore une fois ses impressionnantes capacités vocales dans les notes les plus hautes du spectre vocal.



Saule quitte alors la scène… Jug dit au public de ne pas s’inquiéter et qu’il va revenir. Tout le monde quitte alors la scène. Saule aurait-il un souci ? Du tout… il a changé de chemise et vient nous la montrer. À nouveau en plein milieu de la scène mais accompagné, cette fois, de Jug et de Franck, son batteur, pour Si. Quel trio, ceux-là ! Franck et Jug quittent la… euh non, pas la scène mais la fosse, y laissant Saule. Une voix résonne… Quelqu’un dans la foule lui demande Tête Ailleurs et… le chanteur se prête au jeu de bon cœur et chante ce morceau de son premier album.



Retour sur scène où ses musiciens l’attendaient. Hélène Van Loo, flûtiste, les a rejoints sur scène pour entamer Nulle Part Chez Moi. À l’instar du Baiser, le public écoute avec attention, sans murmures venant perturber la mélodie et les mots. Si l’écoute du morceau bien au chaud chez soi touche, la version live est fracassante. J’en ai ramassé plein la tronche : démarrant en douceur, le morceau va crescendo, Saule tapant sur la caisse et lorsque la dernière note retentit hors de la flûte, les larmes ont coulé. Ces larmes qui font qu’on sait à quel nos bonheurs sont contenus dans des notes de musique et des mots posés sur papier. On ne pleure pas forcément parce qu’on est malheureux, on pleure aussi parce qu’il y a des gens qui font du bien. Saule et ses compagnons de scène savent y faire…


Et ne s’arrêtent pas en aussi bon chemin… Pour La Femme Fantôme, autre morceau du dernier album dont je suis fan, le groupe est plongé dans une ambiance bleutée. Sébastien, dit « Boub », caché à l’arrière de la scène, officie au piano tandis que Franck Marco a quitté sa batterie et est à l’avant pour accompagner ses potes à la caisse. La Femme Fantôme étant dotée d’un changement de rythmique en plein milieu, il devra cependant cavaler jusqu’à sa batterie pour assurer la fin de la chanson. Même pas peur !

Même chose pour Bastien. Au cours de LC (Elle Sait), il joue pas moins de trois instruments au cours du même morceau. Bercée par le riff de guitare de Jug, la chanson est tout aussi vibrante que dans sa version album… « Blanche, dans mes nuits blanches… », Saule, guitare tout aussi blanche que les nuits qu’il chante, nous emporte, nous emmène… le Reflektor vibre, troublé… Et moi, comme à chaque fois, je craque sur une belle… blanche. Gretsch. Son nom est Gretsch.


Le groupe enchaine avec l’excellente Et Pourtant Je Marche où Saule demande l’aide de son public pour les « wo oh » de la chanson, suivi de Personne.

Avant de lancer la chanson suivante, Saule se retourne vers son guitariste et lui demande d’envoyer un « truc genre années nonante, un truc qui sentirait l’esprit adolescent ». Jug lui répond que pour lui, l’adolescence, c’est Elvis. Qu’à cela ne tienne, les Liégeois feront un pogo sur Elvis au son de la guitare de Jug, avant de savourer L’Inventaire en tapant des mains comme un seul homme.

Quel beau moment que Chanteur Bio ! J’avais parlé dans la chronique de l’album Géant du fun que cela devait être de jouer ce morceau en live. Maintenant que je la vis, je ne m’étais effectivement pas trompée : géant (!) ce morceau ! Elle démontre aussi à quel point Saule écrit des chansons grâce auxquelles il peut aisément faire chanter le public avec lui, que cela soit pour un « nana » ou chanter fort des lettres de l’alphabet. Mais au-delà de la chanson, j’ai surtout apprécié l’alchimie présente sur scène. Pour l’occase, Jug a sorti ce qui – de loin - me semble être une lap steel qui donne un sacré effet à la chanson. Je le vois échanger des regards avec Franck qui est revenu à l’avant-scène. Ce dernier a d’ailleurs un moment gag avec Saule lorsqu’il décide soudainement de se reposer quelques secondes sur l’épaule du chanteur avant de reprendre le morceau. Saule abandonnera d’ailleurs le centre de la scène pour se rapprocher du guitariste et… non. Non, Saule, on ne joue pas de la lap steel avec les dents ! Marrant va ! Bref, on constate aisément que ces trois-là s’entendent plutôt bien. En même temps, cela fait déjà maintenant quelques années qu’ils arpentent les routes et squattent les studios d’enregistrement. Cela créé forcément des liens.


Enchainement sur la chanson que la majorité de la salle attendait, Dusty Men. Charlie Winston n’étant pas avec nous, c’est Jug qui assure le job, avec Saule qui réadapte la chanson puisque pas de chapeau mais… une houppette ! Et le titre marche aussi avec houppette, finalement… Saule appelle le public à l’accompagner et celui-ci s’y prête de bon cœur. Quand même un sacré morceau en live, ça ! Tout comme pour Respire (Breathe) où le chanteur redescendra une dernière fois en plein milieu pour se rapproche de son public.

Sortie de scène eet… rappel, hein ! Melle Van Loo est également de retour avec les cinq garçons – qui taquinent Saule en scandant Baptiste Président ! – pour nous jouer Renonce A Tes Adieux. Ce morceau est le fruit de la collaboration de Saule avec… ses propres fans. Début 2016, Saule sollicite ses fans via sa page Facebook pour des mots, puis des voix, des vidéos... sur une chanson ayant pour thème « Tes Adieux ». Les fans se sont prêtés au jeu et la team Saule a été envahie de vidéos… avec le résultat qui nous est montrés sur scène ce soir. Beau moment !


Et… c’est fini. Ah finalement, non ! Saule revient sur scène, guitare acoustique en main pour nous interpréter L’Opéra, chanson-gag tendresse où l’on ne peut être que fasciné par l’histoire (et la gestuelle) de notre adorable géant. Dernière note… Saule recueille le fruit de ses efforts : debout devant le micro, un large sourire sur le visage, il est applaudi par la salle tout entière. Il remercie le public avant de rappeler ses musiciens, sa « bande de gais lurons » à lui, pour un dernier morceau ensemble.

Durant son séjour en Cité Ardente, Saule a pu explorer toute la spécificité de la « langue » liégeoise : ici, on ne mange pas des boulettes à la liégeoise mais des boulets (et du coup, de s’adapter en nous disant que nous étions… « chauds boulets » ce soir ! :D ). De la même façon, quand il annonce qu’après le concert, le groupe et lui iront faire la fête au carré, la salle le reprend en lui criant « DANS le carré ! » Partageant encore un beau moment de complicité comme on en voit rarement, Saule et son band terminent leur concert de deux heures complètes avec… Saule. Avant de quitter la scène l’un derrière l’autre pour rejoindre les coulisses.


Verdict ? Tout qui me connait un peu sait à quel point les artistes francophones ont fort peu – voire pas du tout - mes faveurs. Principalement parce que, même si les paroles sont fort belles, je ne suis pas séduite musicalement. Mais parfois, il y a des exceptions qui font vaciller les habitudes (et les certitudes). Saule en fait partie depuis quelques années.
Ses albums s’écoutent sans modération, ils font du bien. Mais vivre Saule en concert, c’est encore mieux : le chanteur et son band poussent les chansons encore un peu plus loin et musicalement, c’est un vrai régal. Le Belge s’est entouré d’une équipe de musiciens qui savent y faire, qui savent passer d’un instrument à l’autre sans aucun problème et – qui plus est – avec laquelle il semble plutôt bien se plaire.

Morceaux rythmés enchainés sur douces ballades, certains pourraient se casser les dents sur ce va-et-vient musical en format concert mais Saule arrive sans aucun souci à trouver le juste équilibre. Donc… je m’adresse à vous cher lecteur mais à toi aussi, cher Baptiste (qui est, si vous ne le saviez pas, le vrai prénom de M’sieur Saule). Baptiste, on doit certainement te dire tout le temps que tu es grand… mais là, pour le moment que j’ai vécu ce samedi, j’ai envie d’ajouter quelques lettres et te dire que t’ai trouvé tout bonnement grandIOSE. Tu nous tends la main et on la prend pour te laisser nous emmener dans ton univers, sans aucune méfiance. Et on a bien raison. Tu as le contact facile avec le public, aimes partager, aimes la scène et cela se voit et se ressent. Alors évidemment, quand on est dans la salle, quand on reçoit tant, on s’éclate et on en redemande jusqu’à plus soif. Que ce soit au Reflektor. Ou au carr… DANS le carré ! Reviens quand tu veux, on t’accueillera les bras grands (!) ouverts ! Merci à toi et aux gais lurons !



Pour les autres chroniques « Sauliennes », c’est par ici :
- Album Géant : http://leschroniquesdenatha.blogspot.be/2013/04/saule-geant-2012.html
- Album L’Eclaircie : http://leschroniquesdenatha.blogspot.be/2016/11/saule-leclaircie-2016.html

Setlist :
-         Désert
-          
-         Je Reviens
-         Mieux nous aimer
-         Un Type Normal
-         Le Baiser
-         Delove Song
-         Comme
-         Si
-         Tête ailleurs
-         Nulle part chez moi
-          
-         La Femme Fantôme
-         LC (Elle Sait)
-         Et Pourtant Je Marche
-         Personne
-         L’Inventaire
-         Chanteur bio
-         Dusty Men
-         Respire (Breathe)
-         Tes Adieux
-         L’Opéra
-         Saule

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire